Le groupe
Biographie :

In This Moment, groupe californien de metalcore, est formé en 2005 par la chanteuse Maria Brink et le guitariste Chris Howorth. Le line-up se complète par l’arrivée de Jeff Fabb (batterie), Blake Bunzel (guitare) et Josh Newell (basse), qui quitte le groupe quelques mois plus tard et est remplacé par Jesse Landry. In This Moment se constitue rapidement une fan base grâce au succès de ses demos, ce qui attire l’attention sur eux du label Century Media Records. Le contrat est rapidement signé, et un premier album, "Beautiful Tragedy", voit le jour en 2007. Le succès arrive rapidement et permet au groupe de tourner avec Lacuna Coil au The Hottest Chicks in Metal Tour 2007, ou encore à la Ozzfest en 2007/2008, accompagnant entre autres Ozzy Osbourne, Megadeth et Rob Zombie. "The Dream", le deuxième album, fait entrer In This Moment dans le Billboard Top 200 en atteignant la 70ème place la première semaine de sa sortie. En automne 2009, Maria Brink et Chris Howorth annoncent la sortie d’un nouvel album pour 2010 : "A Star-Crossed Wasteland", finalement mis dans les bacs en Juillet. "Blood" suit en Août 2012, après un gros changement de line-up entre 2010 et 2011. Le cinquième album studio, intitulé "Black Widow", sort le 17 Novembre 2014, le premier sur le label Atlantic Records. Le sixième album, "Ritual", sort en Juillet 2017. L'album "Mother" sort le 27 Mars 2020.

Discographie :

2007 : "Beautiful Tragedy"
2008 : "The Dream""
2010 : "A Star-Crossed Wasteland"
2012 : "Blood"
2014 : "Blood At The Orpheum" (DVD)
2014 : "Black Widow"
2017 : "Ritual"
2020 : "Mother"


Les chroniques


"Mother"
Note : 10/20

Le retour de la formation de metalcore américaine la plus occulte est prononcé. In This Moment sort "Mother", son septième album. Créé en 2005, le groupe se focalise sur le duo Maria Brink (chant) et Chris Howorth (guitare / choeurs). Des musiciens sont recrutés, mais le line-up est instable sur les débuts. Aujourd’hui, ce sont Travis Johnson (basse / chant), Randy Weitzel (guitare / choeurs) et Kent Diimmel (batterie) qui complètent la formation. Les performances du groupe mettent en avant une scénique très prononcée, avec notamment la chanteuse, qui n’hésite pas à danser accompagnée de figurantes tout en hurlant. Quand à moi, je vous laisse avec l’album.

On débute avec "The Beginning - Interlude", un sample sur lequel la chanteuse parle et qui n’a pour but que d’introduire "Fly Like An Eagle" (reprise de Steve Miller Band). Le message est positif, la rythmique est entraînante, et le titre passe tout seul, que ce soit avec des riffs saturés ou simplement quelques percussions et des samples. Nouvelle pause avec "The Red Crusade - Interlude", qui s’axe vers les sonorités symphoniques et inquiétantes avant de nous lâcher sur "The In-Between", un titre qui met largement la vocaliste en avant, jusqu’à ce que les hurlements ne nous frappent de plein fouet. La rythmique explose également, offrant des passages violents et qui corroborent avec le texte, comme à chaque fois. Quelques choeurs sont également à prévoir. On passe à "Legacy", un titre beaucoup plus calme, mais qui fait progressivement naître une certaine rage dans l’instrumentale, et qui vient finalement habiter la partie vocale. Pas de hurlements, mais l’intensité est présente. "We Will Rock You" (reprise de Queen, évidemment) prend la suite, et le titre regroupe à la fois In This Moment, mais également Lzzy Hale d’Halestorm et Taylor Momsen de The Pretty Reckless. Une reprise féminine donc, et qui prouve que la puissance n’est absolument pas une histoire de testicules. Et on continue avec "Mother", le morceau éponyme. Une ballade mélancolique, mystique et qui reprend des éléments de gospel de et blues. Si les amateurs du groupe seront conquis, ce ne sera probablement pas le cas de tout le monde.

Autre titre déjà dévoilé, "As Above, So Below" renoue avec les éléments dérangeants, oppressants, et le groupe déroule une rythmique efficace et accrocheuse, mais qui reste simpliste. Même constat pour "Born In Flames", un morceau qui joue principalement sur l’ambiance pesante et des samples et quelques sonorités metal alternatif. On reprend le discours engagé du groupe avec "God Is She" et une rythmique plus lourde mais… le titre semble assez creux. L’ambiance n’est pas mauvaise mais il manque clairement quelque chose. Retour des sonorités propres au groupe avec "Holy Man" et un chant étouffé, mais si encore une fois le titre tourne tout seul, on peine à y accrocher plus qu’à une musique de fond. Deuxième collaboration de ce disque, "Hunting Grounds" a été réalisée avec Joe Cotela de Ded. Le titre bénéficie de quelques petits sursauts d’énergie, notamment grâce au duo vocal, mais on peine à entendre la rythmique, et c’est bien dommage. "Lay Me Down" prend la suite, mais le constat est encore une fois le même : tout est fait pour mettre en valeur la voix (et la performance scénique probablement) de Maria, qui vole par conséquent la vedette au groupe. Même si les riffs metalcore / metal alternatif reviennent par moments, ils ne font qu’accompagner la jeune femme dans son voyage vocal. Dernier morceau, "Into Dust" est encore une reprise. Et c’est le groupe de rock alternatif Mazzy Star que les Américains reprennent cette fois, en conservant ce côté ambiant et ces claviers omniprésents. Le groupe s’est clairement éloigné du metal, et offre cependant un dernier morceau sympathique et planant.

Que dire de "Mother"… Il semblerait qu’In This Moment ait décidé de s’ouvrir à une variété plus large de sons, et leur style s’en trouve enrichi. Mais cet enrichissement leur fait perdre peu à peu leur personnalité de base. Certains morceaux ne sont ni plus ni moins que des bandes-son pour accompagner leur frontwoman, et la formation perd cet esprit de “groupe”. Côté scénique, ça reste extraordinaire, autant en salle qu’en festival, mais j’espère que les musiciens sauront s’affirmer un peu plus.


Matthieu
Avril 2020




"Ritual"
Note : 15/20

J’ai toujours trouvé la musique d'In This Moment anxiogène sur des titres comme "Big Bad Wolf", "Blood" ou même "The Fighter". Tout est là pour donner une sensation oppressante, que ce soit la voix fragile mais puissant de Maria ou l’instru' assombrie pas les touches électroniques. Mais je le dis toujours et je le répète, souvent la première impression donnée par un groupe passe par la poitrine de sa chanteuse… Euhhh, je voulais dire par son visuel bien entendu. Et niveau visuel, la formation est douée ! Maria Brink est soit habillée de couleurs fortes (bleu, rose, blanc…) rappelant ainsi les princesses Disney, soit toute de noire vêtue mais avec toujours une classe incroyable. Les musiciens, au contraire, sont très sombre avec un style crade. Toujours en retrait, ils semblent à la merci de sa majesté Maria. Oui, car Maria est bien le produit marketing du groupe, dans un premier temps sexy, mais en se penchant un peu plus sur le personnage, on s’aperçoit qu’elle se rapproche d’une popstar totalement bouffée de l’intérieur par son propre esprit dérangé. Il suffit de voir les clips, sexualisés mais dérangeants, pour être d’accord. Maria semble tantôt possédée, tantôt brisée mais toujours mystique ! Et en parlant de mysticisme, cet album semble bien plus occulte que tout ce que le groupe a proposé jusque-là.

D’abord, ce titre, un simple mot qui veut tout dire : Ritual. Et puis cette pochette, aux allures de vieux grimoire avec en son centre une photo de Maria Brink flottant au-dessus d’un signe mystérieux dans une espèce de grange toute abandonnée. Le site d'In This Moment est également plein de photos du même genre dans des couleurs anciennes. Après cela, il ne reste plus qu’à jeter un œil au clip de "Oh Lord" (premier morceau de l’album) dans lequel on retrouve une Maria effrayante dans une maison isolée digne des films d’horreur hollywoodiens actuels. Pour ce qui est de la musique, il n’y aucun doute, In This Moment a changé. La voix est plus étouffée, plus modifiée, plus posée… Le son se veut vraiment calme et angoissant. De quoi faire la bande son de ces fameux films hollywoodiens. Le côté "rituel" est vraiment là.

Le morceau suivant accueille un invité dont le nom ne vous sera pas inconnu : le "Metal God" et leader de Judas Priest, Rob Halford. Très étonnamment il arrive à se caler parfaitement sur le style d'In This Moment alors que sa présence sur l’album aurait pu sembler surprenante tant son style de base diffère de celui de la bande de Maria Brink. Et ce n’est pas fini, une surprise peut en cacher une autre puisque sur la piste suivante, In This Moment s’attaque ni plus ni moins à une reprise de "In The Air Tonight" de Phil Collins. Alors bien entendu, In This Moment ce n’est pas Phil Collins et étant donné l’atmosphère macabre qui entoure cet album, il fallait bien que cette reprise soit adaptée. Mis à part au niveau des paroles qui répètent "Oh Lord", qui est aussi le titre du premier morceau de l’album, le groupe fait entrer le morceau sans souci au milieu de l’album en le rendant plus électrique et plus étouffant. On sent que ce n’est pas une reprise juste pour faire une reprise, celle-ci a bien sa place dans "Ritual".

Tout le reste de l’album se fera sur la même base : un climat inquiétant imposé par une voix modifiée pour la rendre moins humaine et une instru' calme et pesante mi-électrique mi-électronique. Et cette atmosphère, cette ambiance, c’est bien ce qui fait le noyau de l’album mais aussi de tout le marketing qui l’entoure (pochette, photos promo, design du site, clip…). In This Moment se réinvente totalement sur ce coup. Alors bien sûr j’ai eu un doute au premier abord, mais après cette période d’incertitude passée, je me retrouve pris au milieu d’un monde angoissant et horrifique. Je le disais, j’ai toujours trouvé la musique d'In This Moment anxiogène, c’est toujours le cas… Mais d’une autre manière. C’est maintenant à vous d’entrer dans la demeure isolée de la comtesse Maria Brink pour juger la force maléfique de "Ritual".


John P.
Août 2017




"Black Widow"
Note : 17/20

Mon Dieu, mais que fait donc In This Moment ? D’accord, depuis le début de leur carrière, le groupe ne semble reculer devant aucun plaisir et ne fait pas dans la dentelle lorsqu’il s’agit d’aller plus loin, encore plus loin, toujours plus loin dans ses fantasmes. Nous sommes d’accord : les Américains, Maria Brink en tête, étaient déjà exubérants à l’époque de "Beautiful Tragedy". Mais alors que dire de cet In This Moment version 2014 ? Allons, je suis certaine de ne pas être la seule à avoir déploré le grossier de cette nouvelle pochette (l’image de la chanteuse ne me dérange pas ; par contre, ce manque de subtilité, si !), ni la seule à avoir très sérieusement craint d’écouter l’album suite à la mise en ligne de "Sex Metal Barbie" et son visuel tout à fait apte à figurer comme pièce centrale du McKamey Manor. Pourtant, ceux qui me connaissent savent à quel point je respecte et apprécie In This Moment. Sauf que, cette fois-ci, j’avoue m’être attendue à ne pas suivre.

Mais ça, c’était avant. Avant d’enfin jeter une oreille attentive sur ce "Black Widow". Et pour comprendre l’intérêt et la qualité de ce disque, je vous promets qu’il ne m’aura pas fallu longtemps ! Loin de se conformer aux barrières trop souvent imposées par les labels et autres maisons de disques, le groupe continue sa quête du "plus" : excentrique, joueur, provocateur, ultra-focalisé sur son pilier Maria. Une fois de plus, la chanteuse s’est servie de ses expériences personnelles pour l’écriture de ses textes torturés ; ici, la "veuve noire" désigne cette personne que vous êtes peut-être également, qui s’est servie des difficultés de sa propre vie afin de s’affirmer et devenir plus fort. Musicalement, il serait faux de prétendre être déboussolé ; par contre, l’évolution sans doute la plus marquante revient à l’utilisation des effets sonores et électroniques, reléguant, souvent, l’aspect metal au strict rang de base.

Du groove, des atmosphères le plus souvent glauques et poisseuses, des textes parfois plus récités que chantés (à l’image de ce que Maria a déjà commencé à faire avec "Blood", en 2012) ou, au contraire, un chant à la justesse délectable et à l’émotion toujours aussi captivante, ou des cris éraillés. Un hommage (?) à Marilyn Manson et son "The Beautiful People" avec "Dirty Pretty" ; une ambiance curieusement rétro et horrifique grâce aux samples du morceau-titre ; un excellent duo avec Brent Smith de Shinedown sur "Sexual Hallucination", un des meilleurs morceaux du disque ; voici comment résumer "Black Widow" au minimum. Les idées affluent, et empêche la lassitude de s’inviter tout au long de l’opus (dont la durée dépasse tout de même l’heure, bonus compris !).

Malgré une hargne et une rancœur toujours omniprésentes, In This Moment n’hésite pas un instant avant de proposer des titres plus doux. Et lorsque les musiciens s’essayent à cet exercice, ils ne déçoivent pas. Sur "Black Widow", ils ont non seulement récidivé, mais les deux morceaux dont il est question ("The Fighter" et "Out Of Hell") délivrent une intensité sincère et prenante, "The Fighter" en tête.

Comme d’habitude avec In This Moment, "Black Widow" sera certainement soit adoré, soit détesté, sans demi-mesure. Pour ma part, je me place sans l’ombre d’une hésitation dans la catégorie des auditeurs conquis par une évolution logique et perpétuelle. L’ambition, c’est bien. Mais lorsque celle-ci est doublée par une personnalité toujours plus appuyée, et avec talent, nous savons que nous tenons un groupe que nous pouvons qualifier d’unique.


Gloomy
Décembre 2014




"Blood At The Orpheum"
Note : 15/20

Maria Brink est contente. Pourquoi ? Parce que le premier DVD d’In This Moment est sorti, voyons ! Si ce "Blood At The Orpheum", enregistré à l’Orpheum Teater à Madison en Mai 2013, est d’abord apparu comme bonus d’une édition spéciale de "Blood", sortie en Janvier 2014 aux Etats-Unis. Heureusement pour nous, Européens, une version DVD est également sortie, pour le plaisir de nos yeux et de nos oreilles.

Une chose est certaine : pour ce concert spécial, In This Moment a véritablement décidé de mettre les petits plats dans les grands ! Si j’ai eu la chance d’assister à l’un de leurs concerts lorsqu’ils tournaient pour promouvoir leur premier album, "Beautiful Tragedy", il faut avouer qu’il n’y a strictement plus rien de comparable entre les "prémices" et l’époque actuelle ! Mis à part le professionnalisme des Américains, et mis à part la personnalité incontournable de la chanteuse Maria, cela s’entend !

Il y a peu, cette meneuse de troupe a décrit les prestations scéniques comme étant bien plus qu’un concert, étant donné que, dorénavant, l’aspect théâtral se veut omniprésent. Et de fait, ça frappe dès le début. En même temps, comment serait-il possible de ne pas repérer la surcharge de la scène ? Un mannequin, une plate-forme lourdement décorée où Maria s’exprimera la plupart du temps… Et cela n’est rien comparé à ce qui se produira pendant le show ! Des changements de tenues et accessoires incessants (pour Maria), des danseurs (il s’agit en réalité du premier concert accompagné des "Blood girls", comme In This Moment les dénomme), un canon… un parapluie (non, ce n’est pas une blague ; non, je n’en ai pas compris l’utilité) ; à chaque morceau sa surprise. La volonté d’en mettre "plein la vue" à son public est évidente, mais je ne peux m’empêcher de me demander si ce côté ultra-théâtral ne finit pas par se transformer en spectacle de cirque, au détriment des morceaux qui gagneraient sans doute en intensité sans tous ces artifices.

Sans surprise, c’est le dernier album en date, "Blood", qui est le mieux représenté dans la set-list : pas moins de six titres sur les treize composants la vidéo, introduction, conclusion et "danse d’ombres" (si si !) comprises. Quant aux autres morceaux, un seul provient de "Beautiful Tragedy" (le splendide morceau-titre), "The Dream" est représenté par "Into The Light" dans un superbe moment d’émotion, tandis que "The Gun Show"et le puissant "Blazin’" illustrent "A Star-Crossed Wasteland". Bien des morceaux sont entrecoupés d’extraits d’interview de Maria, où elle explique la préparation de ce concert spécial, ou alors l’esprit du prochain titre à être interprété. Si ces réflexions sont relativement intéressantes, il est un peu dommage qu’elles viennent sans cesse interrompre le concert. Peut-être aurait-il été préférable de faire de cette interview un bonus à part, afin que nous puissions bénéficier du live sans temps mort ?

Le concert est mené d’une main de maître par une Maria impérieuse. Sous le feu des projecteurs (au sens propre comme au sens figuré), elle éclipse sans difficulté ses quatre compères. De fait, face à une personnalité si unique, marquée et puissante, il paraît bien difficile de trouver sa place ; et si personne n’est réellement indispensable, il est pourtant impensable d’imaginer un seul instant In This Moment sans son impressionnante vocaliste. Mais quand un artiste est aussi charismatique que talentueux, la seule chose à faire est de profiter autant que possible. Dans le cas présent, entre la prestation scénique très étudiée et les impressionnantes performances vocales, puissantes et émotionnelles, on trouve sans peine de quoi se réjouir.

Là où le bas blesse, c’est la vitesse à laquelle passe le DVD. Une petite heure en tout et pour tout, interview comprise, c’est plutôt rapide, n’est-ce pas ? La question du "pourquoi" se pose certainement : était-ce un choix délibéré que de réduire le set à une si courte durée ? Dieu seul –et le groupe– le sait. Certes, si la vidéo de ce concert n’avait été immortalisée qu’en guise de bonus à un CD, le résultat aurait été compréhensible et tout à fait correct. Mais en temps qu’objet à part entière, je me demande sincèrement si le contenu est suffisant…

Quoi qu’il en soit, In This Moment s’est visiblement fait plaisir. Il va sans dire qu’une fois encore, les réactions risquent de passer d’un extrême à un autre, comme c’est souvent le cas avec Maria Brink et consorts. Pour ma part, j’ai apprécié, malgré certains défauts précédemment cités. De là à en faire un objet incontournable… non, je n’irais décidément pas jusque-là.


Gloomy
Février 2014




"Blood"
Note : 14/20

"A Star-Crossed Wasteland" semblait avoir remis sur pied Maria Brink et consorts. Après cette bonne surprise, 2011 a sonné pour les Californiens la fin de la collaboration avec Jeff Fabb (batterie) et Blake Bunzel (guitare), deux membres fondateurs officiant au sein d’In This Moment depuis 2005, et remplacés au pied levé par le batteur Tom Hane et le guitariste rythmique Randy Weitzel. Le départ de musiciens est souvent un moment où les fans retiennent leur souffle jusqu’à l’album suivant ; en effet, c’est bien le moyen par excellence d’évaluer l’influence respective sur les compositions.

Les fans d’In This Moment n’auront pas eu besoin d’attendre jusqu’à la sortie officielle du quatrième album, "Blood", pour se faire une idée sur la question : la vidéo consacrée au morceau-titre, aussi travaillée et torturée que les paroles, a déjà permis de se forger un avis. Minime, certes, mais qui ne trompe pas sur ce point : In This Moment a changé. Nous en aimions la version metalcore ; maintenant, à nous d’accepter la version neo-metal, quitte à en être déroutés (ce qui arrivera sans doute), quitte à ne pas apprécier. C’est ça, la "joie" des évolutions. Car si le neo-metal est souvent vu comme un genre jugé plus accessible (plus "commercial", dit parfois avec mépris -quel dommage !), ce n’est visiblement pas la recherche de la facilité qui a guidé le groupe sur cette voie. N’étant pas personnellement une amatrice du style, je ne cache pas ma stupéfaction lors de ma première écoute de titres tels que "Adrenalize" et ses riffs lourds et groovy, "Whore", ou même encore le fameux "Blood" (ma perplexité m’avait sincèrement laissée très méfiante vis-à-vis de l’album à venir). Mais force est de constater que les cinq comparses se défendent bien ! Tellement bien qu’au final, on ne voit en "Blood" qu’une continuité logique dans leur progression. Malgré tout, que l’on se rassure, malgré l’aspect neo-metal et ses rythmiques pesantes prédominants, malgré l’utilisation inhabituelle de nombreux éléments électroniques, certains ingrédients déjà connus ne manquent pas à l’appel (j’entends d’ici les soupirs de soulagement), à commencer par le timbre ô combien reconnaissable et expressif de Maria Brink. Je ne cesserai peut-être jamais de dire, au risque de me répéter, qu’elle seule joue un rôle magistral dans la personnalité du groupe. Si In This Moment est déroutant au possible sur ce nouvel album, au moins, la qualité des textes et leur interprétation magistrale nous rappellent où on est.

Cela sera-t-il suffisant pour convaincre les foules ? L’avenir seul nous le dira. "Blood" étonnera, décevra peut-être. Mais, je vous en prie, prenez le temps de l’écouter en profondeur : vous risquez d’apprécier bien plus que ce que vous ne l’imaginiez.


Gloomy
Août 2012




"A Star-Crossed Wasteland"
Note : 16/20

Si, à l’heure même de sa sortie, "Beautiful Tragedy" avait été capable de me captiver instantanément, "The Dream", mis dans les bacs l’année suivante, avait à mon grand désarroi fait retomber l’enjouement tout aussi brutalement. Mais on ne peut condamner un groupe pour une déception, après tout ! Le potentiel d’In This Moment était malgré tout toujours aussi flagrant qu’auparavant ; maintenant fallait-il encore qu’ils soient capables de le prouver. C’est ainsi qu’est arrivé "A Star-Crossed Wasteland", troisième opus de la petite troupe de Los Angeles. Qu’on se rassure : cette fois-ci, la déception n’est, par bonheur, pas au rendez-vous ! L’explosif "Gunshow" –titre d’ouverture et premier extrait de l’album- vient sur le champ démontrer que l’énergie et la hargne débordent toujours bel et bien de la splendide chanteuse Maria Brink et de sa bande. Voilà une excellente mise en bouche qui laisse prévoir (et espérer) du tout aussi excellent pour la suite ! C’est là que le bât blesse : après cette brutale entrée en matière, nous sommes témoins du défaut de l’album. C’est-à-dire ? L’inégalité. En effet, difficile de ne pas être déconcerté par les deux morceaux suivants, "Just Drive" et "The Promise" (malgré son duo plutôt réussi). Ceux-ci s’adoucissent visiblement, et j’avoue avoir craint que le reste de "A Star-Crossed Wasteland" suive cette même voie. Heureusement, ce n’est pas le cas ! Le problème est, au final, surtout dû à une track-list très peu judicieuse, et par conséquent trompeuse. Si ce désagrément nuit tout de même un peu à l’écoute, c’est avec grand plaisir que l’on constate que les nouveaux titres… sont foutrement bien foutus ! In This Moment est de retour en grandes pompes, tous riffs thrash et metalcore en avant, porté par une Maria plus charmante que jamais… pardon ! Plus en voix que jamais, capable de varier visiblement sans difficulté aucune et de passer d’un timbre dur et agressif ("Gunshow", décidément marquant, ou encore l’éblouissant "Blazin"’) à un timbre suave et mélancolique (l’émouvant "World In Flame", officiant à titre de conclusion). Ah, une production qui sent la poussière et la sueur à plein nez comme ceci, ça va faire remuer le public sur scène, ça ne fait vraiment aucun doute ! Malgré quelques titres plus faibles, In This Moment nous livre ici un opus éclatant et à la hauteur de mes espérances, qui contentera très probablement les fans mélancoliques de ses premières heures. Alors les gars, à quand un nouveau passage dans nos belles contrées Européennes ?


Gloomy
Juillet 2010


Conclusion
L'interview : Chris Howorth

Le site officiel : www.inthismomentofficial.com