Le groupe
Biographie :

Hyrgal fut fondé en 2007 par le guitariste chanteur Clément Flandrois (Pillars, Oorthian, ex-Svart Crown) avec l'aide de Quentin Aberne (Carcolh, ex-Sun Preachers, ex-Marble Chariot) à la basse et Thibault Meunier (ex-Otargos) à la batterie. Le groupe sort sa première démo, sous forme de split album avec Kairn (projet acoustique de l'ancien guitariste d'Otargos, Julien Savy). La formation ouvrira entre autres pour des lives de Wolves In The Throne Room, Year Of No Light, Otargos... Le groupe sera mis en stand by en 2010 pour des raisons personnelles et Clément intégrera Svart Crown à plein temps. En 2016, Clément décide de reformer le groupe avec un nouveau batteur dont il s'était rapproché depuis 2012, Emmanuel Zuccaro (Oorthian, ex-Karne, ex-Sulphureign), et toujours Quentin à la basse. "Serpentine" sort en Otobre 2017 chez Naturmacht Productions. Rejoint depuis 2019 par Alexis Chiambretto à la basse et Nicolas Muller (ex-Svart Crown, ex-Otargos) à la batterie, Hyrgal sort son deuxième album, "Fin De Règne", en Décembre 2020 chez Les Acteurs De L'Ombre Productions. "Hyrgal" sort en Mai 2022 avec un nouveau batteur, Rémi Serafino

Discographie :

2017 : "Serpentine"
2020 : "Fin De Règne"
2022 : "Hyrgal"


Les chroniques


"Hyrgal"
Note : 16/20

Deux ans après le terrassant "Fin De Règne", Hyrgal nous revient avec un troisième album sans nom et bien décidé à nous mettre sur les rotules une fois de plus. L'innommable d'Hyrgal, ça sonne bien, non ? Et ça collerait plutôt bien avec ce black metal rageur et désespéré qui épuise autant qu'il saisit. Hyrgal suit le chemin qu'il s'est tracé depuis "Serpentine" et le voyage risque cette fois encore d'être douloureux et éprouvant.

"Diablerie" nous accueille avec un black mid-tempo renvoyant directement aux origines et quelques accords dissonants en prime pour une ambiance évidemment glaciale et malsaine comme le veut la tradition. Une fois de plus, l'album ne dépasse pas les quarante minutes et Hyrgal garde l'efficacité en tête malgré des morceaux assez denses. Cette entrée en matière nous envoie quelques passages d'une lourdeur impressionnante et d'autres d'une violence impitoyable. On retrouve la patte Hyrgal caractérisée par cette façon qu'a le groupe de balancer ses tripes dans ce qu'il fait, c'est ce qui donne cette intensité à ses albums. Son black metal ne relâche jamais la pression même quand il lève le pied, que ce soit dans les passages les plus brutaux ou les riffs les plus lourds, Hyrgal trouve toujours une façon de vous agresser. La violence s'exprime d'ailleurs toujours soudainement, à chaque fois que le groupe semble se calmer un peu vous pouvez être sûrs que vous n'allez pas tarder à assister à une explosion brutale et subite. Ce troisième album semble être sous le coup de crises imprévisibles, il semble s'enfoncer dans la fange à certains moments et part dans une furie incontrôlée dans les secondes qui suivent. "Légende Noire" s'ouvre lui aussi sur un tempo contrôlé et des ambiances glaciales avant de laisser monter graduellement cette rage qui ne cesse jamais de chercher un chemin pour se libérer. Pas d'explosions de blasts sur ce deuxième morceau mais les ambiances et le chant totalement possédé ne trompent pas, pas besoin de foncer dans le tas pour que la colère s'entende.

La mélancolie que l'on pouvait sentir sur les deux précédents albums s'efface quelque peu sur ce troisième méfait pour laisser place à un caractère nettement plus dominateur. On sent que le groupe a trouvé son chemin, assume sa voie et ce troisième album laisse entendre une colère et une rage qui ont été pleinement embrassées. Hyrgal les a acceptées comme faisant partie de lui, maintenant débarrassé de ses doutes il les met au premier plan. "La Foudre Puis La Nuit" nous vrille d'ailleurs les tympans avec une première minute bien noisy avant de laisser le tempo s'emporter et des tapis de double grosse caisse nous broyer les vertèbres. Cette fameuse mélancolie qui a cédé un peu de place sur ce troisième album refait par moments surface sur ce morceau et illustre la dernière part d'humanité qu'il reste encore à Hyrgal. Une fois de plus, l'album est doté d'une très bonne production avec un son puissant, clair et surtout organique avec une batterie qui fait plaisir à entendre. Les guitares tranchantes de "Serment De Sang" vrillent bien les oreilles par contre, une autre façon d'illustrer une fois de plus le propos du groupe. Ce morceau plus court et posé est d'ailleurs parfaitement placé avant la folie furieuse de "Fureur Funeste" qui porte bien son nom et défonce tout sur son passage. On sent une urgence particulière sur ce morceau couplée avec une ambiance toujours aussi malsaine et noire. Hyrgal évolue doucement mais sûrement et ce nouvel album nous malmène une fois de plus avec une noirceur encore renforcée et une rage plus présente encore.

Toujours pas le moindre compromis sur ce troisième album, Hyrgal a décidé de laisser libre cours à sa colère et nous envoie une petite quarantaine de minutes éprouvantes une fois de plus. Noir, violent, rageur, peut-être moins mélancolique mais toujours aussi habité, ce black metal décoche un bon gros crochet à l'estomac et confirme tout le bien que l'on pensait du groupe.


Murderworks
Septembre 2022




"Fin De Règne"
Note : 15/20

Après avoir pris dix ans pour proposer son premier album, Hyrgal n'en aura pris que trois pour nous envoyer son deuxième album, "Fin De Règne". "Serpentine", son prédécesseur, avait été une bonne surprise en matière de black metal avec un mélange de violence, de mélodie, de rage et de mélancolie. Un mélange assez intense et terrassant d'ailleurs qui a dû en laisser plus d'un sur les rotules et qui permet de faire des dégâts cette fois encore.

"Colère Noire" ouvre l'album et annonce d'ailleurs la couleur rien qu'avec son titre qu'il porte plutôt bien d'ailleurs, même si le groupe ne tombe pas dans le piège du bourrinage intensif. Ce premier morceau présente d'ailleurs des structures assez mouvementées et des dissonances qui se glissent régulièrement dans ses riffs par ailleurs tranchants et directs. Le black metal d'Hyrgal n'est certes pas bête et méchant mais sa violence ne fait pas de prisonniers et globalement le groupe fait assez mal. On sent de la rage là-dedans plus que de la haine, une envie de tout péter et d'envoyer chier tout le monde. Les ambiances sont froides et mélancoliques et surtout prenantes et le groupe se fait une fois de plus assez évocateur. On remarque une fois de plus que le chant en français est intelligible et que les paroles peuvent quasiment être discernées à l'oreille en dehors des passages les plus rageurs. Hyrgal pioche dans plusieurs sous chapelles du black metal sans jamais se remettre totalement à l'une d'entre elles en particulier et se sert de ce spectre musical pour créer son propre univers et imposer sa patte. Les arpèges dissonants se mêlent aux blasts brutaux et aux riffs tranchants à grands coup de trémolo et les ambiances passent de la mélancolie à la rage en un clin d'oeil. Une fois de plus difficile de pointer un groupe en particulier pour essayer de donner une idée de ce que fait Hyrgal et c'est une bonne chose. Il y a plus de groupes pour reproduire ce qu'ont fait les précurseurs que pour chercher leur propre voie dans cette scène, donc quand on en tient un on salue la démarche de vouloir développer une personnalité propre.

En tout cas, ce black metal ne perd pas de temps et ne s'embarasse pas de fioritures, sans être bourrin Hyrgal va droit au but et même les morceaux qui tirent jusqu'aux sept minutes ne se servent de cet espace que pour amplifier leurs ambiances. Malgré un rythme soutenu et des blasts très présents, les cassures rythmiques que le groupe place régulièrement donnent une certaine dynamique à "Fin De Règne" et cette façon de composer couplée à une durée n'excédant pas les quarante minutes permet de garder un maximum d'efficacité. "Sépulcre" est d'une lourdeur impressionnate et ce tempo quasiment doom lui donne un caractère malsain amplifié par le chant totalement lessivé et ces voix en arrière-plan couvertes d'effets. Une sale ambiance qui tranche d'autant plus qu'elle judicieusement placée en plein milieu de l'album qui blaste bien plus et qui montre un visage globalement plus violent. Une réussite qui confirme que le spectre sonore d'Hyrgal est plus vaste que le black metal de base et qui montre qu'il y a là un potentiel assez bluffant. Si la plupart des groupes de black savent poser des ambiances froides et malsaines, il en est peu qui arrivent à créer ce genre de cauchemar sonore. "Glyphe De Sang" débarque juste après avec un riff quasiment black'n'roll qui, une fois de plus, tranche violemment et joue avec nos nerfs en nous faisant passer du coq à l'âne. Et pourtant "Fin De Règne" jouit d'une cohérence qui ne montre pas la moindre faiblesse et arrive à faire rentrer toutes ces sonorités en un seul gros glaviot qu'Hyrgal nous envoie à la tronche.

Un nouvel album qui confirme tout le bien que l'on pensait d'Hyrgal à la sortie de "Serpentine" et qui développe encore sa (sale) patte avec "Fin De Règne". Un black metal rageur, mélancolique, plus complexe qu'il n'y paraît pour un résultat efficace aux ambiances puissantes. Un groupe à part dans une scène chargée et qui mérite donc toute votre attention.


Murderworks
Décembre 2020




"Serpentine"
Note : 15/20

Si les Français d'Hyrgal nous livrent leur premier album "Serpentine", on ne peut pas pour autant qualifier le groupe de nouveau, un split avec Kairn étant en effet déjà sorti en 2008. Après avoir disparu des radars pendant dix ans, c'est donc ce premier véritable album qui se charge de nous montrer ce que Hyrgal a dans le ventre.

Après une intro de plus de trois minutes qui pose une ambiance pas franchement joyeuse, c'est "Mouroir" qui ouvre le bal et avec un titre pareil, vous vous doutez que l'ambiance ne s'améliore pas vraiment. Ce premier véritable morceau nous fait comprendre qu'Hyrgal pratique un black metal mélodique certes mais très froid et mélancolique, mais que les puristes ne s'inquiètent pas, on est sur du black relativement proche des origines et assez dur. Pas de claviers mielleux ou de chant féminin lyrique ici, le blast est très présent et même si le groupe n'est pas un bourrin fini, la violence trouve quand même son mot à dire dans la musique d'Hyrgal. Malgré cette violence, tous les morceaux sont drapés dans une beauté glaciale, une mélancolie qui trouve sa place au milieu de ces blasts incessants, une petite faille dans ce mur d'agression. Le chant totalement arraché appuie encore cette impression de musique torturée, la colère du désespoir qui s'infiltre dans une musique déjà belliqueuse de base. Malgré ses trente-six petites minutes, "Serpentine" vous retourne l'estomac, vous piétine le cœur et vous crache sa bile au visage. La musique d'Hyrgal est clairement habitée, authentique, une catharsis évidente qui vous explose à la tronche sans prévenir. Vous allez sentir son fiel, son amertume et ses coups de lames rouillées. Le son est cru, les guitares sont tranchantes et pourtant la production nous permet d'entendre tout le monde, de capter la moindre mélodie cachée derrière un mur de décibels.

Il n'y a finalement que "Etrusca Disciplina" pour daigner lever le pied un peu en fin d'album avec des riffs toujours aussi froids mais un tempo plus lourd, presque doom. Une occasion d'entendre des mélodies magnifiques, légèrement plus lumineuses que sur les morceaux précédents, poignantes, presque une ambiance de recueillement. Cela ne dure évidemment pas bien longtemps et les blasts refont bien vite leur apparition, le passage à tabac reprend mais le désespoir reste en fond et donne l'impression d'un baroud d'honneur. La dernière charge que l'on donne par orgueil tout en sachant que c'est terminé, le refus de se coucher. Au-delà du caractère sincère de sa musique, le groupe a une patte, si on peut y sentir le croisement du black metal des origines et de groupes plus modernes, il n'empêche que Hyrgal crée son monde et développe un style qui lui est propre. Il est d'ailleurs bien difficile de pointer un groupe similaire pour aiguiller les oreilles perdues, sachez juste que l'album est très bon et que si vous aimez le black metal au sens large, il faut aller y jeter une oreille, vous aurez très peu de chances d'être déçus.

Premier album très prometteur qui nous fait espérer qu'il n'y aura pas dix ans entre les sorties du groupe. Un black metal dur, froid, mélancolique, mélodique totalement habité qui ne devrait pas vous laisser insensibles.


Murderworks
Octobre 2018


Conclusion
Le site officiel : www.facebook.com/hyrgal