Le groupe
Biographie :

Hacktivist est un groupe de fusion anglais né en 2011 et formé par cinq membres : Jermaine 'J' Hurley (chant), Josh Gurner (basse / chant), Richard Hawking (batterie), Jot Maxi (chant) et James Hewitt (guitare / programmation). Ils couplent des sons agressifs très graves, sur un base rythmique plutôt lente, ainsi que deux voix dynamiques aux influences hip-hop / metal. Après un premier un EP en 2012, un premier album studio, "Outside The Box", sort en 2016 chez UNFD / Rise Records. Cinq ans plus tard, "Hyperdialect" sort en Juin 2021.

Discographie :

2013 : "Hacktivist" (EP)
2016 : "Outside The Box"
2021 : "Hyperdialect"


Les chroniques


"Hyperdialect"
Note : 17/20

Haktivist existe depuis une dizaine d’années, se rangeant par défaut ou par volonté (ou les deux) dans la mouvance rap-metal. Le groupe ne se laisse pas emporter dans les limbes d’un style qui se veut quelquefois caricatural. Les lignes rappées sont énervées et le son metal est très très lourd . La grosse corde vibre plus que de raison. Les compos sont assez costaudes avec une grosse partie rythmique partagée entre batterie schizophrénique et basse sur 6 cordes.

"Hyperdialect" regroupe donc des compositions rapides, énervées, enlevées, sur lesquelles interviennent des featurings ici et là (Aaron Matts, ex-Betraying The Martyrs, pour ne citer que lui). C’est dynamique, sans temps morts, pour peu que l’on aime quand ça frite sévère. Le flow rappé, qui s’avère la partie prédominante des morceaux, est assez impressionnant, il est rapide et efficace, à la limite de quelque chose de très guttural. Les morceaux s’enchaînent sans répit si ce n’est une sorte de grand break sur "Lifeform", les flows se déchaînent à la limite de la saturation et des possibilités.

Pour ce qui est des parties de batterie et de basse, on est à la fois sur du très lourd mais également sur quelque chose de mixé de façon très propre, très clinique, peut-être trop par moments, ce qui donne une atmosphère à la fois lourde, profonde, très froide et clinique à la fois. On retrouve ce sentiment parfois chez Meshuggah, clinique et froid mais violent à la fois. L’alternance de chant clair et de guttural se fait à merveille et envoie grave. Les apports electro donnent quelque chose de très intéressant dans la complémentarité avec le reste, sans jamais tomber dans le caricatural. Ce qui est réjouissant tant avec certains groupes le rap-metal se veut perdu dans un entonnoir de choses caricaturales au possible. D'un morceau à l’autre, on n'est donc pas vraiment surpris mais ça tape fort et on en redemande.

La production, trop froide peut-être, en rebutera certains mais elle fait partie d'un tout, le côté machines donnant une ambiance de fin du monde. Mention spéciale au morceau "Planet Zero". Si vous ne connaissez pas, jetez-vous sur cet album, et si vous connaissez déjà, faites de même.


Sam
Septembre 2021




"Outside The Box"
Note : 17/20

Lorsque je pense à djent + rap, deux groupes me viennent immédiatement à l’esprit : les Français de Smash Hit Combo et les Anglais d’Hacktivist. A mes yeux, je n’ai pas encore trouvé d’autres formations modernes de telle qualité dans le rap metal 2.0. Suite au précédent EP (2013) et des lives très convaincants, je me lance avec enthousiasme dans la chronique de ce très attendu et premier album d’Hacktivist.

Bien que cet ardent paragraphe d’intro laisse présager une litanie de la jeune carrière de nos Anglais, je voudrais tout même noter que le single et clip lâché durant la période de transition "Deceife And Defy" m’avait carrément inquiété étant donné son refrain peu inspiré et ce clavier électronique niais. Ainsi, l’infâme syndrome du "C’était mieux avant" pointait le bout de son nez. Heureusement, c’est plein d’espoir que je me lance dans l’écoute de ce très attendu "Outside The Box". Mon attente fut récompensée.

"Outside The Box" a la particularité de révéler des facettes encore inconnues d’Hacktivist. Là où le précédent EP bastonnait sévère durant quelques courts morceaux, l’album va plutôt varier les plaisirs. Ainsi, l’électronique prend plus de place, comme le montre "Hate" et de nombreux autres passages, mais aussi de nombreuses mélodies, dont un solo de guitare, chose inattendue sur une compo’ de Hacktivist, lâché sur le morceau final "The Storm II". Les riffs hargneux et le son 100% djent des 8 cordes bien connus d’Hacktivist sont toujours là, tout comme le ton engagé du groupe. Par ailleurs, le groupe s’autorise des sorties pleines d’émotion comme le simple et très post-hardcore "Taken", ou encore l’interlude planante "The Storm".  De plus, les interventions au chant clair se font plus marquées, à l’aide de guests, mais sans jamais en abuser.

Côté production, les Anglais ont passé le cran au-dessus avec un son moins uniforme. Le guitariste Timfy James, ayant participé activement à la production, propose un son de guitare très travaillé que seul un ingé son / guitarise type Misha Mansoor est capable de d’obtenir. En gros, un must pour les fans du genre.

De ce fait, "Outside The Box" sonne plus assagi que son prédécesseur. Loin d’être une faiblesse, cette nouvelle facette du groupe lui ouvre de nouvelles portes et offre à cet album une diversité inattendue. En effet, Hacktivist ne se répète pas comme sur son premier EP et tient son propos avec ferveur et créativité sur toute la durée d’"Outside The Box". Assurément, le meilleur groupe de rap metal actuel.


Vinny
Mars 2016




"Hacktivist"
Note : 14/20

On aura remarqué que ces derniers temps, énormément de groupes se sont engouffrés dans le sillon tracé par Meshuggah. On entend de plus en plus de groupes aux influences djent, jouant sur 8 cordes... Résultat : J'ai l'impression d'entendre des tentatives de copies, même si certains groupes mélangent cette influence avec d'autres pour ne pas trop tomber dans le copier-coller, le rendu, au final, ne me parle pas des masses, j'en reviens toujours à préférer écouter Meshuggah. Moi qui aime les mélanges, quand j'ai vu que Hacktivist mixait le rap et le djent, je dois dire que ça a pas mal attisé ma curiosité. Voyons voir ce que ça donne !

L'EP s'ouvre sur une intro qui pose l'ambiance du groupe. Basé plus sur l'instru que sur la voix, "New Age" ne décolle pas vraiment, et est plutôt conçu pour annoncer la couleur. C'est le cas. On rentre dans le vif du sujet avec le premier "vrai" morceau de l'EP, "Unlike Us". Ça démarre sur une intro typiquement djent, pour redescendre sur un couplet laissant la place à la voix rappée. Déjà, premier truc, je trouve la batterie un peu trop présente par rapport à la guitare, et la basse beaucoup trop absente. Quand il y a la guitare, ça ne choque pas des masses vu que cette dernière est déjà très grave, mais ça se ressent pas mal sur les couplets où la guitare fait juste tourner une mélodie ; le basse / batterie comblant le reste. La faiblesse sonore de la basse fait sonner le tout un peu creux, ce qui est dommage. Ma deuxième déception concerne les voix. Avec deux chanteurs, je m'attendais à beaucoup plus d'interaction vocale. Mais malheureusement, et ça sera le cas tout au long de l'EP, je trouve que les deux voix rappées se ressemblent trop. Attention, les deux chanteurs ont un bon flow et de bonnes idées, mais on ne les distingue pas assez l'un de l'autre, ce qui est un peu bête.

On passe à "Blades" dans un registre un peu plus aérien. Le même combo djent / passages rappés mais avec un refrain mélodique, autant au niveau de la guitare que de la voix (le guitariste assure d’ailleurs le chant sur ce passage). Je suis pas très fan de ce genre de refrain, mais je trouve que pour le coup ça se laisse écouter. Dans un style plus rentre-dedans, voici le morceau doublement éponyme de l'EP, "Hacktivist". Un groove intéressant, renforcé par les saccades du rap, le morceau est très efficace et ne néglige pas la mélodie. Le petit plus de ce titre, c'est les interventions plus énervées à la voix, ce qui manque un peu sur les autres morceaux. "Cold Shoulders" démarre par une intro très rap à laquelle vient se mêler le djent du groupe. Le rendu est plutôt homogène, ce qui fait décoller le titre efficacement. Le combo reste le même que sur les autres titres. Dans la même lignée que les pistes précédentes, on arrive au dernier "vrai " titre de l'album  "Elevate" (les 3 derniers titres étant constitués de deux remix et d'un live, je ne vois pas trop l'utilité d'en parler). Le titre progresse vers une certaine ouverture, et je trouve que du coup, il porte plutôt bien son nom, partant d'une base assez sombre et arrivant sur quelque chose de plus lumineux. Par contre, au moment où le morceau prend son envol, il est desservi par un son, comment dire... j'ai pas trop compris en fait. D'un coup la caisse claire est méga au-dessus, on ne comprend plus la mélodie, en gros j'entends surtout la caisse claire, la basse, le chant, et au fond une espèce de bouillie... dommage, car le passage est plutôt intéressant, et est un moment clef, autant sur ce morceau que sur l'EP dans sa continuité.

Pour conclure, je trouve que cet EP est de plutôt bonne facture, il y a de bonnes idées qui mériteraient d'être creusées, pour éviter une certaine redondance. Le combo est efficace sur 5 titres (sans compter l'intro), mais j'ai peur que sur tout un album ça devienne trop répétitif. Je pense aussi que cet EP aurait mérité un son plus calibré, certains passages passent un peu à la trappe et c'est bien dommage...


So Faya
Mai 2014


Conclusion
Le site officiel : www.hacktivist.uk.com