Le groupe
Biographie :

Gyze, autrefois nommé Suicide Heaven, est un groupe de death metal mélodique japonais formé en 2009 à Sapporo par Ryoji (guitare, clavier, chant), Shuji (batterie) et Shogo (basse, chant). En 2012, le groupe se produit au Wacken Open Air, où sa performance lui permet de se qualifier en finale de la compétition qui avait lieu. En Juin 2013, le label italien Coroner Records sort le premier album de Gyze, "Fascinating Violence". Le deuxième album, "Black Bride", sort en Juin 2015, toujours chez Coroner Records. Le troisième album, "Northern Hell Song", sort en Mars 2017 chez Virgin Music. "Asian Chaos" sort en Juillet 2019 chez Black Sheep Records.

Discographie :

2011 : "Without Hesitation" (EP)
2013 : "Fascinating Violence"
2014 : "Future Ages" (EP)
2015 : "Black Bride"
2017 : "Northern Hell Song"
2019 : "Asian Chaos"


Les chroniques


"Asian Chaos"
Note : 18/20

Amateurs de virtuosité, Gyze revient ! Créé en 2009 sous le nom de Suicide Heaven puis renommé en 2011, le groupe japonais a été fondé par Ryoji (chant /guitare / claviers) et son frère Shuji (batterie). Shogo (basse / chant) quittera la formation quelques temps après le changement de nom, laissant la place à Aruta (basse / chant). Cependant, des soucis de santé conduiront Shuji à céder son poste à Han-nya en 2019, mais le combo sera également rejoint par Shinkai (guitare), le professeur de guitare de Ryoji ! Côté discographie, on peut dire que les nippons sont productifs, car ils disposent avec la sortie d’"Asian Chaos", leur dernier album, de quatre albums et deux EPs ! Mais pour le moment, prenons le temps de headbanguer ensemble.

L’album débute avec "Far Eastern Land", un titre instrumental à la fois doux et mélodieux, qui montre bien les influences du groupe. Un peu de saturation certes, mais toujours cette mélancolie et cette rythmique traditionnelle, qui nous lâche soudainement sur "Asian Chaos". Cette fois, c’est la fureur qui est mise en avant avec un blast impitoyable et les hurlements de Ryoji, doublés par une voix claire, mais également sa capacité à aligner des leads en quasi-permanence sans jamais paraître redondant. Et si un solo de guitare ne vous suffit pas, ajoutez un piano endiablé derrière. A noter la délicate touche de voix féminine sur la deuxième partie du morceau. Vous pensiez avoir connu la folie des Japonais ? Faux ! "Eastern Spirit" va en remettre une couche, avec toujours cette rapidité et cette virtuosité qui se mêle à une rythmique très efficace et entraînante.

Petit interlude au clavier pour "King Kamuy" qui nous offre à nouveau une dose de dépaysement avant d’enchaîner avec "Dragon Calling", une nouvelle tranche de furie. Jamais à court d’inspiration, les guitaristes enchaînent les notes avec une facilité et une cohérence déconcertante, pendant que la session rythmique se charge de nous faire bouger la nuque. Même constat pour "Camellia", un morceau plus doux, qui met en avant la basse, et qui contraste énormément avec les hurlements emplis de rage du frontman, tandis que "Japanese Elegy" est presque inquiétante. L’introduction m’a fait frémir, et le reste du morceau m’a laissé une impression de noirceur à peine perceptible. Contraste total donc avec "The Rising Dragon", un titre réalisé avec la collaboration de Mark Hudson (DragonForce) qui double les hurlements du chanteur. Et cette association death mélodique ultra rapide avec un chant power metal rend parfaitement bien !

On revient sur un son un peu plus brut et des hurlements saccadés pour "The White Territories". Même lorsque le refrain tente d’adoucir le mélange, c’est la hargne du groupe qui ressort, avant de s’apaiser sur le final. Passons à "1945 Hiroshima", un morceau qui mélange également culture et ardeur avec des riffs accrocheurs et bien sentis. Ce morceau efficace fait une fois encore la part belle aux doigts habiles du frontman grâce à ces leads acérés. Si vous pensiez que c’est la fin, détrompez-vous, car le groupe a également choisi d’ajouter quelques titres en bonus : "Asian Chaos (Far Eastern Mix)", avec donc quelques petits changements qui n’entachent en rien l’idée originale de ce morceau, "Chopin Revolutionary Etude", une reprise de Chopin à la sauce Gyze, tout en technicité donc, mais aussi "Forever Love" sur la version japonaise, une reprise des mythiques X Japan. Difficile de reprendre un mastodonte à l’identité aussi marquée, mais les Japonais réussiront tout de même à injecter leur ADN dans ce morceau doux et sentimental que vous avez probablement déjà écouté des dizaines de fois si vous adulez autant que moi le metal k aponais.

Que dire d’"Asian Chaos" à part qu’il repousse encore les limites de la créativité de Gyze, déjà violentées par l’album précédent ? Si certains n’accrocheront pas aux leads incessants, les autres y trouveront une diversité incroyable qui empêche les compositions de tourner en rond. L’ajout du deuxième guitariste permet à Ryoji de se lâcher pleinement, et c’est appréciable. Un retour en France imminent ? J’ose l’espérer, car le show de 2017 était tout bonnement incroyable !


Matthieu
Août 2019




"Northern Hell Song"
Note : 18,5/20

Au Japon, le climat de la petite île d'Hokkaido située au nord du pays est très similaire au climat que l'on peut retrouver en Scandinavie. C'est pour cette raison que Gyze a décidé de créer "Northern Hell Song", son troisième album. Créé en 2009 sous le nom de Suicide Heaven, Gyze change de nom en 2011, sort un EP puis accueille Aruta à la basse, pour accompagner Ryoji (chant, guitare, claviers) et son frère Shuji (batterie). Ensemble, ils composent sans relâche et sortent leur premier album en 2013, qui sera suivi d'un EP l'année suivante, puis de leur deuxième album en 2015. Après avoir joué dans quelques festivals en Europe et écumé les salles japonaises, ils se remettent à la composition. Une fois "Northern Hell Song" terminé, le groupe embarque pour une tournée européenne aux côtés de Battle Beast et Majesty. Prenez une veste, et suivez-moi !

On commence une fois encore sur les chapeaux de roue avec "Pirates Of Upas" et sa guitare lead démentielle, sur une rythmique puissante. La voix de Ryoji est toujours aussi exceptionnelle, et est parfaitement secondée par les choeurs d'Aruta. Les riffs s'accélèrent un peu avec l'introduction d'"Horkew", et un lead perçant supporté par des hurlements en fond nous prouvera que les musiciens sont réellement doués. Quelques claviers prendront le temps de nous mener jusqu'à "Dead Bone Blue", nettement moins rapide, mais toujours aussi technique. Les hurlements de Ryoji se nuancent un peu, et certains deviennent plus graves. Nouveau titre mené par la double pédale de Shuji, "Black Shumari" nous fait comprendre à quel point Ryoji est un virtuose. Cet homme est visiblement capable de sortir des leads à la demande, chose que l'on retrouvera sur "Perryi Rain Dragon", avec une bonne dose de claviers pour réhausser les tonalités épiques. La rythmique se retrouve donc à la charge d'Aruta, dont le son de basse est particulièrement bon ! Petite pause instrumentale avec un son clair, Mayoi est une réelle invitation au voyage. Fermez les yeux, et imaginez une mer calme pendant toute la durée de ce titre... Attention toutefois au naufrage en écoutant l'intro de "Bloodthirsty Prince", car une tempête de riffs et de cris fonce droit sur vous, avec toujours des leads que l'on sent inspirés de la musique classique. Il est possible que je me trompe, mais c'est à mon avis le death mélodique finnois qui a dicté la composition de "Kamuy" et sa rythmique torturée. Quelques inspirations venant du folk metal viendront clore ce titre et "Brown Trout" débutera. A nouveau, les trois musiciens rivalisent d'ingéniosité pour garantir une puissance dans la rythmique et placer quelques sonorités atmosphériques.

Le riff d'introduction de "Frozen Dictator" laisse espérer une composition d'une violence inouïe, et c'est exactement avec ce genre de titre que les Japonais s'apprêtent à nous rouler dessus. Je dis en effet rouler, car la vitesse des riffs donne réellement cette impression de rouleau compresseur qui s'arrêtera à peine pendant "Northern Hell Song". Beaucoup plus axé sur l'aspect mélodique, ce titre est également beaucoup plus lourd que les autres compositions. Ryoji abusera encore une fois de ses cris perçants qui durent pour nous faire comprendre à quel point le chant est un instrument supplémentaire qu'il manie également à la perfection. Les claviers de la guitare de Ryoji s'apaiseront pour donner naissance à la dernière composition de l'album, "Snow~Upas". La batterie de Shuji s'invitera pour rythmer un peu cette ballade atmosphérique, et l'album se termi... Ah non, il reste le titre bonus ! Comment oublier cette déferlante qu'est la reprise de "Moonlight Sonata" ? Si Beethoven savait que sa composition donnerait naissance à une reprise pareille, nul doute qu'il serait fier de l'évolution de la musique. Ce titre sonne vraiment comme une composition original de Gyze, preuve supplémentaire de leurs influences réellement variées.

Ainsi s'achève une heure passée en compagnie de cet excellent album. Nul doute qu'il ouvrira des portes supplémentaires au groupe, que j'ai eu l'honneur de voir pour l'un de leurs premiers shows en France. En plus d'être d'une sympathie sans bornes, ils sont réellement proches de leur public, une qualité qui a tendance à se perdre dans le milieu. Les portes des salles françaises vous sont grandes ouvertes messieurs !


Matthieu
Avril 2017




"Black Bride"
Note : 17/20

Je suis certain que vous avez déjà vu ces vidéos de jeunes Japonais qui vous mettent tellement mal à l'aise en maîtrisant un solo de dingue à seulement 7 ans alors que vous n'arrivez pas à placer cette foutue note depuis deux ans... Eh bien si vous leur mettez vingt ans de plus, ils s'appellent Gyze ! Depuis 2009 (sous le nom de Suicide Heaven jusqu'en 2011), Ryoji (guitare / chant / claviers) et Shuji (batterie) se déchaînent sur leurs instruments. Si Aruta (basse / choeurs) n'est arrivé qu'en 2011, il possède la même motivation. Après deux démos, c'est leur premier EP qui sort en 2011, puis l'album "Fascinating Violence" en 2013. Forts de ce succès, ils enchaînent avec un autre EP en 2014 puis le merveilleux "Black Bride" en 2015, qui leur permettra entre autres un passage dans certains festivals européens pendant l'été 2016. Vous avez aimé le death mélodique scandinave depuis ses débuts ? Alors fermez les yeux et laissez moi vous conter l'épopée nipponne...

On attaque sans plus tarder avec "Black Bride", le titre éponyme. Le son est d'une propreté sans faille qui colle parfaitement aux riffs rapides et tranchants des japonais. La voix s'intègre parfaitement au mix, la basse est tout autant audible que les blasts sont furieux. Hâte de vérifier si ce n'était qu'un coup de chance ? Alors laissez l'introduction épique de "In Grief" vous convaincre. Une demi-minute n'est même pas passée que Ryoji entame un solo démentiel, avec le soutien rythmique de ses camarades. Si ce sont ces tonalités épiques et motivantes que vous aimez, alors n'attendez pas plus longtemps pour lancer "Honesty", avec un refrain aux choeurs du plus bel effet signés Ettore Rigotti (Disarmonia Mundi, The Stranded) sous le pilonnage de la double pédale de Shuji. "Insane Brain" jouera la carte de la douceur pour créer une atmosphère qui survivra sans problème à l'arrivée de la violence. Une fois encore, les passages lead s'enchaînent sur une rythmique qui laisse toute la place à la basse d'Aruta de s'exprimer. Retour aux tonalités motivantes sur la divine "Black Shadow", alors qu'on sentira un son bien plus lourd sur "Winter Breath". "Twilight" débute par une guitare lead que l'on croirait empruntée au power metal, mais finit par revenir rapidement au death metal mélodique avec la voix de Ryoji, plus en forme que jamais. Une fois encore, c'est avec un son plus lourd que les autres baptisé "Satanic Loop" que les Japonais ont décidé de nous assommer, à grand renfort de blast beat. Retour dans un univers japonais, "Nanohana" (écrit en kanjis) tentera de nous dépayser quelque peu avec ses sonorités propres au metal japonais, preuve que l'on peut concilier sans aucun souci les deux musiques. "Julius" passerait presque pour un titre d'entrée en scène, avec son introduction aux claviers avant la tempête qui arrivera presque sans que l'on s'en rende compte, plus violente que jamais. Petite pause douceur avec l'instrumentale "Asuhenohikari" et son absence de saturation qui nous mèneront tout droit vers la fin de l'album après un arrêt brutal. Sauf si vous avez l'édition spéciale bénéficiant de la piste bonus "Gnosis" ! Ajoutant quelques murmures aux éléments qui font la puissance du groupe, cette chanson est originale et comporte également un passage acoustique surprenant après une heure en compagnie des Japonais.

Convaincus ? Pas encore ? Alors attendez "Northern Hell Songs" qui sortira en Mars 2017, pendant leur tournée européenne avec le poids lourd du heavy / power finlandais, Battle Beast ! Pour la date parisienne, c'est au Petit Bain que la tempête frappera, vous êtes prévenus !


Matthieu
Février 2017




"Fascinating Violence"
Note : 12/20

Ce mois de Juin 2013 permet d’accueillir en nos pages le groupe de death mélodique japonais Gyze (précédemment nommé Suicide Heaven) et son premier album, "Fascinating Violence". La biographie disponible ne me renseignant malheureusement pas le moins du monde sur l’histoire du groupe, me voilà forcée à me baser sur mon unique source afin de tenter de cerner au mieux le trio : le disque sujet de cette nouvelle chronique.

Laissez-moi vous planter le décor. "Fascinating Violence", c’est : une part de death, une part de speed, trois voix qui se mêlent, et, surtout, une guitare particulièrement mise en valeur et dans les compositions, et dans le mix. Ce dernier élément étant, sans l’ombre d’un doute, le point fort du groupe, le choix de se fier (aveuglément ?) aux capacités de Ryoji était évidemment la meilleure des solutions : les mélodies frappent, les cordes chantent (mieux que les vocalistes), les soli s’implantent fièrement tout au long de l’album. Pour sûr, à ce niveau-là, le niveau est indéniable ! Et plus que le niveau : la gestion.

Le reste peine malheureusement à maintenir la qualité. Oh, certes, Ryoji et Shogo se plaisent à se servir de leurs différences de timbre vocal pour apporter à "Fascinating Violence" un soupçon de variété. Cette caractéristique intéresse tant Gyze que les Japonais ont décidé d’inviter Claudio Ravinale, chanteur des Italiens de Disarmonia Mundi. Soit, un invité, c’est très bien. Sauf qu’étant donné que Monsieur Ravinale apparaît sur pas moins de neuf morceaux (sur un total de onze), la question de la légitimité se pose : n’est-il en réalité plus qu’un simple guest ? Ou Gyze craignait-il de manquer de substance sans sa présence apparemment indispensable ? Pour ma part, je n’ai tout simplement pas relevé d’intérêt réel à ses apparitions, mais peut-être est-ce leur régularité presque effarante qui a finalement effacé toutes traces de curiosité ?

Pour le reste, "Fascinating Violence" ne comporte pas de défaut majeur (si ce n’est ce son de batterie indigeste), mais ne possède rien non plus qui lui permettrait de se distinguer aux yeux du public. Ca s’écoute, c’est techniquement de correct à très bon, mais ça s’oublie aussitôt le disque arrivé à sa fin. Un album moyen à ne conseiller qu’aux férus de death mélodique.


Gloomy
Juin 2013


Conclusion
L'interview : Le groupe

Le site officiel : www.gyze.jp