Le groupe
Biographie :

Manes est un groupe d'avant-garde metal norvégien formé en 1993 et actuellement composé de : Tor-Helge Skei (guitare, clavier, programmation / The Eye, ex-Perifa, ex-Suffocation, Holissstik, Kkoagulaa, Lethe, Obscuro, ex-Atrox), Torstein Parelius (basse / Chton, Kkoagulaa, ex-Frost), Rune Hoemsnes (batterie / ex-The Third And The Mortal, ex-The Soundbyte), Eivind Fjoseide (guitare / Atrox, Calmcorder, Drontheim, Kkoagulaa) et Asgeir Hatlen (chant / Kkoagulaa, ex-Atrox). Manes sort son premier album, "Under Ein Blodraud Maane", en Avril 1999 chez Hammerheart Records, suivi de "Vilosophe" en Mai 2003 chez Code666 Records, de "How The World Came To An End" en Mai 2007 chez Candlelight Records, et de "Be All End All" en Octobre 2014 chez Debemur Morti Productions.

Discographie :

1999 : "Under Ein Blodraud Maane"
2003 : "Vilosophe"
2007 : "How The World Came To An End"
2014 : "Be All End All"


La chronique


Le black metal mène décidément à tout ! Outre Arcturus, Ulver ou les moins connus Malignant Eternal (dont je vous conseille chaudement l'album "Alarm"), Manes fait partie des groupes qui ont débuté au milieu de cette scène pour ensuite partir vers des terres bien moins explorées par les métalleux. Dès le second album "Vilosophe", le groupe expérimentait à tout-va en laissant le metal loin derrière malgré la présence légère de la distorsion, cet album étant d'ailleurs devenu culte depuis sa sortie. Mais ce n'était que la première étape du voyage, "How The World Came To An End" avait ensuite poussé le bouchon bien plus loin en intégrant des sonorités trip-hop, jazz, electro voire même rap dans un maelström d'influences de tous horizons. Et le pire c'est que le mélange était très réussi, même sur un morceau comme "Come To Pass" qui intégrait du chant rappé en français mais qui gardait une ambiance très sale (on pourrait presque penser à Diapsiquir en fait). Suite à ça, le groupe s'est amusé à sortir une bonne vingtaine de EPs, proposant des inédits, des démos ou des remixes et continuant à explorer d'autres moyens d'expression musicale.

Qu'en est-il donc de ce "Be All End All", les frontières ont-elles encore été repoussées ? Sachant que le prédécesseur avait déjà déboussolé pas mal de monde et nécessitait une ouverture d'esprit conséquente pour l'apprécier, on imagine que Manes ne pouvait pas aller beaucoup plus loin. Et si ce nouvel album est effectivement un peu plus accessible, le groupe n'a pas fait un retour en arrière pour autant, il a simplement opté pour une formule un peu plus homogène. Fini les incursions hip hop, Manes retourne à un visage très electro sans pour autant faire un Vilosophe 2. Même si la mélancolie typique du groupe est encore largement présente, les ambiances sont généralement bien moins sales qu'auparavant. On nage dans une sorte de dark wave / electro / pop sombre mais rarement aussi noire que ce que le groupe proposait sur "How The World Came To An End". Quelques légères structures proches du jazz peuvent se faire entendre sur "Blanket Of Ashes" mais ce sont bien les seules de tout l'album. Manes a vraiment voulu que sa musique soit plus compacte cette fois, d'ailleurs l'album ne dure que 39 minutes et on n'est plus ballottés dans tous les sens comme sur le précédent album. Suivre le cheminement de "Be All End All" est bien plus simple même si cela suffira amplement à faire vomir les métalleux purs et durs.

Dans une certaine mesure, on peut rapprocher Manes du groupe In The Woods, qui d'ailleurs s'est reformé avec Tommy Sebastian Halseth au chant qui officiait déjà sur "Vilosophe", comme quoi tout se recoupe ! Malgré le côté expérimental et relativement barré il y a toujours des mélodies où des lignes de chant pour accrocher l'oreille, ce qui est quand même assez fort puisque même si ce nouvel album n'est pas le plus difficile d'accès il n'en reste pas moins exigeant. Inutile d'espérer en faire le tour en une poignée d'écoutes mais ça c'est une habitude avec Manes, et malgré son visage un peu plus amenant, "Be All End All" n'échappe pas à la règle. Malgré cela il n'y a rien ici qui pourrait effrayer les personnes habituées à écouter de l'electro, de la new wave et autres styles affiliés à la scène goth. Encore une fois le précédent album allait bien plus loin que ça, constituant sûrement le plus difficile d'accès dans toute la discographie de Manes. Cette fois, on a des morceaux qui sont quand même très accrocheurs, sans aller dire que ça pourrait être diffusé sur les ondes, un titre comme "Name The Serpent" s'écoute sans problème et grand plaisir.

Nouvel album moins aventureux que son prédécesseur mais tout aussi bon, plus mélancolique, accessible et mélodique. Mais malgré ça, il va falloir apprendre à le connaître, et par conséquent multiplier les écoutes. Manes suit son chemin sans se préoccuper de l'avis de qui que ce soit, c'est sûrement ce qui permet au groupe de nous surprendre et de continuer à proposer de la musique de qualité. Parce que voilà ce qu'est finalement "Be All End All", de la très bonne musique au-delà de toute étiquette.


Murderworks
Décembre 2014


Conclusion
Note : 16/20

Le site officiel : www.manes.no