Aujourd’hui c’est jour de fessée ! N’en déplaise aux associations spécialisées et aux activistes (pro ou anti d’ailleurs) de la correction par mes cinq sur ton cul, mais avec ses neuf titres, ce "Hail To The Beast" va laisser des marques bien visibles sur de nombreuses paires de fesses… Mais attention, ce ne sera pas jour de fessée "normale", plutôt jour de fessée au goût étrangement antique et mythologique ! Du coup, pour éviter les apartés à la con au grès des "blockbuster " (hum…) américains du genre "Hermès ?... Euh... Ah si ! C’est pas le gars avec des chaussures ailées dans Percy Jackson ?", ici seuls seront autorisés les passages pour adultes. Donc des trucs du genre l’émasculation d’Ouranos, le viol de Cassandre ou encore cette "magnifique " invention qu’est le taureau d’airain, et tout cela dans un contexte purement modern death à tendance deathcoreuse et agrémenté de passages brutalement planants ou d’interludes mélodiques. Voilà qui est résumé ! Ça va, c’est assez clair, concis et compréhensible ?

Quoi qu’en fait, on se contentera de parler musique après tout, c’est pour ça qu’on est là d’ailleurs… Toutefois, pour une dernière allusion bien parlante, disons que ce "Hail To The Beast" ferait s’effondrer l’Olympe et frémir les Dieux ou divinités, tandis que nous, pauvres mortels, ne serions que les témoins de la folie dévastatrice de l’éclatante colère tonnant des cieux à travers éclairs, blast beats et breakdowns ("The World Eater", "Premature Burial"). En ce sens, l’artwork (bien sympathique au passage !) annonce le cataclysme s’apprêtant à s’abattre sur les tympans et faire des ravages dans tes écouteurs.

Pour la suite, "Hail To The Beast" ne se contente pas de jeter un petit mouton innocent dans le ventre d’un grand méchant lion affamé, mais plutôt de le découper, le taillader, le broyer puis le mixer et enfin le désagréger. Si bien qu’à la fin, le grand félidé se régale de cet amas de brutalité technique et de rage animale ("Into The Lion’s Den", "Warface") ! D’ailleurs, toujours à propos d’un agneau finissant sa déglutition dans un estomac, comme le disait, il y a de cela plusieurs siècles, le père grec des fables : la raison du plus fort est toujours la meilleure. Et le vieux pépère était sans doute loin d’être sénile, et ça Hybrid Sheep l’a bien compris, son "Hail To The Beast" tape plus fort, plus haut et plus brutalement que son "Free From The Clutches Of Gods", alors forcément sa raison n’en devient que meilleure. Concernant les textes, l’inspiration du disque et les questionnements sur la nature Humaine ou l’avènement du Mal, ceux ci pourraient être l’objet de longues heures de débat. Mais le mieux est encore de garder la surprise pour les auditeurs puis de le faire partager à Tata Boutin juste pour montrer que le metal est une musique douce adoucissant les mœurs ("Following Blind Leaders", "Harvest Of Humans").

Bon, on rigole, on rigole mais on voit pas la fin du bol ! Du coup, au final, disons qu’avec ce second jet, Hybrid Sheep assène un disque solide et brutal, avec ses mélodies et ses ambiances titanesques et dévastatrices ("The Last Breath Of A Dying Earth"). Galette qui n’a, peut être, pour seul "bémol", de ne durer "qu’" un peu plus d’une demi-heure, alors qu’on aurait aimé se faire molester la nuque un peu plus longtemps ! Quoi qu’il puisse en être, "Hail To The Beast" est un album efficace et propre, porté par une production monstrueuse et surtout par du talent pur qu’il convient de reconnaître, de partager et d’aduler pour bientôt voir déambuler dans les fosses des nuées de petits clones brandissant des t-shirt Hybrid Sheep.

D’ailleurs, si un jour le clonage venait à être autorisé, informons la communauté scientifique que cinq techniciens musicaux ont déjà délivré un mouton hybride de qualité, qui aura pile poil de quoi se faire un bon pull pour les tympans et passer l’hiver bien au chaud. Bref, Hybrid Sheep ça brise des nuques et ça explose des fions ! Alors joyeuse fessée ou joyeux fist…

La Suisse et la France... Il existe entre nous et nos petits cousins helvétiques une grande amitié. Je ne vais pas rentrer dans les détails de la géopolitique mais pour moi France et Suisse sont indéniablement voués à marcher côte et à côte. Et ça, il y a quelqu'un qui l'a bien compris, c'est Randy de Tenacity Music (le label helvète qui monte, qui monte) qui a signé dans son écurie un groupe français, les bien nommés Hybrid Sheep, originaires de Rhônes-Alpes, qui nous présentent leur premier album "Free From The Clutches Of Gods". Pour les présenter, Hybrid Sheep est composé d'Arnaud au chant, Alex et André aux guitares, Max à la basse et Jordan au cassage de fûts (oui, j'adore cette petite expression !). Hybrid Sheep évolue dans un style de metal résolument moderne puisque le combo rhônalpin nous assène un metalcore qui dépote tout sur son passage. "Free From The Clutches Of Gods" est donc leur premier album et fait suite à deux EPs : "Dommages Collatéraux" sorti en 2009 et "Hymne A La Déchéance" sorti, lui, en 2012.

"Free From The Clutches Of Gods" est composé de 10 titres pour pas moins de 38 minutes de gros metal, de cassage d'oreilles et d'enceintes. Lorsque l'on écoute "Free From The Clutches Of Gods", on est plongé au cœur de l'univers et du monde voulu par Hybrid Sheep : on est encerclé autant par la puissance, la technique que par les mélodies très présentes. Je dis toujours que recevoir une production française d'un tel acabit est toujours un plaisir, Hybrid Sheep vient confirmer encore (et encore) une fois que la scène française est ultra riche et ultra variée. La musique d'Hybrid Sheep est un gros mélange de groupes aussi divers que Lamb Of God, Benighted, Aborted, Parkway Drive et All Shall Perish. Un sacré mix, les amis ! Ca envoie sévère et on ne s'embête pas une seconde à l'écoute de "Free From The Clutches Of Gods"... Si le cœur vous en dit, vous pouvez vous rendre sur le Bandcamp de Tenacity Music afin d'écouter ce que ce groupe prometteur a dans le ventre... Et plus bien sûr si affinité musicale... Car faut pas oublier que quand on aime la musique, on la soutient autant que l'on peut. Comme à mon habitude, un petit mot sur le visuel de l'album, très beau, ne boudons absolument pas notre plaisir. Ce superbe visuel est une création de Remy Cooper de Headsplit Design. Chapeau bas !

En résumé, Hybrid Sheep nous envoie un message : on doit désormais compter sur eux ! Ils ont de réels arguments à faire valoir (et à faire entendre) et il est à espérer qu'ils s'égosillent  le plus possible sur scène. D'ailleurs, en parlant de ça, petite info toute fraîche : Hybrid Sheep va partager la scène avec les Mulhousiens de Smash Hit Combo au Brin De Zinc (Barberaz) le 15 Mai, ça va cogner je sens, cette soirée, à ne pas manquer sous aucun prétexte. Merci Alex pour l'info. Hybrid Sheep est un groupe très prometteur. Si vous aimez les formations dans le style par exemple de Benighted (surtout dans la variation des tonalités de chant), Conjonctive ou encore Voice Of Ruin, inutile de vous dire que Hybrid Sheep vous tend les bras... En conclusion : Badaboum, les amis ! Vive le metal français ! Vive la scène française !