Le groupe
Biographie :

Kreator est un groupe de thrash metal allemand, originaire d'Essen. Leur style musical est similaire à celui de Destruction et Sodom, les deux autres plus grands groupes du thrash metal allemand. Ces trois groupes sont souvent crédités pour avoir lancé le death metal, grâce à des éléments sonores qui aideront à l'émergence du genre. Le groupe est formé en 1982 sans nom, mais décide d'emprunter le nom de Tormentor en 1984. Ils jouent à l'origine du speed metal, inspirés par Venom. Les chansons de Kreator débutent dans la veine du thrash metal tout en s'orientant metal industriel et gothique de 1992 à 1999, avant de revenir à leur son classique thrash metal. Depuis sa création, Kreator a sorti 15 albums studio, deux EPs, un album live et trois compilations. Le groupe sort son premier album, "Endless Pain", en 1985. Malgré la popularité modérée de ses premiers albums, dont "Pleasure To Kill" (1986), aux États-Unis, Kreator ne parvient au succès commercial qu'à partir de 2009 lors de la parution de son douzième album, "Hordes Of Chaos", qui atteint la 165e place du classement Billboard 2004 et qui débute 16e aux Media Control Charts, la plus haute place du groupe dans ce classement. En Juin 2012, Kreator sort "Phantom Antichrist" chez Nuclear Blast, puis "Gods Of Violence" en Janvier 2017. "Hate Über Alles" sort en Juin 2022.

Discographie :

1985 : "Endless Pain"
1986 : "Pleasure To Kill"
1987 : "Terrible Certainty"
1989 : "Extreme Agression"
1990 : "Coma Of Souls"
1992 : "Renewal"
1995 : "Cause For Conflict"
1997 : "Outcast"
1999 : "Endorama"
2001 : "Violent Revolution"
2005 : "Enemy Of God"
2009 : "Hordes Of Chaos"
2012 : "Phantom Antichrist"
2013 : "Dying Alive" (DVD)
2017 : "Gods Of Violence"
2022 : "Hate Über Alles"


Les chroniques


"Hate Über Alles"
Note : 16/20

Cinq ans après "Gods Of Violence", Kreator est enfin de retour avec "Hate Über Alles", quinzième album et premier avec notre Frédéric Leclerc national à la basse. N'allons pas non plus faire croire que cela change drastiquement la donne pour l'orientation générale, Kreator fait du Kreator sur ce nouvel album et personne ne sera dépaysé.

Cela dit, on remarque assez vite que cette fois le groupe a laissé tomber tous les petits arrangements orchestraux que l'on pouvait entendre sur "Gods Of Violence" et revient cette fois à quelque chose de plus brut. Pas forcément plus violent attention, simplement plus épuré. Et après la petite introduction "Sergio Corbucci Is Dead" qui émule le style musical des westerns spaghettis, on entre dans le vif du sujet avec le morceau-titre que tout le monde a dû entendre puisqu'il a été diffusé avant la sortie de l'album. C'est du Kreator pur jus avec un bon thrash bien énervé et un cri aigu de Mille Petrozza en guise de clin d'oeil à "Angel Of Death" et un refrain plus fédérateur qui ne manquera pas de faire son petit effet en live. On va évacuer le sujet qui fâche de suite, non, Kreator n'évolue plus vraiment et se contente de faire du Kreator en sortant des albums en pilotage automatique. Sauf que la dernière fois que le groupe a tenté quelque chose de différent il s'est fait démonter par tout le monde ou presque (je fais partie des hérétiques qui apprécient "Renewal", "Outcast" et "Endorama"), donc on ne peut pas vraiment leur reprocher de faire ce qu'ils savent faire. Revenons-en à nos moutons avec "Killer Of Jesus" qui remet encore une bonne dose de riffs bien énervés là-dedans avec un refrain plus lourd et plus sombre, plutôt efficace et très direct une fois de plus. C'est "Crush The Tyrants" qui lève le pied pour un morceau plus lourd et mid-tempo, suivi par "Strongest Of The Strong" plus mélodique aux accents quasiment heavy metal. Un visage encore plus prononcé sur "Become Immortal" avec les "oh oh oh" en prime pendant le break avant un solo purement heavy metal lui aussi.

L'entame de "Conquer And Destroy" renvoie carrément à Iron Maiden avec les guitares jumelles et la basse bien en avant ! Une petite feinte avant de remettre les riffs bien thrash et les gros coups de double grosse caisse en première ligne. On a quand même un passage en voix claire vers la fin du morceau là encore très heavy metal avec les mélodies entendues en début de morceau. On a carrément droit à une chanteuse sur "Midnight Dun" pour un morceau là aussi mid-tempo, fédérateur et mélodique. Certains ne manqueront d'ailleurs pas de regretter que le groupe ait mis autant de mélodies et de sonorités heavy metal dans son thrash mais cela empêche justement de trop tourner en rond et cela casse un peu cette impression d'album sorti en pilotage automatique évoquée plus haut. On a droit aussi à une bonne accélération vers la fin de "Dying Planet" pour un passage bien énervé avant le retour de quelques mélodies plus sombres pour finir l'album sur une ambiance plus sinistre. "Hate Über Alles" ne peut clairement pas être qualifié de meilleur album de Kreator, quelques passages moins inspirés ou dotés de mélodies un peu trop gentillettes à la Arch Enemy lui font perdre de l'impact. Malgré ça, il reste un album efficace notamment grâce à ces passages teintés de heavy metal, plus mélodiques mais aussi plus fédérateurs qui feront probablement un tabac sur scène. Et si les quelques petits passages en chant clair ne seront pas au goût de tout le monde, ils constituent une petite surprise de plus qui ne fait pas de mal et permet à "Hate Über Alles" de se montrer assez varié. Après tout, si on veut entendre du Kreator qui fonce dans le tas du début à la fin, "Extreme Agression", "Pleasure To Kill" ou même "Cause For Conflict" sont toujours là.

Kreator nous amène donc un album parfois plus mélodique, plus fédérateur, avec pas mal de mid-tempo voire même des lignes de chant clair et féminin. Pour le reste c'est du thrash à la Kreator donc vous savez à quoi vous attendre depuis "Violent Revolution".


Murderworks
Juillet 2022




"Gods Of Violence"
Note : 18/20

Kreator est un groupe de thrash metal formé en 1984, en Allemagne. Il a depuis subi quelques changements de line-up, et est aujourd’hui composé de Miland "Mille" Petrozza (chant, guitare) et Jürgen "Ventor" Reil (batterie), présents depuis le début, Sami Yli-Sirniö à la guitare et Christian "Speesy" Giesler à la basse. Le groupe, ayant explosé durant les années 80, fait partie de ce que l’on appelle le "Big Four" du thrash allemand, avec Tankard, Sodom et Destruction.

Presque cinq ans se sont écoulés entre "Phantom Antichrist" (2012) et "Gods Of Violence", sorti chez le mastodonte allemand Nuclear Blast. L’album s’ouvre sur "Apocalypticon", introduction d’un peu plus d’une minute très représentative : un air martial dominé par un solo de guitare, le tout épique et grandiose, on a l’impression de partir en guerre. Et c’est plus ou moins ce qu’il va se passer, à l’issu de l’écoute de l’opus ! Dans une continuité parfaite, "World War Now" prend le relais. Eh bien, quelle claque, et dès les premières secondes ! Le riff d’intro est explosif, la batterie vient appuyer ce qu’on sent déjà comme être un morceau de thrash à l’allemande, c’est-à-dire violent et destructeur. La voix de Mille est toujours aussi puissante, et crache sa haine avec véhémence. Il n’y a rien à dire, le morceau est excellent, du début à la fin. On poursuit sur un morceau plus lent et mélodique cette fois, "Satan Is Real". Bien que le refrain soit un peu plan plan, cette "ballade thrash" est plutôt bien construite, et prouve que Kreator dépasse les limites du thrash traditionnel, ce que l’on avait déjà pu noter sur "Phantom Antichrist". "Totalitarian Terror" reflète très bien ce point, en alliant avec subtilité l’agressivité du thrash allemand à des riffs et du chant plus mélos. Le groupe ne s’arrête bien entendu pas là, et va encore plus loin avec le morceau "Gods Of Violence" qui est en lui-même un OVNI. Intronisé par une guitare en clair et une autre à la sonorité orientale, il atteint rapidement une dimension épique, à la production propre et parfaitement contrôlée, tout en gardant un son thrash. Ce qui aurait pu être un échec total s’est avéré être une réussite, on en attendait pas moins de la part de Kreator.

Pas le temps de souffler, le puissant "Army Of Storms" fait son entrée. Dans la même veine que "World War Now", ce morceau thrash est taillé pour le live. Mille scande le refrain de façon hypnotique, avec un phrasé qui n’appartient qu’à lui. On a également droit sur ce titre à d’excellents solos de guitares, toujours plus mélodiques et harmonieux. "Lion With Eagle Wings" nous fait de nouveau faire un virage à 180 degrés : Mille susurre ses paroles sur des nappes de guitares et de clochettes, pour finalement laisser éclater sa puissance. Grandiose, tout simplement. S’ensuit "Fallen Brother", un bel hommage à toutes ces rock stars aujourd’hui disparues, qui ont contribué à faire de la musique ce qu’elle est aujourd’hui. On perçoit quelques paroles en allemand, ce qui apporte davantage d’intensité au morceau.

L’album s’achève sur "Death Becomes My Light", qui est lui aussi un morceau intéressant du point de vue de sa composition. Même si personnellement, je la trouve parfois un peu longuette, il faut reconnaître que c’est une ballade bien construite, que l’on pourrait apparenter à une "thrash power ballad", pour peu que ce terme existe. Longue de sept minutes, elle oscille entre les passages rapides, d’autres plus progressifs aux envolées mélodiques, dans une atmosphère presque mélancolique.

L’écoute de "Gods Of Violence" a été une vraie expérience. Celle-ci a été dans les premiers temps difficile, particulièrement quand on perçoit Kreator comme une machine à hits, mais dans le thrash old school seulement. Même si "Phantom Antichrist" laissait déjà bien entrevoir le revirement musical du groupe, "Gods Of Violence" est sa consécration. Kreator a atteint une maturité musicale encore jamais vue pour un groupe de son échelle. De ce point de vue, les thrashers de la première heure s’offusqueront et crieront certainement à la trahison. En ayant un regard plus objectif sur la question, on se rend compte que tout en conservant leurs racines, à travers la lourdeur des instruments, la puissance vocale de Mille et les textes profondément engagés, ils sont parvenus à faire évoluer le thrash metal vers une dimension épique et sophistiquée, d’une manière qui leur est propre. En somme, même si certains peuvent regretter son thrash de la première vague, Kreator nous propose là un excellent album, dont la plupart des titres sont de véritables hits.


Candice
Février 2017




"Dying Alive"
Note : 18/20

Autant le dire tout de suite, cette chronique ne sera pas impartiale du tout, parce que je ne suis peut-être pas le fan ultime de Kreator (mais je m'y attelle fortement), mais pour les avoir vus plusieurs fois en concert et posséder toute la discographie, souvent sous des formats différents, forcément je suis voué corps et âme à la cause allemande, à celle de Mille et de sa bande... Ce DVD live filmé le 22 Décembre 2012 au Turbinenhalle à Oberhausen en Allemagne est totalement dans la lignée du "Live Kreation", gros son, grosses images de fous, des plans de scène au dessus de la batterie, dans la foule, au bout de la guitare... Il y en a tout simplement partout !!

C'est du nectar visuel et du nectar musical, forcément correspondant à tout ce que l'on a pu voir du groupe durant l'été passé, la set-list est tout simplement composée de tous les tubes magistraux de Kreator, un truc à trouer le cul avec une paille en mousse... 24 caméras, des cams pour les grattes, pour les mosh-pits c'est quelque chose de phénoménal que les mecs ont fait réaliser ce coup-ci. Vous avez des vidéos, des backstage en bonus dans le documentaire, de quoi donner à manger aux plus gourmands, c'est clair. Et comme on sait bien que le métalleux est plein d'argent et qu'il est un gogo collectionneur, ça y va encore une fois dans tous les formats, du blu-ray, du DVD, earbook, en LP, plein de couleurs différentes... Enfin la version de base se présente avec le DVD et le double CD, ce qui est déjà pas mal pour celui qui veut revivre le trip d'un Kreator en live de ces derniers mois. Ça vaut son pesant d'or. La pochette non plus n'est pas négligeable, on sent que Kreator monte de décennie en décennie, de niveau en niveau. Les plans de caméras sont magiques, le son est époustouflant de clarté et de puissance, on arrive à se sentir vraiment proche du concert, comme si l'on y était. On entend le public avec une limpidité incroyable.

Plus d'une heure vingt de set où les trois derniers albums sont à l'honneur, mais aussi les piliers qui représentent la carrière de Kreator comme "Pleasure To Kill", "Tormentor", "Flag Of Hate", "Extreme Agression" ou encore "People Of The Lie" pour ne citer que celles-ci. Ce sont 24 morceaux qui ont été joués et chantés devant ce public déchaîné et au visionnage du DVD, on se rend compte que Kreator mérite son rang de premier groupe du big four du thrash allemand, sans aucune hésitation. J'invite tout le monde à choper le bébé parce que c'est de la grosse boucherie indispensable...


Arch Gros Barbare
Octobre 2013




"Phantom Antichrist"
Note : 16/20

Chroniquer un album de Kreator n’a jamais été anodin, tant Mille, l’âme du groupe et fer de lance du thrash Allemand, à l’instar de Sodom, Tankard et Destruction, s’est montré discret depuis une décennie. C’est donc avec une curiosité empreinte d’impatience que je découvre leur nouvel effort, fils légitime de "Hordes Of Chaos", après trois années de gestation.

Le résultat est à la hauteur de ce que la société actuelle pouvait fournir à ce pourfendeur de Petrozza, à savoir une rage violente et chaotique, ne laissant aucun doute sur le nihilisme des textes, sur une fatalité dénonciatrice d’un système en plein effondrement. Car si de nombreux opus du combo dégageaient une ambiance Kafkaïenne associée à une imagerie que n’aurait pas renié Lovecraft, "Phantom Antichrist" est pour le coup furieusement moderne mais ne déroge pas aux convictions de Mille socialo humaniste devant l’éternel ; en témoignent les thèmes abordés, traitant de la mort dans le monde ("Death In Your Savour"), de l’enfer sur terre ("Your Heaven My Hell"), quand ce n’est pas l’Armageddon ("Civilization Collapse"). Brutal et sans concession, affichant neuf titres (ce qui peut paraître léger mais reste une récurrence chez Kreator), la tracklist s’ouvre sur "Mars Mantra" ; une intro acoustique de quarante-cinq secondes où se couche telle une complainte longue et douloureuse, la voix feutrée de Mille, débouchant sur un solo de batterie très Panzérien et une déferlante de riffs qui ne laisse aucun doute sur la tournure de l’album. Les Allemands enchaînent sur un "Death To The World" (qui n’est pas sans rappeler "Death In Your Saviour" de l’album "Pleasure To Kill") au parfum de speed metal très heavy sur lequel Mille distille un flow rageur comme jamais ; un titre promis à devenir un cri de guerre en live. Pour le reste, rien de nouveau, des intros aussi diverses qu’un matraquage de double caisse ("From Flood Into Fire"), un rythme tribal ouvrant un solo de gratte ("Civilization Collapse") ou plus étonnant une guitare acoustique mélodieuse à tendance hispanisante, débouchant sur une déferlante de riffs, double caisse et mélodie speed particulièrement agressive.

Kreator produit ce qu’il sait faire, un thrash légèrement prévisible mais tellement punchy que l’on oubliera le décevant "Hordes Of Chaos". Mille en a-t-il eu conscience, car l’implication est totale et l’effort se ressent ; lui qui me confirmait récemment vouloir trouver de nouvelles sources d’inspiration, en quête de compos plus mélodiques à la "Endorama", d’une densité sonore massive, le pari semble gagné. Un treizième album plutôt réussi et qui préfigure des lives de haute teneur ; à vérifier en Novembre où Kreator a prévu quelques dates Françaises pour sa nouvelle tournée.


Braindead
Mai 2012


Conclusion
L'interview : Mille Petrozza

Le site officiel : www.kreator-terrorzone.de