Apathia Records nous apporte sur un plateau d’argent sa seconde production réunissant Blien Vesne et Lyan pour près d’une heure d’épopée dans un monde imaginaire où les émotions façonnent le paysage et déjà la pochette nous laisser deviner qu’on va nous emmener loin, quelque part au dessus des nuages.

Cette épopée commence avec Lyan qui vous happe dans un univers trouble et si clair à la fois. Rapidement la musique vous subjugue et ce qu’il se passe autour de vous ne devient que secondaire. C’est une musique du détail, tout est agencé de sorte que le moindre son vous percute. "Tôi Chô Doi" amorce cette galette avec un piano savoureux appuyé par une basse donnant du caractère. Laissez-vous envoûter par "Cotton House" qui porte merveilleusement bien son nom. Le morceau est apaisant et vous couvre de sonorités protectrices emmenées par un chant aérien. Le piano n’est jamais très loin y compris sur "Childhood’s Seasons" qui vous séquestre dans un monde féérique où la quiétude parait prête à imploser. La voix de Sébastyén D apparaît comme dépouillée, brute, mais petit à petit, le son se travail, se module, pour être rejoint par une batterie posée, insufflant néanmoins une énergie au morceau. Les titres sont déstabilisants de véracité tellement les sensations attendues sont au rendez-vous. "When I Was A Little Child" en est une preuve de plus avec ses notes légères et pourtant imperturbables apportant la sérénité et le réconfort d’une veilleuse aux grands enfants que nous sommes. La prestation de Lyan s’achève avec "Lulled To Eternity" qui nous dépose près d’une rivière cristalline au milieu d’une forêt enchantée.

Ouvrir les yeux, digérer ce qu’il vient de se passer puis replonger immédiatement sans être dépaysé avec "La Cara y El Suelo", le premier morceau de Blien Vesne. Dans la continuité de ce qu’on a écouté avant, le groupe reprend tout en douceur et nous effleure les tympans avec tendresse, le tout agrémenté de spoken words plaintifs. Puis, la musique se durcit, sans pour autant changer d’état d’esprit avec l’introduction de "Sanar" qui se trouve rapidement adoucie en une ballade mono-instrumentale. Evidemment la tension remonte avec la batterie qui nous relâche sans remords face à "Rendir". Le morceau, avec ses petites notes dispersées ici et là, est d’une légèreté digne d’une chantilly maison et donne l’impression de se visiter soi-même. Blien Vesne met un point final avec "Esperar" qui, malgré toute attente, ne brisera jamais la tension maintenue au long des huit titres précédents.

"Esperar Eternity" a beau être un split, le CD est d’une fluidité et d’une cohérence impressionnante. Certains impatients, et je dirais même, médisants, annonceront probablement ce split comme ennuyeux. Comprenez bien que ceux-là n’ont rien compris. Le post-rock / shoegaze des deux groupes est empli d’émotions donc pour faire simple, cette galette ne s’écoute pas, elle se vit.