Inutile de me demander si je me souviens de ma réaction lorsqu’en un beau jour de 2009, j’ai appris les évictions simultanées de Mustis (claviers) et d’ICS Vortex (basse, chant) de Dimmu Borgir. Stupeur, consternation, incompréhension, désarroi… Il faut savoir que c’est ce bassiste, ou plus exactement son timbre incomparable, qui m’a faite tomber dans la marmite "Dimmu Borgir" immédiatement, à la sortie de "Death Cult Armageddon" en 2003, c’est-à-dire à une époque où le metal était représenté par un point d’interrogation gigantesque dans ma vie. Dieu merci, à partir de cette découverte, ce point d’interrogation s’est rapidement mué en un chemin interminable, une longue route criblée de carrefours.

Donc le dépit que j’ai connu en Août 2009 est, je pense, compréhensible. Et mon ivresse de ce mois d’Août 2011 tout autant ! Un premier album de Vortex, imaginez un peu ! Après avoir officié au sein de Dimmu Borgir (bien entendu !), mais également au sein d’autres pointures telles Borknagar ou Arcturus (dont le morceau "The Chaos Path" et le dernier album "Sideshow Symphonies" n’en finissent plus de me réjouir –au fait, lançons les pronostiques : reformation à venir ou pas ?), Simen Hestnæs se trouve finalement à la tête de son propre projet. Pour se faire, il s’est entouré de vieilles connaissances, puisque c’est Asgeir Mickelson (ex-Borknagar) que l’on retrouve à la batterie, et Terje "Cyrus" Andersen (Susperia, Dimmu Borgir) lors de quelques soli (et d’autres personnalités encore dans la formation spécialement conçue pour les concerts). Pour la première fois depuis sa déjà longue carrière de musicien, Vortex a l’opportunité de créer un album qui lui est donc personnel d’un bout à l’autre. Et bon est de constater que l’homme aime toucher à un peu de tout ! Malgré une pochette sombre et minimaliste et une réputation qui n’est plus à faire dans le monde du black metal,"‘Storm Seeker" en est loin ! Oh bien sûr, les traces ne sont pas loin… Elles sont même très proches, comme le confirment les deux titres d’ouverture : "The Blackmobile" et "Odin’s Tree" (les vocaux hurlés en moins). Et ensuite ? Les auditeurs à la recherche de ce genre de style pourront passer leur chemin. Les autres découvriront un peu plus en profondeur l’éclectisme de Vortex, dont les compositions passent de touches rock à des passages davantage progressifs, en passant par un folk désarçonnant (l’inattendu "Skoal !"). Et bien que "Storm Seeker" reste très éloigné des (nombreux) précédents groupes de son géniteur, il s’achève sur un "The Sub Mariner" planant, rappelant le grand Arcturus. Si on s’attendait à un opus sombre et déchirant, force est de constater que ce n’est pas le cas : les titres légers ont une place importante, comme le prouvent entre autres "Skoal !", mentionné précédemment, ou l’éponyme "Storm Seeker". Et n’oublions surtout pas, je vous en prie, cette allégresse incomparable que celle d’être emporté par la voix d’or et magistrale de Simen ! Un timbre unique, épique, et ô combien identifiable parmi tous !

Ce disque souffre néanmoins d’un petit défaut de production : on se prend de temps à autres à regretter un certain manque de clarté entre les différents éléments et instruments. Dommage. "Storm Seeker" est un album visiblement riche : cela fera des heureux, ainsi que des déçus (notamment les nombreuses personnes ayant espéré évoluer dans un black metal plus ou moins typique). Une chose certaine : cet opus -pas forcément facile d’accès et déroutant, avouons-le- vaut sincèrement la peine que l’on s’y attarde. Rien que pour cette voix impérieuse et mirifique, car celle-ci, vous ne la retrouverez chez personne d’autre, soyez-en sûrs !