Le groupe
Biographie :

Hegemon est né durant l’hiver 1996, "Son but est d’anéantir toute forme de conformisme politique, religieux, humaniste et autres bassesses de la pensée mortelle". C’est comme cela que Hegemon se définit. "Rape The Banner Of Light", la première démo, sort en 1997 sur le label Chanteloup Création. Limitée à 500 copies, celle-ci est rapidement épuisée. Une deuxième édition, agrémentée de nouveaux morceaux, sort fin 1998 sous le titre "Still Raping After All These Years". Le groupe enregistre son premier album "Chaos Supreme" en Janvier 2000 pour le label Sacral Productions. Leur volonté est d’exécuter un black metal violent, mélodique et nihiliste. En Août 2002, Hegemon enregistre son deuxième album "By This, I Conquer", sur le label Dysphorie Records. Après six années dans l'ombre, Hegemon revient avec son troisième acte, "Contemptus Mundi". Celui-ci sort sur le label Season Of Mist - Underground Activists en Janvier 2008. L'album suivant, "The Hierarch", sort en Novembre 2015, toujours chez Season Of Mist / Underground Activists. Six ans plus tard, "Sidereus Nuncius" sort en Octobre 2021 chez Les Acteurs De L'Ombre Productions.

Discographie :

1997 : "Rape The Banner Of Light" (Démo)
1998 : "Still Raping After All These Years" (Démo)
2000 : "Chaos Supreme"
2002 : "By This, I Conquer"
2007 : "Nêreb Ersetim" (Démo)
2008 : "Contemptus Mundi"
2015 : "The Hierarch" 2017 : "Initium Belli" (EP)
2021 : "Sidereus Nuncius"


Les chroniques


"Sidereus Nuncius"
Note : 17/20

Après sept années de silence, Hegemon ressort de sa grotte et nous amène un nouvel album, "Sidereus Nuncius" de son petit nom. On a pris l'habitude de devoir attendre quelques années entre deux sorties, le groupe ne se met pas la pression et ne planifie pas de carrière donc ça sort quand ça sort. On ne va donc pas se plaindre puisqu'on aurait très bien pu n'avoir aucun autre album à se mettre dans les esgourdes.

Connaissant Hegemon, il n'est même pas utile de se demander si son black metal est toujours aussi frondeur et belliqueux, on sait très bien que ce sera le cas. "Heimarménè" se permet tout de même de dissiper les doutes dès les premièrs instants avec des mélodies sombres, glauques et un matraquage de blasts qui fait bien mal. Cependant, on note aussi que le groupe fait cette fois entendre quelque chose de plus noir, froid et morbide. Les passages mid-tempo à la double grosse caisse donnent toujours l'impression d'entrer en guerre et les riffs sont aussi épiques que teigneux. Quant à la violence de l'ensemble, elle se rapproche plus de la scène suédoise que de la norvégienne, une violence d'ailleurs encore exacerbée sur ce nouvel album. Si Hegemon ne faisait pas de prisonniers par le passé, cette fois il a décide de tout raser définitivement et cette ambiance de mort omniprésente donne vraiment l'impression d'assiter à la fin de tout. "Sidereus Nuncius" est sans conteste l'album le plus noir et le plus virulent du groupe jusqu'à maintenant, le plus habité aussi comme en témoignent ce superbe break plus mélancolique sur "Mellonta Tauta" ou celui presque spatial sur "Shamanic Cosmocrator". Hegemon intègre un peu plus de dissonances dans son black et ces huit morceaux présente un caractère possédé, malsain et noir que le groupe n'avait pas encore exhibé à ce point. Si la patte habituelle est reconnaissable, on sent que Hegemon a cette fois plongé bien plus profondément dans les abysses et n'en est pas ressorti indemne. La production assez puissante et claire concoctée pour "Sidereus Nuncius" permet d'entendre les moindres subtilités et de profiter d'un jeu de batterie bien plus fin que sur la plupart des albums du genre.

Comme d'habitude, les morceaux sont assez longs et ne se refusent rien, on passe du blast au mid-tempo en passant par l'acoustique ou des breaks plus planants ou glauques. Hegemon travaille ses ambiances et celles-ci n'ont jamais été aussi prenantes et évocatrices que sur "Sidereus Nuncius". Si le groupe n'a pas non plus totalement changé de visage, il a tout de même mué en une autre bestiole, à la fois plus véhémente et plus menaçante. Je ne doute pas de l'implication habituelle du groupe mais on sent qu'il y a quelque chose de plus cette fois, que ce nouveau méfait est probablement le plus personnel et que ce qui l'a nourri vient de plus loin. En tout cas, il me parle bien plus que les précédent albums que je trouvais plus classiques même si très bons et très efficaces. "Sidereus Nuncius" voit le groupe chasser sur d'autres terres tout en gardant sa patte, il s'ouvre de nouveaux horizons sans se trahir. On retrouve d'ailleurs des thèmes proches de ceux explorés par le passé puisque le "Sidereus nuncius" est le traité dans lequel Galilée réfutait le géocentrisme, ce qui lui a valu de frôler le bûcher et on trouve sur la page Bandcamp de cet album une citation de la bible, "Oculos Habent Et Non Videbunt", qui se traduit en gros par "Ils ont des yeux mais ne voient pas", ce que le groupe n'applique évidemment pas dans le même sens que les textes catholiques. Il suffit de voir qu'un morceau s'appelle "Ad Astra Per Obscura", "vers la lumière à travers les ténèbres" pour comprendre de quel côté il faut aller fouiller pour comprendre où veut en venir Hegemon. Le nihilisme affiché par le groupe depuis ses débuts ne s'exprime que plus fortement sur ce nouvel album et les mélodies toujours bien présentes n'ont probablement jamais été aussi noires et glaciales.

Hegemon sort donc d'une longue période de silence pour nous livrer ce qui constitue son meilleur album, même si c'est un peu cliché de dire ça. "Sidereus Nuncius" pousse tout un cran plus haut et fait entendre un visage à la fois plus noir, plus violent, plus habité et plus personnel. Jamais le groupe n'avait sonné aussi menaçant, aussi méchant et aussi froid. Les huit années qui séparent cet album de "The Hierarch" ont permis au groupe d'amener son black metal à un autre niveau et nous laisse espérer qu'il ne faudra pas attendre aussi longtemps pour avoir du neuf la prochaine fois.


Murderworks
Décembre 2021




"The Hierarch"
Note : 14/20

Après 7 longues années de silence, je commençais à désespérer d'entendre à nouveau parler de nos petits Frenchies d'Hegemon, moi qui à l'époque avait déjà pris une claque après avoir commandé chez Sacral le toujours excellent "Chaos Supreme" !!! Mais heureusement, cette fin d'année 2015 a marqué le retour de l'enfant prodigue du black metal hexagonal, sortant chez Season Of Mist son tout nouveau "The Hierarch"... Autant dire que l'impatience et la curiosité sont de mise, de même qu'une petite pointe d'appréhension, le groupe ayant toujours été jusque là d'un très haut niveau mais n'étant bien entendu pas à l’abri d'un faux pas : en effet, beaucoup de choses peuvent changer en 7 ans !!! Alors, cette attente valait-elle le coup ??? Réponse dans ces lignes...

Tout commence avec "Hatred From The Core : Tempus Incognito" et ce qui est sûr, c'est qu'on reconnaît tout de suite la patte Hegemon, peut-être et surtout grâce au chant toujours reconnaissable entre mille !!! D'ailleurs, de manière générale, le groupe semble fidèle au style qui participa à son avènement... Peut-être moins fougueux qu'auparavant, mais cette haine propre à la jeunesse fait aujourd’hui place à une maturité sans faille comme le montre le passage avec les cuivres, donnant un côté Sear Bliss intéressant, puis les chœurs grandioses donnant une tout autre dimension quasi dimmuborgienne !!! Que de chemin parcouru... Ce qui est sûr, c'est que le combo ne s'est pas tourné les pouces, et surtout, ne s'est pas reposé sur ses lauriers, ce qui aurait été plus qu'aisé en 7 ans de silence !!! Bref, une très belle entrée en matière avec en plus un son bien puissant à la clé, même si le mix présente quelques petits défauts à mon avis : une batterie un petit peu trop en avant et par conséquent, des guitares un peu trop discrètes...

On continue avec un "Interpreting Signs For War : Aruspicine" plutôt efficace, ou peut-être devrais-je dire entraînant... Un titre un peu plus extrême, gorgé de puissance et de colère, mais aussi plus accrocheur et qui parvient malgré tout à nous surprendre, surtout avec ce superbe passage en chant clair !!! Certes, on n'est pas dans un registre black metal foncièrement sombre et malsain, mais cela permet en contre-partie de développer une musicalité différente et plus aboutie... Voilà ce qu'on appelle du grand art !!! "Elysean Expectations, Earthly Deceptions", lui, fait encore partie de ces titres intelligents : rentre-dedans autant que mélodique, technique mais doté d'une sensibilité de chaque instant... Ce morceau possède d'ailleurs un charme mystérieux, mis en exergue par cet envoûtant passage mettant en avant un chant féminin éthéré et qui termine magnifiquement bien cette errance céleste !!! On a ainsi encore une fois affaire à un titre riche tant au niveau du relief que des variations de toute sorte, un titre tout en légèreté et parfois même tout simplement lumineux...

On enchaîne avec "Rays Of Lie : There Will Be A Time You Will Give Anything For A Piece Of Salvation" qui continue sur la voie tracée par les morceaux précédents : un black metal comme seul Hegemon sait le faire, majoritairement mid-tempo et plutôt mélodique... J'aurais voulu vous dire "mais pas que", mais la description s'arrête pourtant bien là !!! Il n'y a pas ici ce petit plus, ce passage inattendu qui vous fera dresser l'oreille et vous laissera bouche bée... Un bon titre, certes, mais finalement un peu trop classique par rapport à ses prédécesseurs, et surtout assez linéaire et pour ainsi dire, moins inspiré !!! Espérons alors que ce passage à vide ne soit que temporaire... Place maintenant à "Atomos : Seed Of The Quantic Gods" et son intro quasi ritualiste enrichie de chœurs masculins savoureux !!! Ce qui suit est pour le moins rentre-dedans, même s'il manquera une nouvelle fois cette petite touche d'originalité qui faisait la réussite des premiers morceaux... Heureusement, quelques nappes de synthé bien senties ainsi que quelques relents death metal viendront sauver ce titre résolument mélancolique mais manquant peut-être d'un petit supplément d'âme, quelle soit noire ou même solaire !!!

On poursuit avec "Renovatio Imperii", morceau plutôt bien fichu et parfaitement exécuté, mais auquel manque cette petite graine de folie qu'on pouvait trouver ici et là sur les précédents albums du groupe... On a certes gagné en musicalité, mais c'est maintenant la fougue des débuts qui manque cruellement !!! Un joli morceau, c'est certain, avec quelques passages atmosphériques plutôt intéressants, mais l'ensemble est assez plat, sans grande surprise, et par conséquent relativement ennuyeux... S'ensuit "Credo Quia Absurdum", un morceau plutôt efficace et accrocheur, mais peut-être un peu trop réfléchi pour être parfaitement percutant !!! Du moins au début avant le passage atmosphérique mêlant guitare sèche et chant féminin tout en finesse et légèreté... Inattendue, cette deuxième moitié du morceau s'avère beaucoup plus intéressante, bénéficiant de surcroît d'une dimension étonnamment plus profonde et d'une ligne mélodique entêtante à souhait !!! Bref, voilà bien un titre en demi-teinte offrant heureusement un final dantesque à s'en lécher les babines...

On termine ce nouvel album d'Hegemon avec "Hierarch : The Empire Of Zero", long morceau de plus de 7 minutes 30 sans grande surprise, mais qui mettra tout le monde d'accord sur l'aspect technique et qui saura aussi vous offrir quelques passages pour headbanguer... Mais malgré tout, ce titre manquera lui aussi d'un peu d'ampleur, concluant de manière on ne peut plus terne l'écoute de ce "The Hierarch" !!! Au final, un nouvel album bien mitigé, surtout après la claque pris à l'écoute des trois premiers titres... Cette entrée en matière était tellement fracassante, intrigante, motivante et surprenante que la suite s'avère un peu déprimante !!! Trop de linéarité, un léger manque de fougue, d'originalité ou tout simplement de folie... Non pas que les morceaux soient mauvais, mais les premiers titres ont une telle dimension et bénéficient d'une telle intelligence que les autres font pâle figure à côté !!! Bref, même si le talent et la technique des musiciens qui composent Hegemon n'est plus à démontrer, l'inspiration s'est répartie de manière bien inégale sur ce nouvel album... Dommage, mais au vu de la qualité des premiers titres, gageons que le prochain opus saura gommer ces quelques défauts afin de mettre tout le monde d'accord !!!


Carcharoth
Février 2016




"Contemptus Mundi"
Note : 18/20

Six années ont passé avant qu’ils ne refassent surface, et les voilà de retour avec un album noir, puissant, digne successeur de leur black metal guerrier. Dès les premières notes de "Itenou Pedjet", l’envie d’aller combattre avec eux nous démange, tant cette attraction nous tire vers le bas. Les passages death que l’on peu entendre sur leurs précédents albums se font plus rares, laissant la place aux rythmes et à la force guerrière, qui font partie de leur empreinte. La voix de N est violente et criarde, ne dérogeant pas à la règle des classiques du black metal froid venant des pays de l’Est. Tout au long de l’album, l’atmosphère sombre et pesante est accentuée par les guitares lourdes qui sont très présentes. A l’écoute de "Contemptus Mudis", on note la présence d’ambiances pagan avec des mélodies de cornemuse et d’instruments traditionnels, comme sur les morceaux "Because Of War, Because Of Men", et "Eli, Eli, Lamma Sabacthani" dont l’intro est tout simplement géniale. Les pièces maîtresses de l’album semblent être "Itenou Pedjet", "Asakku" et "Aïr Ibur Shapû", sonnant comme de véritables hymnes. Les chansons se suivent, semblant nous narrer une histoire, dont chaque titre serait un chapitre. Ce dernier opus de Hegemon est un bien bel album de black metal, comme l’on en voit (trop) peu. La force de Hegemon tient sûrement de la puissance de sa musique. On ne peut qu’attendre patiemment la sortie d’un nouveau CD, quoique, peut-être pas aussi longtemps que pour celui-ci.


Dark Virgin
Juillet 2008


Conclusion
A écouter : Eli, Eli, Lamma Sabacthani (2008)

L'interview : N

Le site officiel : www.hegemon666.net