Le groupe
Biographie :

GoneZilla est un groupe de metal gothique lyonnais formé en 2011 et constitué de Karen Hau au chant, Julien Babot et Florent Petit aux guitares, Clément Fau à la basse et Eric Tabourier à la batterie. Florent et Clément s’occupent également des chœurs. La formation sort son premier album, "Chimères", en Octobre 2016. Six ans plus tard, le deuxième album, "Aurore", sort en Avril 2022 chez M&O Music.

Discographie :

2016 : "Chimères"
2020 : "Sang Noir" (EP)
2022 : "Aurore"


Les chroniques


"Aurore"
Note : 15/20

Après avoir sorti un premier album en 2016 ("Chimères") aux teintes alternatives légèrement teintées de doom ou de stoner et un EP en 2020 ("Sang Noir") bien plus orienté doom et metal gothique, les Français de GoneZilla reviennent avec leur deuxième album "Aurore". On continue donc sur cette voie plus noire et lourde avec des influences gothiques et doom plus marquées pendant pas moins de soixante-dix minutes et une nouvelle chanteuse en la personne de Karen Hau.

"Praeludium", comme son nom l'indique, introduit l'album avec une petite minute instrumentale toute en mélancolie avant de laisser la place au riffs tout aussi mélancoliques et parfois bien sales de "Les Couleurs De La Nuit". Pendant près de huit minutes, le chant éthéré se partage l'espace avec les growls, et les mélodies et la finesse jouent à la même partie de ping pong avec les riffs plus oppressants et plus noirs qui amènent une ambiance parfois presque malsaine ou menaçante. "Hominem Te Esse", quant à lui, nous fait entendre des mélodies qui ne sont pas sans rappeler un certain Paradise Lost avec un côté un peu plus accrocheur et une lourdeur moins prononcée. GoneZilla évite donc le piège du doom monolithique et pense à varier le tempo de temps en temps en proposant quelques passages plus rythmés et catchy. Vu la durée de l'album, c'était vivement conseillé et "Aurore" se montre donc suffisamment vivant et dynamique pour ne pas nous écraser d'ennui en répétant inlassablement les mêmes motifs ou rythmiques. Histoire de confirmer mes propos, le groupes enchaîne sur "L'Ecueil Des Âmes" qui se fait plus posé, plus aérien et plus beau tout simplement même si les growls et quelques sonorités plus sales se refont bien vite entendre. GoneZilla jongle plutôt bien avec les contrastes et ce deuxième album nous amène régulièrement quelques rayons de lumière pour dissiper cette masse noire qui rôde en permanence dans les parages. La durée des morceaux s'en ressent aussi et les plus accrocheurs sont aussi les plus courts, là où les plus lourds et les plus noirs sont évidemment plus longs (c'est bien, ça suit au fond...).

"Ekho", en plus de débuter sur de l'acoustique, remet quelques sonorités gothiques un peu plus en avant et même si les growls et certains riffs plus durs se font entendre, on sent un certain romantisme noir s'infiltrer. Une ambiance plus posée et plus mélodique que confirme "Le Marcheur De Rêves" et qui amène une petite respiration dans la tracklist après une première moitié d'album plus lourde et plus noire. On reste évidemment sur quelque chose de très mélancolique mais les rayons de lumière évoqués plus haut trouvent là un peu de place pour se montrer. Une ambiance que "Limbes" s'empresse de noircir d'un gros trait de charbon avec ses riffs pesants et ses leads inquiétants sur les couplets. Globalement, on peut dire que le groupe connaît ses classiques et que si vous connaissez les vôtres vous ne tomberez clairement pas des nues à l'écoute de "Aurore" mais l'originalité à tout prix n'est pas le propre de la plupart des groupes de doom / gothique. Par contre, ce deuxième album est un bon représentant dudit genre et même si quelques petites longueurs peuvent se faire sentir (ce qui sur un album aussi long est quasiment inévitable), le groupe développe de belles mélodies et des ambiances assez puissantes. Pour ce qui est du son, ça sonne plutôt bien avec juste ce qu'il faut de saleté sur les guitares et c'est masterisé par Greg Chandler, rien que ça ! Quant aux lignes de chant les plus éthérées de Karen Hau, elles ne sont pas sans me rappeler les excellents Dark Sanctuary.

Au final, "Aurore" est un bon album de doom / gothique qui manie suffisamment bien les contrastes entre lumière et obscurité pour tenir en haleine pendant soixante-dix bonnes minutes. Si la formule peut probablement être encore un peu affinée et quelques petites longueurs effacées, il n'empêche que ce deuxième essai développe de bonnes ambiances. La beauté mélancolique typiquement gothique se partage bien l'espace avec la noirceur écrasante du doom et l'équilibre entre les deux est suffisamment bien géré pour que l'ensemble fasse mouche, n'hésitez donc pas à y jeter une oreille.


Murderworks
Juin 2022




"Chimères"
Note : 16,5/20

Cocorico ! Si la chimère est un mélange de lion, de chèvre, de dragon et de serpent, c’est bel et bien le cri du coq qui résonne avec cet album 100% français. Même les paroles des neuf titres (en excluant l’introduction "Exorde") sont dans la langue de Molière, ce qui est aujourd’hui suffisamment rare pour être signalé. Je passe la piste #1 qui n’est qu’introductive pour entrer dans le vif du sujet avec "L’Ombre Portée". La voix de Céline arrive bien vite et impossible de ne pas penser instantanément aux parties en chant clair du groupe Eths.

GoneZilla semble avoir son petit penchant pour la poésie sombre avec un album écrit tout en rimes et avec tristesse. Ceci est évident dès le premier couplet de ce premier morceau : "L’obscur déjà grandit / Derniers instants de vie / Qui s’évaporent et glissent / Les noirs nuages s’unissent / Se dispersent et prennent vie / L’essaim de mort surgit". Tout en faisant l’effort de construire des hexasyllabes sur cet échantillon de paroles, le groupe montre déjà son goût pour la noirceur. Et pour preuve, il suffit des prendre des phrases aléatoires dans le livret des paroles pour en ressortir un mot qui n’inspire rien de bon. J’ai moi-même fait le test et les mots qui en sont ressortis sont "frémir", "bête", "submergée", "brisé", "asphyxie" ou encore "remords". Cela fait de cet album une œuvre à part entière malgré un chant semblant parfois monocorde et perdu dans le mixage (quoique bien appuyé par les chants additionnels masculins ponctuels). Cela dit, cette voix que je décris comme monocorde est surtout très innocente et permet l’existence d’un parfait contraste avec les paroles.

Un titre plus doux surgit à la moitié de l’album (à savoir "Inferno") mais malgré cette différence, ilreste pour moi un des meilleurs. Céline raconte son arrivée en enfer en décrivant les lieux. Ce morceau offre deux passages intenses et prenants : "Tombes brûlantes, totems de sang / Rivière ardente, aux milles serpents / Le chant des morts emplis d’effroi / L’ombre à l’affût épie ses proies" et "Punis, châtiés, éviscérés / Bannis, pliés et torturés / Rythme de mort, timbre du glas / Gardien des ombres, ordonne-moi". C’est ensuite une voix démoniaque qui prend le dessus, la fameuse voix du "gardien des ombres" dont on parle plus tôt, la voix de Satan sans aucun doute. Malheureusement, son discours n’est pas cité dans le livret des paroles et tout n’est pas compréhensible. L’album va finalement se terminer avec le très bon "Corps Et Âme" qui reste toujours dans la même optique que les pistes précédentes, et son passage de basse isolé qui apporte une lourdeur que le groupe devrait exploiter pour un prochain album.

GoneZilla nous délivre un très bon premier album, convaincant et captivant et si je ne peux que les féliciter de l’avoir autoproduit, j’ose imaginer que cette production aurait été encore meilleure avec un mixage perfectionné.


John P.
Décembre 2016


Conclusion
Le site officiel : www.gonezilla.net