Le groupe
Biographie :

C’est en 2008 que le groupe suisse prend son envol avec "The French Hunter", un EP-démo de quatre titres posant les premiers jalons d’un parcours atypique. En effet, le groupe collabore l’année suivante avec la compagnie de théâtre Passaparola à la composition de la musique de la pièce Clinique de la Raison Close. A cette occasion, Killbody Tuning réarrange des chansons de Philippe Léotard. Jouées en live durant les représentations, ces interprétations singulièrement modernes confèrent aux textes de l’artiste Français une dimension plus abrupte et atmosphérique. Fort de cette première expérience, le groupe déploie sa musique dans un autre univers : le cinéma. En 2010, Julien Humbert-Droz écrit et met en scène Dernière Chasse et fait appel à Killbody Tuning pour la création de la bande originale. Les quatre musiciens développent les atmosphères musicales du film tout en les déclinant en compositions originales. Ce processus donnera naissance à l’album "47°0’40.00’’N / 6°42’20.00’’E", monde mystérieux empreint de paysages sonores à la croisée de l’ambiant, du rock et du metal. En 2014, Killbody Tuning enregistre live un nouvel opus intitulé "Hello ! Welcome, So Far…", un album intense qui déborde d’émotions et qui sort sur Hummus Records. Une tournée devrait suivre sur le courant de l’année 2015.

Discographie :

2008 : "The French Hunter" (EP)
2012 : "47°0’40.00’’N / 6°42’20.00’’E"
2015 : "Hello ! Welcome, So Far…"


Les chroniques


"Hello ! Welcome, So Far…"
Note : 18,5/20

On a tous besoin, à un moment ou un autre, de s’échapper de la réalité, de s’aérer l’esprit, de se mettre dans une bulle, en sécurité. Tata Gisèle, son truc à elle, c’est flâner dans les animaleries et acheter les CDs à 5 balles avec le bruit d’une rivière qui coule, le chant des oiseaux au petit matin ou la caresse du vent sur les feuilles un soir d’automne. Evidemment je respecte, mais si toi, comme moi, tu veux simplement dénoter avec les émotions extrêmes quelles qu’elles soient, que transmet le metal au sens large du terme il y a une solution beaucoup plus pertinente : Killbody Tuning.

Encore une fois, tout commence avec un artwork super soigné et inspiré. Chacun y verra ce qu’il voudra car l’illustration reste abstraite malgré un cube bien défini. Au delà du trait et de la texture, on peut voir dans cette structure immobile, du mouvement. Plus précisément j’y vois ce que l’on appelle un mur d’eau, mais encore une fois l’interprétation se doit d’être personnel car en amont la perception est déjà personnelle. Killbody Tuning ne laisse jamais rien au hasard et le travail de Maga sur cette pochette se marie à merveille avec la musique du groupe au point qu’on pourrait accoler une analyse d’une oeuvre de Maga à l’album "Hello ! Welcome, So Far…" et vice et versa.

Quand on écoute Killbody Tuning, rien ne sert de penser, laissez-vous happer par le savoir-faire des musiciens, ils s’occupent de tout. Le post-rock authentique du groupe se forge autour d’une batterie dont la frappe sert à donner un point central à tout ce qui gravite autour, à savoir deux guitares et une basse. Les cordes sont libres de partir dans le sens qu’elles veulent sans pour autant jamais s’éloigner véritablement de l’axe principal, comme des satellites. Les sonorités se croisent, s’entremêlent, comme autant d’éléments naturels aussi reposants que pleins d’énergie. Des variations d’intensité à en faire griller un oscilloscope. Peut-être que certains penseront qu’un bon chant hurlé style screamo ou à l’inverse susurré aurait parfaitement eu sa place ici mais comme Cyril Lignac le souligne très justement, l’essentiel est dans la simplicité. Pourquoi rajouter des ingrédients quand toutes les émotions sont déjà présentes.

Avec "Hello ! Welcome, So Far…", Killbody Tuning fournit un album tout en nuances. A la manière dont un artiste va, sur une feuille blanche, superposer des centaines de coups de crayon noir pour obtenir d’infinies nuances de gris, le groupe va apposer diverses sonorités, parfois contraires, en faire rebondir d’autres, et est à l’origine de montées en puissances tout en filigrane pour, au final, obtenir une musique aussi riche en émotions qu’en textures… Hello ! Welcome…


Kévin
Janvier 2015




"47°0’40.00’’N / 6°42’20.00’’E"
Note : 17/20

Le temps de balayer en long en large et en travers l’artwork, que ma respiration est déjà plus lente, le souffle plus profond. "47°0’40.00’’N / 6°42’20.00’’E" la dernière sortie de Killbody Tuning n’attend pas que vous soyez prêts pour vous plonger la tête sous l’eau et ne vous en laisser sortir qu’au bout de sept titres soit environ quarante trois minutes. Un album particulier puisque pensé pour la BO du moyen métrage Dernière Chasse de Julien Humbert Droz. Ainsi, un univers sonore entier a été créé et les bases en sont posées dès "Ara Ubiorum" où quelques cordes se prélassent sereinement pendant qu’une vibration lointaine attise notre curiosité. Comme on peut aisément l’imaginer la tension monte avant de nous déposer sur "Seestrasse" qui vient se percher un peu plus haut avec délicatesse. KBT attrape, emmène, redépose dans un cercle vicieux (vertueux ?) qui paralyse le corps pour concentrer l’énergie sur les oreilles. Se décomposant en ambiances, en rock voire en metal, le groupe, pourtant très centré sur la musique, laisse sur "Marker Of Change", une voix féminine s’exprimer. Imprévisible elle se savoure particulièrement par son mariage harmonieux aux instruments. Douces, mielleuses, protectrices, les mélodies nous portent plus de sept minutes avant de nous lancer dans les tumultes assourdissants et donner naissance à "Porta Capena". Le chant a de nouveau disparu, la sérénité semble de retour, presque troublante et la batterie, accompagnant discrètement les guitares, qui, sans les supplanter se fait pourtant bien présente. La recette est inchangée mais reste agréable et efficace même si elle ne surprend plus notamment grâce à la qualité de son interprétation. Après avoir atteint son paroxysme, le morceau laisse doucement place à "Bamberg". Plus sèche, plus franche, la caisse claire se voit rejoint par une basse qui mène les grattes. Plus vif, l’ambiance se détraque légèrement sans pour autant devenir chaotique. On ne voit pas le temps passer, mais on a déjà parcouru un sacré bout de chemin puisqu’il ne reste déjà plus que deux titres. "Mountain home [E/ 5/ 1]" réinstalle un peu l’ambiance du début selon une formule quelque peu différente puis, "Muswell Hill" vient tirer les derniers traits d’un paysage sonore devenu familier. Si le CD lui-même est une œuvre aboutie, cette nouvelle expérience pluri-artistique est une réussite dans son ensemble et Killbody Tuning y semble à l’aise. Une initiative qu’il faut savoir encourager et savourer dans son intégralité.


Kévin
Juin 2012


Conclusion
Le site officiel : www.reverbnation.com/killbodytuning