"Hell’s Ass –The Sound Of Underground (Volume 1)" est une compilation nous présentant une quinzaine de groupes hell’s-ass-ien (comprendre "le meilleur de la scène metal hardcore Alsacienne, Hell’s ass étant un jeu de mot avec la prononciation locale de "l’Alsace" qui se dit "s’Elsass" si je ne m’abuse). Une excellente initiative, sachant que cette compile était gratuitement distribuée à certains concerts régionaux. Mais attention, gratuit ne veut pas dire bâclé. Graphiquement tout d’abord, nous avons le droit à un artwork du meilleur goût, sans fioriture, propre et joliment travaillé mettant en avant le blason alsacien et des cigognes. Un artwork qui fait fortement penser à celui de l’album "With Devils Amongst Us All", mais avec un rendu bien plus plaisant. Le livret quant à lui propose une petite biographie des groupes avec photo et liens, ainsi qu’un artwork central développant celui de la pochette.

Maintenant parlons musique. On commence fort avec le "The Last Fractionned Hero" d’Housebound, un titre bien "jumpant" au cœur metal-hardcore sur lequel se développent une rythmique groovy et des riffs tranchant. Bref, du bon. Dommage que le titre ne soit pas le plus représentatif du groupe, et je vous invite à aller faire un petit tour du côté de leur album. S’ensuit Guilty Of Reason et leur “Straight In My Hate”, titre à tendance death core, efficace tantôt mélodique tantôt rentre dedans. Le chant jouant sur un duo de voix. Arrive Post Mortem, groupe de brutal death influencés US (Six feet under et Dying Fetus plus particulièrement). "Spinetrophy" est un bon titre, direct mais peut être un peu trop carré dans le jeu du batteur que j’aurais aimé un petit peu plus tortueux. On reste dans le death avec Agon, ça blaste et ça n’y va pas par quatre chemins. De la puissance et du direct pour un death plutôt "old-school" gras et lourd (sous-entendu puissant et non chiant). Peut être un peu trop répétitif, mais efficace.

Vient Six grammes Eight qui s’inscrit dans la droite ligne du hardcore hexagonal actuel. Et force et de constater que le groupe arrive à se faire une belle place dans ce genre sur-exploité et ce "Full Distress" ne viendra pas me contredire. Spitfight quant à lui donne dans le hardcore aussi, lorgnant du côté de Madball ou encore 25 Ta Life. Rien de transcendant mais les schémas habituels du genre sont exploités avec une grande efficacité. Vient alors LA surprise de la galette, LA bouffée d’air frais, j’ai nommé Heavy Nessiah groupe de… heavy metal. Ce titre ("Soul Ripper") fait figure d’ovni dans toute cette brutalité environnante. Ici, on fait dans la plus pure tradition du genre, dans la mélodie et le chant, qui soit dit en passant colle parfaitement à la musique et est plutôt accrocheur. Il se fait rare d’entendre de tels groupes, alors autant en profiter. Une courte pause puisqu’on en vient au deathcore de Downfall, sympathique mais manquant de maturité, j’avoue ne pas avoir totalement accroché. Molosse propose un hardcore teinté de death assez basique, "Glorieux Souterrain" est un titre plutôt sympa mais qui s’oublie trop vite, la faute à des riffs trop simples et à un son moins bon que les groupes précédents.

C’est ensuite à Lhude (R.I.P) que nous avons à faire. Tightrop Walker recèle bien quelques idées (notamment le départ du morceau) mais il se révèle assez vite lourd et pesant. Smash Hit Combo est une formation qui commence à se faire connaître et qui a l’originalité de nous présenter une fusion hardcore / rap. Et finalement ça marche plutôt bien, les genres se complètent assez naturellement et malgré un tempo plutôt lent et appuyé le titre groove bien. Ca ne plaira pas à tout le monde mais le concept mérite bien que l’on s’y attarde quelques temps. Goetschy quant à eux nous propose "La Guerre Des Peuples", dans un metal / hardcore qui manque d’originalité. Le groupe possède une bonne base qu’il va falloir développer pour marquer une plus forte identité musicale. Un défaut qu’arbore aussi le groupe de death Datura. "Je Te Hais" est un morceau bien sympa, tout les instrus sont à leur place, le jeu du batteur "cadre" vraiment bien le morceau et le chanteur joue sur une modulation de voix bienvenue. Il faut d’ailleurs reconnaître que pour une fois les paroles en Français ne sont pas du tout gênantes et apportent même un certain rythme à l’ensemble. Dommage qu’il n’y ait pas plus d’originalité dans ce titre. Dernier point on a l’impression que le groupe se retient sur la fin du morceau, qu’il est prêt à exploser sur la fin de la compo, mais non, on reste sur notre faim. Hate Scars propose quant à lui un autre morceau de metal hardcore bien Français. On notera une petite influence de The A.R.R.S dans les riffs, une voix suivant les modèles du genre avec quelques râles gutturaux en supplément. On regrette juste une certaine lenteur à démarrer. Enfin la compile se conclut sur un petit cadeau puisqu’elle propose une avant première ("Sabbat") du dernier album d’HollowCorp. Un très bon morceau, aux riffs incisifs, tout en puissance mais au tempo assez lent.

En conclusion une très bonne initiative que cette compile et bien qu’il en existe d’autres on aimerait voir la chose se reproduire plus souvent. De plus on ne peut que féliciter et soutenir le projet quand on voit la qualité de cette compile qui était distribuée gratuitement. Concernant la scène Alsacienne on peut affirmer qu’elle se porte bien et qu’il s’y trouve un certain potentiel, dommage que les groupes aient parfois des difficultés à se démarquer. C’est peut être pour ça que la plus belle surprise de la galette se trouve être Heavy Nessiah…