Petite parenthèse acoustique au milieu de ce déluge de metal en fusion, avec le premier EP d'Ishtar. One woman band italien initié par la claviériste des groupes Adveniat Hiemns et Lust Notes, et pratiquant sur cette "Ombre" une musique éloignée de notre cher metal sur la forme, mais finalement proche de certains protagonistes de cette scène sur le fond.

Niveau ambiances on pourra effectivement se rappeler d'Empyrium, ou de certains travaux d'Ulver à l'écoute de la musique d'Ishtar, dominée par le piano et la guitare acoustique. Ces 20 minutes de musique distillent une sorte de mélancolie lumineuse, proposant un mélange à la fois torturé et apaisant à la fois. Une petite percée du soleil au milieu d'un ciel noir en quelque sorte, instillant de temps en temps un brin de nostalgie dans le tout. Cohérent puisque "Ombre" est visiblement inspiré par le thème des souvenirs entre autres, et on trouve effectivement de quoi voyager et se perdre dans d'autres univers ici. Alors bien entendu ça ne s'adresse pas aux brutes épaisses qui ne jurent que par le gore, les gros riffs et les gras qui tache. Mais malgré le côté néo folk acoustique on retrouve l'atmosphère brumeuse propre à certains groupes du Nord.

A écouter bien entendu sans distraction à porter d'oreilles, d'autant qu'on se laisse facilement porter par la beauté triste de la chose. Surtout que rester concentré 20 petites minutes sur une musique très sobre n'est pas surhumain, par contre ce n'est pas le genre de chose qu'on peut écouter tous les jours. Je pense que ça demande un état d'esprit particulier pour pouvoir se plonger là dedans, sans être poisseux ou extrêmement sombre, ces ombres risquent de vous filer entre les doigts si vous ne vous abandonnez pas totalement dans le monde d'Ishtar. Quoique le contraste que pourrait provoquer l'enchaînement d'un album de bourrins avec cet EP pourrait être intéressant (dans un style totalement opposé je vous invite à écouter le split Elysium / Monarch, dans le genre contraste violent ça se pose là). En tout cas en plein automne et avec l'hiver qui arrive c'est l'idéal, pour peu que vous n'ayiez pas déjà le cafard bien entendu.

Une première réalisation qui apporte déjà de belles choses, et qui nous prouve que sa génitrice sait créer un climat particulier à travers sa musique. Sur un album complet ça pourrait être intéressant de voir où Ishtar peut nous emmener, et ça permettrait par exemple aux esprits chagrins qui n'ont pas encore fait le deuil d'Empyrium (même si la musique d'Ishtar possède sa propre personnalité) de retrouver éventuellement quelques sensation similaires.