"Invisible Queen"
Note : 16/20
Je ne crois pas qu’il existe une meilleure façon de tirer sa révérence. En effet, je débute cette chronique de cette manière puisque "Invisible Queen", douzième album de Holy Moses se veut leur chant du cygne. Dernière membre fondatrice du groupe, Sabina Classen, ayant rejoint le groupe en 1981, est maintenant prête à passer le flambeau aux plus jeunes générations.
Le groupe se dit de l’école du thrash, mais cela serait bien réducteur. Le son d’ensemble se veut résolument de ce style en effet avec une production au son parfois old school mais l’on retrouve également des influences death et un niveau de technique rappelant au passage des groupes comme Mekong Delta et Watchtower. Ce n’est pas aussi étourdissant que du pur math metal, mais au final, le défi d’écoute en vaut la chandelle puisque cela garde le niveau d’attention de l’auditeur en constante alerte.
Cette haute voltige permet d’ailleurs de briser la monotonie ambiante de l’album, avec des prouesses par exemple au niveau des guitares et des solos qui vous laisseront parfois bouche bée. Sabrina Classen, quant à elle, livre également une performance inouïe. Sa voix, comparable à celles de Chuck Schuldiner (Death) et Tom Araya (Slayer) est acérée et malsaine dans le bon sens du terme. Le mélange parfait pour ce type de metal. Une mention spéciale également à la basse qui ne fait pas qu’office de spectateur. Elle est dynamique et technique également et ajoute à la complexité de la musique. Certains passages me rappelaient même le grand Steve DiGiorgio, c’est peu dire.
Si vous recherchez un thrash / death metal efficace avec des riffs à la tonne, vous ne pouvez pas vous tromper avec ce dernier album d’Holy Moses. Le groupe quitte maintenant la scène metal, mais laisse derrière lui un héritage riche pour les futures recrues du genre.
"Redefined Mayhem"
Note : 15/20
Est-il techniquement possible d’être chanteuse dans un groupe de thrash death old school ? La réponse est oui et n’a pas attendu le nombre des années pour se concrétiser, pour preuve, le nouvel opus du groupe de Teutons Holy Moses, qui nous gratifient, toujours sous la houlette de Sabrina Classen, de leur onzième album en un peu plus de 30 années de carrière.
Au programme de cette nouvelle galette, du thrash dans ton froc, du death old school, des gens pas contents, un son brut de décoffrage, et forcément, en cette période de division d’Arch Enemy, un évident rapprochement (du moins me concernant) entre les deux Allemandes blondes au fort charisme et à la voix chargée en cailloux et en bière (bien que, même si Angela Gossow reste plus connue que Sabrina, la première a forcément été influencée de bien des manières par la seconde). Qui dit nouvel opus dit nouveau remaniement avec l’arrivée de Peter Geltat (ex-Desilence ) à la guitare depuis la fin 2012, et dit aussi nouvelle opportunité de s’entourer de gens de talent, en témoigne la collaboration avec Tue Madsen (The Haunted, Dark Tranquillity, Hatesphere, Aborted, Dagoba, Sick Of It All, Moonspell… Pas un minable donc !) au mix et au mastering. Mais que vaut donc cet opus concrètement parlant ?
Sans trop rentrer dans les détails (pour une fois !), je dirais que ce nouvel album est tout à fait fidèle aux anciens sur le plan de la voix de Sabrina Classen qui, grâce à un habile poussage de bouton, ne fait pas ses 50 printemps. L’esprit, lui aussi, reste le même, avec un vrai fond de thrash old school ("Undead Dogs") tant sur les riffs que sur le mix (oui, ça sonne old school, volontairement, malgré l’évolution de la technologie et les diktats des maisons de disques) avec un soupçon de death metal ("Process Of Projection", "Into The Dark" qui mêle très bien les deux styles à mon goût, avec un fort côté Testament sympa). Dans cet univers qui se veut un peu underground, un titre vient à mon sens, apporter un côté vraiment "commercial", si tant est qu’on puisse l’appeler comme ça , le très bon "DeLusion" avec ses chœurs et ses interventions de voix masculines. Les solos, eux aussi, ne sont pas en reste. Bien que tirant un peu trop, parfois, sur du Slayer, les parties de Peter Geltat apportent un côté relativement nouveau à la musique du combo. C’est aussi ça les changements de line-up : une fragilité de la cohésion du groupe, mais aussi de nouvelles influences qui font avancer le Schmilblick…
En bref, un album qui ravira les fans du groupe, les amateurs de thrash ancienne école, ceux qui ne détestent pas Arch Enemy, et ceux, tout simplement, qui ont envie de headbanguer à s’en briser la nuque.
"30th Anniversary - In The Power Of Now"
Note : 17/20
Voilà une nouvelle compilation des Holy Moses pour fêter leur trentième anniversaire. Malgré une première compilation il y a quasiment dix ans avec "Too Drunk To Fuck", les Holy Moses se sont décidés avec "In The Power Of Now" à réenregistrer pas mal de leurs morceaux ayant marqués leur carrière depuis toutes ces années.
Le tout se composant de deux CDs retraçant fort bien le parcours musical des Allemands et chaque CD comprend un morceau bonus, de quoi satisfaire l’écoute des grands fans pouvant ne pas retrouver tout ce qu’ils désirent sur cette compilation qui me semble bien plus adaptée à la nouvelle génération qu’au vieux de la veille incollable au sujet des Holy Moses.
Sur le CD 1, on n’échappera pas à "Finished With The Dogs" ou le plus vieillot "Walpurgisnight", restant tout de même dans des grands classiques de Holy Moses. Au niveau du son, le tout a bénéficié d’un ravalement de façade à Hambourg au studio Absurd dont la réputation n’est plus à justifier. Un son donc excellent, un grand bravo à leur nouveau batteur qui a dû se repalucher 30 ans de carrière et qui s’en sort très bien, relevant même un peu certain riffs avec des petits plus qu’une oreille avertie saura déceler sans difficulté.
Le plaisir sur des morceaux tels que "Jungle Of Lies", "SSP", "Welcome To The Real World", est toujours présent et la qualité de la production ne fait que relever encore plus cette délectation à l’écoute. Le morceau bonus "Borderland", reste dans la grande lignée des Holy Moses, et je pense que les fans ne seront aucunement déçus d’un morceau écrit dans l’esprit de leurs débuts avec une tendance thrash bien dominante.
Sur le CD 2, pas de dentelle ! Ça commencera avec le terrible et incontournable "Reborn Dogs", ça aurait été une grosse erreur de leur part de ne pas sélectionner ce morceau pour cette compilation. Même si clairement faire une sélection de morceaux sur 30 ans de carrière est loin d’être un travail des plus aisé, Holy Moses offre ici une tracklist soignée et très représentative de leur carrière depuis la formation du groupe en 1980.
Le hic à mes yeux, un petit manque de logique dans la playlist qui ne comporte pas d’aspect réellement chronologique par rapport à l’histoire du groupe, mais ce détail est assez dérisoire, car bon, 30 ans de carrière tout en gardant l’efficacité à l’écoute de deux CDs, représentant un ensemble de 85 minutes tout de même, ce n’est pas rien ! L’écoute se passe même sans se lasser et avec une joie que j’avais oubliée depuis un long moment tout de même, donc à ce niveau-là, je leur tire mon chapeau.
"DefCon II", "Disorder Of The Order", "Creation Of Violation", à l’image du premier CD, le second envoie tout autant de patate avec des morceaux que l’on connaît par cœur mais que l’on redécouvre au travers de cette réédition. Le morceau bonus ici, c’est "Entering The Now", et mes aïeux quelle claque !! Voilà un bon gros concentré de death à la Holy Moses, qui sait composer des morceaux rappelant la grandeur du groupe. Une puissance énorme, des guitares surprenantes, une réelle biffle acoustique en soi.
Je me méfie un peu des compilations de groupes, certains ne faisant que ressortir de vieilles pistes, mais ici Holy Moses a fait plus que ça, l’histoire entière du groupe défile au travers de morceaux sélectionnés avec soin, réenregistrés, remastérisés, et deux titres bonus, pour moi c’est que du bonheur.
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