Depuis 10 ans environ que Infest existent, ils ont réussi à survivre et finalement à se faire un petit espace de vie intéressant au travers de leurs trois albums. Loin d'une culture de EPs et de splits le groupe se cantonne principalement à faire son petit chemin tranquillement en écrivant des albums relativement courts qui effleurent la petite demi-heure à chaque fois, sauf que celui-ci qui arrive quatre ans après "Moshroom" et il se faisait peut-être un petit peu attendre... Enfin il est bien là, le troisième album "The Next Will Be Yours".

Infest joue toujours du grind cinglant, mais aujourd'hui en comparaison avec "Moshroom", ils sont nettement plus grind que grind / death et leur style est devenu encore plus sauvage, encore plus primaire, avec une intensité et une énergie nettement supérieure à son prédécesseur qui était pourtant méchamment bon. Ce qui vaut à ce nouvel album d'avoir une couleur différente c'est tout d'abord le son qui lui a été donné. En règle générale pour moi, ce n'est pas le son de la production qui préjuge de la bonne qualité d'un album ou pas. Et ici aussi, ce ne sera pas le cas. Mais Infest a changé de studios, et tout de même ça s'entend et ça se remarque sur l'ensemble de l'oeuvre qui possède un tonalité beaucoup plus chaude. Cette fois-ci les Bayonnais sont allés enregistrer au Tanasenia Studio au Pays basque, et ont fait masteriser l'album par le Posti Studio en Finlande. Peut-être que ce studio finlandais au lieu du Cutting Room en Suède n'y est pas pour beaucoup, mais ce serait étonnant, car la musique de Infest au niveau des guitares a pris un grain plus roots et old school en s'orientant vers quelque chose plus axé sur les productions de la fin du millénaire précédent. Le son de la batterie est moins froid, et on lui préfère tout à fait celui-ci car il fait moins français et plus "international". Si l'album est le plus court des trois albums existants, car nous avons vingt quatre minutes environ et non pas vingt neuf ou vingt huit, c'est parce qu'il est plus intense. Quatre minutes chez Infest c'est important car les chansons sont vraiment courtes cette fois-ci, avec pas mal de titres de moins d'une minute, voire parfois proches des trente secondes, et évidemment que pour le coup ça fait pas mal de morceaux en moins. Et pourtant l'album se compose malgré tout de vingt et un titres.

Ils sont violents et très agressifs et Bard hurle encore plus comme un dément, avec sans doute moins de passages squealés, porcins, privilégiant l'agressivité animale plus que la puissance brutale tout en arrivant à placer deux types de chants éraillés, proposant un exercice très performant et c'est pareil pour les guitares. Elles sont très groovy dans leur énergie, les passages archi-percutants étant très hypnotiques, mais on sent que Infest a cherché à bien varier son grind avec des sons qui rappellent un peu certains Napalm Death ancienne ère, ou des riffs plus poussés, voire parfois quasiment death / doom comme sur "Doom Suicide" qui, comme son nom l'indique, va chercher dans une espèce de vieux stoner glaireux jouissif, son inspiration. Et c'est sans doute pour cela que le titre dure plus de trois minutes quarante. On retrouve malgré tout quelques classiques comme les introductions de déments sur "P.M.D.S.K.V.A", qui ne sont pas sans rappeler celles qu'on pouvait écouter sur "Moshroom" avec "I Ate A Bin" par exemple. Pourtant, "The Next Will Be Yours" possède son lot de perles qui demeurent cultes sur ce nouvel album comme "Anti Greatings League" et son "on s'en bat le couilles de Noël, on est la pour foutre la merde", si anarchique, alors que Noël... nous on l'aime. Ou encore la terrible "Phobophobic" très lourde et pachydermique en début de morceau pour terminer dans une orgie de décibels et pour laquelle on pourra s'amuser à compter le nombre de fois où le mot "fuck" est prononcé dans l'introduction. On passera par toutes les étapes de la folie, de la névrose psychotique où ça gueule comme un égorgement rituel avec "Back To Basics" pour ne citer que ce titre... Infest est monté d'un cran avec ce nouvel album, les morceaux sont plus directs, la production plus prenante. Même si j'aimais beaucoup la pochette de "Mushroom" faite par Rémy de Headsplitdesign, le côté noir et blanc là aussi encore une fois plus immédiat de cette nouvelle pochette réalisée par Chris de Trepan'Dead (on reste bien dans la famille grind) donne à l'album encore plus d'acidité. De plus, Infest a réussi encore une fois à se faire signer sur un label étranger de l'est européen, car le premier album avait été labellisé par Deadsun Records, bien de chez nous, "Mushroom" par Metal Age en Slovaquie et ce coup-ci, les Bayonnais sont allés chercher Every Day Hate de Pologne.

Pour terminer, sur une note joviale, l'album se finit avec "The Everlasting Shame" de Nasum, tirée de l'album "Helvete", proche de l'originale dans le style, mais avec un son vraiment souillé volontairement. Un son qui n'est pas celui des autres morceaux et qui donc laisse à penser qu'il a été enregistré indépendamment de l'album ou alors je me fourvoie complètement... En tous les cas si Bayonne a son thrash avec Can Of Worms, il a évidemment son grind avec Infest, "The Next Will Be Yours" est solennellement à placer aux côtés du "Expulsed" de Inhumate, à droite du "This World Is Dead" de Blockheads, où il pourra briller de mille feux sans avoir honte de quoi que ce soit...

Infest est un groupe de Bayonne dans le Pays basque. Je connaissais le jambon de Bayonne alors aujourd'hui découvrons ensemble de metal de Bayonne. 20 titres pour un peu moins de 30 minutes, un tout petit peu moins même. Le style du groupe est principalement grindcore avec une pointe de hardcore pour mettre un peu de piment dirons-nous. Donc au programme, nous avons droit à beaucoup de blast beats et la brutalité qui va bien avec. Le côté hardcore nous amène quelques breaks bien sentis qui permettent au groupe de repartir de plus belle. La voix quant à elle est quand même plus dans un registre hardcore, principalement hurlée. Néanmoins, quelques passages plus gutturaux avec des "gruik gruik" si chers au grindcore sont bien présents. Ce qui donne un style particulier à cette galette, c'est ce mélange de musique grind mais au chant plus axé HxC, donc plus hurlé. Les musicos sont assez carrés dans leur jeu et maîtrisent bien le sujet, la production sonore est de très bonne qualité. Les chansons quant à elles sont très bien écrites et en 30 minutes aucun ennui ne montre le bout de son nez. Le packaging global de l'album est bien, sans atteindre des sommets, il est dans une bonne moyenne. Alors qu'est ce qui est meilleur ? La jambon de Bayonne ou le metal de Bayonne made in Infest ? L'idéal c'est de l'écouter en mangeant du saucisson, pardi !!!

"Feel The Rage"
Note : 14/20

Pour un premier album, je dois avouer que Infest a fait fort. Le digipack que je tiens entre mes mains est vraiment soigné : joli artwork, ce boîtier est simple, classe et comment dirais-je ? Efficace. On a tout de suite envie d'entendre ce que ce petit CD contient. Je l'insère donc dans mon mange-disques et la sauce est lancée.

Directement, de gros riffs de guitares, une grosse batterie, un GROS cris. Ils n'y vont pas de mains mortes, et ils ont raison. Pourquoi perdre du temps à faire une longue intro bien poussée ? Le style ici en l'occurence se rapproche vraiment du grindcore et je me dis que ça fait un bail que je n'en ai pas écouté. C'est bon, ça prend aux tripes, ça rappelle de bons moments passés. Tout au long de cet album, la musique se veut rapide, brutale, hargneuse. Quelques passages me font vraiment penser à du Nasum, et c'est là qu'on se dit "Ah ouais, ça, c'est du bon !". Le son est pas dégueulasse, voire même plutôt cool et les musiciens ont l'air d'être carrés, de tout donner. Je me demande comment cela rendrait en live, je pense que ça serait la folie un peu, genre un peu comme un concert des Blockheads. Mais bon là je laisse aller mon imagination, ce n'est qu'une supposition en écoutant cet album que je découvre. Je ne suis plus trop fan de ce style-là, mais bon je dois avouer que l'ensemble est quand même bien foutu, même si je n'accroche pas plus que ça. Je pense que les puristes du style, les adeptes du grind et du death, je pense que tout ce public-là devrait vraiment beaucoup aimer Infest. Quoique, peut-être les fans de HxC barré pourrait éventuellement apprécier, comme j'apprécie le petit côté "folie" de tout ce bordel-là.

Une première galette plutôt réussie dans l'ensemble, que je conseille à tout public extrême averti. Un groupe à suivre en live.

Issue Juillet 2007