Le groupe
Biographie :

Katavasia est un groupe de black metal mélodique grec formé en 2014 et actuellement composé de : Foivos (batterie / Agnes Vein, Sicks Daze, ex-Circle Of Mushrooms), Astrous (guitare / Aenaon, Agos, ex-Majeste Simphonia, ex-Black Winter, ex-Disolvo Animus), Achilleas C. (guitare, basse / Aenaon, Varathron, ex-Incorporeal, ex-Tortured, ex-Chaotic Symmetry), Necroabyssious (chant / Varathron, ex-Kawir, ex-Sickness Mind, ex-Terra Vivante, ex-Wolf) et Dimitris K. (guitare / Melan Selas, Riffobia). Katavasia sort son premier album, "Sacrilegious Testament", en Mars 2015 chez Floga Records, suivi de "Magnus Venator" en Septembre 2020.

Discographie :

2015 : "Sacrilegious Testament"
2017 : "Daemonic Offering" (EP)
2020 : "Magnus Venator"


Les chroniques


"Magnus Venator"
Note : 19/20

Après un premier album en 2015 et un EP en 2017, Katavasia est de retour avec un deuxième album, "Magnus Venator", pour perpétuer la tradition du metal extrême grec à l'ancienne. Comme je le disais ailleurs, cette scène a été pionnière en matière de metal extrême et Katavasia revisite l'héritage des vétérans en y ajoutant évidemment sa patte, mais voyons ça de plus près.

Pour faire simple, le groupe pratique un black mélodique typiquement grec très proche des anciens Varathron ou Rotting Christ donc vous ne risquez pas de trouver des avalanches de blasts et une noirceur extrême ici. Pour les amateurs de brutalité débridée, Katavasia sera trop soft mais pour ceux qui ont connu le metal extrême grec des années 90 (merci Holy Records de nous avoir fait connaître ça en France d'ailleurs), il y a une saveur et des ambiances bien particulières qui font plaisir à entendre. Les blasts sont tout de même présents évidemment et on les entend dès "Daughters Of Darkness" qui ouvre l'album, on parle quand même de black metal après tout. La différence se joue dans les ambiances bien moins malsaines et plus épiques que les groupes de la seconde vague norvégienne par exemple. On retrouve ces fameuses nappes de clavier que l'on n'entendait plus depuis bien longtemps dans le black et qui contribuent grandement à créer ces fameuses ambiances prenantes et dépaysantes. Quelques sonorités traditionnelles viennent d'ailleurs se glisser en plein milieu du morceau et apportent encore une richesse et une touche d'authenticité supplémentaires. Même si les accélérations sont bien là et n'hésitent pas à ajouter une bonne dose de violence au milieu de tout ça, c'est tout de même le mid-tempo qui se fait une bonne place sur "Magnus Venator", comme le montre "The Tyrant". Le nerveux "Chtonic Oracle" rappelle par contre le Rotting Christ récent et montre un visage plus teigneux tout en continuant à balancer ces mélodies totalement épiques qui rappellent pas mal de souvenirs à écouter certains groupes de cette scène citées plus haut.

Il est clair que Katavasia parlera surtout aux anciens, à moins que de jeunes métalleux ne découvrent la scène extrême grecque old school avec cet album et accroche. C'est tout à fait possible mais je persiste à penser que ce nouvel album parlera surtout aux vieux croutons comme moi. Les petits jeunes nourris au black brutal, orthodoxe et bien malsain risquent de ne pas comprendre ce mélange d'ambiances épiques, de grosses nappes de claviers, de mélodies et de black metal. C'est vraiment quelque chose qui date du début des années 90 et que la plupart des groupes ont laissé tomber. Katavasia a repris le flambeau et perpétue la tradition avec brio et même si ça ne réinvente évidemment rien, le boulot est bien fait et on sent un véritable amour de cette scène. Même la production tout en étant suffisamment puissante pour ne pas sonner datée garde cette patine old school et ne sombre pas dans les dérives habituelles du sous-accordage à gogo ou de la compression à outrance. On retrouve aussi ces fameux choeurs à la fois belliqueux et épiques que l'on peut entendre par exemple sur "The Tyrant" avec ces blasts en fond qui ne font qu'amplifier encore cette ambance guerrière. Malgré le fait que ce style me rappelle une période précise du black metal, il y a pourtant quelque chose d'hors du temps dans ces ambiances puissantes et évocatrices. Il suffit de se plonger pleinement dans "Magnus Venator" pour que l'univers du groupe s'installe et efface pendant quarante petites minutes le monde réel qui paraît bien terne à côté.

Un deuxième album qui continue sur la voie tracée par "Sacrilegious Testament", à savoir celle d'un black metal mélodique et épique typique des années 90 et de la scène grecque. Katavasia ressuscite cet esprit avec un savoir faire indéniable et devrait rappeler de bons souvenirs aux anciens.


Murderworks
Décembre 2020




"Sacrilegious Testament"
Note : 14/20

Même si le pays ne s’en est pas encore vraiment remis, le black metal grec, lui, ne connaît pas vraiment la crise !!! Il y a bien sûr les fleurons que sont Septicflesh et Rotting Christ, mais la scène underground y est aussi très active avec des groupes comme Acherontas, Devathorn, Aenaon ou encore Varathron, pour ne citer qu’eux… D’ailleurs, des membres de ces deux derniers ont décidé de faire un groupe ensemble sous le nom de Katavasia, entité qui sort ici son tout premier album intitulé "Sacrilegious Testament" !!! Alors, est-ce le début d’une overdose de metal grec ou bien le pays est-il en train de devenir un des leaders en matière de metal extrême ??? Réponse dans ces lignes bien sûr…

Tout commence avec "Cosmic Nightmare" et on est directement saisi par le son !!! Il n’y a pas de doute possible, Katavasia tire ses influences dans le black metal grec des années 90, Rotting Christ en tête… Même si ce son a un côté vintage évident, il rappelle tellement de bons souvenirs qu’on s’en accommode rapidement et parfaitement !!! Le style est typique de cette époque bénie, un black metal mid-tempo, parfois groovy, par moments hargneux, mais toujours subtilement mélodique… Quelque part entre le "Thy Mighty Contract" et le "Non Serviam" de Rotting Christ, qui fait définitivement partie des influences principales de Katavasia… Trop peut-être !!! Toujours est-il que pour l’instant, cette énergie émotionnelle est plutôt agréable à (ré)-entendre, bien exécutée et composée avec savoir-faire… A voir ce que nous réserve la suite de l’album !!!

"Symphony Des Gravens" fait montre de références encore plus évidentes… Mais ce son typique, ce savoir-faire évident et cette puissance évocatrice et communicatrice font pour le moment oublier les grands noms du passé afin de se concentrer sur l’instant présent !!! On sent bien sûr que les musiciens de Katavasia ont baigné dans cette culture metal grecque des années 90, mais c’est joué avec tellement de sincérité qu’on se plonge dedans comme si c’était le premier album du genre, c’est pour dire… Ce morceau est rythmé, mélodique sans trop l’être, agrémenté de quelques passages doomesques et atmosphériques, aidé en cela par quelques sympathiques nappes de clavier… Le chant aussi est black mais pas trop, et ainsi, tout semble dosé, mesuré à la perfection pour que la magie opère à nouveau… Il faut dire que la recette est éprouvée et qu’il n’y a qu’à la suivre, mais quand même, il faut un sacré niveau d’intelligence musicale pour arriver à un tel résultat : bluffant !!!

L’album se poursuit avec le lourd et old school "Adoration Of Darkness", un peu plat au démarrage mais bénéficiant d’un magnifique lead mélodique donnant ici le relief nécessaire… Et que dire de l’arrivée de la double grosse caisse sur une petit mélodie désuète jouée au clavier avec un son que l’on imaginait ne plus jamais ré-entendre ??? Tout simplement surprenant et envoûtant, comme si cela semblait une évidence !!! Ces quelques notes mélodiques nous charment tels les serpents que nous sommes… Cet album s’annonce vraiment comme une machine à remonter le temps et devient avec ce morceau une véritable invitation au voyage en terres helléniques !!! Poursuivons-le d’ailleurs avec ce sympathique interlude qu’est "Eosforou Katavasis", incantatoire autant que blasphématoire… Plutôt prenant, mais finalement bien trop court aux vues de ces 2 petites minutes, ce qui ne laisse pas vraiment le temps à la transe de se mettre en place !!!

"Visions Of The Misty Night" est pour moi dès à présent un grand classique de ce premier album de Katavasia : le chant est littéralement possédé, le rythme est effréné, et surtout, les mélodies sont imparables !!! Ce morceau est on ne peut plus taillé pour la scène, mais sa qualité studio est elle aussi à toute épreuve… Le genre de morceau qui donne de l’ampleur et de la profondeur à un album et vous touche en plein cœur !!! A côté, "Order Of Dog Blood" semble quelque peu plus classique, et aussi beaucoup plus plat… Ce sentiment n’est certes pas aidé par la rythmique assez répétitive et les mélodies lancinantes !!! Pas forcément un mauvais morceau, mais il est tout simplement moins bon, et sa place ici est donc plus discutable… En même temps, un premier album se doit d’être imparfait, et ce même si le groupe compte en ses rangs des musiciens expérimentés !!! C'est ce qui rend la découverte intéressante... Ou alors, il ne faut en sortir qu’un, car ce que j'aime avant tout chez un nouveau groupe, c’est de pouvoir révéler son potentiel d’évolution, et donc de progression…

C’est maintenant au tour de "Mater Tenebrarum" de jouer le rôle d’interlude en soufflant sur nous son aura mystique étrange et insondable… Les lignes de basse y sont magnifiées par quelques notes de clavier donnant à l’ensemble un sentiment de sagesse et de sérénité digne de la Grèce Antique telle qu'on pourrait se l'imaginer !!! Une pause atmosphérique bienvenue qui apaise l’âme avant le retour de la tempête tant espérée : eh oui, on écoute quand même du black metal !!! On retrouve ainsi rapidement ce pur son metal si caractéristique sur "Virgin Blood", là encore dans la droite ligne tracée par Rotting Christ 20 ans en arrière… Le morceau s’avère assez classique, mais quelques riffs sont heureusement particulièrement accrocheurs et réussis et parviennent ainsi à tirer leur épingle du jeu !!! Pourtant, le tout manque cruellement de relief et ce titre a dû mal à s’imposer… Un des morceaux dispensables de l’album à n’en pas douter, malgré un final tout en douceur et poésie !!!

Ce "Sacrilegious Testament" va maintenant se clore sur l'excellent "The Chariot Of Emperor" et son intro à la basse bien ronflante !!! Comme c'est souvent le cas, ce dernier morceau est un parfait condensé de ce que Katavasia a su nous proposer tout au long du dit album... Des purs riffs black metal bien épiques, un refrain qui vous restera à coup sûr dans la tête un bon moment, une rythmique entraînante !!! Bref, plus de 8 minutes de bonheur pour finir en beauté ce qui, il faut bien le rappeler, n'est qu'un premier opus... Des accélérations bien senties, des ralentissements faisant la part belle à la lourdeur, de superbes mélodies faisant preuve d'une belle maturité artistique, autant de variété qui apporte de la profondeur au morceau et qui permet à l'auditeur de ne pas s'ennuyer une seconde... Dommage que l'ensemble de l'album n'ait pas été dans cette veine, pour moi parfaitement exquise et délectable !!!

Finalement, il n'est pas si évident de savoir quoi penser de ce premier opus de Katavasia... Certes, le plaisir pour les anciens de ma génération de replonger dans l'ambiance si particulière du black metal grec des années 90 est indéniable... Il y a ce son unique, ces atmosphères mystiques et mystérieuses, ces mélodies envoûtantes, tout ce avec quoi nous avons grandis... De là à dire que cela plaira aux plus jeunes, je ne parierais pas dessus !!! Mais qu'importe car ce "Sacrilegious Testament" est joué et composé avec une sincérité et une honnêteté de chaque instant qu'on ne peut mettre en doute... L'expérience des musiciens a permis de mettre au monde un album intelligent autant que mature !!! Mais une fois ce plaisir digéré vient la question fatidique : a-t-on vraiment besoin d'un autre Rotting Christ ??? Je ne sais encore que répondre mais je reste méfiant, peut-être à cause de l'expérience Thulcandra... Il faudrait, à l'image de Varathron ou de Aenaon, que Katavasia trouve sa propre voie, sa propre personnalité, avec les risques que cela comporte !!! Mais je sais que ces musiciens de talent ont ce qu'il faut pour y arriver... Qui vivra verra !!!


Carcharoth
Avril 2015


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/katavasiaofficial