Le groupe
Biographie :

Ketzer est un groupe de black / thrash metal allemand formé en 2003 et actuellement composé de : Necroculto (basse), Desecratör (batterie / ex-Diabolical Imperium), Sinner (guitare), Executor (guitare) et Infernal Destroyer (chant). Ketzer sort son premier album, "Satan's Boundaries Unchained", en Septembre 2009 chez Kneel Before The Master's Throne Records, suivi de "Endzeit Metropolis" en Février 2012 chez Iron Bonehead Productions, de "Starless" en Janvier 2016 chez Metal Blade Records, et de "Cloud Collider" en Avril 2019.

Discographie :

2009 : "Satan's Boundaries Unchained"
2012 : "Endzeit Metropolis"
2016 : "Starless"
2019 : "Cloud Collider"


Les chroniques


"Cloud Collider"
Note : 16/20

Il y a quelques temps, Ketzer nous avait sorti un "Starless" déroutant qui délaissait le black / thrash habituel du groupe pour partir un peu dans tous les sens, le tout pour un album pas mal du tout mais qui s'éparpillait un peu trop. Cette fois, sans totalement changer son fusil d'épaule, le groupe a tout de même visiblement voulu recentrer le débat.

"Cloud Collider" arrive donc dans les bacs et nous montre un Ketzer un peu plus homogène sans pour autant renier les quelques expérimentations tentées sur "Starless", la preuve que le groupe sait plus précisément dans quelle direction il veut aller cette fois. "The Machine" nous fait une petite feinte puisque cette intro est entièrement acoustique, "Keine Angst" se permettant toutefois de bien vite remettre les pendules à l'heure. Les riffs dissonants sont au rendez vous et le groove typiquement thrash se fait sentir lui aussi avant de s'emballer comme il faut pour balancer un vrai black / thrash à l'ancienne avec de gros blasts à l'appui, bref encore une feinte au démarrage. On retrouve la patte Ketzer mais avec cette fois plus de cohérence et d'homogénéité que sur "Starless", les quelques défauts de celui-ci sont donc effacés. Comme je le disais, la volonté d'expérimenter et de ne pas se limiter à un style particulier est toutefois toujours là, "Keine Angst" passant encore en fin de morceau vers un autre registre groovy et froid à la fois. Le tout s'enchaîne mieux sur ce nouvel album et les passages qui pouvaient donner l'impression d'arriver comme un cheveu sur la soupe avec "Starless" sont cette fois bien mieux intégrés. Il a fallu un album de transition pour que Ketzer trouve sa nouvelle patte mais maintenant que c'est fait, "Cloud Collider" peut nous montrer tout le savoir-faire de ces Allemands et cela fonctionne plutôt bien. Le morceau-titre nous balance des riffs aux accents très rock au milieu de blasts et de riffs plus vicelards et un solo bien allumé à gros coups de vibrato qui nous rappelle le thrash old school justement, le tout pour un morceau aussi énervé et violent que groovy.

On a d'ailleurs globalement un album plus énervé que son grand frère, plus metal et sur lequel les sonorités black reprennent un peu plus leurs droits. Le son est puissant et assez clair, le chant est bien arraché et le tout sonne carrément bien. On sent que Ketzer s'est trouvé cette fois et que tout a été mis en œuvre pour que ce nouvel album soit percutant et suffisamment varié pour ne pas lasser au bout d'une poignée d'écoutes. Pour autant, et comme je le disais tout à l'heure, "Cloud Collider" est plus cohérent et homogène que son prédécesseur et ne donne plus l'impression que le groupe ne sait pas où donner de la tête. Encore une fois, "Starless" était plutôt bon mais ce nouveau méfait renoue avec l'efficacité que l'on connaissait à Ketzer sans jamais renier sa progression et son ouverture à d'autres influences. Un mélange des genres qui se trouve ici bien plus maîtrisé et mieux équilibré, de quoi donner à l'album cette efficacité qui fait que le headbanging est garanti tout en proposant des morceaux profonds et aux ambiances sombres et marquées. On a d'ailleurs l'impression que le groupe a mangé du lion tant son énergie éclate sur tous les morceaux et tant le côté habité des mélodies est présent. Même si on ne peut clairement pas dire que Ketzer s'était égaré, on peut quand même annoncé qu'il est revenu plus déterminé et plus efficace encore. Le mélange groove et mélodies froides typiques du black est parfois déroutant mais foutrement efficace à chaque fois.

Un nouvel album qui nous montre donc un groupe plus cohérent, qui recentre sa musique et fait un mélange des genres toujours aussi varié mais bien intégré et maîtrisé. "Cloud Collider" fait preuve d'autant de richesse que d'efficacité et devrait faire quelques dégâts sur scène !


Murderworks
Juillet 2019




"Starless"
Note : 14/20

Si vous avez aimé les deux premiers albums des Allemands de Ketzer, je vais vous conseiller tout de suite d'être prudents avec "Starless", nouveau méfait des black thrasheux, ou devrais-je dire ex-black thrasheux.

Oui, Ketzer a eu une révélation et a laissé son black / thrash primitif au placard, ce n'est pas le morceau "Starless" justement qui va nous contredire. Dès les premiers riffs, ça sent plus le rock que le thrash, et si la voix est certes dans les standards du black / thrash d'antan, les riffs et les mélodies jouent dans un registre bien plus soft même si on sent encore quelques dissonances et ambiances noires propres au black sur ce premier morceau. Ouverture d'esprit et envie soudaine d'expérimenter ou opportunisme, ce n'est pas à moi de trancher, je vais me contenter de vérifier que tout ça tient la route. Et honnêtement, les morceaux sont très bons, au-délà de l'impression de trahison que vont ressentir certains, il est indéniable que Ketzer a bien fait les choses sur ce troisième album. Autre détail qui risque de poser problème à beaucoup de métalleux, c'est que l'album est loin d'être homogène, le groupe ne s'étant en effet pas contenté de placer plus de mélodies et de sonorités différentes que d'habitude. C'est presque un registre par morceau que le groupe s'amuse à visiter et si l'envie de prendre l'auditeur à contre-pied est louable, il peut être difficile de captiver ce dernier en laissant quasiment aucun fil conducteur tout le long des 46 minutes que dure l'album. "When Milk Runs Dry" présente même des sonorités flirtant avec le post-core tout en continuant à garder en fond des restes de black et de thrash là où "Godface" vire presque punk-rock avec des chœurs tout droit sortis du hardcore ! Assez original voire perturbant pour certaines oreilles, Ketzer prend des risques et refuse d'égrener éternellement la même formule. On verra si le groupe continue sur sa lancée avec un prochain album ou si ce "Starless" est une tentative étrange d'élargir son public.

Tentative étrange car, comme je le disais, les influences mélangées sont assez nombreuses et un tel cocktail risque de rebuter pas mal de monde, sans compter la défection des puristes qui vomiront à l'écoute de toutes ces mélodies ! La production a bien entendu suivi le même chemin, fini le son tranchant et abrasif, cette fois c'est la propreté qui se fait une place de choix sur "Starless". A l'image de la pochette finalement qui montre une blancheur et un aspect très sobre qui tranchent par rapport aux deux précédents artworks du groupe. Le changement de label aurait dû mettre la puce à l'oreille lui aussi, quand on passe d'une signature chez Iron Bonehead à une autre chez Metal blade, c'est qu'il y a baleine sous gravillons ! Mais pour en revenir à des considérations musicales et malgré ce changement drastique de personnalité, ce troisième album reste plutôt sympa dans le genre. Sa grosse faiblesse étant, je le répète, un manque certain d'homogénéité qui fait qu'on se demande si Ketzer sait dans quelle direction il veut se diriger, on dirait que le groupe tatonne encore en ne se fermant aucune porte. L'autre faiblesse de cet album est "Shaman's Dance" qui, sans être mauvais, s'étire beaucoup trop. Une fois de plus la prise de risque est louable, ce morceau étant le premier que Ketzer s'amuse à emmener vers les 11 minutes mais on sent une durée artificielle et le morceau aurait pu être raccourci sans problème. On n'en voudra pas à Ketzer, c'est un écueil dans lequel les groupes de metal extrême tombent souvent quand ils veulent composer de longs morceaux.

Au final, un troisième album assez déstabilisant qui montre Ketzer prendre des risques, essayer de nouvelles choses, peut-être même trop d'ailleurs. On sent que le groupe ne sait pas encore vraiment où aller, qu'il ne refuse aucune option. On attendra donc de voir ce que ça donnera dans le futur, histoire de voir si cet intermède était une tentative opportuniste ou une véritable envie d'expérimenter.


Murderworks
Mars 2016


Conclusion
Le site officiel : www.ketzer-thrash.de