Le groupe
Biographie :

Mechina est un groupe de death metal / djent industriel et symphonique américain formé en 2004 et actuellement composé de : Joe Tiberi (guitare / programmation), David Holch (chant) et Mel Rose (chant). Mechina compte onze albums studio à son actif, tous sortis en autoproduction.

Discographie :

2005 : "The Assembly Of Tyrants"
2007 : "Tyrannical Resurrection" (EP)
2011 : "Conqueror"
2013 : "Empyrean"
2014 : "Xenon"
2015 : "Acheron"
2016 : "Progenitor"
2017 : "As Embers Turn To Dust"
2018 : "The Compendium" (Compilation)
2019 : "Telesterion"
2021 : "Siege"
2022 : "Venator"
2023 : "Cenotaph"


Les chroniques


"Cenotaph"
Note : 17/20

En dehors de deux exceptions ("The Assembly Of Tyrants" et "Telesterion"), tous les albums de Mechina sont sortis un premier Janvier, c'est donc une fois de plus le cas avec "Cenotaph" qui est tout de même le onzième album de ce groupe qui fait tout en autoproduction depuis ses débuts ! Si vous connaissez déjà, vous ne serez pas dépaysés et retrouverez avec plaisir ce metal moderne et orchestral voire symphonique qui déploie des ambiances cyber / science-fiction et totalement cinématographiques.

L'introduction "Petrichor" nous prouve d'ailleurs de suite que Mechina n'a rien perdu de son talent pour poser des ambiances inquiétantes, épiques et aussi puissantes qu'une bande son de film. C'est avec "For All To See" que les choses sérieuses commencent et on retrouve de suite la patte typique du groupe avec ces riffs saccadés joués sur des guitares sous-accordées et ce double chant clair masculin et féminin qui pose des lignes de chant aussi mélodiques et accrocheuses que froides. La bonne surprise pour ceux comme moi qui regrettaient que la brutalité ne s'exprime quasiment plus c'est que l'on se prend très vite une grosse volée de blasts en plus de ces riffs puissants ! Un début d'album énergique et agressif qui ne perd pas de vue la mélodie pour autant et qui laisse augure du très bon pour la suite. En tout cas, cela fait du bien d'entendre le groupe redevenir ne serait-ce que temporairement aussi brutal, cela apporte un dynamisme et une variété qui pouvaient parfois manquer un peu aux deux précédents albums. Le morceau-titre suit et se fait plus accrocheur et mélodique mais en restant tout de même assez énergique et dynamique, les ambiances et les structures bougent régulièrement et les huit minutes passent toutes seules. Les morceaux sont d'ailleurs tous assez longs et vont souvent jusqu'aux sept ou huit minutes, d'où une durée d'une heure pour seulement neuf pistes. "Starlifter" se rapproche de ce que l'on pouvait entendre sur "Siege" ou "Venator" avec son tempo plus mid et constitue le premier moment où le groupe pose un peu le rythme avec des structures plus fixes et une construction plus mémorisable.

"Cenotaph" ne fait pas machine arrière mais remet une bonne dose d'agressivité, de variété et de dynamisme dans la musique de Mechina, ce qui est probablement dû à l'évolution du concept puisque le groupe raconte une histoire depuis ses débuts. Et vu la capacité qu'il a à créer des ambiances fortes et immersives, il est clair que sa musique suit les événements qui se déroulent dans cette histoire. Puisque ce nouvel album semble s'articuler autour de la soif de vengeance d'un des personnages, il n'est pas étonnant d'y entendre le groupe redevenir plus frontal et teigneux ! "The Grand Hunt", tout en flirtant avec le djent sur des riffs saccadés et très agressifs, renoue avec des ambiances plus épiques et fait défiler pas mal d'images dans nos têtes par sa puissance d'évocation. C'est un des talents qui démarquent clairement Mechina du reste de la scène metal, ce don pour créer des ambiances qui se poseraient sans problème sur un film ou un jeu vidéo et qui font travailler l'imagination à chaque écoute. L'instrumental "Broken Matter Manipulation" se rapproche lui aussi d'un djent sombre et rampant avec quelques discrètes sonorités inspirées des musiques orientales. Mechina s'y fait plus froid et plus dur, avec des ambiances plus sombres et inquiétantes posées sur une rythmique totalement syncopée. Après toute une série de montagnes russes émotionnelles, une dernière surprise nous attend avec le dernier morceau de l'album, "Andara's Will", qui fait entendre des mélodies bien plus lumineuses et accrocheuses. Une fin d'album qui désamorce un peu l'agressivité et la froideur de ce qui a précédé et qui a des allures de brève note d'espoir avant la prochaine guerre.

Mechina surprend donc en revenant avec un album plus sombre, plus dur et plus violent que ses deux prédécesseurs tout en gardant cette patte cinématographique et ses ambiances immersives. Le côté mélodique et accrocheur est toujours là lui aussi mais l'ensemble a pris une bonne bouffée d'adrénaline et "Cenotaph" frappe plus fort que "Venator" ou "Siege".


Murderworks
Janvier 2023




"Venator"
Note : 17/20

Exactement un an jour pour jour après la sortie de "Siege", Mechina est de retour avec un nouvel album nommé "Venator" qui, comme ses prédécesseurs, poursuit l'histoire débutée avec "The Assembly Of Tyrants" en 2005. Musicalement, le groupe ne change pas son fusil d'épaule et nous propose toujours un metal moderne avec quelques éléments de djent, de grosses ambiances symphoniques et une agressivité parfois héritée du death même si ces touches-là deviennent de plus en plus rares.

"Suffer" démarre comme souvent avec des ambiances dignes d'une bande originale de film avec beaucoup d'orchestrations et d'arrangements en tous genres pour neuf bonnes minutes qui font intervenir les guitares et les gros riffs bien plus rapidement que sur "Siege". Ce dernier prenait le temps de poser les ambiances et les guitares prenaient du temps à se faire entendre, et c'était encore plus long à venir sur "Telesterion". Cette fois, Mechina en vient au fait bien plus vite et ce premier morceau fait déjà entendre de sacrées ambiances et des mélodies comme toujours accrocheuses accompagnant des riffs assez saccadés qui remettent un peu le metal en avant. Sur ses derniers albums, le groupe avait très fortement développer sa facette symphonique et les guitares avaient parfois tendance à se retirer au second plan, cette fois elles se font entendre un peu plus fortement et rapidement. Mechina ne revient pas à quelque chose de brutal pour autant et "Suffer" reste assez posé sur un rythme mid-tempo qui développe une puissance principalement évocatrice. Cela suffit pour être une ouverture d'album efficace et ce premier morceau reste accrocheur et percutant malgré sa longue durée, ce qui est plus difficile à faire qu'il n'y paraît. "Praise Hydrus", par contre, se montre clairement plus metal et nous ressort des riffs rouleau compresseur et même si le chant reste clair, le groupe se fait plus dynamique et agressif. Comme d'habitude, tous les morceaux se suivent sans la moindre pause et "Venator" est à prendre comme un seul bloc de cinquante minutes, ce qui va vous demander un minimum d'attention malgré le don de Mechina pour les mélodies accrocheuses.

Le groupe a tout de même choisi de nous faciliter la tâche cette fois en proposant un album plus lourd et plus énergique à la fois, en tout cas plus dynamique et un peu plus varié que ces deux prédécesseurs. Ce qui n'est pas un reproche adressé aux albums en question qui étaient très bons, c'est simplement que lorsqu'on choisit de raconter une histoire qui s'étale sur chaque albums comme si ces derniers étaient les chapitres d'un énorme livre, il faut s'attendre à des périodes plus agitées que d'autres. Mechina retranscrit en musique les événements et l'histoire qu'il raconte et apparemment cette fois-ci cela demandait un peu plus d'énergie. Nous n'avons pas non plus droit à l'agressivité que le groupe faisait entendre à ses débuts mais "Venator" montre un peu plus les crocs et les guitares reprennent un peu plus de place. Ce qui est sûr, c'est que le metal moderne pratiqué par Mechina est toujours aussi personnel et qu'aucun autre groupe à ma connaissance ne mélange aussi bien ces sonorités et les ambiances cinématographiques à grands coups d'orchestrations. L'univers du groupe est bien marqué et sa patte se reconnaît dès les premières secondes, le morceau-titre est d'ailleurs le parfait exemple du talent qu'a Mechina pour mélanger tout ça. L'accroche, les mélodies, les lignes de chant qui rentrent dans le crâne, les gros riffs de bûcheron, les structures plus saccadées et hachées, tout est là et ce morceau éponyme touche au but sans forcer. La vraie grosse explosion de violence est réservée pour "When Virtue Meets Steel" qui ressort les growls et bons gros blasts qui font mal tout en gardant ce côté mélodique, puissant et accrocheur auquel on est habitué depuis quelques albums.

Au final, Mechina frappe fort une fois de plus avec un album plus nerveux, énergique et dynamique que ses prédécesseurs et qui redonne un peu plus de place aux guitares. Pour le reste, on est dans la droite lignée de ce que propose le groupe d'habitude et tant mieux, Mechina a une personnalité propre et c'est toujours un plaisir de l'entendre la développer d'album en album. Les ambiances sont toujours aussi fortes, les orchestrations toujours aussi épiques et puissantes et le talent d'écriture ne faiblit pas. Ajoutez à ça que le groupe est autoproduit volontairement depuis ses débuts et vous n'avez plus aucune excuse, allez donc jeter une oreille sur ce "Venator" et sur ses prédécesseurs si ce n'est pas déjà fait.


Murderworks
Février 2022




"Siege"
Note : 17/20

Les membres de Mechina ne chôment pas en ce moment ! "Telesterion", dernier album en date, est sorti fin 2019, Mel Rose a sorti un nouvel album solo début 2020 et voilà déjà un nouvel album de Mechina nommé "Siege". C'est d'autant plus impressionnant que la musique du groupe accumule les couches sonores et doit demander un travail de dingue. Il faut croire que cette sale période leur a permis de prendre plus de temps pour composer, ça ferait au moins un bon côté à prendre.

Pour les deux du fond, Mechina pratique ce que l'on appelait à une époque du cyber metal, donc du metal moderne avec des arrangements électroniques et des ambiances teintées de science-fiction en gros, sauf que là le groupe a en plus un goût prononcé pour les orchestrations. "King Breeder" nous accueille d'ailleurs en posant l'introduction de rigueur puisque Mechina est très doué pour développer des ambiances cinématographiques et que le groupe a une conception jusqu'au-boutiste de l'album concept. Ici, ce n'est pas l'album qui développe une histoire mais toute la discographie ! Et après ces trois minutes d'intro qui nous mettent de suite dans l'ambiance et qui sont une fois de plus dignes d'un film, l'album démarre vraiment avec "The Worst In Us" qui devrait mettre tout le monde d'accord. On retrouve ces ambiances prenantes et ces mélodies aériennes ou mélancoliques mélangées à un metal moderne aux frontières du djent avec des riffs hachés et syncopés. Certes Mechina lève le pied sur les blasts et l'agressivité pure depuis quelques temps et cela pourra décevoir quelques métalleux. Sauf qu'au lieu de simplement calmer le jeu, on se rend compte que cette réduction de la violence brute a servi la musique du groupe en produisant un tout plus homogène et des ambiances encore plus fortes. Le chant clair est majoritaire et les hurlements ont quasiment disparu depuis le précédent album et si vous recherchez un metal moderne brutal et direct, ce que propose Mechina maintenant ne vous conviendra probablement plus. Les gros riffs sont toujours là et la fin de "The Worst In Us" nous en fait entendre quelques uns d'ailleurs mais ils ne mènent plus la danse. Ce que la musique du groupe a perdu en agressivité elle l'a gagné en puissance d'évocation et en émotions, il suffit de fermer les yeux à l'écoute de "Siege" pour voir un film prendre forme ! D'ailleurs, le fait que les albums de Mechina racontent la même histoire et sont tous des albums concept fait qu'évidemment les morceaux se suivent et sont tous liés entre eux sans blanc entre les pistes. Il est donc vivement conseillé de les écouter d'une traite comme un seule gros morceau découpé en plusieurs pistes.

Comme toujours, la musique de Mechina est assez dense avec toutes ces orchestrations, arrangements et couches de sons qui se superposent et la plupart des morceaux sont assez longs. Vous aurez donc compris que "Siege" va demander quelques écoutes avant de pouvoir être digéré malgré son approche assez accrocheuse. Les ambiances sont épiques, dramatiques et diablement évocatrices et les morceaux sont tellement denses qu'ils en deviennent presque éprouvants malgré leur beauté. Mechina n'a rien perdu de sa capacité à poser des mélodies et des lignes de chant qui prennent à la gorge ni de sa facilité à donner vie à son univers. En parlant d'univers, on peut remarquer sur le morceau-titre un guest d'Anna, la chanteuse de Conflict, dont je vous avais parlé pour l'album "Decision Code", et qui partage des influences communes avec Mechina. Ce sont d'ailleurs les seuls growls de l'album et ce morceau est évidemment le plus méchant de l'album. Les ambiances qu'il développe sont aussi bien plus sombres avec ces arrangements en fond qui installent une certaine urgence. Si certaines influences pouvaient être décelées sur les premiers albums, Mechina a développé un univers tellement marqué qu'il est maintenant bien difficile de pointer qui que ce soit du doigt pour situer la musique du groupe ! Il est tout de même assez incroyable que ce groupe ne fasse pas parler de lui plus que ça tant le boulot effectué est monstrueux et tant Mechina est bon dans ce qu'il fait. Profitons-en pour préciser une nouvelle fois que le groupe est en totale autoproduction depuis ses débuts et qu'une telle dévotion cela force le respect ! D'ailleurs, comme le groupe ne fait pas les choses à moitié, la version digitale de l'album vous permet aussi de l'écouter en version instrumentale et démo.

"Blood Feud Erotica" remet le djent et les gros riffs de bûcheron au premier plan avec de gros coups de double qui ajoutent un peu de puissance à un album très dramatique et épique. Il faut dire que le côté mélodique de l'album est aussi renforcé par le fait que c'est surtout la chant de Mel Rose que l'on entend maintenant. Le compromis trouvé entre puissance et mélodie sur ce morceau est d'ailleurs très efficace et permet de rentrer un peu dans le lard sans perdre en ambiance et évocation. La seule chose que l'on pourrait éventuellement pointer du doigt avec cette évolution plus mélodique c'est que les passages plus brutaux apportaient un peu de variété et que le tout devient maintenant un peu trop homogène. Mais les ambiances sont tellement fortes et l'univers tellement bien développé que malgré une durée d'une heure, "Siege" passe sans problème et ne souffre d'aucun moment de faiblesse. D'ailleurs, "Freedom Foregone" qui ferme l'album avec presque douze minutes au compteur est un bon exemple de cette capacité à créer des ambiances impressionantes et se montre justement un peu plus varié grâce à sa plus longue durée. Je serais vraiment étonné de ne pas entendre un jour Mechina pour la bande-son d'un film ou d'un jeu vidéo. Quand on entend ce qu'ils font de leur côté sans aucune aide extérieure, on imagine ce qu'ils seraient capables de faire avec de gros moyens ! Rien que pour l'intégrité (puisque l'autoproduction est volontaire) et le travail effectué à chaque sortie, cela vaut le coup que vous leur donniez une chance.

Un nouvel album dans la lignée de son prédécesseur et toujours aussi bon à tous les niveaux. Mechina continue son chemin avec "Siege" et se place dans sa propre cour tant sa musique est devenue particulière et personnelle. Je pourrais vous dire que si vous aimez que le metal moderne se mélange à des ambiances dignes d'une bande-son de film de science-fiction, vous aurez là de quoi vous rassasier. Le problème c'est que cette description est réductrice et ne rend pas justice aux efforts que produit Mechina pour développer son univers donc la meilleure solution reste d'y jeter une oreille attentive.


Murderworks
Mars 2021




"Telesterion"
Note : 17/20

Amateurs de metal moderne et d'orchestrations épiques et cinématographiques, le nouveau Mechina est arrivé ! "Telesterion", c'est son petit nom et comme d'habitude on risque de s'en prendre plein les oreilles pendant une bonne petite heure. Précisons que le groupe est toujours en autoproduction et que certains pourraient en prendre de la graine (jetez un œil sur le coffret "Compendium" sorti il y a quelques temps, ça va vous donner une idée de l'implication de ces gens).

Chez Mechina, quand on fait des concepts, on ne plaisante pas ! Déjà le groupe n'en étale pas un sur chaque album mais raconte une histoire et développe le même univers sur tous ses albums et pour "Telesterion", il ne s'est pas contenté d'une petite intro cinématographique pour introduire la chose. Cette fois, c'est tout de simplement une piste de six minutes entièrement narrative et orchestrale qui débute l'album ! Rien de mieux pour nous plonger dans une ambiance science-fiction et pour nous immerger dans l'univers de Mechina et une preuve de plus que ses membres ne prennent pas leurs créations à la légère. "Realm Breaker" nous accueille avec quelques sonorités ethniques avant d'embrayer sur ce fameux metal moderne, technique et mélodique que l'on connaît bien depuis quelques temps. Si la violence s'est un peu estompée avec le temps, c'est le caractère épique qui a pris le relais et à ce niveau ce premier morceau remet les pendules à l'heure avec des mélodies qui véhiculent des émotions puissantes. C'est d'ailleurs Mel Rose qui se taille la part du lion au micro sur ce morceau assez mélancolique dans l'ensemble et qui fait preuve de retenue avec des riffs assez simples par rapport aux standards du groupe et des orchestrations poignantes, le chant féminin était donc tout indiqué. C'est "The Allodynia Lance" qui ramène les blasts et l'agressivité pour huit minutes bien plus belliqueuses mais toujours aussi épiques et qui note donc le retour des growls. Pour le reste, on retrouve sans problème la patte Mechina avec ce metal moderne aux riffs saccadés proche d'un Fear factory, ces orchestrations puissantes et épiques, un côté accrocheur et mélodique très prononcé et des sonorités proches du djent dans les passages les plus techniques.

Passages techniques qui sont assez rares ou du moins contrôlés chez Mechina puisque le groupe préfère appuyer les ambiances et renforcer la puissance d'évocation de sa musique. Son but n'est pas d'épater la galerie mais de créer son propre univers et de permettre à l'auditeur de s'y plonger. Une idée ambitieuse mais que le groupe a les moyens de réaliser par son talent de composition et son implication sans faille. "Telesterion" est d'ailleurs une preuve supplémentaire que le groupe a une vision et qu'il se donne les moyens de réaliser des albums toujours plus denses et impressionnants. On les retrouverait un jour un jour sur une bande originale de film que cela ne m'étonnerait pas, ce serait d'ailleurs totalement mérité vu le talent qu'à Mechina pour pondre ce genre d'ambiances. Certaines personnes ont visiblement qualifié le groupe de "Mass Effect Metal" à cause du recours aux orchestrations et des thèmes science-fiction et quand on connaît ces jeux et leurs OST, on se dit que l'étiquette est plutôt bien trouvée. D'ailleurs, le pavé de l'album, "Gene Heresy", est assez impressionnant dans le genre avec près de onze minutes au compteur et là encore des ambiances prenantes et des mélodies aussi belles que percutantes avec toujours ces discrètes sonorités tribales ou ethniques qui ajoutent encore un peu de profondeur et qui se fondent admirablement bien à un metal pourtant très moderne et donc aux antipodes des musiques traditionnelles. Je tiens aussi à préciser cette fois encore que pour un groupe en autoproduction totale, le son est énorme et les orchestrations très convaincantes malrgé le fait qu'elles sont produites aux claviers ou avec une banque de sons et non pas par un véritable orchestre, elles sont même limite plus convaincantes que chez certains groupes ayant un gros budget et utilisant aussi les claviers pour les réaliser. Comme quoi quand on est passionné et qu'on s'implique dans ce qu'on fait on arrive à mettre des baffes à des géants.

Nouvel album dans la lignée de ses prédécesseurs avec des orchestrations toujours aussi massives et épiques, des mélodies toujours aussi belles et ce metal moderne puissant et agressif en appui qui n'hésite pas à sortir les blasts quand il le faut. Mechina vient une fois de plus de frapper un grand coup et il ne serait que justice que le groupe finisse par se faire un nom bien plus gros que ça à l'avenir !


Murderworks
Décembre 2019




"As Embers Turn To Dust"
Note : 17/20

Si vous aimez le metal moderne, mélodique, technique, accrocheur et épique vous devriez vous pencher sur Mechina. Ce groupe américain débarque avec "As Embers Turn To Dust" qui est déjà son septième album depuis sa formation en 2005 ! Ces gars-là sont prolifiques et poussent leur musique toujours un peu plus loin sur chaque album.

Ce nouvel album ne fait donc pas exception à la règle et ce qu'on trouvait déjà sur "Progenitor" est encore renforcé, les ambiances sont encore plus épiques et cinématographiques, les morceaux sont encore plus accrocheurs et le mélange d'influences et de sonorités est toujours aussi maîtrisé et riche. On note aussi une légère accalmie générale, "Progenitor" présentait un peu plus de passages brutaux avec de gros blasts à l'appui alors que ce nouvel album met l'accent sur les ambiances immersives et les mélodies. Soyons francs, le côté brutal n'a jamais été le propos de Mechina, la violence ne sert qu'à appuyer certaines ambiances et cette dernière s'exprime plus ou moins suivant les albums. "As Embers Turn To Dust" lui laisse donc moins de place mais propose quand même un metal moderne assez nerveux ou en tout cas dynamique. On a quand même le morceau d'ouverture "Godspeed, Vanguards" qui bourre un minimum et devrait combler ceux qui avaient aimé les passages les plus brutaux de "Progenitor". En tout cas, Mechina a définitivement sa patte, ce qui n'est pas un mince exploit au milieu de tous les groupes de metal moderne qui débarquent ces dernières années. La musique du groupe est à cheval entre le djent, le metal extrême et les bandes originales de film pour faire simple. Et comme je le disais, le groupe ne se contente pas de ressortir des plans qu'on retrouve partout depuis le premier album de Periphery, Mechina mélange plusieurs influences dont des lignes de chant proches des musiques ethniques, des orchestrations épiques à souhait et ses riffs les plus bourrus sentent fort le death metal.

Si je devais pointer un défaut ce serait l'utilisation d'autotune sur les parties de chant clair, même si ça colle avec le délire futuriste et science-fiction du groupe j'ai toujours du mal avec ce genre d'effet. Surtout que les lignes de chant sont en général inspirées et accrocheuses, que ce soit celle de David Holch ou de la chanteuse Mel Rose. Cette dernière chante d'ailleurs bien plus que sur "Progenitor", il faut dire que le visage plus mélodique de ce nouvel album y est plus propice. Ce qui ne change pas par contre est l'habitude du groupe de proposer de longs morceaux flirtant très souvent avec les sept minutes, le sens de la mélodie du groupe fait que même quand les morceaux ne sont pas à tiroirs et en arrivent à répéter certains plans on ne s'ennuie pas. Certains passages auraient éventuellement pu être légèrement raccourcis mais il n'y a rien de rédhibitoire et le groupe n'en arrive jamais à nous donner envie de zapper au titre suivant, d'autant que de toute façon la plupart des morceaux sont suffisamment dynamiques pour ne pas lasser. "As Embers Turn To Dust" dépasse l'heure et il va falloir plus d'une écoute avant d'en faire le tour, car même si ce nouvel album est toujours aussi accrocheur il propose une musique assez riche pour avoir envie d'y retourner.

Voilà donc un septième album plus mélodique et moins brutal que son prédécesseur mais tout aussi bon, accrocheur et inspiré. Mechina fait sa musique dans son coin en autoproduction depuis maintenant une dizaine d'années et je connais certains groupes signés qui font moins d'efforts. Si le metal moderne vous parle, je vous invite vivement à y jeter une oreille, il y a de la matière dans tous les sens du terme puisque le groupe est prolifique et que sa musique est plutôt riche.


Murderworks
Avril 2017


Conclusion
Le site officiel : www.mechinamusic.com