"Where Angels Fear" est le premier album du groupe Finlandais depuis presque 7 ans. Un long silence donc, qui demande à être rempli de musique ! Mais pas n'importe laquelle, puisque le metal est ici maître-roi, et plus particulièrement ici, de heavy-metal.
La pochette de l'album toute de sang tintée, semble venir faire écho au titre "Bad Blood" qu'ils ont choisi comme single. Deux enfants innocents ciblés telles des proies sans défense au milieu d'un carnage sanguinaire. Alors, d'où vient la peur des anges ? ("Where Angels Fear" ? ) D'eux mêmes ? C'est ce que semble tenter de nous montrer chaque titre de l'album sous le timbre enfantin de la belle Tanja. Enfantin ne voulant pas dire faiblard, elle ne nous cache pas ses facilités, et se complaît à varier douceur féminine au timbre très heavy recherché. On dénotera cependant cette manie de vouloir forcer lors des parties heavy, qui s'entend assez et qui peut mal rendre sur certains morceaux. Les riffs rythment les mélodies, celles-ci sont vite mémorisables et agréables à l'écoute. Les ballades douces et fragiles, ne sont pas répétitives entre elles. Une à voix masculine, une à la guitare acoustique... de petites pauses bien sympathiques dans l'album qui entrecoupent efficacement le reste en entractes délicieuses.
Pour entrer dans le vif du sujet, les anges viennent donc nous mettre en garde. Le premier titre, "Antitode To You" montre déjà que ces anges là tiennent à leur liberté, et semblent prêts à tout pour la garder. Pas d'antidote pour le fou qui voudrait les voir ramper "You enjoy see me crawling […] Don't play this game with me"'. On note un changement leger de timbre de Tanja, lorsque arrive ce refrain qui va vite tourner en boucle dans notre mémoire "no antidote to you", l'aigu devient presque voix d'enfant. Voulu ou non, cela donne un effet contrastant avec le chant heavy des couplets. L'ambivalence bien/mal d'un ange devient palpable. Ce titre introduit l'album sur une note sombre, et suit le continuum de chaque titre suivant. Comme pour le single "Bad Blood" qui ferait presque voir ces anges comme de véritables démons. Les anges sont loin d'être blanc, et rien ne peut les arrêter. "I am the monster, riding in your dreams".
Pourtant, "Thousand Suns" montre ces anges pleins de détresse, en recherche de leur précieux paradis perdu. Sans lui ils ne sont rien et la mort destructrice frappe à leur porte. "Feel My Revenge", petite ballade où l'on peut entendre Mikko Herranen (Rust) apporter la touche masculine au chant, vient d'ailleurs accuser cette détresse par la mort qui s'accomplit de leurs mains. "I Am" pourrait presque dire qu'ils ont été trahits, ce qui expliquerait cette vengeance voulue, et "Broken" est un hymne à leur douleur, car quand on a mal, on peut en devenir fou et faire n'importe quoi.
Et finalement qui sont ces anges sinon nous ? Prisonniers de nos propres émotions, amour, haine, vengeance, un véritable mélodrame qu'est notre vie ! Parfois brisés par ces ressentiments violents, nous tentons de survivre et d'y faire face.
Danser sur la tombe de nos propres péchés pour tenter de retrouver ce paradis perdu, ne semble pourtant pas la meilleur solution.
Le concept de l'album est assez banal en soi. Ce sujet si controversé de l'amour qui aime, qui hait, qui casse et détruit mais dont on se relève peut-être plus fort, a été maintes et maintes fois vu et revu. Les paroles, bien que sympathiques, restent creuses et très écourtées manquant d'explications supplémentaires.
Cependant, l'on se laisse bercer volontiers par la musique, et la jolie voie de Tanja. Comme dit plus haut, les mélodies sont là, les airs glissent dans nos mémoires et nos oreilles pour y rester, un peu. Mais il ne suffit pas d'une bonne musique et d'une belle voix pour en faire un bon album. Loin d'être grandiose, il plaira sûrement, mais ce sera tout.
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