Le groupe
Biographie :

Midnight Odyssey est un one-man band d'ambient black metal australien formé en 2007 et dans lequel opère Dis Pater (instruments, chant / ex-Tempestuous Fall, ex-The Crevices Below, Dissvarth, ex-Aeon Winds). Midnight Odyssey sort son premier album, "Funerals From The Astral Sphere", en Août 2011 chez I, Voidhanger Records, suivi de "Shards Of Silver Fade" en Juin 2015, de la compilation "Silhouettes Of Stars" en Mai 2017, de "Biolume Part 1 - In Tartarean Chains" en Novembre 2019, de deux albums instrumentaux en autoproduction en 2020, de "Biolume Part 2 - The Golden Orb" en Mars 2021, de "Echoes Of The Thalassic Deep" en autoproduction, de la compilation "Echoes Of A Celestial Ruin" en Juillet 2022, et de "Biolume Part 3 - A Fullmoon Madness" en Novembre 2023.

Discographie :

2011 : "Funerals From The Astral Sphere"
2015 : "Shards Of Silver Fade"
2017 : "Silhouettes Of Stars" (Compilation)
2019 : "Biolume Part 1 - In Tartarean Chains"
2020 : "Ruins Of A Celestial Fire"
2020 : "Ashes From A Terrestrial Fall"
2021 : "Biolume Part 2 - The Golden Orb"
2022 : "Echoes Of The Thalassic Deep"
2022 : "Echoes Of A Celestial Ruin" (Compilation)
2023 : "Biolume Part 3 - A Fullmoon Madness"


Les chroniques


"Biolume Part 3 - A Fullmoon Madness"
Note : 17/20

Après avoir sorti la première partie de la trilogie conceptuelle "Biolume" en 2019, le one-man band Midnight Odyssey y apporte déjà le conclusion avec les dernière partie "Biolume Part 3 - A Fullmoon Madness". Comme d'habitude, le bonhomme n'a pas fait dans la concision et nous balance donc un double album de deux heures avec des morceaux de dix minutes en moyenne.

C'est le principal défaut que l'on peut trouver aux albums du projet, c'est systématiquement très long et très dense voire trop par moments. Pour le reste, Dis Pater a clairement un talent pour poser des ambiances puissantes et des mélodies planantes, mélancoliques ou spatiales. Son black metal atmosphérique est très particulier et on reconnaît de suite la patte du projet peu importe l'album, c'est ce qui permet de contrebalancer un peu la boulimie créatrice du bougre qui le pousse à faire des morceaux et albums extrêmement longs. D'ailleurs, la deuxième partie de cette trilogie faisait entendre de multiples influences qui allaient évidemment du black metal au heavy metal en passant par le viking à la Bathory. Et comme souvent avec les conclusions, on va retrouver ici à peu près tout ce que sait faire Midnight Odyssey dans une sorte de monumentale synthèse de deux heures. "As Darkness Dims The Fire" ouvre l'album avec une ambiance pour le coup digne d'une bande-son de films, à la fois dramatique et épique. Le rendu des orchestrations est plutôt bon même si ce ne sont évidemment que des claviers, on évite le rendu un peu cheap que l'on pouvait entendre chez un Bal Sagoth par exemple (qui avait pourtant plein de bonnes idées et qui aurait eu un tout autre rendu avec plus de moyens). En tout cas, voilà un démarrage qui ne fait pas dans la dentelle puisque Dis Pater sort de suite des ambiances impressionnantes pour un morceau qui dépasse les treize minutes ! On passe évidemment des mélodies spatiales à d'autres plus épiques en passant par les blasts sur des passages plus black metal avec comme d'habitude une puissance d'évocation bluffante. "A Land That Only Death Knows" nous fait entendre de très belles mélodies empreintes de mélancolie voire de nostalgie avec toujours ce côté ambiant et spatial bien marqué. Oui, les albums de Midnight Odyssey sont longs et denses, mais bordel le bougre a un talent fou pour poser des ambiances poignantes et nous faire apparaître des images devant les yeux ! Les lignes de chant clair sur ce deuxième morceau sont terrassantes de beauté et de tristesse tout en restant très simples !

Cette fois, on trouve presque du Lunar Aurora dans la mélancolie de certaines mélodies et dans la puissance d'évocation (c'était déjà un peu le cas sur le poignant "Hidden In Tartarus", le morceau d'ouverture du premier "Biolume"), sans que le black metal de ces deux-là ait grand chose d'autre en commun. Le contraste avec "The Long Forgotten Dead" qui enchaîne de façon bien plus brutale n'en est que plus saisissant ! Les blasts ressortent de leur boîte et les ambiances se font bien plus sombres et torturées mais restent toujours empreintes de cette beauté froide. "They Have Always Known" joue lui aussi avec les contrastes avec son mélange de blasts furieux et de chant clair aux lignes lumineuses doublées de choeurs épiques. Quant à "Witching Eyes" qui clôt le premier CD, ce sont une fois de plus de sublimes mélodies et lignes de chant qui nous emmènent loin et démontrent si besoin en était le talent de Dis Pater pour poser des ambiances prenantes. Pareil pour "As One We Grow, As One We Fall" qui ouvre la seconde partie avec là encore des mélodies poignantes et des lignes de chant clair qui touchent en plein cœur. L'ambiance est aussi mélancolique que stellaire et là encore la facette ambiante du groupe se fond admirablement bien avec ses racines black metal. "The Ghost Of Endymion" fait ressortir les influences les plus vikings et nous rappelle le Bathory de la grande époque comme le projet avait déjà pu le faire sur les deux précédents volumes. Les morceaux de bravoure se multiplient et malgré la longueur de l'ensemble, on ne trouve pas une seconde pour s'ennuyer tant les passages poignants ou diablement évocateurs s'enchaînent. Il semble que le projet ait réalisé son premier concert en Septembre 2023, si le rendu est à la hauteur le voyage doit valoir le détour !

Midnight Odyssey termine donc la trilogie avec "Biolume Part 3 - A Fullmoon Madness" et une fois de plus le black atmosphérique du projet fait mouche et nous balance des mélodies à tomber par terre et des ambiances épiques. La personnalité de ce one man-band s'affine d'album en album et Dis Pater a décidément beaucoup de talent pour développer des ambiances massives, stellaires et évocatrices. Nul doute que le futur nous réserve de bonnes surprises avec Midnight Odyssey maintenant que le projet s'est mis au live, cela va probablement avoir un impact sur la composition et le prochain album risque d'être très intéressant. En attendant, n'hésitez pas à plonger dans ces deux heures de musique et à rattraper votre retard si vous découvrez Midnight Odyssey !


Murderworks
Janvier 2024




"Echoes Of A Celestial Ruin"
Note : 16/20

On a toujours été habitué à voir Midnight Odyssey sortir de très longs albums mais cette fois le record est explosé. Bon, d'accord, "Echoes Of A Celestial Ruin" regroupe en fait trois albums mais on se retrouve tout de même avec trois heures de musique, on ne se moque pas de nous ! Ce sont donc les deux albums ambiants sortis uniquement en numérique, "Ruins Of A Celestial Fire" et "Ashes From A Terrestrial Fall" qui sont regroupés ici avec pour l'occasion un troisième album dans la même lignée nommé "Echoes Of The Thalassic Deep". Le maître d'oeuvre de Midnight Odyssey n'est pas du genre à se moquer du monde et ne voulait visiblement pas se contenter d'une réédition. À une époque où certains enchaînent les versions d'un même album avec un ou deux morceaux en version démo la démarche est d'autant plus respectable et appréciée !

On sort donc exceptionnellement du black metal et même du metal cette fois avec une musique ambiante et spatiale qui évoque les travaux de Klaus Schulze, de Tangerine Dream ou de ce qu'on appelle le krautrock en général avec en plus les ambiances cosmiques propres à Midnight Odyssey. L'incitation au voyage est évidente rien qu'en voyant le tracklisting puisque la durée des morceaux tourne en moyenne autour des quinze minutes, le plus court en atteignant tout de même onze c'est dire ! "Celestial Fires On The Path To Antares" débute d'ailleurs de manière très contemplative et évoque de suite le vide spatiale avec ces nappes de clavier on ne peut plus planantes. La suite est à l'avenant et ces trois albums sont assez homogènes même si le troisième se détache un peu des deux autres par une noirceur plus prononcée. Le tout est à appréhender comme trois gros blocs d'une heure chacun aux allures de voyage intérieur. L'approche est évidemment assez minimaliste et quelques notes ou accords suffisent à poser cette ambiance irréelle et aérienne. Malgré la longueur des morceaux, il ne faudra pas s'attendre à de nombreuses variations, c'est au contraire une approche bien plus hypnotique et donc volontairement répétitive qui est de mise. La facilité serait de dire que ces trois albums conviennent parfaitement à une observation du ciel nocturne, mais malgré le côté un peu cliché de cette assertion elle n'en reste pas moins vraie. Faites le test tant que le climat nous laisse un ciel assez clair et vous verrez que cela passe très bien en fond sonore. Que cela ne vous empêche pas de prêter attention sérieusement à ces trois heures de musique pour autant, certains passages sont une fois de plus de toute beauté et la mélancolie se fait une place assez régulièrement sur les deux premiers albums. La suite se fera un peu plus noire, plus menaçante et l'impression de visiter des mondes désolés, inhabités et en ruines va se faire de plus en plus forte. Pour autant, même sur les deux premiers volumes de cette trilogie, on sent parfois cette impression de vide total provenant à la fois de l'immensité de l'univers et de l'absence de vie.

On commence à sentir furtivement quelques ambiances plus sombres comme ce break inquiétant qui s'invite au milieu de "Under The Alien Sea", le premier titre de "Echoes Of The Thalassic Deep", troisième album de cette compilation. "Moonbeams On The Sunken Graves" pose lui aussi une ambiance plus pesante à de rares moments avec en plus quelques sonorités de clavier typiques des années 70 ou 80. Malgré le minimalisme de ces trois albums de pur ambiant, le tout est très évocateur, l'image d'un explorateur seul et perdu au fin fond de l'univers s'impose à nous plus d'une fois. C'est justement sur "Echoes Of The Thalassic Deep" que cette impression est la plus prégnante, ce qui est principalement dû à une froideur plus prononcée. Tout annonce la fin du voyage sur ce troisième volume et un morceau comme "As Death Rises From The Thalassic Deep" l'exprime très bien avec quelques mélodies plus solennelles qui, couplées aux ambiances planantes, donnent une impression de détachement. L'ambiance se fait à la fois nostalgique, majestueuse et laisse traverser quelques rayons de lumière malgré une mélancolie là encore assez marquée. On sent aussi l'empreinte de la science-fiction sur ces trois albums, ce qui n'est pas étonnant vu l'intérêt que porte le projet pour le cosmos par conséquent des images de 2001, L'Odyssée de l'espace ou des romans d'Arthur C Clarke vous viendront inévitablement à l'esprit. Mais ce n'est pas la beauté de l'univers qui est dépeinte ici, on sent plus d'une fois l'empreinte de mondes morts et abandonnés et une ambiance de ruines règne sur ces trois heures. Certes, comme dit précédemment, les mélodies se parent d'une beauté lumineuse plus d'une fois et le talent de Midnight Odyssey dans ce domaine n'est plus à prouver. Mais ces mélodies ne sont que les restes de civilisations éteintes, des témoignages de leur ancienne grandeur maintenant disparue. Un destin que Dis Pater, le maître d'oeuvre de Midnight Odyssey, semble voir se dessiner pour nous aussi.

Voilà en tout cas un gros morceau qui ne plaira pas à tout le monde mais qu'il est tout de même conseillé d'écouter si les ambiances de Midnight Odyssey vous touchent. Quand bien même vous ne seriez pas familier avec l'ambiant, ces trois albums recèlent une puissance d'évocation indéniable. Ne vous laissez pas non plus intimider par la durée, rien ne vous empêche d'écouter les trois albums séparément. L'ensemble est pensé comme une trilogie donc ne vous gênez pas pour en découvrir les volumes un par un, ce sera toujours mieux que de passer à côté.


Murderworks
Septembre 2022




"Biolume Part 2 - The Golden Orb"
Note : 16/20

Après "Biolume Part 1 - In Tartarean Chains" fin 2019, Midnight odyssey revient avec la deuxième partie de cette trilogie, "Biolume Part 2 - The Golden Orb". Entre les deux, le projet n'est pas resté inactif et a sorti deux albums particuliers à savoir "Ruins Of A Celestial Fire" et "Ashes Of A Terrestrial Fall" dans une veine ambiant années 70 en guise d'hommage à des artistes comme Tangerine Dream ou Klaus Schulze. S'ils plairont probablement moins aux métalleux, ces deux albums étaient très bons dans le genre et prouvaient une fois de plus le talent de Dis Pater pour créer des ambiances.

Mais cette fois, c'est le retour aux affaires habituelles et si Dis Pater avait condensé son propos sur la première partie avec un album de soixante-dix minutes, il reprend ses vieux réflexes et nous une deuxième partie d'une heure quarante. D'ailleurs, "Dawn Bringer" ouvre l'album avec plus de vingt minutes au compteur et le fait en beauté qui plus est ! Des claviers nous accueillent avec une mélodie déjà magnifique et le chant clair qui vient se poser dessus ne l'est pas moins. On retrouve tout de suite ces fameuses ambiances éthérées à grand renfort de claviers et de mélodies poignantes. Bon, à la limite, les orchestrations que l'on entend font peut-être un peu cheap mais l'inspiration est bien là et la beauté de l'ensemble est irrésistible. Un début d'album pas très black metal certes mais encore une fois la brutalité n'a jamais été le propos de Midnight Odyssey, le black metal n'a finalement toujours été qu'une des parties du spectre sonore que couvre ce one-man band. Dans le côté parfois épique de ce premier morceau, on sent une filiation avec un certain Summoning d'ailleurs, y compris dans la mise en son avec des orchestrations aux claviers qui ne feront pas illusion mais qui au moins amènent de bien belles ambiances. C'est une influence qui a déjà été repérée chez Midnight Odyssey mais qui ne s'est jamais faite aussi prégnante que cette fois. Les guitares qui ne se manifestaient qu'en fond jusqu'à maintenant débarquent réellement après plus de sept minutes avec des riffs très heavy metal et un chant qui monte plus haut et nous rappelle le Judas Priest des années 70 / 80 au passage ! Mélangé au chant black qui est toujours présent, cela donne un contraste surprenant mais intéressant, même si l'enchaînement de certains passages se fait un peu maladroitement.

Comme d'habitude, les morceaux sont très longs et il n'y en a que deux qui ne s'approchent pas des dix minutes sur les neuf morceaux que contient l'album. Cette deuxième partie de la trilogie "Biolume" est plus posée et se concentre sur l'aspect le plus épique de Midnight Odyssey, même si un titre comme "Golden Orb" présente un mid-tempo plus sombre avec des growls plus menaçants qui contrebalancent ce chant clair lumineux. On pense même parfois à Bal Sagoth par ce mélange de mélodies épiques et d'orchestrations aux claviers. Le côté spatial passe donc en retrait cette fois et le chant clair prédomine, nul doute que cette deuxième étape du concept nécessitait cette approche. En tout cas, les mélodies poignantes sont toujours là et "Aurora Burning" fait partie de ces morceaux magnifiques dont Dis Pater a le secret et dispense une mélodie irréelle et hors du temps. Des relents du Bathory période viking se font sentir sur "The Unconquered Star" et c'est une fois de plus une ambiance épique que pose Midnight Odyssey, une orientation conceptuelle annoncée par la pochette de l'album d'ailleurs. On y voit un hoplite dans son char tiré par des chevaux de feu aux prises avec une créature qui n'a pas l'air très amicale. On entend même quelques sonorités proches de la musique traditionnelle asiatique sur "Below Horizon" qui est le deuxième plus long morceau de l'album avec une durée de quasiment dix sept minutes. "Biolume Part 2 - The Golden Orb" est un album exigeant une fois de plus, ne serait-ce que par sa longueur et sa densité qui vont vous demander de la concentration si vous compter l'écouter d'une traite (et c'est ce que je conseille). Faire l'expérience de la beauté et la sérénité de "When The Fires Cool" qui ferme l'album après une heure quarante de musique, c'est quelque chose !

Un nouvel album qui reprend le format très longue durée avec pas loin de deux heures au programme mais qui montre un Midnight Odyssey plus épique, plus beau, plus porté sur le chant clair aussi. Une évolution concomitante au concept de cette deuxième partie de la trilogie "Biolume" qui lui va plutôt bien et confirme que ce projet a encore des surprises dans ses poches !


Murderworks
Mai 2021




"Biolume Part 1 - In Tartarean Chains"
Note : 16/20

Le one-man band Midnight Odyssey est de retour avec cette fois un véritable album, "Biolume Part 1 - In Tartarean Chains", qui est le premier volet d'une trilogie à venir. Du coup, le maître d'oeuvre Dis Pater a été un peu plus raisonnable et nous a livré un album de soixante et onze minutes au lieu des traditionnelles deux heures minimum.

Par contre, les morceaux durent toujours dix ou douze minutes et le black metal cosmique du projet est une fois de plus lourdement parsemé d'ambiant. Pas de grosses surprises au programme, on retrouve toujours la patte Midnight Odyssey avec pas mal de mélodies, des ambiances planantes et quelques accès de colère de temps en temps. Rien de malsain ou de haineux ici puisque les thèmes abordés invitent plutôt à la rêverie, la contemplation et la sérénité. Pour peu que vous soyez ouverts à l'ambiant, ce nouvel album fournit en tout cas une nouvelle pelletée de jolies mélodies et je maintiens d'ailleurs le parallèle que j'avais fait dans ma chronique de "Silhouettes In Stars" avec le "Ode To The Nightsky" de Mundanus Imperium. Il est évident que si vous êtes allergiques aux claviers, vous êtes mal barrés car Midnight Odyssey en met partout et ce sont eux qui dominent le spectre sonore, loin devant les guitares qui finalement ne font qu'accompagner ces énormes nappes de synthé. En tout cas, l'ambiance est très bien rendue et ce nouvel album est parsemé de passages épiques ou contemplatifs et nous fait voyager bien au-delà du système solaire pendant plus d'une heure. Le fait que Dis Pater se soit contenté d'un album d'un peu plus d'une heure permet d'ailleurs d'éviter les longueurs inévitables que l'on rencontrait sur les précédents albums qui en duraient au moins le double. "Hidden In Tartarus" qui ouvre l'album est parsemé de voix claires du plus bel effet aux faux airs de psalmodie ou de chants cérémoniels en général, en tout cas c'est très beau et les lignes de chant sont poignantes ! Ces douze premières minutes passent à une vitesse folle et on se rend compte que Midnight Odyssey a rééquilibré la balance entre metal et ambiant et que ça lui réussit plutôt bien.

Le fait de partir sur un album séparé en trois parties était donc une bonne idée et a permis à Dis Pater de mieux doser sa formule et de nous livrer un nouvel album plus facile à encaisser. Le double effet Kiss Cool c'est que comme il n'a pas étalé ses idées pendant plus de deux heures, tout est plus inspiré, plus puissant émotionnellement. Le morceau-titre distille quand même quelques ambiances plus sombres, presque glauques même, ce qui crée un joli contraste avec les sublimes mélodies qui les entourent. Globalement, on peut dire que Midnight Odyssey a tout poussé un cran au-dessus et tout en gardant la même formule et la même personnalité que précédemment nous livre ici avec "Biolume Part 1 - In Tartarean Chains" un très bel album plus évocateur et plus immersif encore que ses prédécesseurs. On dit souvent que le troisième album est capital et qu'il doit marquer le passage d'une étape cruciale et Midnight Odyssey vient de la passer sans le moindre doute. Si vous avez l'intention d'observer la voûte céleste, ce nouvel album est le compagnon idéal et le voyage est garanti, par contre c'est la redescente sur Terre qui risque un peu plus ardue tant ces sept morceaux partent loin. Comme d'habitude Midnight Odyssey ne parlera pas aux puristes du black ou à ceux qui recherchent de la brutalité et des ambiances sales et malsaines, ici ce sont la beauté, la contemplation et l'instrospection qui sont reines. La production, quant à elle, est toujours assez raw mais c'est volontaire et ça colle bien aux ambiances développées d'autant que ça reste moins sale qu'un Darkspace quand même, groupe auquel Midnight Odyssey est souvent associé alors que les deux n'ont pas grand-chose à voir en dehors des thèmes abordés (et je viens de les associer quand même…).

Enfin un troisième album pour Midnight Odyssey et l'attente en valait la peine puisque Dis Pater a réussi à proposer quelque chose de plus condensé, plus inspiré, plus puissant émotionnellement, bref il a franchi une étape. "Biolume Part 1 - In Tartarean Chains" est dans la même lignée que ses prédécesseurs mais meilleur à tous les niveaux donc si le black spatial et ambiant du projet vous parle, vous pouvez foncer sans réfléchir.


Murderworks
Décembre 2019




"Silhouettes Of Stars"
Note : 15/20

Le one-man band Midnight Odyssey est de retour avec "Silhouettes Of Stars" qui est non pas un album mais une compilation de morceaux sortis auparavant sur divers supports et pour la plupart difficilement trouvables ou tout simplement jamais sortis.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas, Midnight Odyssey est présenté comme un groupe de cosmic black metal (oui je sais ça fait un peu con dit comme ça mais ça colle plutôt bien), en gros du black atmosphérique très porté sur les thèmes reliés à l'univers, l'espace, le vide et la petitesse de l'être humain devant tout ça. Les ambiances crées sont donc du genre mélancoliques, planantes et vous comprendrez par conséquent très vite que la violence ou la haine n'est vraiment pas le propos de ce projet. Si vous cherchez du black pur et dur qui va vous écraser et vous laisser le goût du sang dans la bouche, vous pouvez fuir de suite ! Midnight Odyssey donne dans un black très ambiant, je serais même tenté de dire qu'il fait de l'ambiant avec une touche de black. Par exemple sur le premier album, le premier morceau "Fallen From Firmament", de plus de douze minutes, est constitué de sept minutes d'ambiant avant de partir en black metal mélodique ! Le maître d'œuvre Dis Pater dit d'ailleurs que le black metal est la racine de sa musique mais qu'il s'inspire aussi beaucoup de dark ambiant, de folk ou de doom. Vous allez donc retrouver exactement le même type de musique sur "Silhouettes Of Stars", à ceci près que le son va varier d'un morceau à l'autre puisqu'ils ne datent pas tous de la même époque et des mêmes sessions d'enregistrement. Cependant, tout s'écoute sans problème et aucun morceau ne se retrouve avec une production inaudible, même si le son des albums du projet est généralement assez cru (on n'est pas loin des prods à la Xasthur par moments). Il y a un autre détail qui ne change jamais chez Midnight Odyssey, c'est la durée des albums, on retrouve donc cette fois encore un double CD pour plus de deux heures de musique.

Pour vous donner une idée, encore que je ne suis pas sûr que tout le monde percute à la référence, les mélodies et ambiances développées chez Midnight Odyssey me rappellent souvent le "Ode To The Nightsky" de Mundanus Imperium. Quelques accélérations font de temps en temps leur apparition mais la violence n'est vraiment pas le maître-mot ici, ce sont bien les nappes de claviers et les ambiances mélodiques et quasiment oniriques qui se taillent la part du lion. On sent aussi un côté épique sur certains morceaux, comme par exemple "The Night Has Come For Mme" qui passe d'ailleurs par presque toutes les facettes de Midnight Odyssey au cours de ses douze minutes. On retrouve aussi une reprise du "Cosmic Keys To My Creations And Times" d'Emperor, une version plus posée que l'originale et plus "spatiale" dirons-nous. Plus généralement, les guitares sont tranchantes comme le veut la tradition black metal mais l'ambiance globale est bien plus à la contemplation qu'à la guerre. Midnight Odyssey va faire fuir les puristes du genre mais sa musique ne leur est de toute façon pas destinée et n'a de toute façon pas la prétention de faire du black pur et dur. Les morceaux sont tous très longs et flirtent volontiers avec les dix ou douze minutes, prennent bien le temps d'installer leurs ambiances et c'est uniquement à ce niveau-là que les quelques comparaisons à Darkspace que j'ai pu lire prennent leur sens. Pour le reste les deux groupes sont tout de même très différents, Darkspace ayant une approche bien plus brutale et crue du genre même si dans le fond le but est presque le même.

Contrairement à certaines compilations dont l'intérêt est discutable, "Silhouettes Of Stars" propose un vrai contenu avec des morceaux difficilement trouvables ailleurs. Cette compil' est remplie à craquer sur deux CDs, les morceaux sont très proches en qualité de ce qu'on peut trouver sur les albums du groupe (enfin one-man band) et si vous aimez Midnight Odyssey, il n'y a aucune raison de bouder cette nouvelle sortie.


Murderworks
Octobre 2017




"Shards Of Silver Fade"
Note : 14/20

Midnight Odyssey... groupe / one-man band australien qui aime nous perdre. S’il existe un groupe qui mériterait l’adjectif de cosmique, c’est bien celui-là. Et si vous voulez un aperçu imagé de cette idée précise, il suffit de regarder les pochettes de leurs albums. Je vous assure, c’est très évocateur, et ça annonce directement la couleur. Je vous avoue en toute franchise qu’en recevant cet album à chroniquer, j’ai juré dans plusieurs langues simultanèment en observant la tracklist. Car oui, nous avons ici deux CDs, pour un total d’environ deux heures d’écoute. Deux longues heures, perdue dans l’espace. En me mordant les lèvres, et en envisageant sérieusement la fuite sur une salamandre volante fonctionnant avec des produits Lustucru, j’essayais de théoriser comment chroniquer un tel monstre. Et j’ai tout simplement décidé de vous faire un résumé global des deux parties, donc des deux CDs, sans m’attarder morceau par morceau. Le but étant bien entendu de vous donner une impression générale de la bête, sans vous en décrire les étapes dans les moindres détails. Parce que sinon, on ne s’en sort plus.

En avant donc vers la première partie avec les quatre premiers titres qui essaient d’instaurer une atmosphère onirique, où une voix céleste nous guide à travers des paysages désolés et glacés. Tout est ici un travail d’ambiance, où Midnight Odyssey essaye de vous extirper de votre quotidien insipide pour vous faire voyager... dans l’espace. L’expérience se révèle très sensorielle, et selon votre degré de sensibilité à la chose, vous pourrez être largué ou alors totalement envoûté et passer cette première d’écoute allongé par terre, yeux fermés à imaginer des choses. Dans l’espace. Cette première partie est pour moi la plus réussie pour la richesse des ambiances, et la pureté que l’on peut ressentir dans "Hunter Of The Celestial Sea" pour ne citer que ce titre. Les guitares sont un peu étouffées, et les claviers sont la préoccupation principale et largement mis en avant. Les vocaux sont à la fois planants, et glacials par moments. C’est une sensation de vent froid qui domine cette première partie. Mention spéciale à "A Ghost In Gleaming Stars" qui joue avec finesse entre mélancolie, tristesse et onirisme. Sans doute une des expériences les plus fortes de cet album, et qui vaut largement l’écoute si vous ne voulez pas vous lancer dans l’entiéreté de cet album, ce que je comprendrais parfaitement.

Abordons ensuite la seconde partie qui se révèle plus obscure. On y retrouve un côté davantage black metal. Et pour moi, c’est sans doute la partie qui est la moins maîtrisée. Pas au sens que cela fait brouillon, mais plus dans l’optique où il y aurait largement moyen de condenser et d’obtenir un résultat plus probant. Bien entendu que j’apprécie le côté ambiant de "Asleep Is The Fire", mais j’en couperais néanmoins une bonne partie. Dis Pater est un musicien talentueux, je ne le nie pas mais j’ai l’impression qu’il joue à l’élève modèle qui rend 4 feuilles là où l’exercice n’en demandait que 2. Ou alors peut-être qu’il se prend à son propre jeu, et s’est lui-même perdu dans le cosmos ? A retenir de cette seconde partie, le "Starlight Oblivion" qui tire son épingle du jeu et mériterait d’être sauvé si je ne pouvais conserver qu’un titre sur quatre.

Midnight Odyssey, c’est une expérience qui peut vous perdre. Je reste admirative devant certaines orchestrations proposées, mais je ne peux qu’être déçue du manque de condensation. J’ai parfois envie de faire une avance rapide dans le titre, et de sortir de l’expérience. Et c’est là que réside le souci majeur d’un travail d’une telle longueur : conserver l’auditeur dans le même état d’esprit pendant deux heures relève du miracle. Et à cause de ces longueurs regrettables, il est parfois tentant de faire pause et de ne pas revenir à l’album plus tard, même si je le répète, l’expérience est dépaysante et vaut largement le détour. Je recommanderai donc simplement de vous contenter des quatre premiers titres pour débuter votre écoute, et de poursuivre uniquement si vous vous sentez inspiré par le côté sensoriel de l’album. Si vous saturez après le premier CD, il n’est pas utile de vous forcer avec le second.


Velgbortlivet
Août 2015


Conclusion
Le site officiel : www.midnightodysseyofficial.com