"Kalmah"
Note : 19/20
La traque de Kalmah reprend. Créé en Finlande en 1998, après une première série de cinq
démos sous le nom d’Ancestor, le groupe est mené par les frères Antti (guitare, ex-Eternal
Tears of Sorrow) et Pekka Kokko (guitare/chant, ex-Eternal Tears Of Sorrow live)
Complété depuis par Timo Lehtinen (basse, Clown Parade, Deimhal, ex-Catamenia),
Janne Kusmin (batterie, Clown Parade, Deimhal, Wrathage, ex-Catamenia) et Veli-Matti
Kananen (claviers, Fleetburner, Violet Sin, ex-Vintergata), le groupe annonce en 2023 la
sortie de "Kalmah", son neuvième album.
"Haunted By Guilt", le premier morceau, nous replonge immédiatement dans cette
atmosphère épique et agressive nourrie par une rythmique martiale à laquelle s’ajoutent des
leads motivants et des hurlements sauvages. Le groupe joue également sur les
accélérations soudaines et les riffs saccadés pour créer des sonorités accrocheuses, tout
comme sur "Veil Of Sin", un morceau plus sombre et inquiétant qui conserve l’approche froide
et mélodieuse. Impossible de ne pas se laisser emporter par l’instrumentale vive et
énergique soutenue par des claviers aux sonorités mystiques, qui nous mène à "Scarred By
Sadness", un titre qui invoque des tonalités mornes avant de nous écraser avec sa rage
soudaine. Les leads dissonants apportent une touche mystérieuse à la charge brute et aux
riffs imposants complétés par une batterie efficace, créant un contraste extrêmement
savoureux avant que "No Words Sad Enough" ne propose un son ouvertement mélancolique
en compagnie de violons. Beaucoup plus lente, mais tout aussi intense, la composition nous
permet de souffler tout en nous envoûtant avec un mélange lancinant, mêlant passages
saturés lourds et parties plus douces avant que le refrain ne vienne nous hanter avant de
nous relâcher sur "Serve The Untrue", un titre qui repart dans les sonorités brutes et
énergiques avec des riffs saccadés.
A nouveau, les leads entêtants se mêlent habilement à
la rythmique solide et fédératrice tout en leur apportant une dimension mystique avant de
s’éteindre pour laisser place à "Home Sweet Hell", un titre majestueux au premier abord, qui
ne manquera pas de placer une base martiale sur laquelle guitares et claviers développent
des mélodies enthousiastes. On notera également une accélération aux influences thrash,
suivie par "Tons Of Chaos", un morceau qui laisse sa rythmique se déchaîner sous des leads
galvanisants qui pourront sans aucun doute mener les mouvements de foule. Ne croyez pas
que le break va apaiser l’atmosphère, car la charge reprendra très vite à grand renfort de
choeurs guerriers avant de freiner à nouveau pour "Red And Black" et son introduction
planante. Mais une fois de plus, la saturation viendra donner une touche énergique à ces
mélodies qui ne manquent pas de créer un contraste au sein des tonalités entraînantes,
laissant également un sample de bataille nous mener jusqu’au final, puis jusqu’à "Taken
Before Given", une composition annoncée comme l’une des plus anciennes du groupe, qui
met ses racines thrash à l’honneur. Riffs effrénés, énergie pure et hurlements viscéraux
s’allient pour faire du titre l’un des plus bruts, mais le groupe ne laisse pas l’agressivité
rogner sur la complexité des leads, avant que "Drifting In A Dream" ne vienne refermer l’album
avec une approche plus lente et pesante, combinant des sonorités lourdes avec des touches
plus douces pour nous faire remuer le crâne une dernière fois.
Comme à chaque fois, Kalmah nous capture entre ses riffs accrocheurs, nous brise la
nuque avec des hurlements sauvages et nous lacère grâce à des mélodies intenses.
"Palo"
Note : 19/20
ENFIN ! Les Finlandais de Kalmah nous parlaient depuis quelques mois déjà d’un nouvel
album, que tous les fans de death mélodique attendaient avec une impatience non
dissimulée. Aucun changement dans le groupe depuis 2012 : les frères Antti Kokko
(guitare) et Pekka Kokko (chant / guitare) mènent toujours la barque, accompagnés de Timo
Lehtinen (basse), Janne Kusmin (batterie) et Veli-Matti Kananen (claviers). Peu après
"Seventh Swamphony" (2013) et des dates un peu partout dans le monde (boudant au
passage royalement la France une fois encore), le groupe se penche sur la composition de
"Palo", sa nouvelle petite merveille. Je pense que leurs riffs seront plus éloquents que mes
mots.
On débute avec un slide de guitare sur "Blood Ran Cold", un titre que le groupe nous avait
déjà dévoilé il y a quelques temps avec un clip vidéo. C’est donc la rythmique furieuse et
bourrée d’harmoniques que nous retrouvons, avec la voix imposante de Pekka et les
orchestrations magiques de Veli-Matti qui donnent une saveur particulière au groupe. Un
peu plus martial, le deuxième single "Evil Kin", écrit par les frères Kokko en 1991 alors que
le groupe s’appelait encore Ancestor, sera peut-être comparé par les puristes avec leur
compatriotes de Children Of Bodom, mais c’est bien la patte de Kalmah que l’on apprécie
qui s’étale sur des riffs. Si vous pensez que l’album est excellent avec simplement deux
titres, je vous laisse profiter de "The World Of Rage". Une introduction qui mélange claviers et
basse pour débouler en trombe avec un hurlement ravageur et un blast démentiel. Le chant
est également plus criard sur certaines parties, mais le combo maîtrise parfaitement son art,
pour notre plus grand plaisir.
"Into The Black Marsh" est une pure machine à headbang, avec une rythmique millimétrée et
quelques harmoniques bien senties, alors que "Take Me Away" arrive plus progressivement.
Beaucoup plus centré sur la guitare lead, ce titre n’hésite pas à passer un break en son
clair entre deux refrains saturés pour plus d’impact. Le solo est particulièrement bien réussi.
On revient sur un style plus direct avec "Paystreak", sur lequel on reconnaît instantanément la
patte du groupe. Toujours plus inspirés, les Finlandais mélangent toutes leurs capacités pour
arriver à un résultat qui mélange une mélodicité poussée à l’extrême avec une rythmique
puissante et qui rentre parfaitement en tête. Si "Waiting In The Wings" commence de manière
très calme, les musiciens reviennent rapidement sur une vitesse et une puissance
comparable à un ouragan, et même si quelques ambiances gothiques s’invitent à la fête,
c’est le death mélodique qui est à l’honneur avec cette composition.
"Through The Shallow Water" est l’exemple typique de la différence qui existe entre death
mélodique suédois et finlandais. Si j’adore les deux styles, ce morceau (qui met la basse à
l’honneur) est une pure pépite qui ne laisse aucun doute sur sa provenance, avec un son
cristallin comme on l’aime. Pour "Erase And Diverge", il est impossible de ne pas se croire en
plein milieu d’une tornade, tant les riffs abondent de toute part, avec toujours des
harmoniques lacérantes et des frappes habiles à la batterie. Les frères Kokko sont nés pour
travailler ensemble, et la preuve ultime de cette déclaration est "The Stalker". Leur complicité
se ressent à travers leur jeu et surtout les parties en son clair, sur lesquelles ils jouent tous
les deux, transcrivant une émotion palpable.
Vous êtes rassasiés ? Moi non plus. Le seul défaut qu’a cet album, c’est de n’avoir que dix
titres, pour seulement trois quarts d’heure de pur death mélodique finlandais. Espérons
que Kalmah vienne rapidement défendre cet album, et leur entière réputation à travers
l’Hexagone pour quelques shows qui seront complets sans aucun souci.
"Seventh Swamphony"
Note : 14/20
Trois ans après "12 Gauge", qui avait reçu de bonnes critiques auprès de la presse et des fans du groupe à sa sortie, les Finlandais de Kalmah sont de retour avec un septième opus, "Seventh Swamphony", produit par Jens Bogren, qui a notamment travaillé avec Opeth, Katatonia, Symphony X, Amon Amarth ou encore Soilwork. Leur musique évoluant dans un style mêlant à la fois death mélodique, thrash, heavy ou encore speed metal n’est pas sans rappeler les groupes du genre tout droit venus du Nord tels que Children Of Bodom ou Wintersun. Mais Kalmah s’est crée son propre univers au fil des années, reste à découvrir si "Seventh Swamphony" sera à la hauteur des exigences de leurs fans au cours des 40 minutes imparties à ce nouvel opus.
On démarre sur "Seventh Swamphony" avec un titre très thrash d’entrée de jeu, mélodique et puissant, la batterie se veut efficace et les riffs de guitare incisifs, le clavier ajoute une dynamique au morceau et se fond très bien parmi les autres instruments. Le chant de Pekka Kokko ajoute de la puissance à l‘ensemble. On enchaîne avec "Deadfall", un titre très mélodique et très efficace, aux sonorités death mélodique sur fond de heavy, sur lequel Antti Kokko nous offre un superbe solo de guitare en milieu de piste, un très bon titre qui reste facilement en tête. "Pikemaster" est énergique, plus violent, le jeu de Janne Kusmin à la batterie est sobre mais puissant, Antti nous offre un nouveau solo impressionnant d’efficacité, de technique, de maîtrise et de durée (près d’une minute !!), un titre très entraînant qui se démarque des autres. "Hollo" est quant à elle un peu plus lente, plus épique, tranchant avec l’aspect plus puissant et brutal des pistes précédentes. Le chant est tantôt plus clair, tantôt orienté "death", "Hollo" oscillant ainsi entre du Amorphis et des groupes comme Turisas. On change à nouveau de rythme avec "Windlake Tale" avec un retour à un thrash puissant teinté de heavy / speed, tant au niveau de la batterie, rapide et efficace, que des guitares qui ajoutent une touche mélodique au morceau. La moitié de l’écoute est déjà écoulée, et pour ce cinquième titre, sur les huit à peine qui composent cet opus, on peut dire que celui-ci se révèle un peu en deçà des autres malgré quelques parties tout de même bien fichues et énergiques.
Les influences thrash apparaissent de nouveau sur "Wolves On The Throne", un titre très catchy, mais aussi mélodique sur lequel les passages au clavier et à la basse sont très bien mis en valeur. Les riffs de guitares sont simples et assez basiques, Antti Kokko nous offre vers la fin du morceau un solo très remarqué et bien effectué. C’est assez efficace, un bon morceau dans l’ensemble mais il manque un petit quelque chose qui le rend vraiment accrocheur. "Black Marten’s Trace" est ultra puissant et efficace, avec ses mélodies accrocheuses, ses riffs incisifs, la batterie qui frappe vite et bien et au jeu ultra rapide, les guitares sont toujours aussi entraînantes et les parties très bien exécutées. On y retrouve des sonorités quasi black metal par moments, l’un des meilleurs titres de cet album, au même niveau que l’éponyme "Seventh Swamphony". L’album s’achève sur "The Trapper" avec un dernier morceau un peu plus lent, à la mélodie plutôt entraînante et comportant des riffs assez accrocheurs. Un titre bien fichu aux parties de guitares efficaces, sans oublier un solo toujours aussi bien effectué et rendant l’ensemble très mélodique, mais qui n‘apporte rien de plus à l‘ensemble de ce nouvel opus.
Kalmah nous offre un album de bonne qualité, le son est très bien produit et les compositions bien écrites, l’ensemble est assez accrocheur, nous proposant quelques très bons titres, les musiciens ont eux un jeu assez carré et propre. Malgré cela, "Seventh Swamphony" se révèle un poil au-dessous de son prédécesseur, les quelques titres et passages très efficaces et accrocheurs de l’album se suffiront pas à en faire un album exceptionnel. Les fans de death mélodique scandinave mêlé au thrash devraient cependant y trouver satisfaction, "Seventh Swamphony" reste très agréable à écouter, et nous fait passer un bon moment tout au long de ces quarante minutes d’écoute.