Le groupe
Biographie :

Katatonia est un groupe de death / doom metal suédois formé en 1991. Le groupe est apparu avec "Jhva Elohim Met"h, un premier EP se rapprochant du black metal mélancolique. Le groupe n'était alors qu'un duo constitué de Jonas Renkse au chant et à la batterie et de Blackheim à la guitare. En 1993, le groupe enrichit sa formation et sort un album, "Dance Of December Souls", qui annonce un petit côté doom metal. En 1995 Katatonia sort l'EP "For Funerals To Come", suivi par l'album "Brave Murder Day" dans une veine doom / black / death avec le chanteur d'Opeth au chant. Jonas Renkse avait en effet perdu sa voix au moment venu de la session d'enregistrement et il fut appelé à l'aide. Il contribua aussi à l'EP "Sounds Of Decay". Par la suite, Katatonia s'orienta vers une autre direction : Jonas Renkse opta pour une voix claire et des compositions plus rock. Le premier CD à sortir sous cette forme est l'EP "Saw You Drown", mais c'est "Discouraged Ones" qui immortalisa le nouveau choix de Katatonia. Puis, après avoir signé chez Peaceville Records, sortirent les albums, "Tonight's Decision", "Last Fair Deal Gone Down", et "Viva Emptiness" (en 2003), où Katatonia opte encore pour un changement de style. Puis vient en 2006 l'album "The Great Cold Distance". En Novembre 2009 sort leur nouvel album "Night Is The New Day". Peu après la sortie de l'album, Mattias et Fredrik décident de quitter le groupe pour des raisons personnelles. Ils seront remplacés par Per Eriksson et Niklas Sandin. "Dead End Kings" sort le 27 Août 2012 en Europe et le 28 aux Etats-Unis. En Septembre 2013, Katatonia sort l'album "Dethroned And Uncrowned", qui contient des titres de "Dead End Kings" revisités. L'album "The Fall Of Hearts" sort en 20 Mai 2016 avec un nouveau batteur, Daniel Moilanen, et un nouveau guitariste, Roger Öjersson. Le groupe se met en pause en 2018 pour finalement revenir début 2019, il enregistre alors son onzième album, "City Burials", qui sort en Avril 2020. L'album suivant, "Sky Void Of Stars", sort en Janvier 2023 chez Napalm Records.

Discographie :

1993 : "Dance Of December Souls"
1996 : "Brave Murder Day"
1998 : "Discouraged Ones"
1999 : "Tonight's Decision"
2001 : "Last Fair Deal Gone Down"
2003 : "Viva Emptiness"
2006 : "The Great Cold Distance"
2009 : "Night Is The New Day"
2012 : "Dead End Kings"
2013 : "Dethroned And Uncrowned"
2014 : "Last Fair Day Gone Night" (Live)
2015 : "Sanctitude" (Live)
2016 : "The Fall Of Hearts"
2020 : "City Burials"
2023 : "Sky Void Of Stars"


Les chroniques


"Sky Void Of Stars"
Note : 19/20

La légende de Katatonia continue. Après des débuts sous le nom de Melancholium, le groupe suédois mené par Anders Nyström (guitare, Bloodbath, Diabolical Masquerade) et Jonas Renkse (chant, Bloodbath, ex-October Tide), accompagnés par Niklas Sandin (basse, Lik, ex-Sodomisery), Daniel Moilanen (batterie, Runemagick, ex-Heavydeath, ex-Lord Belial) et Roger Öjersson (guitare, Tiamat) annonce sa signature chez Napalm Records, ainsi que la sortie de "Sky Void Of Stars", son treizième album.

L’album débute avec "Austerity", un titre lancinant qui laisse une majestueuse dissonance rencontrer une base plus énergique et lourds ainsi qu’un chant planant mais intense, créant un mur de son accrocheur. Les influences diversifiées se mêlent à merveille tout en nous menant à "Colossal Shade", un titre plus pesant qui laisse un groove sombre nous envoûter pendant que le groupe développe des sonorités lourdes couplée aux parties vocales apaisantes, puis "Opaline" place des claviers entêtants avant que les mélodies brumeuses ne refassent surface. Le morceau est très doux mais il reste rythmé grâce aux racines post-rock, et il sera suivi de "Birds", une composition plus pesante, mais également plus énergique qui contraste avec le son lourd et sombre. Le refrain est particulièrement entêtant, et il laissera place à la plus calme mais tout aussi hypnotique "Drab Moon" sur laquelle les influences progressives sont les plus importantes, tout comme les parties de claviers en arrière-plan qui lui donnent une touche planante.

"Author" prend la suite avec une quiétude omniprésente, qui se retrouvera régulièrement brisée lorsque la rythmique s’enflamme, tout en restant dans cette atmosphère entêtante et douce qui s’intensifiera sur la fin, puis "Impermanence" renoue avec les leads déchirants old qchool. La base atmosphérique se mêle parfaitement aux mélodies et au chant, puis l’ensemble s’apaise en laissant place à "Sclera", qui offre parfois des riffs lourds et majestueux à la quiétude qui l’anime. "Atrium" prend la suite avec des leads mystérieux que le groupe avait choisi pour dévoiler la sortie de l’album, et qui sont relativement efficaces pour développer des sonorités hypnotiques avant de laisser "No Beacon To Illuminate Our Fall" faire naître lentement ses harmoniques envoûtantes. Les tonalités apaisantes explosent avec des patterns plus complexes sur ce long morceau, puis "Absconder" viendra nous offrir une dernière dose de riffs lourds et majestueux pour refermer l’album avec ce riche mélange d’influences sombres et planantes.

A chaque album, Katatonia nous dévoile une nouvelle facette de sa personnalité, cohérente et complémentaire par rapport aux autres. "Sky Void Of Stars" nous envoûte avec ses mélodies aériennes, nous fascine avec ses sonorités majestueuses, puis nous frappe avec ses riffs lourds. Un véritable vent de fraîcheur.


Matthieu
Janvier 2023




"City Burials"
Note : 17/20

Quiconque a déjà mis un pied dans la mélancolie musicale connaît Katatonia. Et c’est après une carrière impressionnante que le groupe nous offre "City Burials", leur douzième album. Créé en 1987 sous le nom de Melancholium, Anders Nyström (guitare / choeurs, Bloodbath, ex-Diabolical Masquerade), Jonas Renkse (chant / guitare, Bloodbath, ex-October Tide) et leurs camarades de l’époque changent de nom pour celui que nous connaissons actuellement. Et le groupe avance avec un doom / death, jusqu’en 1995 où une pause d’un an les fait finalement dériver jusqu’à un metal gothique puis prog. Si les deux fondateurs sont toujours actifs, Niklas Sandin (basse, Lik, ex-Sodomisery), Daniel Moilanen (batterie, Runemagick, ex-Heavydeath, ex-The Project Hate MCMXCIX) et Roger Öjersson (guitare, Tiamat, ex-Kamchatka) ont rejoint la formation. Et le groupe se sépare en 2018, avant de reprendre l’année suivante et de nous offrir cette merveille.

A présent profondément ancrés dans un post-rock gothique aux sonorités sombres, mélancoliques, profondes et pourtant prenantes, et si leur pause a fait très peur aux fans, le moins que l’on puisse dire c’est que les Suédois sont de retour. Pour les fans de la première heure : je suis désolé mais le chant saturé ne réapparaîtra pas, du moins sur cet album. Pourtant, le groupe est capable d’injecter une dose exceptionnelle d’intensité dans leurs titres. L’album a deux possibilités. La première, il vous capture instantanément dans ses filets et ne vous relâche qu’au dernier moment, vous faisant virevolter dans un torrent de sonorités tristes, lourdes, perçantes et aériennes, et vous êtes conquis, heureux d’avoir retrouvé votre groupe préféré, surtout sur "Heart Set To Divide", "Lacquer" et "City Glaciers", qui sont pour moi trois des meilleurs morceaux de l’album. La deuxième, vous ne connaissez ou n’aimez pas le groupe plus que ça, et il vous faut attendre que la formation suédoise étende ses filets autour de vous, à grands coups d’une rythmique dominée par une basse lancinante, des guitares hypnotiques et un chant clair mélodieux au possible. Vous remarquerez l’intervention d’Anni Bernhard (Full Of Keys) sur "Vanishers", donnant un relief particulier au morceau, et votre voyage au coeur des ténèbres langoureuses continuera, brièvement interrompu par "Lachesis", un titre court et dépourvu de saturation, mais vous apprécierez au bout de quelques écoutes toutes les nuances de cet album. Une petite note tout de même sur "Fighters", le dernier titre, qui est plus rapide, lourd et agressif que les autres, contrastant avec la douceur ambiante.

Katatonia s’est reposé, et Katatonia est revenu. Le son du groupe est toujours aussi riche, puissant, intense, et "City Burials" rentrera probablement dans le top des albums de la formation. Le groupe a évolué depuis ses débuts, mais ses racines n’ont pas bougé d’un pouce.


Matthieu
Mai 2020




"The Fall Of Hearts"
Note : 19/20

Quel bonheur de retrouver Katatonia avec un nouvel album parce que même s'ils nous ont fait patienter avec un live, une compilation et une version acoustique de "Dead End Kings", quatre ans c'est long ! Alors que dire de ce petit dernier "The Fall Of Hearts" ? Après de nombreuses écoutes avec les textes sous les yeux pour se plonger dans leur musique qui est toujours d'une grande richesse et d'une certaine complexité, on arrive à cerner les titres et on prend même plaisir à les décortiquer. On constate que le groupe continue son évolution toujours très naturellement et progressivement, ce qui du coup ne choque pas vraiment l'auditeur. Avec Katatonia, on peut ainsi préféré un opus ou une période en particulier mais difficilement en détester un ou être déçu. "The Fall Of Hearts" nous prouve encore une fois que les Suédois ne stagnent pas et savent changer sans bousculer leur public, en conservant l'identité musicale et émotionnelle du groupe. Et ça, ce n'est pas évident !

Ils ont ainsi amené une dimension très prog dans cet opus, c'est un nouveau pas en avant vers d'autres horizons, comme toujours. Dans le précédent, "Dead End Kings", cette direction était déjà notable mais moins développée, avec le côté orchestral mis en avant. Dans ce "The Fall Of Hearts", il y a de nombreux éléments qui s’entremêlent, des arrangements, un jeu de batterie et surtout des riffs avec un son prog comme dans le premier titre, "Takeover". Celui-ci est composé de belles parties légères et lumineuses, pleines de nostalgie, qui sont contrebalancées par d'autres beaucoup plus chaotiques et pleines de mal-être. C'est un magnifique morceau, toujours en mouvement, un peu difficile de prime abord, nous parlant d’indécision et des conflits amoureux ("I am pledging my love for you, still waiting").

De titre en titre, on se rend compte que c'est un album plus intimiste, traitant de sujets grave et personnels comme dans le superbe titre coup de coeur "Residual" où la personne doit accepter la mort et dire au revoir ("So hey, let's celebrate, there's no need to cry"). C'est un grand morceau, mature, puissant et bouleversant, et quoi de plus "intime" que les percussions ? Comme dans le précédent album, on retrouve ces percussions qui sont par contre ici mises plus en avant et qui renforcent là aussi ce sentiment de prog. C'est surtout dans le live acoustique "Sanctitude" que le groupe a commencé à vraiment exploiter ce petit plus et c'est de nouveau JP Asplund qui s'en charge, cela change tout et cela habille encore plus les morceaux ! L'émotion fait partie intégrale des oeuvres du groupe et cet opus ne fait pas exception, que se soit de façon crue et dépourvue d'espoir ou avec un certain recul sur les malheurs avec un message assez positif, amenant de la lumière là ou il ne devrait pas y en avoir. "Decima" fait partie de ces titres pleins de sagesse et qui nous raconte la perte vue par la personne qui meurt et qui laisse son conjoint seul ("Darling, you had me here for a while"). C'est très imagé, poétique et positif au final. Les instruments acoustiques et la voix de Jonas nous livrent un moment plein de douceur, juste magnifique et délicat. De la légéreté, il y en a également dans le titre "Pale Flag" où la personne dans la tombe voit celle qui l'a aimée, ce sujet pourtant très triste est traité là aussi de façon très calme et touchante, tout en restant sobre ("Compassion, brings you here when the rains falls on mine").

Cet album est plein de pureté et de sagesse, mais il est aussi intense et plein de force, la peine se transforme alors en rage et en douleur. L'excellent "Serac" nous fait ressentir de la rage contenue mais prête à éclater. Ce titre nous parle de désir de séparation, de trahison et de restes d'un amour flétri ("Ghost of different shades"). La musique est ici plus sensorielle avec des riffs saccadés et une bonne dose de violence qui est tempérée par des instants plus posés et aériens. C'est aussi le cas dans "Sanctions" où l'espoir est mort, les liens se défont et la colère grandit ("Sever the ties that were once unyielding"), et là on ressent cette force, on s'imagine dans une tempête avec ce titre plus rentre-dedans et glacial mais toujours dans les nuances. Oui, toujours dans les nuances, car Katatonia n'est jamais tout noir ou tout blanc, il y a toujours du positif et du négatif dans leur musique. Un morceau n'est jamais que positif ou négatif, et c'est ce qui fait leur qualité. "Serein" en est le parfait exemple avec une musique bien entraînante et lumineuse qui rentre plus facilement en tête, avec de belles mélodies fraîches et intemporelles, et derrière toute cette énergie se cache un texte plus sérieux sur les sentiments enfouis et ceux qui se ternissent avec les années et les efforts à fournir. Rien n'est facile dans la vie, à commencer par les relations ("I become the one you haven't seen for years").

En fait, cet album retrace tous les sentiments humains par rapport à l'attachement, à l'amour, à la mort et à la solitude. Le superbe "Old Heart Falls" parle même des combats intérieurs, quand l'autre veut aider mais ne le peut hélas pas, et de l'envie de s'enfuir quitte à détruire celui qui vous aime ("I sense my grave way below the mire"). C'est un morceau sombre et froid, extrêmement touchant, et poignant, le temps s’arrête durant quelques minutes... "Last Song Before The Fade" est également un morceau qui heurte, surtout à la vue des paroles qui parlent d'une incinération du point de vue de la personne décédée. Il s'agit en fait de ses pensées avant que son âme ne parte et de la perte de contrôle sur sa vie ("My time had run out before the future came"). Le morceau est un vrai tourbillon, plein de turbulences, c'est comme être dépassé par les événements. Et malgré cette agitation, le titre n'est absolument pas brouillon et est même très réussi, avec cette peur palpable. "Passer", plein d'amertume et grisâtre, et "The Night Subscriber", plein de remords enragés et à la fois plus mélodique avec du violon, sont également très bons mais sont peut-être un peu moins prenants que les autres morceaux même s'ils ont vraiment leur place ici. Chaque passage, chaque note, chaque ligne de chant et surtout chaque composition est d'une grande justesse. Même "Shifts" qui peut ne pas plaire à certaines personnes car un peu spécial, sans être mauvais, n'est pas en trop dans l'album. Enfin, les titres bonus qui varient selon les versions sont tout autant intéressants !

C'est donc un sans-faute une nouvelle fois pour Katatonia qui est plus que jamais au sommet de son art et de son talent ! Ce sont de vrais musiciens et des génies qui savent créer pour envoûter. "The Fall Of Hearts" est intense et plein de belles choses qui font du bien, même si beaucoup sont tristes. Cet album est aussi excellent que les précédents et rajoute une nouvelle pierre précieuse à la carrière des Suédois !


Nymphadora
Juin 2016




"Sanctitude"
Note : 20/20

Katatonia n’est décidément pas avare en surprises et sait faire plaisir à ses fans ! Après un album live reprenant notamment tous les titres de "Fast Fair Deal Gone Down" en 2014, ils reviennent avec un beau cadeau, un CD / DVD live acoustique ! Il a été enregistré lors de leur concert du 16 Mai 2014 à Londres, durant leur tournée "Dethroned And Uncrowned", dans un endroit atypique et assez classe : une chapelle ! En effet, il s’agit de la chapelle de l’Union où de nombreux artistes se produisent. C’est donc dans un décor très solennel que se déroule ce live. L’architecture, les pierres, les voûtes, les vitraux, ainsi que le grand renfort de bougies posées à même le sol vont parfaitement avec un set acoustique et rendent ce live particulier.

Il est déjà particulier car ils ont choisi de jouer des titres de "Dead End Kings" en acoustique comme dans "Dethroned And Uncrowned". Et ils ont trouvé ensuite d’autres morceaux de leur répertoire pouvant être joués en acoustique, certains n’avaient encore jamais été joués en live, comme "Day". Il y a donc 5 titres de "Dethroned And Uncrowned", 4 de "Viva Emptiness" et au moins 1 de chaque album depuis leurs débuts sauf "Dance Of December Souls" datant de 1993. Et avec un total de 17 titres plutôt représentatifs, du coup, de leur parcours musical, on peut dire qu’ils ne se sont pas moqués de nous ! Cette setlist met d’accord tous les fans, qu’ils préfèrent les anciens ou les opus plus récents, ce qui est plutôt malin !

On retrouve les membres de Katatonia : Niklas Sandin à la basse acoustique, Anders Nystrom à la guitare acoutique et Jonas à la guitare électrique (seul élément qui n’est pas vraiment acoustique) et au chant. Il y a également deux musiciens live de talent les accompagnant tout au long du set : JP Asplund aux percussions et Bruce Soord au clavier et à la deuxième guitare acoustique. Il n’y a aucune faute, tout est carré et professionnel, à l’image du chant de Jonas et des harmonies faites par Bruce et Anders, c’est fluide, plein d’émotions et surtout extrêmement juste ! Les titres ont ainsi une seconde vie, on les redécouvre remaniés mais absolument pas dénaturés. Et c’est une très bonne idée car ils s’y prêtent vraiment ! On passe alors 1 heure 20 cloué devant le live, complétement transporté.

"In The White" est le premier et superbe morceau ouvrant le bal, suivi par l’émouvant "Ambitions". Nous avons ensuite des moments légers et aériens avec des titres tels que "Teargas", "Tonight’s Music", "Lethean", "Day" et "Idle Blood". Et d’autres plus mélancoliques : "Gone" , "The Racing Heart" ou encore "Unfurl". On a aussi une grande fluidité, très naturelle, dans "A Darkness Coming", "Omerta" et "Evidence". Même si tous les morceaux sont splendides, il y a des moments particuliers où plus rien ne compte autour de nous comme dans "One Year From Now" qui devient totalement hypnotique ou dans "Sleeper" et "Undo You" qui donnent des frissons. Et le dernier titre fait aussi partie de ces moments si beaux où le temps s’arrête… On a alors la surprise de voir la chanteuse Silje Wergeland arriver sur scène pour interprèter en duo avec Jonas leur duo "The One You Are Looking For Is Not Here". Et quel plaisir de découvrir sa superbe voix que l’on ne discerne pas bien dans les deux versions album ! On en prend plein les oreilles ! Ce live se termine donc par un instant rare et magique qui met les larmes aux yeux.

Tout en simplicité avec un son clair, presque translucide et d’une extrême pureté, Katatonia nous embarque dans sa musique. On ressent une grande technicité, une grande musicalité et une grande générosité de la part des musiciens. Ils instaurent une intimité vraie avec le public présent ainsi qu’avec nous, auditeurs. C’est un CD / DVD planant avec une belle fragilité et beaucoup d’émotion, prenant et captivant... Un chef d’œuvre !


Nymphadora
Avril 2015




"Last Fair Day Gone Night"
Note : 18/20

C’est avec un live que revient le duo Renkse / Nystrom. Katatonia, avec son style bien personnel, règne en maître depuis 1987 et ne cesse de nous faire vibrer. Nous sommes donc heureux de découvrir un live datant de 2011 enregistré à Londres.

On se retrouve ainsi avec "Last Fair Day Gone Night", un DVD et un double CD. Si ce nom ne vous est pas inconnu, c’est normal car c’est à quelques mots près le nom d’un ancien album datant de 2001, "Last Fair Deal Gone Down". Et il y a une raison à cela, en effet, le groupe a voulu rendre hommage à cet opus en le jouant dans son intégralité dans la première partie du live.

Ces 11 premiers titres forment une belle unité où l’on retrouve notamment "Chrome", "I Transpire", "Passing Bird" ou encore "Sweet Nurse". La seconde partie regroupe 12 titres représentant tous les albums sauf "Viva Emptiness". La majorité provient de "Night Is The Day" car c’était l’album le plus récent, étant sorti deux ans plus tôt. Dès le premier titre, "Brave", on ressent une forte énergie et on n'a aucun doute sur la motivation du groupe qui donne tout pour faire bouger le public pendant plus de deux heures. On vit alors des moments ultra prenants avec des titres dynamiques comme "My Twin", "Forsaker", "Brave" ou "July", tandis que d’autres plus aériens et hypnotiques comme "Nephilium" , "The Longest Year" et "The Promise Of Deceit" donnent la touche d’émotion. "Right Into The Bliss", "Wait Outside" et "New Night" nous transportent aussi avec une légèreté qui fait son effet.

On retrouve les excellents Daniel Liljekvist à la batterie et le second guitariste, Per Eviksson, qui ont quitté le groupe récemment. Ils sont ici, comme le reste du groupe, en grande forme et ce sont vraiment de bons musiciens qui tiennent la cadence avec une grande précision. Jonas est en transe tout du long et nous livre un chant plein d’émotion aussi juste que les instruments. L’accompagnement au chant des deux guitaristes donne une sacrée profondeur au tout.

C’est bon parfois d’attendre quand c’est pour avoir un DVD / CD d’une telle qualité ! Tout est fait pour passer un bon moment. Le jeu de lumière intimiste mais varié est magique et le son est tout simplement parfait ! La setlist variée avec des titres plus ou moins récents plaira sûrement à tout amateur de Katatonia. C’est un bijou à écouter et surtout à regarder de toute urgence car le groupe a énormément de charisme sur scène.


Nymphadora
Octobre 2014




"Dethroned And Uncrowned"
Note : 16/20

Il y a certains groupes dont la musique est tellement unique qu'il est difficile de mettre une étiquette sur un style particulier, Katatonia en fait partie. Au-delà du doom atmosphérique / dépressif, death metal ou encore rock gothique, le groupe préfére parler de "hard-edged atmospheric rock". Ils démontrent encore une fois leur talent avec un dixième album pour le moins unique, "Dethroned And Uncrowned", chez le label Kscope, petite soeur de Peaceville. Le synopsis est évocateur et nous renseigne sur l'instrumentation épurée : "la batterie sera détrônée et les guitares électriques seront sans couronnes". Il s'agit d'une version acoustique de l'opus "Dead End Kings" sorti l'année dernier, remanié de façon plus ambiant et personnel avec un artwork toujours aussi splendide, plein de symboles et de mélancolie.

Le premier des onze titres est "The Parting", plus ralenti et aérien. Le chant de Jonas Renkse ressemble à une confession au vide l'entourant, avec la guitare acoustique et le piano comme seul paysage. On ferme ensuite les yeux avec "The One Are Looking For Is Not Here" et on se retrouve au milieu d'une terre désolée et hantée, la voix féminine de Silje Wergeland, plus présente, offre de beaux moments de douceur bien que l’ambiance générale soit assez sombre avec une fin plutôt triste. Ce morceau est mis en valeur et se révèle bien meilleur que la première version. Puis planante et étrange, "Hypnone" est également totalement différente sans avoir réellement changé. Tous les arrangements sont superbes et chaque détail ressort. "The Racing Heart", un des titres les plus tristes de "Dead End Kings", est encore plus mélancolique et teinté de souffrance profonde. Dans une délicatesse ultime, les émotions se propagent en silence, sans barrière pour les arrêter. En effet, il y a juste ce qu'il faut, sans fioriture parasite gâchant la musique.

Ensuite, on remarque un grand changement avec "Building". Eh oui, le titre le plus énergique et métallique de l'ancien album est maintenant beaucoup plus calme étant acoustique ! Mais il ressort également plus sombre et malsain, les voix et lignes de claviers flottent pour devenir presque fantomatiques, ce morceau est vraiment irreconnaissable. Une vraie réussite ! Puis, très loin du côté électronique que l'on connaissait, ce nouveau "Leech" respire les mélodies du passé. On ressent le chant attristé s'unir avec les violons et le piano, c'est vraiment pesant et mélancolique. Il crée ainsi une nouvelle surprise dans cet album !

La différence est moins évidente avec "Ambitons". En effet, ce titre était déjà assez calme et acoustique durant une partie du morceau, et l'on préférera l'ancienne version car celle-ci est trop linéaire. "Undo You" n'est certes pas mauvais, loin de là, mais reste trop fidèle également au titre original. Puis, on retrouve un "Lethean" ralenti, totalement remanié, et c'est réussi ! Le titre devient aérien, lumineux et mélancolique à la fois. L'énergie est aussi présente avec des percussions évitant un morceau plat. Ensuite, lourd, profond et tout simplement magnifique, vient "First Prayer". La voix est comme écorchée, pleine d'émotions, et la mélancolie passe par la guitare acoustique étrangement froide et par les lignes de claviers planantes mais oppressantes. Le dernier titre, "Dead Letters", nous bluffe également comme "Building" précédemment. Il y a toujours ce petit côté alternatif mais le reste est remanié de façon splendide tout en minutie, nous donnant un magnifique morceau.

Katatonia, toujours aussi inspiré, mène une carrière sans faute, ce remix acoustique en est un fier exemple. A part 2 titres en dessous des originaux de "Dead End Kings", ce nouvel album propose une version très intéressante et personnelle loin d’être plate et molle, ce qui aurait pu être le cas pour un opus acoustique. Certes ce n'est pas leur meilleur album et il n'a d'ailleurs certainement pas été fait dans ce but, mais il apporte de la fraîcheur et montre qu'un titre a plusieurs vies.


Nymphadora
Septembre 2013




"Dead End Kings"
Note : 16,5/20

Les Suédois de Katatonia nous offrent un beau moment de musique pour leurs vingt années de carriére. En effet, cet opus est abouti et marque un certain renouveau avec un côté plus atmosphérique tout en restant fidéle au style du groupe, les démarquant si bien. A travers ces 11 titres, nous sommes invités à fermer les yeux et ainsi nous laisser gagner par la poésie tourmentée de cet album.

Tout d’abord, l’artwork réalisé par Travis Smith est tout simplement magnifique et refléte vraiment bien l’univers froid, sombre et triste qui va se dégager de l’album. Le premier titre, "The Parting", évolue entre lyrisme et doom mélancolique avec un violon et une basse très présents. C’est un moment de grâce ultime qui en fait mon coup de cœur. En l’écoutant, on ne peut qu'être optimiste concernant la suite ! Avec sa superbe intro et ses sonorités electro pop se mélangeant ensuite aux guitares, "The Racing Heart" est une bonne surprise. "Ambitions" et "Undo You" sont très intenses et mélancoliques. Tandis que "Lethean" ou "First Prayer" nous percutent avec un son plus électrique et des refrains prenants. "Dead Letters", empreint d’une certaine violence, clôture à merveille l’album. Mon autre coup de cœur assurément. Il n'y a pas vraiment de choses négatives à relever à part deux titres moins marquants que les autres, à savoir : "The One You Are Looking For Is Not Here" que je trouve un peu inutile car il est vraiment léger et je n’ai pas ressenti d’émotions particulières. De plus, le chant de Silje Wergeland (The Gathering) ; invitée sur ce morceau ; est quasi inexistant, ce qui est bien dommage ! Ensuite, "Buildings" est bien exécuté mais je n’ai pas réussi à vraiment rentrer dedans.

"Dead End Kings" marque le retour de ce groupe génialissime qu'est Katatonia. Certes, "The Great Cold Distance" reste pour moi LE chef d’œuvre de leur carrière, mais je conseille cependant ce nouvel album car il s'avère créatif et intime, et il mérite d’être écouté. Il promet encore une belle et longue vie au groupe.


Nymphadora
Août 2012


Conclusion
L'interview : Jonas Renkse

Le site officiel : www.katatonia.com