Le groupe
Biographie :

Graveyard est un groupe de death metal espagnol formé en 2007 et actuellement composé de : Julkarn (chant / Banished From Inferno, Of Darkness, ex-Stormwrath, ex-From Nowhere, ex-Obscure, ex-The Bleeding Sun, ex-Asgaroth, ex-Thornscrown, ex-Aetheriam), Bastard (guitare / Dawn Ov Hate, Heavenshore, Lux Divina, Of Darkness, Terrorspawn, Wölfhead, ex-The Bleeding Sun, ex-Poetry, ex-Necrocunt, ex-Solitude), Gusi (batterie / Insulters, Morbid Flesh, ex-Undertaker) et C.S. (guitare / Krossfyre, Sheidim, ex-Morbid Flesh). Après divers EPs, splits, et un premier en 2009 ("One With The Dead"), Graveyard sort "The Sea Grave" en Mars 2013 chez War Anthem Records. "...For Thine Is The Darkness" sort en Avril 2016. "Hold Back The Dawn" sort en Septembre 2019.

Discographie :

2008 : "Into the Mausoleum" (EP)
2009 : "One With The Dead"
2011 : "The Altar Of Sculpted Skulls" (EP)
2013 : "The Sea Grave"
2016 : "...For Thine Is The Darkness"
2018 : "Back To The Mausoleum" (EP)
2019 : "Hold Back The Dawn"


Les chroniques


"Hold Back The Dawn"
Note : 16,5/20

Il serait maladroit de réduire l’Espagne au chorizo, aux contrefaçons et aux clopes moitié prix, ce pays a bien d’autres petits trésors à nous livrer, notamment en matière de musique métallique ! Graveyard, les Espagnols donc, et pas les Mexicains, les Canadiens, les Allemands, les Hongrois ou les Américains, parce que des groupes avec ce blaze, il y en a une tripotée, les Espagnols donc, dévoilent "Hold Back The Dawn", deux ans après leur précédent full length. Au programme, un gros death vieille école très inspiré par le son nordique, très lourd, avec des touches atmosphériques.

Dès le départ, Graveyard annonce la couleur, il y a une volonté clairement affichée de ne pas tergiverser des heures sur l’orientation stylistique, les membres du groupes revendiquent clairement leurs influences venues d’un autre temps. Le son est à la fois compact et solide, le chant est profond, sensiblement lointain, les guitares tranchantes et consistantes, et le drumming colle parfaitement à l’esprit de la musique. Graveyard ne s’embarrasse pas de plans et de parties musicales inutiles, il trace un sillon épais dans la terre humide en déterrant des corps putréfiés sur son passage. Tout le long de l’album, des nappes de clavier développent un climat sombre et inquiétant, ajoutant un côté doomesque à l’ensemble. Au départ, j’admets avoir été assez dubitatif, ce genre de disque, il faut être honnête, on en entend 15 par mois, l’effet de mode "old school revival" ne semble pas vouloir s’estomper de si tôt.

"Hold Back The Dawn" ne démarre pas sur les chapeaux de roues, rien ne laisse présager que le disque va être plaisant, et pourtant. Progressivement, l’auditeur se retrouve plongé dans un brouillard spectral opaque, tel un rideau qui évite à notre vision d’être en proie à de terribles images. Le groupe est à fond dans Lovecraft et toute cette littérature fantastique, de plus, la pochette en noir et blanc est purement somptueuse et colle parfaitement au climat musical. En règle générale, le combo traduit bien les ambiances sombres dans sa musique, et, même si quelques mélodies ou leads sont, à mes oreilles, quelque peu pompeux, l’ensemble n’en reste pas moins attrayant et distractif. Tout au long des 8 titres, se mixent des influences mélodeath et old school à la Suédoise finement imbriquées, le côté rétro étant clairement revendiqué, Graveyard reste crédible dans sa démarche, parfois même, on surprend cette musique, véritable ode à la gloire de l’armée des morts, à flirter avec le black metal.

Graveyard tire son épingle du jeu par un agencement assez subtil de diverses influences, tout en assumant de jouer un metal daté. A aucun moment cela ne sonne cliché ou gratuit, nos confrères espagnols semblent se situer dans une démarche honnête et ont composé un album crédible, malgré le fait qu’il se situe dans une voie assez proche de nombreuses autres formations. Pendant plus de 45 minutes, on voyage dans des lieux éloignés de toute forme de vie humaine, en proie à des visions horrifiques surnaturelles. Forêts jonchées de crânes recouverts de lichens, vieilles cryptes portant les stigmates de nombreux sévices, Graveyard transporte l’auditeur ailleurs, là où tout être psychologiquement normal se refuserait à aller. Laissez-vous guider dans ce dédale de décibels aux saveurs d’antan, welcome back in the nineties !!!


Trrha'l
Janvier 2020




"...For Thine Is The Darkness"
Note : 15/20

Troisième album pour les death métalleux espagnols de Graveyard, l'un des meilleurs de la nouvelle scène. Ils nous avaient déjà fait forte impression avec leur précédent album "The Sea Grave" en 2013. Le quatuor de Barcelone revient avec "...For Thine Is The Darkness", dans une veine similaire, faite de death old school d'obédience suédoise, mâtinée de d-beat mais aussi d'élans plus mélodiques.

Graveyard est toujours aussi inspiré et incisif. Son death old school est juste parfait dans le genre. La voix de Julkarn est profonde, caverneuse et complète parfaitement, de par son intention bestiale, le propos musical, non moins sale et primitif. Les mélodies sinistres ("Defy & Conquer"), les solos classieux et effrénés, les touches discrètes de clavier contribuent et parachèvent l'installation d'atmosphères putrides suintant les caves millénaires des Grands Anciens. L'inspiration et le talent d'écriture du groupe achèvent de faire de "...For Thine Is The Darkness" une sortie fort recommandable du style.

Avec 17 titres, on avait un peu peur d'une indigestion de morceaux gras comme des burgers / frites mais seuls 8 vrais morceaux sont proposés, entrecoupés d'intro et de divers interludes. Hormis l'introduction d'inspiration amérindienne et l'avant-dernier interlude "Threshold VII", ritualiste et rappelant Rotting Christ, ils sont complètement inutiles car ne proposent jamais une ambiance intéressante. L'intention d'ambiance et d'immersion louable est ici ratée mais cela a au moins le mérite de faire respirer l'auditeur entre deux morceaux et permet une assimilation des compositions plus efficiente.

Graveyard perpétue avec un incroyable talent le son et l'esprit d'une scène qui a besoin de trouver ses leaders de demain et ce titre, les Espagnols ont de grandes chances de l'obtenir, surtout après des disques comme "The Sea Grave" et aujourd'hui ce "...For Thine Is The Darkness".


Man Of Shadows
Mai 2016




"The Sea Grave"
Note : 13,8/20

Environ six ans que les Espagnols de Graveyard existent, et les mecs répandent leur petit death metal old school des familles à qui veut bien l'entendre, tranquillement avec une sortie en moyenne tous les deux ans. "The Sea Grave" c'est le second album de Graveyard et pour l'instant on n'a pas l'impression que le groupe veuille bouger d'un pouce sa manière d'être... Remarque, Slayer a fait la même chose pendant des années et majoritairement on adore toujours autant la bande à King.

Et donc... c'est certain, avec toujours un artwork noir et blanc totalement underground, cette fois-ci réalisé par Matt Putrid Carr, les gars ne se laissent pas surprendre par la mouvance actuelle et se contentent encore une fois de nous balancer dans la tronche leur bon vieux death metal crasseux, inspiré par les plus putrides tels que Grave ou Autopsy. En revanche si sur l'album précédent "One With The Dead" ou leur MCD "Into The Mausoleum", ils avaient un son inspiré par les Suédois, où le grain des basses / guitares rappelait franchement celui des derniers Grave, voire des derniers Asphyx (ouais, ils sont pas suédois, on le sait) ; sur "The Sea Grave", je ne sais pas ce qu'ils ont voulu faire, mais on est passé du gros son massif et imposant à quelque chose de plus brouillon. Le rendu est plus crade, moins net, ça n'en rend pas moins old school le style de Graveyard puisque la facette underground des débuts des 90's ressort d'autant plus, mais ils ont perdu en intensité pour y gagner en "authenticité"... Les guitares sont un peu sales, et la production dans son ensemble est moins percutante. La voix elle-même abuse un peu de la réverb et le tout reste audible sans problème, mais il est moins puissant... Donc côté positif / côté négatif, le cœur balance à chacun de choisir son camp.

Après, musicalement Graveyard a changé plus ou moins son fusil d'épaule également. N'ayez pas peur, on reste toujours dans le death metal old school, mais les chansons sont moins agressives et proposent des passages beaucoup plus lents presque death / doom. Là où l'on pouvait comparer facilement Graveyard à du vieux Grave, maintenant ils ont ralenti pas mal la cadence, pour se tourner vers le genre de death underground américain, des trucs un peu comme les projets de Jeff Grueslin (ex-Vital Remains) tout en gardant quand même cet esprit proche des vieux Asphyx. Le mélange n'apporte rien de nouveau à la scène death metal puisque l'album va s'insérer facilement dans la tradition et ne bouger aucune règle. Par contre le côté morbide ressort plus sur ce nouvel album qu'il pouvait y avoir sur le précédent, grâce (ou à cause ) à ces multiples passages qu'il n'y avait pas forcément avant chez Graveyard, des passages où le tempo se ralentit pour laisser la place à l'atmosphère lugubre....

Sans grande identité sur ce coup-là, Graveyard évolue dans son death metal pour proposer autre chose. Finalement, dans chaque production, les Espagnols font plus ou moins le tour de toute la scène death des années 80/90 en changeant de temps à autre, parce que "The Sea Grave" est plus proche de "Into The Mausoleum" que de l'album précédent et sans doute que tous les splits du groupe sortis entre 2009 et 2013 y sont pour quelque chose. Donc ouais, ça reste du Graveyard, avec une prod' différente et un retour aux sources du premier EP. C n'est pas catastrophique puisque "Into The Mausoleum" a donné du galon au groupe, mais faudrait voir à pas trop régresser non plus sous prétexte de rester roots...


Arch Gros Barbare
Juin 2013


Conclusion
Le site officiel : www.graveyardofdoom.com