"The Enola Day"
Note : 13/20
Formation existant depuis 2004, et dont on peut être fièrement chauvin, Kam Talium revient avec "The Enola Day". Evidente sortie après le maxi "Make Us Stronger", "The Enola Day" est la continuité de la créativité death / thrash du groupe.
Voici un album 10 titres, qui n'a pas l'air comme ça avec un artwork assez abrupt, plus proche d'un grindcore engagé que d'un thrash / death à tendance effectivement aussi core.
Nous avons ici, encore un groupe au caractère hybride qui a semble-t-il été bercé par plusieurs scènes et qui, à ce jour arrive à faire une synthèse de ses propres influences, et sans pour autant avoir trouvé la recette miracle de l'album transcendant, envoie quelques bons obus dans la face.
C'est le cas de "Birth Of Evil" un titre qui oscille entre riffs relativement hypnotiques, tranchés dans le hard core agressif et le thrash / death très groovy, à la Sepultura parfois, période après le départ des frangins. Sur ce titre c'est beaucoup dans la batterie que l'impression de Sepultura se fait le plus sentir, car le riff principal est très pesant et offensif, il ne lui manquerait pas grand chose au niveau de la production pour lui permettre de rejoindre des bombardiers à la Bolt Thrower.
C'est d'ailleurs le même constat qu'on peut se faire sur "O.L.T.D". Et à l'arrivée, même s'il n'y a pas particulièrement de défaut, c'est ce qu'on pourra sans doute se dire : qu'une production plus puissante aurait décuplé par dix la puissance de l'album. Quelque chose de plus lourd et massif par exemple.
Mis à part cela, le parallèle évident que l'on peut faire c'est que la volonté de mettre en avant le thème de la guerre sur l'artwork se ressent tout de même avec facilité dans la musique de Kam Talium.
Ce qui est intéressant, c'est que l'on parle souvent de thrash moderne, mais à l'arrivée c'est constamment du metal mélodique qui en ressort. Alors qu'ici, avec ces incursions death et core, Kam Talium amène facilement ses riffs, et on peut volontiers parlait d'évolution de thrash ou de thrash moderne. On écoute les morceaux et on peut supposer qu'ils ont écouté pas mal de thrash américain, ainsi que les ténors du barreau que sont le Big Four, mais également les seconds couteaux.
Accompagnés par un bon vocaliste dans ses rangs, Kam Talium envoie le bousin comme il se doit, c'est sec.
La chose que j'ai trouvé la moins attractive dans tout cela, c'est cet attrait un peu core dans les morceaux, largement accentué par les paroles en français notamment sur "Deterrent Power", qui au lieu de donner de la profondeur au titre lui enlève son efficacité pour entrer dans un moule trop usité ces dernières années.
Alors oui, la rage et la hargne sont bien présentes sur cet album, il n'y a qu'à écouter "Quest Of Memory" pour s'en persuader, mais effectivement les rythmiques sont un peu trop similaires, même si la puissance est là, la redondance lui porte préjudice et forcément cela s'en ressent sur l'ensemble de l'album.
Du coup, l'album s'apprécie assez rapidement dans ses débuts, mais arrivé aux trois quarts, il a tendance à s'essouffler un peu et le manque de gros changements, de variations salvatrices lui fait défaut. On passe plus rapidement le dernier tiers jusqu'à la bouffée d'air frais offerte par "Brave Your Fate", un instrumental totalement magnifique à l'esprit guerrier et patriote. Un instrumental d'une grande intensité dans sa simplicité. Et grâce à ce genre d'interludes, l'attention se repointe. Kam Talium aurait dû plus agrémenter son album de passages comme "Brave Your Fate", soit en morceau seul, soit dans les titres eux-mêmes. Parce que grâce à ça, le dernier titre "The Enola Day", même s'il ne diffère pas beaucoup du reste, se digère beaucoup mieux et la rythmique de motoculteur du morceau s'apprécie d'autant plus.
Alors pour un premier album, c'est effectivement honorable, mais il va falloir faire beaucoup mieux au prochain CD pour pouvoir tirer son épingle du jeu...
“Make Us Stronger”
Note : 11/20
Formé en 2005 dans le Nord de la France, Kamtalium nous propose son premier essai "Make Us Stronger" composé de 7 plages. Le CD démarre par le titre "The Abyss"
et une intro quelque peu désuette et dispensable, les arrangements ayant
certainement mérités plus d'amplitude et introduit quelque peu maladroitement
l'opus. Passé les 2m15 des frasques presque insupportables (une guitare s'accorde sur les 6 cordes...) le couplet nous entraîne vers un metalcore pas
dégueulasse, façon grosse machine US mais le refrain arrive avec toujours cette
gamme et cette guinche dissonnante à mes oreilles. Dommage car, quand le jeu se
met au niveau, on prend un certain plaisir, les Ardennais exploitant alors des
parties plus jumpissantes quasi infaillibles pour nous amener sur un final
beaucoup plus souple rythmiquement pour un titre long de près de 8 minutes. On
s'attaque alors à l'éponyme "Make Us Stronger", morceau qui nous montre une
facette beaucoup plus propre du groupe, alliant simplicité et efficacité, le
genre de titre qui doit faire mouche dans la fosse. "One's Future" partira
sur les mêmes bases, avec une nouvelle couleur vocale et son refrain en voix
clair redoutable, et là patata, rebelotte avec la guitare qui se tente un solo,
malencontreusement sans âme, dû à priori à une faiblesse technique sautillante
à mes esgourdes. Et là, je me dis que Kamtalium n'est jamais aussi efficace que
quand il fait les choses simplement, "Un Monde De Hyènes", en est la preuve,
Skyler délivrant alors son premier texte en Français du EP. Alternant chant glutural
et phrasé hip hop me rappellant alors pour ce style Fabrice d'Oneyed Jack, le
combo mouline un néo compacte façon Slipknot époque "Iwoa". "Inside Me" se
montre plus "down" et posé, exploitant le côté malsain à priori recherché sur le l'intro du premier titre, nous plongeant dans le déchirement et la douleur habilement
mis en avant par un chant qui semble sortir des vicères. L'acalmie
atmosphérique se finit et on prend alors "Amorce" directement dans la gueule,
énergie brute et concise, reprennant des codes qu'ont instauré Chimaira, Lamb Of
God ou encore Devil Driver. "Ma Carapace" finit le travail, affirmant la face
hétéroclite des Ardennais avec une gouache bondissante, nous envoyant un son
plus "frenchcore" dans l'esprit. Un premier EP donc honnête grâce à un chanteur
talentueux et certains titres ("Make Us Stronger", "Amorce") qui montrent la voie
à suivre, pour le reste, seul le travail le comblera.
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