"Vile Genesis"
Note : 19/20
Inferi fête ses quinze ans avec "Vile Genesis", son sixième album. Créé aux Etats-Unis par
Malcolm Pugh (guitare / chant, Demon King, A Loathing Requiem, ex-Entheos), le groupe
prend une pause de 2009 à 2011. Après quelques changements de line-up, c’est avec Mike
Low (guitare, Oubliette), Spencer Moore (batterie, Phobos), Andrew Kim (basse,
ex-Seren) et Stevie Boiser (chant, Equipoise, Ashen Horde, ex-Vale Of Pnath), que le
groupe avance.
L’inquiétante introduction de "No Gods But Our Flesh" nous présente immédiatement un son
épique, qui sera renforcé par une rythmique à la fois puissante et mélodieuse. Les
hurlements accompagnent cette déferlante de rage, qui se pare de leads perçants, mais
également de parties techniques, comme avant le solo, puis "Maelstrom Prison" nous dévoile
des sonorités plus sombres. Les mélodies vont également dans ce sens, créant une
complémentarité avec les parties majestueuses, mais également avec les éléments violents,
puis "Simian Hive" prend la suite avec des riffs tranchants. Le morceau sera brisé par des
orchestrations terrifiantes, collant parfaitement à cette progression dans la fureur que
m’évoque l’instrumentale. De plus en plus lourde, la composition débouchera sur "From Exile
To Exaltation", un titre qui renforce ces éléments oppressants. Les riffs sont explosifs mais
également très sombres, créant un contraste très savoureux qui se marie à merveille avec
cette ambiance pesante.
"Vile Genesis", le titre éponyme, propose une lourdeur majestueuse
que le groupe combine à des parties aussi mélodieuses que techniques, et qui rencontrent
cette ambiance surnaturelle, en particulier lors du break repris par un son écrasant. Le
morceau est très accrocheur, tout comme la planante "Mesmeric Horror" et sa douce
introduction qui laissera place à l’habituelle violence aux patterns complexes. Le morceau
devient plus sombre sur la fin, créant une sorte de continuité pour accueillir "Carving Thine
Kingdom" et ses mélodies brûlantes. Si vous avez apprécié la première partie du morceau,
reprenez votre souffle lors du break et laissez vous envahir par cette seconde vague
majestueuse et intense, puis la longue "Heirs Of The Descent" vient clore l’album. Assez
lancinante, la composition ne se prive pas d’éléments tranchants placés sur un tempo
effréné en plaçant des éléments black metal, puis devient très pesante et oppressante avant
de prendre fin sur des sonorités plus légères.
Inferi incarne à la perfection la rencontre de la technicité, de la mélodicité et de la violence.
Chaque morceau est parfaitement équilibré et fluide, créant un univers incroyablement riche
dans lequel on veut se perdre. "Vile Genesis" n’a que quelques jours, mais il a déjà tout d’un
grand classique !
"Of Sunless Realms"
Note : 18/20
Retour des petits prodiges américains du death mélodique / technique, j’ai nommé Inferi.
Créé en 2006 par Malcolm Pugh (guitare, A Loathing Requiem) sur les cendres encore
brûlantes de Death Looks Promising, le groupe est sujet à une pause en 2009 après deux
albums. 2011 est l’année de la renaissance, et c’est aujourd’hui "Of Sunless Realms", le nouvel
EP du groupe qui sort, réunissant Mike Low (guitare, Oubliette), Spencer Moore (batterie,
Phobos), Andrew Kim (basse, ex-Collapse, ex-Seren) et Steve Boiser (chant, Ashen
Horde, Equipoise, ex-Vale Of Pnath).
L’introduction majestueuse de "The Abhorrent Art" nous fait progressivement plonger dans un
univers mélodieux et doux avant la déferlante. Les riffs sont solides, rapides et bourrés
d’harmoniques sanglantes, accompagnés par des hurlements intenses. La dualité entre
screams perçants et growl massif se marie à merveille avec cette rythmique effrénée, tout
comme sur "Eldritch Evolution", un titre qui pioche dans des ambiances symphoniques avec
toujours cette tornade rythmique entre death mélodique et technique. Les leads déferlent
en continu sur des orchestrations, permettant au groupe entier de se déchaîner.
"Spellbound
Unearthed Terror", le titre suivant, prend la même direction. Entre rapidité, technicité, son
massif et parties techniques, le groupe ne perd pas un seul instant pour nous en mettre plein
les esgourdes sans jamais nous lasser avant "The Summoning". Ce sample mystique vient
briser le rythme en nous laissant respirer en compagnie d’un clavier qui devient de plus en
plus oppressant, puis "Aeons Torn" frappe. Dernier titre, il réunit l’aspect majestueux du
précédent ainsi que les bases mélodiques tranchantes du groupe. Bien que plus lent que les
autres titres il est également plus imposant et écrasant, tout en gardant ce côté planant
jusqu’à la dernière note.
Bien que court, "Of Sunless Realms" nous confirme qu’Inferi est plus puissant et motivé que
jamais à conquérir le monde. Leur dernière tournée européenne me l’a confirmé : le groupe
mérite amplement plus de reconnaissance.
"Revenant"
Note : 17/20
Inferi est un groupe inscrit dans cette tendance qui prend de l'ampleur, et qui consiste à proposer un death metal très mélodique et tout autant rapide et agressif. The Black Dahlia Murder avait jadis posé les jalons, stylistiquement parlant, d'un type de metal qui ne cesse de s'étendre dans le monde de l'extrême. D'ailleurs, ce cher Trevor Strnad, hurleur et leader du groupe précité, vient pousser la chansonnette sur le titre qui conclut cet album : "Revenant". Inferi ne peut franchement pas passer à côté de la comparaison avec Black Dahlia tant il utilise les mêmes artifices pour composer : voix grave / aiguë en alternance dans un registre de timbres assez similaire, lead harmonisés, solos de guitare exécutés avec le même type de plans, et des riffs à la fois syncopés et saccadés sur fond de batterie thrash sous amphétamine. Cette recette fonctionne à merveille et c'est en utilisant ces ingrédients-là qu'Inferi a conçu "Revenant".
Attention cependant, n'allez pas penser que de ce fait, Inferi ne vaut pas le coup que l'on se penche sur son cas car ces musiciens proposent tout de même un metal intéressant et bien accrocheur.
Déjà, au niveau purement technique, c'est le cran au-dessus. L'aspect démonstratif est très présent, autant dans les riffs que dans la rapidité d'exécution de l'ensemble, à grands coups de rafales de double grosse caisse. Les solos sont très mélodiques et ponctués de phrasés aussi fluides que bourrés de feeling, d'ailleurs, à ce sujet, James Malone du groupe Arsis est invité à débouler sur le titre "Through The Dephts". En ce qui concerne la basse, celle-ci se démarque bien dans le mix général. Le son est clair dans l'ensemble et met en valeur l'aspect dynamique durant la totalité du disque.
Un autre détail à souligner, Inferi ajoute aussi parfois quelques nappes de synthé, non seulement pendant les intro ou les interludes, mais aussi au sein des compositions. L'utilisation de ces sons synthétiques, un peu à la manière de Fleshgod Apocalypse (en moins abusé tout de même), confère à l'ensemble une certaine profondeur et consolide le côté mélodique.
Depuis "Path Of Apotheosis", sorti en 2014, du chemin a été parcouru. Le groupe s'appuie aujourd'hui un peu moins sur la technique et se trouve même être dans une démarche qui semble rendre leur musique plus accessible. De ce fait, même si "Revenant" est vraiment un bon album, son prédécesseur est une œuvre magistrale dans le genre techno death mélodique. Signé chez The Artisan Era, label qui possède dans ses écuries des poulains tels Augury ou A Loathing Requiem, d'autres spécialistes du death technique et mélodique, Inferi détient suffisamment d'atouts pour devenir un cador dans le genre.
Dans un registre musical complètement identique à Vale Of Pnath, The Black Dahlia Murder (je me répète), Rings Of Saturn, Beyond Creation et consorts, Inferi poursuit son bonhomme de chemin en gagnant en maturité et en parvenant à trouver un équilibre de plus en plus judicieux, entre technicité et efficacité. "Revenant" est un album musicalement solide, bien ficelé et entraînant.
Si vous aimez la déboule, la haute voltige instrumentale et les structures alambiquées, tournez-vous vers "Path Of Apotheosis" de 2014, mais si vous cherchez un metal plus direct, avec des titres construits pour avoir de l'impact sur l'auditeur, "Revenant" sera un peu plus votre came. En plus, la pochette ravira tous fan d'heroic fantasy qui se respecte grâce à cette superbe illustration d'une entité démoniaque gigantesque faisant face à un guerrier intrépide.
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