"Scriptures Of Vicennial Defilement"
Note : 19/20
Kraanium, l’empereur du slamming brutal death metal, fait son retour. Créé en 2001, le
groupe norvégien (et à présent international) composé de Mats Funderud (guitare,
Diphenylchloroarsine, Dragging Entrails…), Jason Varlamos (guitare), Mika da Costa
(basse), Jack Christensen (chant, Guttural Slug, Septic Congestion) et Tobias
Tellenbach (batterie, Oral Fistfuck, Amputate) signe en 2023 chez Unique Leader
Records, puis annonce la sortie de son nouvel album, "Scriptures Of Vicennial Defilement".
Rien qu’avec son titre, "Gurgling On Decomposed Feces" annonce sa violence. Après un
sample introductif inquiétant, le groupe ne va pas nous décevoir, laissant une batterie old
school et des riffs surpuissants nous rouler dessus pendant que le vocaliste place ses
hurlements massifs. Chaque seconde est placée sous le signe de la lourdeur, tout comme
sur "Cunt Pierced With Rusty Nails" qui ne tarde pas à prendre le relai avec une puissance
similaire doublée par un groove dévastateur et des accélérations explosives. Les parties
plus lentes servent uniquement à nous décrocher la nuque, puis c’est "Massive Piles Of
Festering Remains" qui vient abattre ses riffs saccadés avec un clip vidéo horrifique. On peut
être sûr que la fosse ne saura pas se tenir sur ce morceau qui enchaîne littéralement les
mosh parts sous des images de plus en plus gore, alors que "Fevid Self Dismemberment"
nous autorise un court instant de répit avec un sample avant de relâcher sa puissance brute,
composée d’éléments similaires qui nous incitent à remuer le crâne ou à frapper quiconque
se trouve à proximité.
Le groupe continue sur sa lancée avec "Internally Purified With
Scorching Iron" qui va chercher l’efficacité brute en alternant habilement des parties
accrocheuses avec des bass drops, mais également quelques accélérations efficaces alors
que "Deflowered By Disembowelment" va immédiatement partir à pleine vitesse et parfois
ralentir tout en conservant une approche énergique grâce aux riffs hachés. La recette
changera assez peu pour "Sliced, Diced And Sodomized", la composition suivante, qui aligne
tous les éléments les plus agressifs et écrasants pour créer sa rythmique imprégnée de
graisse auditive, puis l’album prendra fin avec "Braindead Skullfucking", un titre tout aussi
raffiné à la vidéo relativement traditionnelle où l’on peut voir le groupe en action, maltraitant
leurs instruments comme il se doit.
Un album de Kraanium doit vous donner du cholestérol. Pas d’innovation ni de changement
en vue pour le groupe, qui prévoit avec "Scriptures Of Vicennial Defilement" quarante minutes
de pur slamming brutal death efficace. Et on en redemande !
"Slamchosis"
Note : 18/20
Il était une fois dans un pays connu pour son black metal nommé la Norvège, les frères
Mats (guitare) et Martin Funderund (chant) qui souhaitaient créer un groupe en 2001.
Sobrement baptisé Kraanium, le groupe veut jouer du brutal death, sort une démo et
s’évanouit dans la nature en 2002. Mais c’était sans compter sur la détermination des frères
Funderund, qui ressuscitent le groupe en 2006, mettent un line-up sur pied et envoient des
mandales à qui mieux-mieux. Mais en 2017 après 4 albums et deux splits (avec
Epicardiectomy, Dormant Carnivore et Analepsy, qui est le dernier où on peut entendre
les hurlements du fondateur) d’une violence incommensurable, Martin Funderund décède.
Le choc est terrible pour la communauté et pour le groupe, mais Kraanium doit vivre. Le
groupe, alors composé de Mats Funderund, Jason Varlamos (guitare), Erhan Karaca
(batterie) et Mike Da Costa (basse) recrute Jack Christensen (chant) pour frapper un
grand coup grâce à "Slamchosis", leur cinquième album. Vous l’aurez compris, le slam death
ne fait pas dans la dentelle…
L’album débute par un sample qui annonce la couleur… "It’s not easy butchering people",
extrait de Mindhunter de David Fincher. Et c’est ainsi que "Slamchosis" fera ses premières
victimes, grâce à des riffs aussi gras que puissants et éviscérateurs. Vous détailler un par un
les titres serait d’une inutilité prodigieuse, car si "Bound To Kill" est le premier morceau de
l’album, vous n’avez presque pas besoin de connaître les titres aussi gores et fendards
("Larva Infested Cum Slut" ou "Forced Rectal Exhumation" en tête de liste) qui reprennent les
codes du slamming death metal afin de s’enfoncer à coup de pilon dans cet univers vaste
aux sonorités grasses et brutales. On retrouve un son de caisse claire caractéristique de la
scène brutal death / grind qui colle à merveille avec ces rythmiques groovy qui donnent
envie de danser avec les pieds en avant dans la fosse, mais également un chant guttural
d’une puissance incommensurable qui va très probablement rebuter les nouveaux venus
dans le monde du metal, mais que vous apprendrez tous à aimer, de gré ou de force.
Pourquoi de gré ou de force ? Tout simplement parce que si les compositions sont “bêtes et
méchantes”, elles tournent toutes seules, et prouvent une fois de plus que Kraanium est
une référence de la scène, et que quand les membres, Mats en tête, se mettent à la
composition, ils le font bien et leur volonté reste intacte quelles que soient les épreuves. Si
les non-initiés pourraient arguer un “Non mais elles se ressemblent toutes les compos, faut
pas déconner…”, je lui répondrais qu’il n’a qu’à écouter un peu plus attentivement. Parfois
ponctuées de samples divers et variés, les compositions sont rapides, certes, mais non pas
dénuées de technique, bien au contraire ! Et c’est après quarante minutes de violence la
plus pure et la plus emplie de cholestérol au monde que l’album s’achève avec le dialogue
final de "Putrescent Indulgence" : "You are a monster !", "Yes I am". Car en effet, Kraanium
c’est un monstre imposant qui se réveille, et ne s’arrête pas avant d’avoir achevé sa proie.
Une envie de se défouler à la maison ? Kraanium. Une envie de se défouler en concert ?
Kraanium. Un réveil difficile ? Une envie de meurtre à cause de ce mec qui t’es rentré
dedans dans le métro ? Bref, vous avez compris.
"Chronicles Of Perversion"
Note : 16/20
Ce qui est cool avec le brutal death, c'est que c'est brutal. Et quand en plus on retrouve un groupe scandinave tel que Kraanium, on peut carrément commencer à se tripoter la nouille discrètement sous la table. Malgré quelques changements de line-up récents (basse notamment), on retrouve toujours les deux frères Funderud à la tête de ce groupe, qui ont aussi oeuvré au sein de Daudehaud, Dragging Entrails, Fermented Masterbation etc... D'une manière générale, cet album sonne comme le plus abouti, mais ce n'est pas tout.
Kraanium, c'est surtout le brutal death le plus dégueulasse qui soit, le plus crade. Sur fond de slam death ultra guttural, on a cette voix grave venue du fond de la caverne qui nous assomme perpétuellement. Le son réglé à fond, ça dégueule de tous les côtés, la batterie est elle aussi super violente, et les riffs n'en finissent pas de nous faire péter les veines du cul. Mais ce "Chronicles Of Perversion", c'est aussi beaucoup de poésie, avec des titres comme "Sodomize Her Headless Corpse", "Evisceration Of Pre-Teen Cadavers" ou encore "Fermented Uteral Mastication".
Les belles comparaisons ne manquent pas, de Devourment à Abominable Putridity en passant par Vulvectomy, les traditions du brutal death tendance slam vomitive sont carrément respectées. 11 pistes, environ 40 minutes, même la quantité est au-dessus de la moyenne. La pochette nous offre elle aussi un spectacle qui fout la gerbe à coup sûr, là encore dans un style infâme qui ne pourra que rendre tout durs de partout les fans du genre.
Certes, on pourra reprocher un léger manque d'originalité, voire une faible évolution par rapport à l'album précédent, mais que serait le brutal slam death s'il était original ?! Pas grand-chose. Alors, bien que l'on aurait pu apprécier quelques soli plus techniques, voire des hurlements plus stridents, on gardera le sexe bien dressé tout au long de cet album très réussi.
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