Dernier né dans la trop petite famille du metal expérimental hexagonal, Laniakea propose un death prog atmosphérique et viscéral, proche de la béatitude musicale, ce n’est donc pas un hasard si les Avignonnais ont choisi un nom faisant référence au paradis et à l’horizon céleste.

Composé de Charles et Clément, officiant au chant et aux guitares, le duo est devenu trio peu de temps, avant la sortie de ce premier EP qui aura nécessité un an d’écriture. "At The Heart Of The Tree" entre dans la catégorie d’un metal réfléchi et investi, les sonorités tout comme son titre évoque bien évidement Gojira, source d’inspiration revendiquée par le groupe. Mais la construction des compos tire davantage vers une autre connaissance des Bayonnais, les cinématographiques d'Hypno5e. Exit cependant les samples et la scénarisation conceptuelle, le rapprochement s’arrête là. Laniakea cherche à acquérir sa propre identité et ça se sent. Cette fougue, cette volonté d’explorer, se ressentent à chaque riff, une qualité qui pourrait cependant entraîner une frustration si les musiciens ne maîtrisaient pas aussi bien leur art. Des compos en mid-tempo, lourdes, très lourdes, massives, des riffs lancinants, des intros douces donnant un petit côté "J’aime ces petits moments de calme juste avant la tempête", un growl parfaitement maîtrisé, des plages très djent sur "Laniakea", un côté très prog sur "Away And Awake", et étonnamment plus free jazz sur le groovy et instrumental "Pillars Of Creation". Le combo sait également se montrer plus contrasté, avec des passages atmosphériques comme sur le titre éponyme, une guitare psychée qui rappelle "Acyd Mist Tomorrow", avant de finir sur "Le Vent Sous Les Cendres", à mi-chemin entre "Backbone" et "Vacuity".

Attention tout de même à une certaine redondance, le recrutement d’un batteur apporterait davantage de volume aux compos dont les parties rythmiques sonnent un peu trop synthétiques. Un groupe en construction à suivre de près.