Une fois de plus nous nous trouvons en présence d'un objet musical non identifié rangé dans le metal à défaut d'ouverture d'esprit suffisante dans les autres branches musicales. Et c'est tant mieux. Tant mieux car Kemet, avec son album concept "The Rules Of Equilibrium" nous plonge, ou plutôt nous aide à prendre notre envol dans un univers jusque là inconnu. Après m'être penché sur la pochette dont l'artwork composé surtout de photos donne pour indices à la compréhension de cette œuvre la silhouette d'une demoiselle désespérée et un environnement urbain nocturne et inquiétant, il est temps d'écouter. Voix cristallines ou enragées, claviers, bandes électroniques, guitares et basse pesantes ou aux harmonies distordues. La batterie semble contenir durant la majeure partie de l'album une rage qu'elle a à peine le droit d'exprimer parfois. ""Saturday Night Sinner" est un des titres les plus représentatif du travail de Kemet. Intro acoustique hispanisante, refrain mélodique, guitares lourdes et temps de repos, arpèges de piano que l'on distingue à peine à côté des notes que cet instrument martèle. La voix tente même un court passage hip-hop tout à fait crédible. Le point fort de cet album est que ce à quoi on s'attend n'arrive jamais mais est remplacé par un passage inattendu. La poésie des paroles même trouble. Comme sur "Sœur De Sang", par exemple. L'ensemble est quand même à qualifier de calme, mais tellement prenant que la brutalité à laquelle nous sommes accrocs, ou du moins habitués, n'est absolument pas nécessaire ici. N'appartenant à aucun style, mais les utilisant tous, je n'essaie même pas de coller une étiquette à ce groupe dont le sens de la mélodie pourrait être suédois par sa musicalité et son sens de la précision, ou ricain par son côté direct et tordu dans le bon sens du terme. Mais il est bel et bien de chez nous, et contribuera très certainement à faire se tourner les oreilles du reste du monde vers notre riche scène hexagonale. Bref, "The Rules Of Equilibrium" a sa place dans toute bonne discothèque qui se respecte ou en tant que BO d'un bon film d'auteur. Pas un film avec des zombies ou du gore, mais un film poétique, où les gens éprouvent de vraies émotions, puissantes et profondes. Chaque notes de cet album est une image surgissant à nos yeux d'on ne sait où, mais qui était là, en nous.