Vous ne connaissez peut-être pas encore Lasting Traces, et vous souhaitez rapidement savoir à quelle sauce les manger ? Pas problème : les Allemands de Lasting Traces donne dans un punk / hardcore fortement influencé par le post-hardcore. C’est-à-dire quelque chose dans la tendance actuelle et populaire du hardcore : chant clair perché pour les refrains, growl brayé, placage d’accords, et quelques éléments pop.

Musicalement, les Allemands sont irréprochables et exercent leur jeu avec brio. La production est puissance, de grande qualité, et relève avec efficacité les chansons globalement entraînantes. Meilleur exemple, le premier titre, "Faune", démarre immédiatement avec un tempo élevé, cri aigu, et chant clair très pop mais convaincant. Pas de surprise, mais c’est bien réalisé. Le morceau suivant, "Dark Matter", devrait faire consensus auprès d’un public plus généraliste. "Golden Cage", le titre mis en avant sur YouTube, possède ce genre de refrain qui se calque dans votre tête pour ne plus en sortir durant une semaine. Je pense que nous touchons là au point fort de Lasting Traces. Le reste de l’album nous présente, et non sans surprise, des éléments indie rock comme sur "Lone Wolf". Si le côté pop très prononcé des compositions ne vous fait pas peur, alors faites écouter ces titres à vos amis non-initiés lors d’une soirée – ça fera l’affaire. En effet, un véritable équilibre entre commercial et hardcore est brillamment exécuté et atteint son but : convenir au plus grand nombre.

Cependant, d’un point vu émotionnelle ou talent, il n’y a pas grand-chose de nouveau chez Lasting Traces et l’on reste dans les standards du metal / post-hardcore. L’alternance du chant clair et crié / torturé ne créait pas l’alchimie ou le contraste voulu. Le rendu semble par moments superficiel, notamment les paroles. C’est peut-être l’élément le plus subjectif, donc cela dépendra de vos goûts. Le style plus adulte des Allemands et l’équilibre voulu entre baston et accessibilité ne plaisent pas aux plus exigeants d’entre nous.

Heureusement, le final "Sentenced To Life" rattrapera tous les contenus négatifs dits au-dessus. Plus convaincant et plus profond, ce titre est la compo la plus remarquable de cet album – l’influence hardcore mélodique et screamo est à son comble.

Cela dit, "You & Me" ne sera pas l’album de l’année, mais il est tout de même digne d’attention. Tout à chacun de ressentir des choses à l’écoute de la musique et du message très convenu des Allemands de Lasting Traces. Jouissant d’une grande versatilité dans son style, Lasting Traces cherche à convenir à toutes sortes d’oreilles, mais peut-être pas aux plus exigeantes en raison d’une volonté trop prononcée d’adoucir le contenu à grand renfort d’éléments pop-rock. Néanmoins, on ne peut que saluer la belle performance de Lasting Traces, et sa démarche honnête de l’underground vers la lumière des grandes scènes !

"Old Hearts Break In Isolation"
Note : 16/20

Lasting Traces est un groupe de modern hardcore allemand, après avoir sorti une démo, un EP, et un split CD avec Way Down, le groupe sort enfin son premier album intitulé "Old Hearts Break In Isolation". A l’écoute du premier titre "Lake Nowhere", une chose nous frappe littéralement, c’est la ressemblance avec un géant de la scène américaine, il s’agit bien entendu des grands de Defeater.

Cette similitude est plutôt flatteuse, dans son ensemble la sonorité de l’album est dans cette lignée. Si vous êtes fans de Defeater et du modern hardcore, ce disque est fait pour vous. On pourrait se dire, encore un clone d’un groupe connu, mais ce serait limiter le talent artistique de Lasting Traces. Ce groupe a été certes énormément influencé par les géants de Boston, mais ils ont tout de même rajouté leur touche personnelle. Les morceaux "Old Hearts", "Comfort In Solitude", "Home Truth" conservent une fougue et une énergie hors du commun, en gardant des mélodies implacables. La formation montre son côté mélodique, à la limite de l’émo mélangé au hardcore, les titres "Pipe Dream" ou bien "Resurrection" illustrent parfaitement cette dualité. Les lignes de basse présentes sur tout l’album, sont très intéressantes, elles apportent de la lourdeur aux chansons. Les chants à la Defeater sont présents sur l’ensemble de la galette, ce n’est pas pour nous déplaire tellement ils sont bien interprétés et cette sensation se retrouve sur les plages "The Lost Age", et "Intervention". Lasting Traces est parfaitement dans son élément, le groupe pratique un modern hardcore à couper le souffle, on peut dire que c’est le Defeater Européen. Tous les morceaux sont bons, on peut juste leur reprocher de manquer d’identité et de trop se ressembler. Autre petit bémol, c’est le nombre de titres, seulement neuf, le CD est tellement bon qu’on aurait aimé en avoir davantage. La pochette de "Old Hearts Break In Isolation", bien qu’austère, est très bien réalisée. La production est très bonne pour un premier opus, c’est loin de sonner cheap.

Lasting Traces est certainement une des grandes révélations de cette année, en pratiquant un modern hardcore à la Defeater. L’album est puissant, rageur, mélodique, et sonne nouveau, malgré que certains pourront reprocher de trop pomper Defeater. Attention ! Lasting Traces n’est pas un clone de ces derniers. Un seul conseil, procurez-vous "Old Hearts Break In Isolation", vous allez être étonnés.

Joe D Suffer Novembre 2011