Le groupe
Biographie :

Lord Mantis est un groupe de blackened sludge metal américain formé en 2008 et actuellement composé de : Charlie Fell (basse, chant / Nachtmystium, Von, ex-Floating Fantasy, ex-Von Venien, ex-Avichi), Bill Bumgardner (batterie / Indian), Andrew Markuszewski (guitare, chant / Avichi, Nachtmystium, Unholy Trinity, ex-Night On Armon, ex-Von Venien, ex-Von) et Ken Sorceron (guitare / Abigail Williams, Bro Jovi, Vesica Piscis, ex-Aborted, ex-Belhor). Après un premier album sorti en 2009, "Pervertor" sort en Mars 2012 chez Candlelight Records. En Avril 2014, Lord Mantis sort son troisième album, "Pervertor", chez Profound Lore Records.

Discographie :

2008 : "Period Face" (EP)
2009 : "Spawning The Nephilim"
2012 : "Pervertor"
2014 : "Death Mask"


Les chroniques


"Death Mask"
Note : 08/20

Lord Mantis est pour moi une totale découverte, autant le dire tout de suite... Je vais donc chroniquer ce troisième album du groupe de Chicago sans aucun a priori, en espérant bien entendu être séduit par le combo américain !!! J'ai certes un temps bloqué sur la pochette ma foi plutôt old-school et d'un goût douteux, surtout dans le choix des couleurs... Si la musique du groupe est aussi anti-conformiste, cela promet !!! Plongeons-nous alors dans ce "Death Mask" histoire de se faire une idée...

Le premier morceau "Body Choke" commence par un riff d'introduction nous amenant peu à peu vers le véritable début du morceau et un riff plutôt groovy... Là aussi, on retrouve des racines plutôt old-school, à la frontière de plusieurs styles, mêlant black-metal, doom, stoner et j'en passe !!! Le son renforce d'ailleurs ce côté doom / black, à la fois crade, puissant et particulièrement lourd, surtout au niveau de la section rythmique... Les guitares, elles, jouent beaucoup sur les dissonances, ce qui confère à la musique de Lord Mantis un esprit torturé et incroyablement nihiliste, pratiquement désincarné !!!

On retrouve ce sentiment général dès le second morceau, présentant lui aussi un "main" riff plutôt groovy et quelques passages plus rapides, et donc plus black, même si la dominante reste assez mid-tempo... Mais un élément assez insidieux jusqu'alors fait alors son apparition au grand jour : le chaos !!! Car oui, la musique des Américains est chaotique, anarchiquement construite et toujours aussi dissonante... On se retrouve plus face à un concept expérimental et bruitiste que face à un pur album de metal, aussi extrême soit-il !!! En perdant ainsi en musicalité, on perd bien évidemment en cohérence et en compréhension...

Le chant n'y est d'ailleurs pas étranger !!! Affreusement saturé, il agresse l'auditeur, l'empêchant parfois même de se concentrer sur le reste de la musique du groupe, alors que cet album arrive malgré tout à proposer quelques riffs sympathiques... Mais ils restent noyés dans un chaos informe, nous perdant ainsi dans les méandres torturés qui constituent la trame musicale des Américains !!! L'accessibilité n'est décidément pas leur truc, c'est une certitude... Si encore ce "Death Mask" avait une âme, aussi dérangée et malsaine soit-elle, mais je pense qu'elle a déserté il y a longtemps !!!

Je crois que le morceau "Posession Prayer" en est un exemple exceptionnel avec ses 7 minutes d'anti-musique !!! Finalement, nous ne sommes pas si éloignés du concept de groupe "anti-life" évoqué par le label... Mais cela rend l'écoute de ce nouvel album de Lord Mantis beaucoup moins intéressante et motivante !!! Rare sont les albums comme ce "Death Mask" capables de provoquer chez moi autant d'hyper-tension... Cette musique m'oppresse au plus haut point, m'énervant souvent au point de vouloir couper court à cette écoute pour moi aussi fastidieuse qu'épuisante !!! Mais je me sacrifie pour TOI, lecteur...

Moi qui aime bien les découvertes, me voilà servi : "Death Mask" est le cadeau empoisonné par excellence pour un chroniqueur !!! Peut-être aussi ne suis-je pas assez ouvert... Mais Lord Mantis met quand même tout en œuvre pour ne s'adresser au final qu'à une "élite" !!! Difficile d'accès, cet album ne se livrera pleinement qu'aux initiés, laissant les autres sur la touche... Je pense même que ce nouvel opus ne livrera pas tout ses secrets dès la première écoute, mais encore faut-il être bien accroché et préparé psychologiquement parlant pour se lancer dans une succession d'écoutes de ce qui pourrait faire partie des armes de destruction massive !!!

Malgré quelques bons riffs groovy / black-metal, la démarche bruitiste de Lord Matis perdra l'auditeur lambda dès les premiers morceaux... Les rares qui auront tenu jusqu'au bout seront peut-être assez forts pour réellement apprécier la musique des Américains, mais les autres tels que moi choisiront plutôt la facilité et passeront leur chemin, ne consentant pas un tel effort... Car oui, au final, la musique doit avant tout être du plaisir, et je n'en éprouve ici aucun !!!


Carcharoth
Juin 2014




"Pervertor"
Note : 16/20

Quand j'ai vu le nom de ce groupe, celui de l'album et la tronche de la pochette, je m'attendais à une sorte de black thrash cradingue façon Bestial Mockery et autres boucheries. Et je m'étais carrément planté, les Américains de Lord Mantis débaroulent avec ce deuxième album du nom de "Pervertor" et tape dans une mixture pour le moins étrange.

Parce que c'est peut-être pas un carnage dans le genre du groupe que j'ai cité plus tôt, mais niveau dégueulasserie Lord Mantis n'est pas en reste. En effet le groupe donne dans un genre qu'on va qualifier de sludge blackisant, donc de l'extrême qui tache et qui fout de la graisse partout. En fait c'est surtout la voix et les ambiances très noires et dérangées qui se rapprochent du black, les riffs eux sont carrément sludge et la prod' apporte d'ailleurs la couche de crasse nécessaire à tout bon album du genre. En tout cas cet album porte foutrement bien son nom, c'est effectivement un truc de pervers psychopathe, sociopathe et tout ce qui se termine en "pathe".

Je parlais de la voix assimilable au black tout à l'heure, mais en fait c'est surtout dans les passages où le malade qui leur sert de chanteur utilise une voix assez gutturale et plus grave. Parce que quand il se met à véritablement hurler, je pense plutôt aux cris hystériques qu'on trouve chez Khanate ou Burning Witch. Si je ne m'abuse ils ont en plus ajouté un peu de distorsion sur la voix, juste histoire d'augmenter encore un peu le côté abrasif de la chose. Comme si la musique ne suffisait pas à vous écorcher les tympans à coups de tessons de bouteilles, ou de lames de rasoir rouillées. Pendant les 46 minutes que dure cet album, on patauge dans un mélange de sang, de goudron et d'une substance inconnue dont je ne préfère pas connaître la provenance.

Toujours est -il que ce "Pervertor" est une véritable agression sonore du début à la fin, on en ressort lessivé et les oreilles en charpie. Ce Lord Mantis a le petit plus qui fait la différence, ce petit grain de folie qui fait que les ambiances sont vraiment maladives et crades. C'est pas du sludge propre comme on peut en voir fleurir de temps en temps, de la part de groupes qui tentent leur chance en profitant d'une vague hype exclusive au net. Là c'est du vrai, celui qui va te faire des tâches que même Skip Micro Plus il arrivera pas à t'enlever ! Mais bon, je sais très bien qu'on est tous un peu masos dans les parages, ça doit expliquer pourquoi j'ai pris un malin plaisir à écouter plusieurs fois cette immondice. En plus avec le soleil qui commence à venir ça colle bien partout, c'est le moment de plonger dans le cambouis.

N'allez pas trop vous enfoncer là dedans quand même, laissez les cervicales à l'abri. Parce qu'on arrive paradoxalement à headbanguer sur cette saleté, c'est dégeulasse, pesant et malsain comme c'est pas permis mais on trouve quand même le moyen de se péter la nuque en cadence. C'est accrocheur dans tous les sens du terme quoi, c'est cohérent finalement, enfin accrocheur je me comprends. C'est pas de la pop avec structures "couplet-refrain" non plus, mais disons que ce n'est pas inutilement complexe. Lord Mantis frappe directement là où ça fait mal, un petit coup de poignard sec pour vous glisser vite fait toutes les merdes possibles et imaginables dans la plaie. Voilà c'est ça en fait ce "Pervertor", une septicémie auditive !

J'enchaîne décidément les bonnes surprises en ce moment, encore un groupe dont je n'avais jamais entendu parler et qui m'a bien convaincu. Il y a encore de bonnes choses dans le metal et assimilés contrairement à ce que certains grincheux veulent bien nous faire croire, rien de révolutionnaire sur ce "Pervertor" mais un sens de l'infection musicale bien sympathique. Le mariage réussi du côté glauque et oppressant du black, avec la crasse et le désespoir du sludge.


Murderworks
Juin 2012


Conclusion
Le site officiel : www.lordmantis.com