Le groupe
Biographie :

Kadavar est un groupe de rock allemand formé en 2010 à Berlin. Leur style de musique est inspiré, entre autres, par Black Sabbath, Pentagram, Hawkwind et Led Zeppelin et est souvent qualifié de rétro tout comme leurs codes vestimentaires. En 2014, le groupe joue au festival South by Southwest à Austin, au Hellfest à Clisson et au Desertfest à Anvers. Kadavar compte cinq albums à son actif, "Kadavar" en 2012 et "Abra Kadavar" (2013), "Berlin" (2015), "Rough Times" (2017) et "For The Dead Travel Fast" sortis chez Nuclear Blast.

Discographie :

2012 : "Kadavar"
2013 : "Abra Kadavar"
2015 : "Berlin"
2017 : "Rough Times"
2019 : "For The Dead Travel Fast"


Les chroniques


"For The Dead Travel Fast"
Note : 17/20

Que ce soit au niveau musical ou vestimentaire, Kadavar incarne avec fierté le renouveau du rock psychédélique des années 70. Ces derniers sont d'ailleurs très influencés par Black Sabbath ou Hawkwind, pour ne citer qu'eux. A ses débuts, Kadavar sent la vieille Ford décapotable ou la Harley, l'huile de vidange et les longues virées dans la chaleur écrasante du désert de Sonora. Un son donc assez rugueux qui en fait un bon gros rock de bikers. La voix est travaillée avec un petit effet de réverbe et subit une légère mise en retrait par rapport aux instruments. Ce mélange de rock direct, simple mais efficace, et le mixage de la voix donnent cette touche rétro qui caractérise Kadavar. Le deuxième opus, "Abra Kadavar", suinte de cette atmosphère et comporte d'excellents morceaux - toujours très attendus en live - tels que "Come Back Life", "Doomsday Machine", "Liquid Dream"... qui sont presque tous des hits.

Depuis leur explosion sur le devant de la scène dès leur premier album éponyme en 2012, les barbus de Kadavar nous régalent les tympans d'une musique qui n'est pas aussi simpliste qu'elle n'y paraît. Trois musiciens dans cette aventure. La première fois que l'on voit Kadavar, les vêtements bariolés et d'un autre temps suscitent la crainte d'avoir affaire à un groupe assez kitsch. Le chanteur fluet au look hippie, Christoph "Lupus" Lindemann, le grand et sombre bassiste Simon "Dragon" Bouteloup (arrivé sur l'album "Berlin") et enfin, la réincarnation humaine d'Animal du Muppets Show, le batteur fou Christoph "Tiger" Bartelt. Mais ce trio de personnalités affirmées brille par ses prestations scéniques extraordinaires. Grâce à une configuration en ligne qui nous permet de profiter pleinement du jeu de chaque artiste, des jeux de lumière étudiés, les yeux exorbités et les cheveux de "Tiger" volants au vent(ilo), la basse de Dragon résonnant lourdement ainsi que la voix résonnante de Lupus, font un cocktail détonant qui invite à la transe extatique. C'est le remède magique de ce groupe allemand : une apparente simplicité qui, dans les faits, nous choppe et nous embarque pour un voyage cosmique inattendu.

Au fil du temps et des albums, Kadavar évolue doucement mais sûrement. Bien que le style ne change pas fondamentalement, il a pourtant su affiner ses compositions en se concentrant sur les mélodies. Délaissant légèrement son approche brute des débuts, au profit de mélodies plus évolutives et encore plus adaptées à un show live progressif. "Berlin" (2015) est sans doute l'album que l'on pourrait qualifier de transitoire. Comportant tout de même quelques très bon titres, il n'est cependant pas non plus l'album le plus percutant du groupe. En revanche il permet de voir l'évolution musicale s'opérer en se délestant sensiblement du côté rugueux initial. C'est avec "Rough Times" (2017) que le groupe met un pavé dans la mare. Le rock psychédélique de Kadavar prend une bonne dose de testostérone ! L'explication : un incroyable son de basse ! Tellement lourd que les cordes semblent complètement distendues. Avec ce côté beaucoup plus dur, le combo bascule dans un rock plus agressif, plus stoner, plus doom même. En parallèle, le côté psychédélique a lui aussi été largement développé et on sent plus que jamais le space rock de Hawkwind planer sur cet album. Des compos donc plus ciselées, plus vibrantes, plus catchy. Grâce à "Rough Times", Kadavar balaie du revers de la main un "Berlin" un peu trop sur la réserve. Octobre 2019, voilà qu'éclot la dernière fleur noire hallucinogène du groupe, "For The Dead Travel Fast".

A la révélation de la pochette de l'album ainsi que des diverses photos promotionnelles, on a compris que Kadavar affirmait plus que jamais sa direction musicale. L'esthétique de la pochette en dit déjà beaucoup sur l'objet musical qui se cache en dessous. Couleurs fanées bordeaux, bleues, beiges et noires se mêlent pour créer un sentiment d'intemporalité. Est-on dans les années 60 ? 70 ? Ou même à une époque encore plus ancienne ? Et où exactement ? Un château aux multiples tours, et ressemblant étrangement à celui du célèbre Vlad Tepes, se détache de la grande colline. En contrebas, les musiciens sont accoutrés de costumes très typés qui rappellent des personnages sombres de diverses époques. Comme le chapeau médiéval des chasseurs de sorcières pour Christoph "Tiger", l'élégant costume noir et les gants de cuir de Simon "Dragon" façon shérif pourri jusqu'à la moelle et enfin, Christoph "Lupus" voyageur patibulaire au long manteau noir. Avec "For The Dead Travel Fast", Kadavar rééquilibre le nombre de titres à 9 contrairement aux deux derniers qui en comprenaient jusqu'à 12 pour "Berlin". Le groupe se recentre pour délivrer une oeuvre plus cohérente sans s'embarrasser de plus de titres inutiles.

L'opus débute sur un morceau intitulé "The End". Plus précisément, "The End" est plutôt une longue introduction qui sert de mise en ambiance. Au loin, le souffle du vent - que l'on devine glacial - un gimmick de guitare au son ultra vintage, et enfin la voix de Christoph "Lupus" très lointaine, amènent en douceur le très heavy "Devil's Master". Première impression : le son de Kadavar n'a jamais autant sonné rétro vintage que sur cet album. Ce qui est assez incroyable, c'est d'avoir réussi à restituer ce son si spécifique à tel point qu'on croirait avoir entre les mains un album mixé dans les années fin 60 début 70. On note une multiplication des effets de réverbe sur la voix de Lupus qui lui confère une aura envoûtante et intensifie l'ambiance psychédélique. Bien que la basse soit moins grasse que sur "Rough Times", elle n'en ait pas moins bien présente et ne perd pas d'intensité dans la puissance du son stoner. "Evil Forces" est sans doute le morceau le plus hard rock de l'album. Rythmé avec le solo de guitare de rigueur et agrémenté en fin de morceau d'un riff de batterie, court mais jouissif. La voix nasillarde et haut perchée de Lupus enrobe le tout. Quant à l'intro et les couplets de "Children Of The Night", ils ne sont pas sans rappeler Black Sabbath grâce à un mid-tempo doomesque. Mais sur les refrains, Kavadar passe à un tempo plus rapide et étonnant qui sonne incroyablement comme Ghost. Ces riffs apportent tout de suite un côté plus léger et très catchy tout en contradiction subtile avec le reste du morceau. Avec son ambiance si théâtrale et Alice Cooperienne, "Children Of The Night" accompagnerait bien un bon vieux Roméro. Au fil des morceaux, Kadavar remonte les années jusqu'à presque toucher les années 60 avec ses chorus aériens dans "Dancing With The Dead". Avec habilité, le groupe nous emmène en voyage dans le temps, en misant sur une production so vintage mais pourtant tellement actuelle. Les effets de réverbe sont de plus en plus poussés et finissent par épouser tous les instruments. A tel point que sur "Poison" et "Demons In My Mind", les coups de baguettes de Tiger résonnent lourdement et longuement, surmontés par les échos et l'effet fuzz de la guitare. Sur la fin de "Demons In My Mind", la montée progressive est carrément jouissive. Sûrement mon morceau préféré de "For The Dead Travel Fast". L'album termine sur deux mid-tempos totalement astraux. Sur le bien nommé "Saturnales", la guitare est céleste et Lupus démontre une nouvelle facette de sa voix qui se révèle délicate et fantomatique à souhait. L'orgue, présent en touche sur la plupart des morceaux, et ici très largement exploité ajoutant encore plus à l'imagerie seventies théâtrale que pouvaient dégager des concepts musicaux comme "Welcome To My Nightmare" ou "Ziggy Stardust And The Spiders from Mars".

"For The Dead Travel Fast" n'a pas à rougir devant "Rough Times" ! Kadavar n'a rien perdu de sa lourdeur malgré une basse moins "crachante". Au contraire, grâce à une plongée totalement assumée dans le mysticisme des seventies, la créativité de l'écriture des morceaux s'est développée et enrichie d'une atmosphère éthérée. Moins répétitive qu'à ses débuts mais modelée de nombreux effets sonores, la musique de Kadavar reste hypnotique et euphorisante. De toute évidence, ces titres promettent de prendre toute leur ampleur en live. Ce voyage parmi les morts a permis à Kavadar de déterrer tous les fantômes occultes du passé.


Miss Bungle
Octobre 2019




"Rough Times"
Note : 17/20

Si vous êtes nostalgiques, je connais le remède. Il se nomme Kadavar, et je vous jure que vous allez prendre trente ans dans la face ! Mais en arrière. Fondé en 2010 par Christoph "Tiger" Bartlet (batterie) et Philipp "Mammut" Lippitz (guitare), ce dernier laissera finalement sa place la même année à Christoph "Lupus" Lindemann (guitare / chant) pour finalement quitter le groupe en 2013, cédant sa place à Simon "Dragon" Bouteloup (basse). Le groupe enchaîne album sur album depuis 2012, et "Rough Times", qui est sorti il y a à peine quelques jours, est clairement le plus abouti. Autant au niveau du mix que de la voix, on sent que la maturité s'est emparé du hard rock / stoner des Allemands. L'inspiration directe de Black Sabbath et Pentagram se fait sentir.

Le premier titre, "Rough Times", qui corrobore avec la pochette à l'aspect glauque du disque. Si le son est parfait, la basse de Dragon est mise en avant pour un rendu lourd, en contraste avec la voix de Lupus, qui est plus claire que jamais. "Into The Wormhole" reprendra ces riffs gras et saturés pour séduire un public de connaisseurs, alors que la surprise arrivera avec "Skeleton Blues" et son hard rock psychédélique comme on en entendait dans les années soixante-dix où quatre-vingt. L'héritage de cette époque malheureusement révolue nous arrive en plein visage, alors que les Allemands s'en donnent à coeur joie. Même si "Die Baby Die" est un titre connu depuis quelques temps grâce à YouTube et au teasing de Nuclear Blast, il est toujours plaisant d'écouter un titre aussi rafraîchissant. Aussi énergique que motivant, ce titre nous fera tous fredonner, alors que "Vampires" se fait plus planant et atmosphérique. Beaucoup moins lourde, cette composition tranche un peu avec le style du groupe. "Tribulation Nation" débute par un sample inquiétant avant d'arriver sur des riffs lointains qui sonnent presque progressifs. L'avancée dans la rythmique est tangible, et ce n'est pas "Words Of Evil" qui me fera mentir. Basée sur des sonorités que l'on croyait réservées aux groupes de plus de 30 ans d'existence, ce titre ne nous fera clairement pas rajeunir. "The Lost Child" et son sample introductif peut déstabiliser, mais s'inscrira parfaitement dans la logique de composition du groupe. Cependant, une fois que le titre a démarré, les claviers sont légion, mais je vous conseille d'attendre le refrain pour vous faire une réelle idée. "You Found The Best In Me" est clairement le titre le plus édulcoré de l'album, mais saura séduire par sa simplicité, alors qu'"A L'Ombre Du Temps" intriguera dès le début. Une voix claire calme nous parlera en français, alors que la rythmique arrive peu à peu. Très différent, mais clairement une excellente introduction de scène.

Comme je vous l'avais dit, cet album s'inscrit dans une démarche de maturité de la part du groupe. Les Allemands de Kadavar maîtrisent clairement leur son, et le mix est réellement démentiel. Leur créativité oscillant entre récupération de riffs d'il y a trente ans et innovations est visiblement loin de se tarir, et s'ils ont commencé le Hellfest en bonne place en 2014, ils sont assurés d'y être invités à nouveau lors des prochaines éditions !


Matthieu
Octobre 2017




"Berlin"
Note : 10/20

Le trio classic rock allemand Kadavar revient vite se rappeler à notre mémoire avec un troisième album dans sa besace. Les barbus, qu'on croirait sortis d'un vortex temporel depuis les 70's, enchaînent les albums depuis la formation du Cadavre en 2010 et les tournées filent comme sur une autoroute. La passion qu'a le groupe allemand (mais dont le bassiste est français) pour le rock vintage se voit et se ressent dans "Berlin", ville d'où est originaire Kadavar, influencé par Led Zeppelin ou Thin Lizzy entre autres.

Ca commence très bien avec l'entêtant "Lord Of The Sky", à la saveur très Thin Lizzy avec ses guitares rutilantes et les intonations Lynottiennes du chanteur Christoph "Lupus" Lindemann. La suite est un peu moins intéressante et malgré tout le respect dû au groupe, Kadavar va s'enliser dans une conformité saoulante et une platitude déconcertante. Leur rock 70's n'est pas mauvais. C'est juste qu'il est générique et ne décolle simplement jamais. Kadavar reste beaucoup trop timide, il ne convainc jamais pleinement. Le groupe ne fait qu'appliquer ses leçons comme un brave petit écolier mais jamais l'étincelle de génie n'enflamme la pièce. L'album s'écoute tout seul et passe distraitement sans qu'on ne décolle de notre chaise, frappé par un éclair de génie. On avoue même s'ennuyer franchement passé le quatrième ou cinquième morceau.

Tout n'est pas à jeté dans "Berlin". Il faudra attendre la fin du disque pour sortir de notre torpeur, ce qui, arrivé à ce stade, sera bien trop tard pour nous donner une appréciation favorable pour l'album mais relevons les bons points malgré tout. "Circles In My Mind", électrisant et sautillant, redonne de la pêche à l'auditeur avec quelques riffs bien pensés. Et le rythme fougueux de "Into The Night" et ses claviers finaux pompeux rehaussent la qualité du disque. Quelques petites trouvailles de ci de là sont à noter : "The Old Man" est un morceau sympathique avec des licks de guitares guillerettes et un bon refrain. On apprécie aussi "Spanish Wild Rose" où le groupe se lâche et se montre un peu plus inspiré et personnel.

Un album sans aucune originalité (pléonasme lorsque qu'on parle de classic rock, on vous l'accorde, disons plutôt, sans aucune once de folie) ni grande conviction parsemé de quelques belles idées, voilà tout ce que nous retiendrons de "Berlin". Kadavar est capable de faire mieux qu'un copier-coller édulcoré des œuvres de ces glorieux pères, il le prouve parfois, mais cela reste insuffisant.


Man Of Shadows
Septembre 2015




"Abra Kadavar"
Note : 17/20

Deuxième album tout frais sorti et voilà déjà que la KADAVARmania ne cesse de se répandre. Mais qui sont donc ces trois barbus venus d’un autre temps ?

Composés de Christoph Lindemann au chant / guitare, Mammut à la basse et Tiger à la batterie, le trio berlinois puise ses inspirations dans les années rock psyché par excellence, pour nous délivrer des sonorités stoner rock à l’ancienne combinées d’éléments hard rock plus modernes. Des riffs à la fois puissants et bluesy dans une ambiance "flower power" en font un groupe aux influences fortes sans contrefaçon.

Gilet de velours revêtu avec classe, pantalon patte d’eph de mise et pilosité soignée, un niveau musical sans équivoque, les trois hommes de Neandertal ont décidemment l’intégral pour captiver. Déjà très convoités dès la sortie de leur premier album éponyme en 2012, ils ne cessent d’écumer les pages de la presse musicale. L’intrigant charisme du trio ne les empêchant d’être de véritables gentlemen, ils multiplient volontiers les interviews dans lesquelles on découvre les nombreux tumultes croisés en à peine un an. Un changement soudain de bassiste pour cause de rythme trop soutenu peu liable avec une vie de famille, flambeau repris dignement par l’un des membres d’Aqua Nebula Oscillator, puis une tournée annulée aux Etats-Unis faute de visa… Des contretemps qui n’entravent en rien la motivation et l’originalité du groupe qui en profite alors pour tourner le clip de "Come At Life", en plein désert.

Une persistance dignement récompensée quand on note les éloges qu'a reçu le premier Kadavar sorti chez Tee Pee Records et This Charming Man Records. Partis sur une si bonne lancée, c’est à peine quelques mois après qu’apparaît "Abra Kadavar", un deuxième opus édité cette fois chez Nuclear Blast en Avril dernier. La réception est immédiate et l’album se place déjà dans les meilleures ventes stoner.

Neuf titres plus psychédéliques les uns que les autres, ici le gros du travail se situe dans le grain et le groove des 4/6 cordes et dans un jeu de batterie ma foi… sensationnel. Pour les avoir découverts lors de leur première apparition en France, j’assure que tout est peaufiné au millimètre près avec cette sincérité quasi-palpable. Authentiques dans leurs affections et magnétiques à souhait, leurs compos se forment autour de riffs aux sonorités incandescentes qui respirent la la vieille école, escortés par une basse manifeste bien ronde. La voix à la couleur atypique de "Wolf" Lindemann se pose enfin on ne peut mieux sur le style musical ressorti du fond des tiroirs. Des composants d’une simplicité à toute épreuve mais d’un niveau supérieur.

Du psyché donc, du riff poudreux, puis des ambiances plus célestes qui s’invitent sur certains titres : "Rhythm For Endless Minds" et "Abra Kadavar", où les jeux d’éléments synthétiques et la réverb es’en donnent à cœur joie pour appuyer le côté LSD du genre.

En bref, ils en font un beau bordel à trois et Abra Kadavar se pose en maître pour appuyer mes dires. Kadavar, ou la bouffée d’air d’un renouveau rock psyché version 2013.


Angie
Juin 2013


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/kadavarofficial