Heretical est un groupe italien de black metal fondé en 1994. Connus pendant un petit moment sous le nom d’Immolator, ils ont changé de nom et sont devenus l’entité à laquelle nous avons affaire aujourd’hui. "Dæmonarchrist - Dæmon Est Devs Inversvs" est leur troisième album. Et rien qu’à voir le nom, on comprend déjà ce qu’on nous réserve. N’ayant jamais entendu les travaux d’Immolator, ni ceux d’Heretical, c’est en parfaite aveugle que je vais me lancer dans cette chronique. Je ne pourrais donc pas juger de leurs productions antérieures.

Débutons par l’introduction "VICarlIVS fILII Del". Un piano. Des cloches qui sonnent. Et une figure religieuse prêchant les fidèles, je suppose. Le tout est monté de façon assez discordante, ce qui donne vraiment un aspect glauque au rendu final. Encore une cérémonie bizarre qui va se dérouler dans nos oreilles, n’en doutons pas. "Averno Resvrrectvris" nous offre les premiers hurlements haineux de l’album. En fond, nous entendons toujours une espèce de litanie religieuse. La musique possède également des relants symphoniques, assez appréciables. Ah oui, il y a aussi des "Satan" répétés inlassablement. L’idée du rituel se précise ! "Der Monarchistrvs" enfonce le clou. En réalité, ça ne m’étonne même pas vu l’origine du groupe. L’Italie reste le pays représentant le christianisme où une bonne partie de la population est restée pratiquante, sans compter la présence du Vatican en ses terres. Il paraît donc logique qu’un groupe italien aille taper là dessus. La musique reste d’une grande efficacité, avec des accents grandiloquents qui donnent une certaine majesté au tout. Et les vocaux sont jouissivement dégueulasses. "I Bleed Black" en remet une couche dans le jeu du : on prend un espèce de chant sacré rituel, et on le fout en intro. Je n’ai pas lu les paroles, mais j’en connais qui doivent en prendre sévère pour leur grade. Et encore une fois, je tiens à souligner la justesse des vocaux et de la composition. On sent que le groupe a quand même de l’expérience, et sait nous diriger précisément là où il le souhaite. "Devastate E Librate" et "The Gift, Lemegeton" ne déméritent pas, et apportent leur pierre à l’édifice. Et on arrive à un des moments forts de l’album, "Lvzifer Demasqve"... ce que j’interprète personnellement comme le moment où le petit rituel du groupe a fini par porter ses fruits, et où le diable est relâché sur la Terre... bref, tout un programme si vous voyez ce que je veux dire. Et ça fonctionne foutrement bien. "Res Satanea Creata" et "Clvm Clave Diaboli" renforcent encore plus l’aspect rituel dégueulasse que présente l’album. On sent que le tout est maîtrisé, et c’est franchement agréable de se laisser guider à travers tous les trucs glauques qu’Heretical a à nous proposer. Notons aussi les lignes de basse qui sont vraiment géniales. La dernière partie de l’album avec ces trois derniers titres ne sera pas ce qui m’aura marqué le plus. Ils achèvent notre voyage blasphématoire, et nous permettent d’en sortir en nous disant que non, on a vraiment pas perdu notre temps.

C’est le moment de conclure sur Heretical, et ma première rencontre avec ce groupe. Je suis pas mal convaincue par cet album, tant au niveau composition, qu’au niveau intention (tout ce qu’il y a derrière, impliquant âme et émotions). On sent que le groupe a beaucoup donné pour cette production. Les morceaux sont riches, et étudiés, et nous plongent dans une ambiance rituelle et sacrée. De sacrés bons moments sont aussi à noter, même si selon moi l’album n’aurait pas perdu à être raccourci d’un morceau ou deux. Bref, un album solide qui mérite qu’on y attarde une oreille.