"The Tide Of Death And Fractured Dreams"
Note : 19/20
Pas de temps à perdre chez Ingested. Signés depuis peu chez Metal Blade Records, chez
qui ils ont sorti leur dernière production, Jay Evans (chant), Sean Hynes (guitare / choeurs,
ex-Annotations Of An Autopsy) et Lyn Jeffs (batterie, ex-Annotations Of An Autopsy)
annoncent en 2024 la sortie de "The Tide Of Death And Fractured Dreams", leur huitième
album.
Le groupe attaque très fort dès "Paragon Of Purity", le premier morceau, en proposant une
mosh part dévastatrice rapidement couplée à des vociférations surpuissantes. Quelques
harmoniques apportent parfois un côté plus inquiétant et créent un contraste avec les
différents breaks et accélérations taillés pour la scène, comme ce final écrasant qui laisse
finalement "Endless Machine" reprendre les commandes du massacre avec ses propres riffs
pachydermiques et accrocheurs qui s’enchaînent sans discontinuer. Les fans les plus
assidus du groupe remarqueront aussi les progrès du vocaliste ainsi qu’un solo beaucoup
plus doux tout comme sur l’introduction de "Where No Light Shines" où la guitare nous offre
un court moment de latence avant que la rythmique ne nous broie à nouveau tout en
apportant parfois une touche de mélancolie ambiante. Josh Middleton (Sylosis,
ex-Architects) rejoint le trio sur "Expect To Fail", créant un duo vocal brut et complémentaire
bien qu’assez mélodieux vers le centre du titre, mais les patterns saccadés reprendront le
dessus pour nous mener à "Starve The Fire" où des harmoniques entêtantes rejoignent la
rythmique agressive, ainsi que quelques choeurs clairs.
Le morceau est partagé entre
touches aériennes et riffs explosifs, mais il laissera place à la véritable douceur sur les
premiers instants de "Numinous", une composition instrumentale qui nous mettra du baume
au coeur avant de laisser les musiciens revenir à la violence tout en laissant la guitare lead
au premier plan, puis c’est avec Mark Hunter (Chimaira) que le groupe nous assommer sur
"In Nothingness", le titre suivant. Le chant clair rappelle aisément le nu metal des années 90
aux Etats-Unis, mais c’est bien avec des salves groovy que nos nuques vont remuer tout
comme sur "Pantheon" et son accélération soudaine qui ne manquera pas d’embraser les
foules en un rien de temps grâce à un rythme efficace. Retour du blast et de la violence pure
avec "Kingdoms Of Sand" où le groupe revient à ses premières influences pour nous rouler
dessus en bonne et due forme avec un blast terrifiant, mais l’album touche déjà à sa fin, et
les musiciens nous hypnotisent avec l’introduction apaisante d’"A Path Once Lost" où le
vocaliste va nous surprendre par sa maîtrise de la voix claire, mais sans oublier la bestialité
dont il est capable par la suite.
Il y a quinze ans, Ingested était un jeune groupe qui frappait déjà très fort. Aujourd’hui,
Ingested est devenu un véritable monstre, qui maîtrise bien évidemment la brutalité la plus
sauvage, mais qui n’hésite pas à expérimenter sur "The Tide Of Death And Fractured Dreams". Leur avenir les attend à bras ouverts.
"Ashes Lie Still"
Note : 18/20
Ingested continue de régner. Depuis 2006, le groupe anglais nous écrase régulièrement
avec son slam death dévastateur, et c’est en 2022 que Jay Evans (chant), Sean Hynes
(guitare) et Lyn Jeffs (batterie), après avoir signé avec Metal Blade Records, annoncent la
sortie d’"Ashes Lie Still", leur septième album.
En live, le groupe est accompagné par Ross "Lenny" McLennan (guitare, ex-Ross
"Lenny" McLennan, ex-Viscera) ou Miles Baker (guitare, Interloper, ex-Rings Of Saturn),
et ils ont à nouveau confié l’enregistrement de la basse à Dom Grimard (The Last Felony,
live pour Carnifex, Cryptopsy).
Le groupe attaque avec "Ashes Lie Still", le titre éponyme, en compagnie de la douce voix de
Julia Frau qui ajoute une légère touche de mélancolie à la noirceur pesante qui répond à
l’agressivité brute et saccadée. Le final mystérieux nous mène à "Shadows In Time", une
composition beaucoup plus directe mais toujours aussi lourde qui laisse le vocaliste mener
l’assaut avec une large palette de hurlements et choeurs, mais également des mélodies
entêtantes avant que "You'll Never Learn" ne vienne nous écraser à son tour avec un groove
massif. Les riffs épais se mélangent aux harmoniques malsaines tout en plaçant des
mosh parts dévastatrices alors que "Tides Of Glass" alimente l’oppression avec une
introduction dissonante et sombre sur laquelle le groupe laisse libre cours à sa fureur avant
de revenir dans une lourdeur efficace et saccadée qui nous mène à "From Hollow Words",
titre sur lequel le groupe accueille Sven de Caluwé (Aborted, Coffin Feeder, Fetal Blood
Eagle…). Les musiciens nous offrent l’une des rythmiques les plus agressives en piochant
dans ses racines les plus violentes pour laisser le duo de vocalistes se déchaîner jusqu’à
ce que "Sea Of Stone" ne nous plonge à nouveau dans cette noirceur pesante suivie par des
riffs efficaces infusés de rage pure.
On notera une touche majestueuse sur la dernière partie
du morceau, qui laissera place à "All I've Lost", un titre saisissant en compagnie de Matthew
K. Heafy (Trivium, Ibaraki) qui dévoilera des tonalités surprenantes et intenses, créant un
contraste avec la violence brute du groupe. Les parties de chant clair couplées aux mélodies
sont incroyablement imposantes, mais elles finiront par s’éteindre pour laisser "With Broken
Wings" nous frapper avec des tonalités qui rappellent parfois leurs premières sorties, tout en
arborant un son très moderne. Les racines deathcore ressortent en particulier sur le break
saccadé, alors qu’"Echoes Of Hate" emprunte aux sonorités plus modernes et lentes avant
d’inclure des leads inquiétants pour lier les mosh parts entre elles, avant de nous mener à
"Scratch The Vein" et à son introduction aérienne angoissante. Des racines black metal
glaciales s’emparent de la rythmique, mais les musiciens ne mettront pas longtemps avant
de laisser des patterns plus agressifs resurgir pour rythmer la composition lancinante, puis
"Rebirth" referme l’album avec une base connue depuis le début de l’année, qui a été remixée
pour l’occasion, et qui mélange leurs différentes influences.
L’avancée d’Ingested est inarrêtable. Régulier autant au niveau des sorties que de la
qualité, le groupe nous prouve titre après titre qu’ils ne viennent pas en paix avec "Ashes Lie
Still" qui promet des shows explosifs.
"Where Only Gods May Tread"
Note : 19/20
Si vous suivez un minimum la scène death metal actuelle, vous n’avez pas pu rater
Ingested. Créé en Angleterre en 2006 par Jay Evans (chant, ex- Age Of Suffering ), Sam
Yates (guitare / choeurs, ex-Age Of Suffering), Sean Hynes (guitare / choeurs, ex-Age Of
Suffering), Lyn Jeffs (batterie, Nexus Inferis) et Brad Fuller (basse), le groupe évolue
entre brutal death, slam death et deathcore. Mais le quintette se transforme en quartet avec
le départ du bassiste en 2019, et c’est avec l’aide de Dom Grimard (basse, Ion
Dissonance, The Last Felony) qu’ils enregistrent "Where Only Gods May Tread", leur
cinquième album, qui sort chez Unique Leader Records.
Le mot d’ordre est simple : violence, riffs assassins, brutalité et efficacité. C’est donc tout
naturellement que chacun des morceaux suivra ce pattern. "Follow The Deciever", le premier
titre, ne perd pas une seule seconde et nous offre palm-mutes, batterie véloce et hurlements
ravageurs dès les premiers instants. A peine le temps de nous remettre de nos émotions
que "No Half Measures" prend la suite avec la même rage. Les riffs du groupe incarnent
littéralement la lourdeur, et les hurlements viscéraux se placent habilement que ce soit sur la
rythmique ou les breaks monstrueux. Même constat pour "Impending Dominance", un titre
très caractéristique du son du groupe, entre cette batterie imposante, ces riffs qui alternent
entre shred et moshparts, ces bassdrops… "The List" est probablement le morceau qui
emprunte le plus au death old school, sans jamais négliger une basse au son écrasant,
ainsi qu’une lourdeur hallucinante. Premier invité de cet album, Vincent Bennett (The
Acacia Strain) vient compléter les hurlements de Jay pour un duo au potentiel absolument
incroyable qui ne peut que vous retourner une fosse avec des sonorités empruntant au
metalcore.
Déjà bien connu des fans puisque très attendu, "Dead Seraphic Forms" et sa batterie
ravageuse vient nous donner une nouvelle dose de violence pure et dure, avec pour seuls
moments de répit les parties lead perçantes. L’un des morceaux les plus différents du
groupe est probablement "Another Breath". Le son clair inquiétant et la participation de Kirk
Windstein (Crowbar, Down) donnent à cette imposante composition une dimension plus
oppressante et sombre. Le groupe pioche également dans le hardcore énervé pour "Black
Pill", un titre en collaboration avec Matt Honeycutt (Kublai Khan). Très énergique, le
morceau est définitivement l’un de ceux qui donnent envie de se ruer dans la fosse pour
distribuer des coups. Retour dans le brutal / slam pur pour "Forsaken In Desolation". On
retrouve ces accélérations caractéristiques des Anglais ainsi que quelques leads qui
permettent au titre de respirer entre deux tranches de brutalité. Dernier titre, "Leap Of The
Faithless" est également le plus long de cet album. Neuf minutes pendant lesquelles le
groupe nous étalera violence assommante, maîtrise de leurs instruments, mais également
des coupures transcendantes et dissonantes, nous préparant pour le prochain assaut.
Ingested règne sans conteste sur le brutal / slam death. Bien que leurs précédentes
productions soient déjà d’une puissance incroyable, "Where Only Gods May Tread" nous
roule littéralement dessus. Certains titres piochent dans d’autres styles, mais le groupe ne
perd de vue ni sa rage ni sa détermination.
"The Level Above Human"
Note : 18/20
Vous voyez l'image de gentleman anglais ? Raffiné, élégant... Eh bien oubliez tout de suite cette vision. Parce qu'Ingested, c'est tout le contraire. Formé en 2006 suite à la dissolution d'Age Of Suffering, Jay Evans (chant), Sam Yates (guitare / choeurs) et Sean Hynes (guitare / choeurs) recrutent Lyn Jeffs (batterie) et Brad Fuller (basse) pour répandre un son aussi gras que puissant sur l'Angleterre. Le groupe sort un split en 2007 suivi de son premier album en 2007. Si celui-ci est très bien accueilli, il n'en sera malheureusement pas de même pour son successeur. Le groupe travaille alors d'arrache-pied pour nous offrir d'autres sons plus puissants les uns que les autres, et si les critiques sont plus que positives depuis lors, ce n'est pas prêt de s'arrêter avec "The Level Above Human", leur cinquième et dernier album. Préparez-vous à avoir mal en sortant du pit.
Les Anglais attaquent directement avec "Sovereign", une sorte de tuerie à base de riffs gras et qui abusent de palm mute en duo avec le grand Frank Mullen (Suffocation). Si l'introduction vous intrigue, alors vous allez prendre une baffe avec le blast qui vous fonce dessus d'un coup. Pour les non-initiés, c'est du brutal death entrecoupé de breaks, pour les amateurs, c'est un morceau qui tourne tout seul tant la qualité du son et de la rythmique sont démentiels. On continue avec "Invidious", une autre tranche de gras pur et dur avec un choeur composé de hurleurs, dont Chirstian Donaldson, guitariste de Cryptopsy. Mis à part la rythmique pachydermique, quelques harmoniques dérangeantes donnent à ce titre toute sa saveur, mais c'est surtout "Misery Leech" qui retient mon attention. Un blast continu, qui flirte d'ailleurs avec le gravity blast bien connu des amateurs de violence, mais surtout des harmoniques tranchantes et un chant motivant.
L'introduction inquiétante de "Purveyors Of Truth" offre un moment planant, qui se retrouvera à divers moments du titre, comme par exemple lors du solo qui, même s'il est plutôt inatendu, trouve parfaitement sa place dans cet océan de haine et de destruction. On revient sur une recette plus classique pour "Transcendance Of Gods", et le cri qui arrive quelques secondes après les premiers riffs nous montre toute la puissance brute de Jay Evans. A nouveau, les rythmiques à base de palm mutes sont légion et nous donnent tout envie de danser en moshant que la guitare lead de "Better Off Dead" s'incruste dans notre esprit. Si elle disparaît malheureusement au milieu du titre, elle reviendra avant la fin puis inspirera un solo en arrière-plan.
A nouveau, le premier riff de "Last Rites" démontre que le groupe ne se contente pas de jouer vite et sur des cordes aussi grasses qu'un morse, mais bien que les musiciens savent créer une ambiance qu'ils renforcent à grands coups de puissance. Même sur "The Crimson Oath", que je croyais être un alignement de violence bête et méchant, l'atmosphère instaurée par les Anglais est finalement plutôt planante. Seuls les hurlements nous ramènent sur Terre. Si vous avez assisté à la dernière tournée européenne d'Ingested, je suis certain que vous allez reconnaître le chanteur invité sur "Purge The Parasite", puisqu'il n'est autre que Jason Keyser (Origin) qui a remplacé Jay Evans sur scène. Les hurlements des deux hommes s'adaptent parfaitement aux riffs malsains créés par les Anglais, et il est presque impossible de ne pas bouger la tête en rythme. "Obsolescent", le dernier titre, repose une mélodie hypnotique sur une rythmique plus calme, sans aucun chant. Même sans hurlements, les Anglais sont capables d'aligner des riffs tous plus inspirés les uns que les autres.
Ingested déchaîne un véritable océan de violence avec "The Level Above Human", et il y a fort à parier que plusieurs titres feront partie de leur set du Motocultor cet été. Quoi qu'il en soit, je ne me fais
aucun souci pour la formation : elle ira loin si les musiciens continuent sur cette voie qu'ils ont commencé à tracer.
"The Architect Of Extinction"
Note : 18/20
Les régicides du slam sont de retour ! Après leur excellent EP "Revered By No One, Feared By All" et un "The Surreption" moyen, les Anglais de Manchester reviennent pour nous déverser leur haine de l’humanité avec leur dernière production "The Architect Of Extinction". Avant de nous intéresser à la musique que nous propose le groupe, attardons-nous sur sa pochette qui possède de nombreuses similarités avec leur premier album "Surpassing The Boundaries Of Human Suffering" mais aussi de leur EP, comme si Ingested avait fusionné les deux pochettes en une, avec l’ajout d’une créature terrifiante au milieu entrain de garder les réceptacles où les membres du groupe sont en gestation.
Passons maintenant au contenu de l’album, on commence par le premier titre "The Divine Right Of Kings" qui pose les bases d’un brutal death assez classique, mais Ingested est plutôt astucieux dans sa démarche et combine avec brio des parties slam et des breakdowns. De plus, Jason Evans régurgite sa haine dans ce morceau et sa voix est l’un des gros points forts de l’album, il possède un panel très large et on peut encore comprendre certaines phrases pendant l’écoute, ce qui le démarque des autres vocalistes dans le genre slam death. En débutant de cette façon, on ne demande qu’une chose, c’est d’en reprendre rapidement. "Narcissictic Apathy" nous re-balance des blasts encore plus destructeurs soutenus par des guitares percutantes et une voix encore plus horrifique que le morceau précédent. "Endless Despondency" ralentit un peu le rythme mais reste toujours aussi nerveux et ravageur dans sa composition. "The Heirs To Mankind’s Atrocities" est un des morceaux le plus notables de l’album surtout avec le support de 4 vocalistes de la scène death metal moderne : Julian Kersey (Aegaeon), Taylor Wientjes (The Kennedy Veil), James Shuster (Delusional Parasitosis) et Alex Terrible (Slaughter To Prevail). Le featuring n’apporte pas grand-chose musicalement parlant mais est bien justifié avec le contenu de ses paroles qui se rapporte aux projets des vocalistes invités sur l’album (donc n’hésitez pas à jetez une oreille sur leurs groupes), Jason se démarque très bien de ses compères avec sa voix unique, il y a un bon équilibre entre chaque partie chantée par les vocalistes de ce morceau qui est une superbe performance. "I, Despoiler" est plus basé sur l’ambiance des guitares et les breaks, et je trouve personnellement que l’enregistrement de la voix est très perçant à un moment, ce qui me fait juste mal à la gorge rien que d’y penser.
Vient ensuite le morceau instrumental "Penance" qui est étonnant de par son intro à la guitare acoustique, gardant une instru death metal ensuite, ce morceau est le seul moment de répit de l’album si on peut le qualifier ainsi. "A Nightmare Incarnate" est LE morceau de brutal slam death par excellence, sans tomber dans le cliché du genre, il nous donne juste envie de tout casser à chaque corde jouée par les guitaristes, une incitation à la destruction. Vient ensuite "Extinction Event" qui représente ben la mentalité et la signature de Ingested, on a là absolument toutes les caractéristiques musicales que nous propose la formation, ce n’est pas un morceau totalement banal que nous écoutons mais plus la combinaison de ce qu’ils savent faire et maîtriser, le titre de cet l’album provient même des paroles de ce morceau. Par contre, "Amogst Vermin" est un peu trop classique dans sa composition, possédant la même rythmique que "Narcissictic Apathy", ce qui est dommage. On finit l’écoute de cet album avec "Rotted Eden", morceau le plus long de l’album, démarrant doucement mais envoyant la sauce Ingested en plein milieu, ce final est bien défoulant mais aussi "tranquille" avec son intro et son outro.
Les Anglais reviennent donc en force au devant de la scène avec un album très solide et efficace, la production est très bien soignée (mention spéciale à la batterie et à la voix). On tombe très rarement dans le slam death générique et la fusion des parties slam et des breakdowns peut donner un aspect très intéressant en live (au niveau du public qui doit se foutre sur la gueule). Cet album est distribué par Century Media grâce à la collaboration avec leur label d’origine Siege Of Amida, ce qui va sans conteste faire monter le groupe dans le paysage musical grâce à ce coup de maître qu’est "The Architect Of Extinction". De plus, le groupe a annoncé une tournée européenne et sera de passage à Paris en Avril (seule date française du groupe pendant la tournée), un concert à ne pas louper surtout si vous avez apprécié l’écoute de cet album.