Quatre ans après son tout premier album, le Suédois Jay Smith (je sais, vu le nom on dirait pas) remet le couvert avec "King Of Man", galette sortie chez nos amis scandinaves en Décembre dernier et qui a jusqu’alors remporté un franc succès dans cette contrée capable de nous pondre des groupes aussi mythiques que différents (d’un côté  ABBA, Ace Of Base, The Cardigans ou encore Neneh et Eagle-Eye Cherry, et de l’autre des trucs comme Soilwork ou encore Opeth). Là vous vous demandez qui est Jay Smith et vous avez bien raison car cela n’est pas si évident que ça ! L’ami Jay est le gagnant de Swedish Idol cuvée 2010, sorte de version ô combien plus attrayante que la merde que l’on nous sert en France sur le service public.

Pourquoi s’intéresser à ce fier guerrier venu du froid ? La raison est simple : là où, dans notre bel hexagone, on en trouve qui réussissent avec des reprises moisies de Stromae, Christophe Maé ou encore Amel Bent, Jay, lui, a décollé les tympans de ses acolytes en leur servant en final rien de moins qu’"Enter Sandman" de Metallica (et accessoirement du Elvis et du Bon Jovi pour les phases antérieures ! En même temps, il faut dire qu’il est plus que monnaie courante, durant ce type d’exhibition dans les pays scandinaves, de tomber sur des jeunes gens talentueux partageant l’amour de la vraie bonne musique et du maniement de la 6 cordes (je vous invite à regarder donc les émissions "Idols" sur YouTube pour la Suède et la Finlande, m’est avis que vous allez enfin aimer les télé-crochets…), je profite aussi de cette chronique pour en rajouter une couche, mais cette fois-ci, au profit des pseudos-"juges" sans réels talents qui sont censés briser les rêves des stars en herbe sans grande conscience artistique dans notre France de moutons. Là où on nous sert Lio (elle, une artiste ? Sérieusement ?), Marianne James (ok elle aime bien Iron Maiden, mais cela est-il suffisant pour se permettre de critiquer ?) ou encore Philipe Manœuvre (cette grosse tarte qui est soit disant le "monsieur rock" du pays mais qui, il y a plus de 25 ans, à ses débuts de journaliste, crachait sur les Ramones, Maiden, Thin Lizzy et tant d’autres. Comme quoi il n'y a pas qu’en politique qu’on retourne son perfecto à vitesse Mach 3). Il n’est donc pas étonnant qu’avec de tels juges, on en arrive à voir des apprentis chanteurs reprendre eux-mêmes d’anciens apprentis chanteurs, et il est dommage de ne pas avoir plus de gens avec de la légitimité pour ce genre d’exercice comme Manu Katché ou encore Manoukian. En face, en Suède, on a qui ? Anders Bagge (songwritter et producteur pour Céline Dion, Janet Jackson, Santana, J Lo ou encore le petit Iglesias), Layla Bagge Whalgren (songwritter de Céline Dion) et enfin Andreas Carlsson (songwritter de Britney, Céine Dion encore, Backstreet Boys, Def Lep, Bon Jovi, Paul Stanley, Europe...).Que des mammouths de la zic qui pèsent chacun plusieurs millions de disques vendus par artiste ! Forcement les dés sont jetés…

Bref, revenons-en quand même à ce brave Jay qui, même s’il a crié en son temps son amour pour le rock qui pique, n’a pas l’air sur cet opus de se désintéresser du reste non plus. On peut même dire qu’il signe avec ce second effort une galette des plus éclectiques, mêlant le rock, pour sûr, mais également le blues ("The Blues" justement, "Women" et son côté ultra dansant et puissant sur les refrains), le crooner ("Keeps Me Alive", ballade FM par excellence , "Ode To Death", "Sanctuary" et "Keep Your Troubles At Bay" sur une intro de Mission Impossible) et quelques autres styles dans lesquels il s’avère aussi surprenant que brillant avec sa voix de basse travaillée à la pierre ponce. Il fallait le faire, il l’a fait, et je ne peux me résoudre à croire que ce n’est pas sans connaissance de cause : "Cowboys From Hell", tel est le titre de la cinquième chanson de l’album, et celle-ci est tout sauf une reprise du tube de Pantera. Il s’agit bien là d’un pur southern blues / rock de redneck, teinté de guitare slide et créé sur mesure pour la voix caillouteuse de Jay. Concrètement, cet opus est bel et bien divisé en deux parties, à savoir tout ce qui est clairement FM avec peu ou pas de crunch dans les enceintes d’un côté  et, de l’autre côté, des choses un peu plus burnées, clairement axées sur un côté blues / rock. Remarquablement produit, ce second effort, bien qu’il ne révolutionne rien, a le succès qu’il mérite au pays d’ABBA et saura satisfaire les rockeurs les plus doux d’entre nous qui ont tendance à aimer les jolies voix.