Le groupe
Biographie :

KEN Mode est un groupe de noise / hardcore formé au Canada en Septembre 1999. Le combo tire son nom de Kill Everyone Now, acronyme de KEN Mode. Une série de démos voit le jour de 1999 à 2003, date de sortie de leur premier album "Mongrel" chez Escape Artist Records qui leur a permis de tourner avec American Heritage, Mastodon, Pelican, Daughters, Buried Inside... Suit l'enregistrement de "Reprisal" qui déboule dans les bacs en 2006, de "Mennonite" qui sort chez Arctodus Records en 2008, puis le combo signe chez Profound Lore Records pour "Venerable", enregistré en 2010 avec Kurt Ballou (Converge), qui sort courant 2011. Armé d'une nouvelle bassiste, KEN Mode se lance dans une tournée avec Gaza, Rosetta, Buried Inside ou encore Clinging To The Trees Of A Forest Fire. "Entrench" sort en Mars 2013 chez Season Of Mist. L'album suivant, "Success", sort en Juin 2015. "Loved" sort en Août 2018. "Null" sort en Septembre 2022 chez Artoffact Records.

Discographie :

2003 : "Mongrel"
2006 : "Reprisal"
2008 : "Mennonite"
2011 : "Venerable"
2013 : "Entrench"
2015 : "Success"
2018 : "Loved"
2022 : "Null"


Les chroniques


"Null"
Note : 17/20

Les vingt dernières années et le récent confinement n’ont visiblement pas réussi à tarir l’inspiration singulière des Américains de KEN Mode qui sortent actuellement une pépite de noise rock aux légers accents hardcore, le tout couronné de sonorités synth indus old school à la Swans et NIN.

Le combo qui tourne depuis ses débuts autour des frères Matthewson (Jesse et Shane) voit avec ce nouvel album nommé "Null" arriver une nouvelle tête en la personne de Kathlyn Kerr, connaissance du combo depuis un bout de temps, qui apporte son lot de nouvelles sonorités. Au programme encore plus de synthé, un peu de saxophone, du piano et quelques chœurs (et un guest violoncelliste sur le titre "Unresponsive"), le tout sublimé par le travail dans les studios d'Andrew Schneider (ayant déjà travaillé avec Cave In et Unsane).

Au programme huit titres noirs comme la nuit, lancinants, profonds (le très long "Lost Grip", de près de 10 minutes), enveloppants, dérangeants parfois ("The Tie"), résolument rock ("The Desperate Search For An Enemy", "Throw Your Phone In The River" que n’aurait pas boudé Norma Jean), à l’image des sentiments vécus par Jesse Matthewson durant les confinements à répétition qui ont altéré son état mental.

En bref, encore un album fort abouti de KEN Mode que les fans du combo ont intérêt à se procurer d’urgence, de même que ceux qui ont quelques atomes crochus avec le noise rock.


Byclown
Septembre 2022




"Loved"
Note : 12/20

Ça commence avec des dissonances et on bascule très vite dans le très sale. Ami de la noirceur, soit le bienvenu. J’avais été très emballé à la première écoute de cet album sombre, peu cuir cuir moustache, mais bien noise noise et qui tabasse, puis finalement je me suis dit que non, il n’était pas si révolutionnaire que cela, pas si bandant que ça. A la première écoute, on aime le sale, on aime le noir, les grandes gueulantes et les martellement qui te vrille le cerveau, mais finalement il n'y a rien de bien original.

Les mecs se bonifient avec le temps dans leur post-noise-sombre-dégueulasse qui tache ton âme, avec une batterie schizophrénique, un chant écorché et des guitares qui ne s’arrêtent pas. La production, très roots, ne laisse aucune place à une certaine rondeur, les aigus sur la batterie sont même très costauds, la caisse claire claque et les cymbales te pètent les tympans pour peu que ton casque offre une sortie aiguë un peu trop importante. Le chant, mixé en retrait, subit cette perte et un mixage où trop de sons viennent se superposer sans trop de raisons. La basse, omniprésente, est la seule qui donne le tempo. A la fois métallique et constante, elle frappe dur et te rentre dans le corps. Les compositions s’enchaînent, sont cohérentes et crades, dans l’esprit d’un KEN Mode que l’on connaît. Mais autant j’avais été emballé à la première écoute, autant, après plusieurs, je suis mitigé, avec un goût de "Ouais c’est cool mais…". "Loved" n’est pas un mauvais album, loin de là, pour l’aficionado de KEN Mode ce sera sûrement un plaisir de plus dans sa collection. Pour les autres, niveau originalité, peu de surprises, de bons riffs mais peu d’évolution notable depuis quelques années. KEN Mode fait du KEN Mode, ni plus ni moins. Tant mieux pour les fans, tant pis pour les autres.

Avancer c’est bien, amener de l’évolution, parfois, c’est mieux. Avec un chant de cette qualité mais sous-mixé, une basse également sous-mixée, une batterie trop aiguë, peut-être que l’ensemble aurait mérité une meilleure production, parce que là c’est sale. Mais faire du sale sans y mettre certaines formes, s’assoir sur certaines choses qui auraient pu faire la différence, c’est vraiment dommage. D'un album à l'autre, c'est l’ascenseur émotionnel. Au final, je reste sur ma faim.


Sam
Octobre 2018




"Success"
Note : 16,5/20

Dans la série des mecs possédés, je voudrais nos amis de KEN Mode ! Très punk dans le son, avec un chant possédé, j’irais presque leur donner des faux airs de  Foxygen de temps en temps. L’ensemble des morceaux de ce nouvel album avance à une vitesse folle sans temps mort, mais toujours avec le souci d’une production quelque peu roots. Le chant n’est pas ici "gonflé" comme dans la plupart des productions actuelles. C’est assez jouissif cette impression d’être dans quelque chose d’intimiste, proche et déluré à la fois.

Le groupe a mis de côté ses influences passées beaucoup plus noise et hardcore pour revenir à quelque chose de tout aussi torturé mais plus punk rock, brut de décoffrage et rentre-dedans. Grosse présence (voire omniprésence) de la basse avec des lignes singulières et cinglées. KEN Mode apporte maintenant, outre cette basse torturée, un chant brut et torturé qui te claque dans la gueule sans faire de sentiment, vomissant et éructant des paroles entre deux interludes plus planants et noirs qu’à l’accoutumée, le tout avec le renfort de nappes de violon, ce qui n’est pas pour déplaire.

Avec un côté de plus en plus ovni si on se réfère au parcours musical des Canadiens jusqu'ici, KEN Mode s’affranchit des contraintes pour poser son album très simplement, comme on poserait sa pêche. "Success" est à la fois différent mais toujours aussi énervé, faisant la part belle à une basse qui, au fil des morceaux, et de par sa qualité et son omniprésence, rend dingue et stupéfait.

Dans l’ensemble, cet album appelé sobrement "Success" fait son boulot mais perd un peu d'intensité sur la longueur avec des redondances mais il présente cinq premiers titres différents de ce qu’on connaît habituellement du groupe. KEN Mode s'est totalement accaparé ce nouveau style plus punk rock, plus déjanté et moins noise. Une seule recommandation : se le procurer d’urgence.


Sam
Juillet 2015




"Entrench"
Note : 18/20

Ce qui est cool avec les Canadiens de KEN Mode, c’est qu'environ tous les deux ans, tu reprends une galette en pleine tête, tu la fourres dans ton lecteur et tu te prends des saignements au niveau des oreilles. Voila en résumé ce à quoi tu peut t’attendre avec un CD de KEN Mode. Cette cuvée ne déroge pas avec un "Entrench", brûlot d’entre les brûlots.

L’expérience des tournées pour le groupe a commencé à faire son effet, avec des constructions sans cesse plus efficaces et bien amenées, puissantes voire dérangeantes. Ce qui nous frappe d’entrée c’est la prédominance d’une basse énorme, raclante, noise et sludge à la fois. Elle fait office de clef de voûte de l’édifice KEN Mode. "Entrench" est bien construit, entre morceaux punchy, rapides et efficaces, et moments de repos et des compositions qui donnent le temps de la respiration. Après une courte introduction et un "Counter Culture Complexe" qui, en plus d’être élevé au rang de single annonciateur de l’apocalypse, se charge de te montrer dans quel ravage ton corps entier s’embarque, le reste de ce CD n’est qu’une dégustation de tous les instants, entre variations de rythmes démoniaques, entre schizophrénies incontrôlées et riffs ravageurs… Juste par ce titre, KEN Mode nous expose son énorme potentiel. Clairement, le groupe passe encore un échelon pour se poser dans cette cour des grands, voire des très grands, maniant les styles à la perfection, se reposant sur des musiciens mariant le sens du rythme et des sonorités décadentes. Avec une batterie martelant une marche effrénée et un chant prenant, dans un pur style noise intéressant, le groupe pose les bases d’une haine d’un haut niveau ! Renforcé par une production parfaite, il n’y a rien à dire. L’enchaînement des morceaux est parfait, avec cette (sublime) basse toujours très omniprésente et donnant véritablement le tempo à cet album. KEN Mode atteint véritablement un niveau intéressant – impressionant, développant son univers entre noise, hardcore et thrash, laissant à chacun le soin de se retrouver dans la branche qu’il affectionne le plus. Le frontman finissant le boulot des musiciens par un chant caractéristique et violent.

KEN Mode c’est 11 titres entre violence, décadence et puissance, alternant tout ce que tu as pu connaître, et, au milieu de ces 11 titres, tu prends un titre semi acoustique te permettant d’essuyer le sang qui coule de tes tympans, avant de t’en reprendre une couche. Outre la qualité des morceaux, c’est l’organisation et la composition du CD qui, en elles-mêmes, sont véritablement bien pensées, puissantes, bien amenées et cohérentes. KEN Mode devient véritablement un très grand dans ce milieu mêlant noise, hardcore et metal… mais a-t-il vraiment encore des concurrents ou plus exactement des équivalents ? LA grosse claque de 2013, je vais me remanger un coup de basse… Si t’aimes saigner des oreilles, alors grâce à "Entrench" tu vas devenir sadomasochiste. Non, ne les remercie pas.


Sam
Mai 2013


Conclusion
Le site officiel : www.ken-mode.com