Les genres dans le metal sont sujets à des débats infinis. Les groupes sont parfois cantonnés à un seul et unique style bien précis et codifié jusqu’à la moelle, mais parfois des mélanges inattendus peuvent naître, comme pour Metaprism. Créé en 2012 par Ollie Robert (guitare), le groupe se base sur un duo vocal accompagnant un mélange de power metal et de metalcore mélodique. L’objectif du groupe est de créer un effet “la Belle et la Bête”, également pratiqué par Amaranthe, qui les propulsera en 2014 et 2015 sur la scène du Bloodstock Open Air, mais aussi à la quatrième place du Metal Battle organisé par le Wacken Open Air pour défendre leur premier album. Après de nombreux changements de line-up, dont le chanteur, Metaprism est actuellement incarné par Ollie et Callum Downing aux guitares, Matt Hudson à la basse, James Clarke à la batterie, ainsi que Theresa Smith et Joey Draper au chant. Ensemble, ils aboutissent à "Catalyst To Awakening", leur deuxième album.

"The Awakening" est une introduction mélodique moderne qui nous replace dans l’univers du groupe. Le son est extrêmement bien mixé, et l’enchaînement avec "Codex Regius" se fait à merveille. La rythmique est propre, entraînante et pleine d’harmoniques, et on remarque que la basse occupe une place importante dans ce sympathique mélange. Les voix de Theresa et Joey se complètent naturellement, la demoiselle se chargeant d’un chant aérien alors que son camarade masculin pousse parfois des hurlements rageurs, mais les deux se retrouvent lors de phases réellement envoûtantes. Le solo viendra confirmer l’accent mélodique du groupe, alors que "Unleash The Fire" vient visiblement chercher le headbang chez l’auditeur. Les deux chanteurs prennent leur indépendance, et la superposition se fait plus rare, mais le passage de l’un à l’autre est fluide et les musiciens démontrent leur talent lors de ces transitions.

"Incarcerate" accélère un peu plus le tempo, tout en faisant intervenir Marco Pastorino (guitariste / chanteur de Temperance) et Chiara Tricarico (ex-chanteuse de Temperance , et actuellement dans Teodasia) pour renforcer le duo, avec un titre qui joue avec les quatre voix dans un jeu de questions / réponses bluffant. Retour de riffs plus bruts avec "Anomalous I : Illogical Era", une composition en deux parties qui alterne entre une rythmique violente avec les cris de Joey et des passages atmosphériques planants menés par Theresa. "Anomalous II : Ghost Of Asylum", la deuxième partie, restera sur ce contraste mais de manière plus rapprochée et avec une fusion des deux voix sur la majeure partie du titre. Timo Somers, guitariste de Delain, leur apporte également son aide. Un certain groove se développe sur la rythmique, mais c’est probablement avec "Living By Proxy" que le groupe créera des mouvements de foule lors de ses concerts. Une batterie martiale chevauche une rythmique entraînante dont le son de basse ressort clairement.

Un sample électronique introduira brièvement "Carve The Stone" avant de relancer sur un metal moderne aux accents metalcore rafraîchissants qui donnent simplement envie de headbanguer un peu entre deux refrains chantés par le duo Theresa / Joey. Un début plus calme en son clair pour "Aftermath" nous permettra de comprendre que le groupe peut aussi faire dans la power ballade moderne, créant une vague d’émotions portée par les deux sublimes voix qui, une fois encore, se complètent à merveille. Par contre, "Unanimous" reviendra aux principes de base du mélange musical de Metaprism avec une mélodie rapide ponctuée d’harmoniques en tous genres et une double pédale véloce doublée par une basse vrombissante. Les cris de Joey subliment le chant clair de Theresa, et la guitare lead comble les courts moments de répit. Le dernier morceau, "Catharsis", reprendra des éléments efficaces mais connus du combo. Un solo un peu plus lent que d’habitude, mais toujours aussi efficace pendant que les autres instruments tiennent vaillamment une rythmique, pour déboucher à nouveau sur le duo vocal dont les preuves ont été faites à maintes reprises lors de cet album.

Metaprism apporte quelque chose de nouveau au metal moderne. Son mélange d’influences groove, metalcore et power, accompagné du double chant, nécessite tout de même que l’on s’y attarde, quel que soit son genre de prédilection. Si certains passages peuvent vous sembler redondants, la capacité du groupe à rendre n’importe quel riff entraînant vous surprendra à nouveau dans les secondes suivantes