Le groupe
Biographie :

Le son dépoli et abrasif de Lo! est à l’image d’un train qui déraille : détruisant tout sur son passage en ne laissant qu’une carcasse flambante et légèrement amochée ! Dans la veine un peu cradingue de Old Man Gloom, le noisy et sludgy hardcore de Lo! est suffisamment frais et personnel pour tenir en haleine tout le long de leur premier album "Look And Behold". Les quatre Australiens ont explosé les salles de Sydney dont ils sont issus dès 2010 avec un premier EP déjà dévastateur. Repérés puis signés chez Pelagic sur lequel sort les deux premiers albums voici, toujours sur le label qui nous les a fait découvrir, un EP cette fois-ci "The Tongueless". Le groupe a entre autres assuré une tournée dans de grandes villes européennes aux côtés de Cult Of Luna et The Ocean.

Discographie :

2010 : EP
2011 : "Look And Behold"
2013 : "Monstrorum Historia"
2015 : "The Tongueless" (EP)


Les chroniques


"The Tongueless"
Note : 18,5/20

Souvenez-vous, un homme et une femme, tous deux dans leur plus simple appareil, côte à côte, main dans la main. Adam et Eve ? Je pensais plutôt à l’illustration de la page centrale de nos dictionnaires d’école sur laquelle on ne pouvait s’empêcher de rajouter des poils si nos aînés ne l’avait pas encore fait. Saut que les mecs de Lo!, ils sont un peu plus subtils que nous et nous offrent en guise d’artwork une femme prude tenant la main squelettique d’un homme monstrueux.

Monstrueux… c’est ça le terme précis qui qualifie cet EP, et contrairement à ce qu’on pourrait imaginer ce n’est pas forcément le son qui l’est - même s’il reste impressionnant de puissance et de profondeur - mais plutôt les compositions. En effet, on est ici en présence de quatre titres sulfureux à commencer par "No Contrition" qui ouvre le bal "presque" tendrement pour s’accélérer ensuite. Une entrée en matière assez progressive donc. S’ensuit ensuite "Orca", où on retrouve cette voix rugueuse, dominante, cette fois-ci appuyé par une musique plus dure, plus massive, plus écrasante, mais aussi plus rapide et plus dissonante. Ceci n’empêche pas une aération sur la seconde moitié de la piste pour nous laisser reprendre nos esprits avant "Litmus Beings" qui est une descente de près de trois minutes allant de la brutalité à la mélancolie. C’est donc en toute logique que l’EP se ferme sur "Megafauna" (pas méga-foune; je constate que ça n’a pas beaucoup mûri depuis l’époque des coups de Bic sur le dico). Les contrastes s’accentuent encore davantage et les guitares crunchy, presque claires, viennent s’aventurer sous des vocaux d’outre-tombe avant de retomber entre les mains d’une masse sonore brute. La musique de Lo!, pour le coup plus hardcore-sludge que suldge-hardcore, ne lasse pas, bien au contraire, et l’EP passe à une vitesse folle.

Quatre titres et aucun qui ne sort du lo! (putain, le con) et c’est extrêmement positif puisque c’est le signe que chaque morceau a sa propre personnalité tout en s’intégrant parfaitement à l’ensemble qui le contient. Lo! nous propose une nouvel fois un opus très bien travaillé, complet aussi bien dans la richesse du son que dans les paysages dépeints. Le ton est toujours aussi juste et le plaisir toujours bien présent donc !


Kévin
Février 2015


"Monstrorum Historia"
Note : 17/20

Deux ans après le très bon "Look and Behold", Lo! nous revient cette année avec "Monstrorum Historia". Un nouvel effort qui s’annonce plus sombre que sombre avec, pour commencer, un très bel artwork, un visage furieux marqué d’une forte animalité. L’entrée en matière ("As Above") se veut progressive et instrumentale, un peu comme un avertissement au post-metal décapant et au sludge corrosif qui suit.

Avec "Bloody Vultures", nous voilà projetés en plein cœur du sujet, en plein milieu du feu de Lo!, là où les différents composants du groupe se confrontent pour s’embraser mutuellement. Piégé entre "Ghost Promenade" et "Caruncula" il est difficile d’abréger l’écoute, happé par la qualité de ce qui nous est présenté. Le son des Australiens et nature, pas de surenchère ici, mais il n’y en a clairement pas besoin avec ces compositions à la puissance innée. Finalement, on a l’impression d’être en terrain connu, cet opus semble être dans la lignée de son prédécesseur, ce qui n’affecte en rien le plaisir d’écoute, mais ça c’est avant de savourer "Have, Beneath Weeping Willows", d’un calme tout en tension, déroutant, que j’aurais bien imaginé dans un Pulp Fiction plus noir que l’original. La descente vers ce qui est sombre, humide, glaçant continue avec "Fallen Leaves" et "Palisades On Fire", qui plombent lourdement l’ambiance avec doigté. Ca groove puissamment et "Crooked Path : The Strangers Ritual" apaise un peu l’esprit avant de sentir une tension malsaine nous envahir à nouveau ("Lichtenberg Figures") en quelque chose de plus musclé, une fois interrompue par des voix à la mélodie accrocheuse nuançant avec la voix à la fois écorchée et bestiale à laquelle nous sommes habitués. Il faut dire que les mélodies moroses c’est un peu le pêché mignon du groupe ("Bleak Vanity") qui arrive à ses fins grâce à un fin assemblage de riffs tueurs. "So Below (Before We Disappeard)", dans un dernière démonstration de style, nous abandonne sur un très bon sentiment.

"Monstrorum Historia" c’est du Lo! tout craché, du Lo! comme on l’aime, fidèle à son univers et à sa personnalité musicale genre colosse aux pieds d’argile, le groupe amène tout de même avec lui sa dose de surprises. Rien de révolutionnaire par rapport à l’effort précédent mais est-ce réellement ce que l’on attend d’une sortie de ce style ?


Kévin
Octobre 2013




"Look And Behold"
Note : 17,5/20

Je pensais que les importations étaient contrôlées, notamment au niveau des produits dangereux. A priori, Lo! est passé sous le nez des douaniers pour venir défourailler un peu de verdure par chez nous, et il est vrai que cette pochette à première vue innocente, recouvre bien des surprises.

Après une brève introduction ("Hath") synonyme de plongeon vers les ténèbres, le groupe balance "Deluge (Carnivorous Flux)". D’une rage palpable, Lo! exprime un hardcore affranchi de toutes barrières pour servir un concentré de jus de sueur aux sonorités peu habituelles, et constitue ainsi le pilier central de son album. Dans cette masse destructrice teintée de post, nous discernons entre autres "Bastion" et "Aye, Commodore" avec sa gifle fulgurante. Sans totalement décrocher de cette solide base, le groupe nous sert également "Hued Tarantula" au penchant sludge et aux hurlements poignants ainsi qu’"Indigo Division" partant du même terrain pour finir dans un champ abrasif parce que miné d’un tempo mitrailleur ! Et si l’album s’écoute de bout en bout sans broncher ni s’ennuyer, c’est d’abord parce que chaque composition en elle-même est bigrement intéressante, mais aussi parce que les Australiens ont su dispatcher ici et là des morceaux sources de coupures comme "Seraphim", un bref interlude, ou encore "Doth", une étrange vibration saupoudrée de quelques notes de piano.

Un album qui se clôt sur deux autres titres notables à savoir "Moira Kindle" où un rock léger aussi bien musicalement que vocalement vient tenir tête à la férocité d’un hardcore aux chœurs sensiblement proche de la scène New-Yorkaise et "Fire At The Child Actors Guild" dernière démonstration de force illustrant un savoir faire imparable. Pelagic Records a encore eu le nez fin pour éviter de priver le territoire hexagonal de ce premier album plein de promesses. Croisons les doigts pour que le groupe, lui aussi, ait le courage de traverser l’océan !


Kévin
Février 2012


Conclusion
Le site officiel : www.lookandbehold.net