J'avoue tout de suite ne pas spécialement connaître la scène black metal Italienne, le seul groupe qui me vient en tête là tout de suite c'est Evol. Et on ne peut pas dire qu'ils m'aient laissé un bon souvenir ceux là, mais bon pas d'à priori. D'autant plus que le groupe qui m'occupe aujourd'hui, Hiems, n'est pas du tout taillé dans le même bois. Le voilà donc qui nous livre son deuxième album, "Worship Or Die".

Le premier détail que j'ai remarqué dans le line-up est que l'unique membre du groupe fait aussi partie de Dead ?, un des projets de Kaiser d'Ad Hominem. Aimant la musique de ces derniers je me suis dit que ça devrait donner quelque chose de bon tout ça. Et je ne m'étais pas vraiment trompé, Hiems nous livre un très bon black metal sur près d'une heure sans jamais faiblir. Alors je vais remettre les choses à leur place directement, les bourrins qui viennent de débarquer dans leurs panzers tout neufs vous pouvez faire demi-tour. Bah oui si vous voulez de l'ultra bourrin c'est pas vraiment le bon endroit là, non ici le black metal est comme je l'aime. C'est à dire principalement basé sur les ambiances, le climat froid et noir qui doit se dégager de toute galette black metal digne de ce nom.

Et le gaillard sait y faire dans le domaine, on est dans le pur black parsemé de quelques relents black 'n' roll qui peuvent parfois évoquer Satyricon. Et dès le premier morceau on entend de légères voix claires qui collent juste parfaitement au morceau en question et qui contrairement à beaucoup de groupes de black ne tombent pas comme une merde sur une planche. En fait pour faire simple je dirais que cet album mélange avec un certain talent le headbanging et le cté direct du metal, avec les ambiances bien crades et malsaines du black à proprement parler. Et bordel ça fait plaisir à entendre, quand on voit tous ces groupes qui refont les mêmes riffs déjà entendus 1000 fois en essayant péniblement de dégager un climat ne serait-ce qu'ombragé. ^

Là ça pue le malin à des kilomètres, et le pire c'est qu'il arrive à rendre sa musique quasiment catchy. Vous allez vous retrouver à vous secouer la crinière et à taper du pied sans même vous rendre compte, une espèce de black tubesque quoi. D'ailleurs j'aimerais bien entendre ça en live tiens, ça doit sonner du tonnerre de Dieu (oups désolé je recommencerai plus, promis). Si en plus ils arrivent à ne serait-ce qu'approcher le son de l'album ça doit vraiment être terrible, bah oui parce que la prod' est claire et puissante. Adios le son de guitare qui sort de la cave de chez Mémé, là c'est pro jusqu'au bout, carré, bien en place et avec un son qui crache comme il faut.

Je disais que les bourrins devaient faire demi-tour, mais les blasts sont là quand même hein. C'est juste qu'ils ne dominent pas et que la musique de Hiems n'est pas construite autour d'eux. Ils savent débarquer quand il le faut pour relancer un peu le rythme, prouvant par là s'il le faut le talent de composition du monsieur qui peut vous tenir en haleine sur des morceaux de 8 minutes sans problème. Ses morceaux sont vivants, variés, rythmés et on ne s'endort jamais sur deux pauvres riffs en aller-retour comme c'est souvent le cas. Il y a en plus un côté vraiment occulte qui se dégage de ce "Worship Or Die", qui porte décidément bien son nom.

Les ayatollahs du black vont peut être gueuler en disant que ce n'est pas le pur black qu'ils pouvaient entendre chez les bons vieux Darkthrone, mais comme le dirait un de mes potes : on s'en bat les c...lles avec une porte fenêtres. Hiems a une personnalité, les influences et sonorités à la Satyricon ne sont vraiment pas majoritaires ni pénalisantes. Le groupe a su proposer sa propre mixture, ça s'appelle digérer ses influences et il faut à pas mal de groupes plus de 2 albums pour y parvenir. C'est tout à l'honneur de Hiems d'en être déjà là, et ça laisse rêveur quant aux prochaines sorties du groupe. D'ailleurs le dernier titre est une reprise du groupe Gun, il est totalement dans l'esprit rock 70's et entièrement chanté en voix claire. Le tout précédé d'un instrumental de 2 minutes au clavier qui fait lui carrément penser à du prog, toujours 70's par contre. Tout ça devrait vous donner une idée de la créativité et de la diversité dont Hiems peut faire preuve.

Donc si pour vous le black ne se résume pas à des blasts et que vous cherchez une ambiance sombre, noire et occulte je ne peux que vous conseiller de foncer sur cet album. Je ne pense pas que vous pourriez être déçus, si c'est le cas je ne peux plus rien pour vous. Si vous offrir une boîte de cotons-tiges à la limite.