"Phosphorus Vol I"
Note : 15/20
Hetroertzen revient. Depuis 1997 sous le nom d’Hhahda et après une démo, le groupe
chilien change de nom, puis sort six albums. En 2022, Frater D (batterie, Die Kunst Der
Finsternis, Sapientia, ex-Horns…), Åskväder (guitare, ex-Myling) et Anubis
(guitare / chant, Sapientia) annoncent "Phosphorus Vol I", leur septième album, chez
Listenable Records.
"The Arrival" nous propose quelques sonorités mystérieuses pour débuter l’album, ainsi que
des choeurs fantomatiques qui s’approchent progressivement, puis qui nous laissent sur
"Sea In Black", une composition imposante qui dévoile également le chant rauque. Le black
metal cosmique du combo ralentit pour proposer des frappes plus martiales et des éléments
inquiétants avant d’accélérer à nouveau pour le final agressif, qui donnera naissance à "The
Hall Of Wonders" et ses leads entêtants. Le son majestueux devient pesant et oppressant,
laissant les effets alimenter la saturation et sa noirceur, tout en laissant le groupe proposer
des éléments étranges entre deux éruptions de violence, mais "Absorption Of The Current I"
vient nous offrir un court moment de répit avant de placer des riffs tranchants et efficaces qui
dévoilent des mélodies aériennes. Le son lancinant nous envoûte avant de nous laisser
respirer et d’enchaîner sur "Absorption Of The Current II", qui reste dans ces tonalités
aériennes, mais légèrement plus agressives.
Le blast furieux laisse place à des riffs plus
doux et mystérieux, puis la combinaison des deux dévoile un contraste hypnotique, à
l’opposé des influences black / thrash de "Vultus Satani" et de son énergie vive. Le rythme est
brisé net avant de reprendre sur des riffs accrocheurs et des leads entêtants, puis "Et In
Arcadia Ego" nous dévoile une agressivité brute. Le chant éraillé se mêle aisément aux
influences old school des riffs ainsi qu’aux sonorités mystiques qui progressent lentement
dans ce rituel obscur, puis "I Am Sickness, I Am Death" revient sur des tonalités plus directes.
On remarquera ce son de basse cinglant, mais également les parties vocales massives qui
reviennent peu à peu à l’ambiance pesante sur la fin, avant que "Pantokrator" ne vienne
proposer des sonorités pesantes et des influences doom entre deux explosions. Les
sonorités dérangeantes se mêlent à cette base étrange avant que le blast ne refasse
surface, nous abandonnant finalement dans l’obscurité qui mène à "The Conjuring Of The
Seven Spirits", le dernier titre, qui continuera dans cette dynamique contrastée entre
sonorités planantes et base massive.
Avec son mélange très planant, Hetroertzen dévoile des sonorités mystiques qui se mêlent
facilement à l’agressivité pure. "Phosphorus Vol I" saura hypnotiser un public réceptif, tout en
proposant quelques sonorités old school pour attirer les curieux.
"Uprising Of The Fallen"
Note : 16/20
Groupe chilien, relocalisé en Suède, Hetroertzen nous amène "Uprising Of The Fallen", sixième album tout aussi particulier que ses prédécesseurs. En effet, si le groupe pratique le black metal, il ne le fait pas vraiment comme la plupart de ses confrères.
A l'écoute de la musique de Hetroertzen, on pourrait être tenté de ranger le groupe dans la catégorie black orthodoxe mais c'est bien plus que cela, le groupe délivre une musique très personnelle et des ambiances aussi solennelles que glauques. Ce nouvel album ne fait pas exception à la règle et le black du groupe se fait toujours aussi occulte et flippant. "Uprising" qui ouvre l'album installe des ambiances rampantes et incantatoires d'entrée de jeu, une vraie messe noire sonore ! Les riffs dissonants sont légion, les ambiances poisseuses et occultes se taillent la part du lion et quand il est temps d'accélérer un peu le rythme la violence ne se fait pas prier pour se manifester. Le black d'Hetroertzen est en tout cas réellement malsain, comme bien peu de groupes de black le sont de nos jours d'ailleurs. Tout l'apparat que déploie le groupe sur scène ne sert pas de cache misère, il appuie encore cette atmosphère glauque et renforce la dimension rituelle de cette musique. Quand le chant n'est pas hurlé dans la grande tradition du black, il est déclamé, accentuant encore ce côté possédé et habité qui hante les albums du groupe depuis un moment. Encore une fois c'est de la veine orthodoxe qu'Hetroertzen se rapproche le plus mais avec encore plus d'emphase sur l'occulte, des ambiances plus prenantes et une musique sans artifices ou arrangements poussés et un côté noir et glauque hérité de la fameuse vague norvégienne. L'authenticité de la chose ne fait aucun doute et comme je le disais, il n'y a plus beaucoup de groupes de black capables de créer des ambiances aussi malsaines.
Pour grossir le trait, c'est un peu comme si le Mayhem de l'époque "De Mysteriis Dom Sathanas" avait copulé avec le Deathspell Omega de "Si Monumentum Requires Circumspice", autant dire que ça ne plaisante pas vraiment. On sent même parfois de bons vieux relents de black old school limite thrash, bref Hetroertzen couvre une bonne partie du spectre black metal, en dehors de ses évolutions les plus atmosphériques et mélodiques évidemment. Même si la mélodie est tout de même présente, elle n'est jamais lumineuse et ne sert qu'à appuyer les ambiances dégueulasses que distille le groupe sur ce nouvel album. Les morceaux prennent le temps d'installer les dites ambiances et tournent régulièrement autour des six ou sept minutes. Pas de lassitude à l'horizon puisque les structures bougent et le groupe sait rendre sa musique vivante sans répéter éternellement les mêmes riffs. D'ailleurs, le jeu de batterie de Deacon D est assez intéressant dans le genre, varié et relativement technique sans jamais trop en faire. Niveau production, c'est du très bon boulot, on entend tous les instruments, la couche de crasse sur les guitares est bien là, la puissance nécessaire aussi et même la basse arrive à bien se faire entendre !
Un nouvel album toujours très occulte et malsain pour Hetroertzen, une fois de plus. Si vous trouvez que le black metal se fait de moins en moins sale et glauque, "Uprising Of The Fallen" est pour vous, et les albums précédents aussi soit dit en passant.
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