Le groupe
Biographie :

Heliantha est un groupe lillois de metal symphonique à tendance progressif. Fruit d’influences hétéroclites, le groupe tente de créer son propre univers artistique, sans restriction de styles. La recherche de créations originales et le plaisir de les partager par la scène deviennent peu à peu les objectifs primordiaux d’Heliantha. Après une stabilisation du line-up en 2010, le groupe enchaîne divers concerts en France et en Belgique puis enregistre une première démo, "Manea", qui sort en Janvier 2012. Ce début d’année est également l’occasion d'accueillir un nouveau membre aux claviers et d’entamer la préparation de nouveaux lives pour les mois à venir.

Discographie :

2012 : "Manea" (Démo)


La chronique


La région Lilloise est une des régions hexagonales les plus prolifiques en ce qui concerne le metal. On trouve tout ce que l'on veut comme courant musical dans le Nord de la France et sans doute que certaines régions désertiques niveau metal, que ce soit au niveau des infrastructures, des concerts des groupes... devraient en prendre de la graine. Heliantha, jeune formation issue de la fournaise à groupes nordiques également, arrive en ce début 2012, après avoir trouvé le line-up qui lui fallait, il n'y a pas vraiment longtemps finalement, avec une première demo (et pour une fois, qu'un groupe appelle un CD "une démoé, ça fait plaisir) intitulée "Manea".

Alors Heliantha ne propose que trois titres sur cette démo, c'est peut-être un peu juste pour évaluer la musique du groupe à sa juste valeur, même si le style se veut à forte sonorités heavy symphonique avec un chant féminin. Donc oui, c'est du heavy metal symphonique avec une chanteuse. Je ne suis pas expert en la matière, mais la hauteur des vocaux de Audrey peut permettre de laisser le profane dire qu'elle possède une voix soprano qui est assez caractéristique chez ce genre de groupe comme Epica bien évidemment, groupe pour lequel je trouve que Heliantha en possède le plus de similitudes. La voix d'Audrey n'a pas la puissance d'une Floor Jansen (qui de toute façon n'est pas une soprano), mais elle a la largesse "d'octave" d'une Simone Simons. Et c'est d'ailleurs pour cela, qu'ils ont bien fait de doubler certains vocaux qui permettent à la voix de prendre plus de dimension.

Le groupe se targue de faire du metal symphonique progressif. Pour ce qui est du symphonique effectivement "Demented  Insanity", premier morceau de la démo, n'en cache pas un miette (oui, on dit gâche, mais là je dis "cache"). On plonge littéralement dans les bases du style symphonique avec les grandes envolées classiques, les choeurs harmonieux, les ralentissements épiques et la voix magnifique de la chanteuse qui vient se poser comme le caramel sirupeux dégouline sur le Flamby renversé. Je veux dire que c'est un plat qu'on nous a servi pas mal de fois, et quelque part, même si on en connait parfaitement le goût, l'odeur, la couleur, la texture, on prend toujours plaisir quelque part à le déguster. Maintenant est-ce que ce genre de chose est suffisant pour dire que Heliantha mérite plus l'attention que les centaines d'autres groupes qui font la queue pour faire partie du casting ? Est-ce que Heliantha mérite plus d'être sur sous les projecteurs que Yotangor, Syrens Call, Whyzdom ou encore Beyond Insanity pour ce qui est de la symphonie ? Est-ce que Heliantha est plus intéressant que Anthropia ou Entropia pour ce qui est de la prog ?

Autant de questions auxquelles je n'ai pas la réponse. Une chose est certaine c'est que le côté progressif avancé peut s'expliquer par le fait qu'un premier morceau de un peu plus de sept minutes, permet effectivement de créer des passages, des rythmiques, des thèmes vraiment changeants et variés. Et certainement que le terme progressif est à prendre avec des "pincettes" ici , bien que pendant l'écoute de "Demented Insanity", j'ai bien eu la sensation que la définition de ce terme "progressif" trouvait sons sens dans l'aile d'un Kalisia, sans que le style s'en approche. Mais quand on écoute le passage à 4'30 on peut comprendre mon raisonnement. La manière de tourner les envolées, la manière de contrer telle ou telle rythmiques en sont explicatives. Alors il est aussi certain également que les instrumentistes de Heliantha sont des personnes qui maîtrisent leur création ; Je veux dire par là, que l'environnement qu'ils ont décidé de créer sur un passage, l'anecdote qu'ils ont décidé de poser est constamment calculé avec une précision d'orfèvre. On retrouve d'ailleurs des claviers, violons, vraiment prog dans le son, puisque chose que je n'avais pas dit depuis longtemps, ce son là est typique d'un groupe comme Ayreon, accompagnés de rythmiques, ici, épiques.

C'est l'alternance d'ambiances comme celles de la fin du premier morceau liée à la manière d'une histoire contée pour débuter sur le deuxième morceau très limpidement, qui fait qu'on apprécie tout de même l'écriture de Heliantha. Un deuxième titre beaucoup plus inspiré à mon goût avec de grandes tirades guitaristiques, des lignes vocales qui se marient aux riffs mais aussi aux claviers. On ressent quelque chose de plus prenant sur ce morceau, c'est certainement cet aspect plus mélancolique, même la batterie du début de morceau donne l'impression d'être transcendante niveau son. Bon évidemment que beaucoup de choses ont déjà été faites avec Nightwish, After Forever , Epica... Mais rien que les petites anecdotes de guitares acoustiques dans le morceau, la musique classique très Bach peut-être vers 3'30 donne à cette chanson la beauté que la première n'avait peut-être pas. On reste assez proche de certaines lignes d'Epica, ce qui démontre que l'évolution dans le symphonique n'est peut-être pas chose facile non plus.

Et une fois de plus, la fin du morceau s'enchaîne intelligemment en s'imbriquant logiquement avec le dernier titre, comme si tout n'était qu'un seul et unique morceau, similairement à Kalisia ou "Crimson" d'Edge Of Sanity. Sur cette dernière piste, la vocaliste va encore plus haut, encore plus loin dans ses capacités, avec un doublage de voix somptueux, et cette similitude avec les vieux Epica est encore plus flagrante au niveau du style, au niveau de la chevauchée. Et sur ce "Neverending Search", s'il est vrai que les guitares se veulent plus prog que symphoniques ce coup-ci, les claviers nous ramènent quant à eux au fait que Heliantha ne se détache pas d'une catégorie déjà pré-établie.

C'est magnifiquement bien fait j'en conviens totalement, il y a même des passages vraiment forts, à la Nightwish, c'est langoureux, c'est enjoué, endiablé même, attractif parce que c'est aventureux quelque part ; mais il faudra plus que de la dextérité, et de la bonne exécution pour faire avancer le groupe. C'est de l'audace qu'il leur faut désormais. De l'audace pour arriver à composer au delà de l'écriture de bonnes chansons à la recette connue, il leur faut une véritable identité qui pourrait leur apporter cette différence, celle qui nous fera dire que Heliantha est au dessus des autres... Effectivement c'est une première démo, alors oui, pour une première démo, c'est plus que convenable au son très propre et l'écoute est agréable. Mais avec le temps, et certainement un album futur, il faut donc trouver cette petite chose qui fera qu'on aura plus envie de mettre leur CD dans la platine que celui des autres... En attendant, cette première démo est là, profitons de sa sortie car elle devrait annoncer un avenir musical créatif fort encourageant...


Arch Gros Barbare
Janvier 2012


Conclusion
Note : 13,4/20

Le site officiel : www.myspace.com/Heliantha