Le groupe
Biographie :

God Dethroned est un groupe de death metal hollandais formé en 1991 par le chanteur et guitariste Henri Sattler, avec Hans Leegstra (guitare) et Ard de Weerd. Sattler et Leegstra sont d'anciens membres du groupe Dysentery. Le premier album, "The Christhunt", sort sur le label allemand Shark. En 1996, à la suite de la parution de l'album "Fall Of Life" en 1994, Sattler forme de nouveau God Dethroned avec le guitariste Jens van der Valk, le bassiste Beef, et le batteur Roel Sanders. Avec ce line-up, le groupe signe sur le label Metal Blade Records, et sort "The Grand Grimoire" en 1997. Le line-up composé de Sattler, Van Der Valk, Beef et Sanders enregistre l'album "Bloody Blasphemy". Après "Bloody Blasphemy", Sanders quitte le groupe et se voit remplacer par le batteur porto-ricain Tony Laureano pour un album avec le groupe, "Ravenous", sorti en 2001. Un nouveau batteur est engagé, Ariën van Weesenbeek, et le groupe entre en studio fin 2002 pour enregistrer "Into The Lungs Of Hell". Après l'enregistrement de l'album "Into The Lungs Of Hell" et des tournées qui suivent, le bassiste et le guitariste quittent le groupe, et Henri Sattler se doit encore de trouver de nouveaux membres. Le bassiste Henk Zinger entre rapidement dans les rangs, et Ariën van Weesenbeek recommande le guitariste belge Isaac Delahaye au groupe. Ce line-up entre au studio pour enregistrer l'album "The Lair Of The White Worm" paru en 2004. Après de nouvelles dates de tournées, le groupe retourne en studio pour enregistrer l'album "The Toxic Touch" en 2006. En Janvier 2008, deux changements s'effectuent. Depuis le départ d'Ariën van Weesenbeek en Décembre 2007, il est remplacé par l'ancien batteur Roel Sanders. Après une période d'écriture, "Passiondale" est enregistré puis commercialisé début 2009. L'album achevé, des auditions suivent et Susan Gerl est choisi comme le nouveau guitariste du groupe. Par la suite, Roel Sanders part et Michiel Van Der Plicht le remplace. Plus tard, le guitariste Danny Tunker (Prostitute Disfigurement, Detonation) est engagé dans le groupe. "Under The Sign Of The Iron Cross" sort le 2 Novembre 2010 chez Metal Blade. Sattler annonce la fin du groupe en 2011.
God Dethroned fait son retour sur scène en 2014. Le groupe, articulé autour de Sattler, Michiel van der Plicht (batterie / Apophys, Winter Of Sin, ex-Detonation, ex-Prostitute Disfigurement), Jeroen Pomper (basse / ex-Absorbed, ex-The 8th Sin, ex-Icons of Brutality, ex-Chaos Rising) et Mike Ferguson (guitare / Detonation, Doghouse Gallows, Kutschurft, M-90's, Lovell's Blade, ex-Picture, ex-Prostitute Disfigurement), sort "The World Ablaze" le 5 Mai 2017 chez Metal Blade. En 2019, Dave Meester (Facelifter, ex-Apophys) remplace Mike Ferguson. L'album "Illuminati" sort en Février 2020.

Discographie :

1992 : "The Christhunt"
1997 : "The Grand Grimoire"
1999 : "Bloody Blasphemy"
2000 : "The Ancient Ones"
2001 : "Ravenous"
2003 : "Into The Lungs Of Hell"
2004 : "The Lair Of The White Worm"
2006 : "The Toxic Touch"
2009 : "Passiondale"
2010 : "Under The Sign Of The Iron Cross"
2017 : "The World Ablaze"
2020 : "Illuminati"


Les chroniques


"Illuminati"
Note : 18/20

God Dethroned vient de frapper à nouveau. Après sa création en 1991, un premier split en 1993, puis une reformation en 1996 jusqu’en 2012 et le grand retour en 2014, ce sont onze albums que les Néerlandais ont signé. Et "Illuminati", le dernier né, est digne de cette longue épopée. On retrouve toujours Henri Sattler (chant / guitare, Grand Supreme Blood Court, Winter Of Sin), Michiel van der Plicht (batterie, Winter of Sin, ex-Apophys, ex-Prostitute Disfigurement…) et Jeroen Pomper (basse, ex-Absorbed, ex-Icons of Brutality) aux commandes, mais également Dave Meester (guitare, Facelifter, ex-Apophys), le nouveau venu. Les claviers sont assurés par Dirk van der Plas, mais nous retrouvons également les voix de Kevin Quilligan (Erebus, Temple, ex-Apophys, ex-Toxacara) et Remco Smit (Overruled) sur cet album.

L’album commence en grande pompe avec le titre éponyme, "Illuminati". Les claviers prennent une part importante dans le mix, mais les riffs sont massifs ! Déchaînant toute la puissance de son blackened death metal, le groupe compte aussi sur des choeurs pour nous écraser avec un son majestueux. Difficile de se remettre de la puissance de ce morceau, mais "Broken Halo" prend la suite, avec cette noirceur et ce climat inquiétant que le groupe se plaît à instaurer régulièrement. Et la violence refait surface avec des riffs à la fois perçants et imposants. Les claviers s’invitent régulièrement dans la rythmique, et les hurlements du chanteur enfoncent de plus en plus le clou. On reste dans ce contraste entre son majestueux et riffs puissants pour "Book Of Lies", avec toutefois une rythmique qui accélère régulièrement tout en restant entraînante.

"Spirit Of Beelzebub" démarre en trombe, et la tornade ne se calmera pas, même lorsque des choeurs en voix claire surgiront, donnant une ambiance bien différente. Mais le groupe enchaîne rapidement avec des harmoniques sombres et des parties lead inspirées, alors que l’on se sent littéralement oppressé par "Satan Spawn". Une rythmique bien lourde, une guitare lead ultra rapide, des claviers en retrait… Le groupe est revenu à ses origines, flirtant avec le death old school grâce à cette qualité de mix qui caractérise l’album. On passe à des sonorités un peu plus aériennes, qui contrastent avec la solide rythmique de "Gabriel". Et ce morceau nécessite pour moi deux écoutes. Une première pour saisir l’essence de la musique, et une deuxième en lisant les paroles pour comprendre les enchaînements et lui donner une richesse supplémentaire.

Les sonorités mystiques continuent avec "Eye Of Horus", un morceau qui lorgne vers le prog avec son introduction prenante. Et même si les instruments s’intensifient par la suite, les choeurs, les ambiances… tout est fait pour nous laisser hocher la tête en fermant les yeux. Et ça marche. "Dominus Muscarum" vient couper légèrement le rythme avec des claviers d’église et des choeurs avant le final, intitulé "Blood Moon Eclipse". Et c’est une réelle descente aux enfers que le groupe nous envoie en pleine face ! La rythmique énervée a tendance à s’apaiser, mais les accents black demeurent, et les parties lead sont cohérentes avec les riffs du groupe. Une excellente manière de clore cet album.

Si God Dethroned est de retour, ce n’est pas pour enfiler des perles, et "Illuminati" va le prouver à ceux qui en doutaient encore. L’album précédent était déjà très bon, mais celui-ci va à coup sûr marquer leur discographie d’une pierre ensanglantée, et j’ai hâte de le découvrir en live.


Matthieu
Mars 2020




"The World Ablaze"
Note : 18,5/20

Après l'annonce de leur reformation pour quelques concerts en 2014, tous les fans de God Dethroned étaient pleins d'espoirs. Et ces espoirs se sont matérialisés avec l'annonce de "The World Ablaze", leur nouvel album. Formé en 1991 aux Pays-Bas par Henri Sattler (guitare / chant, officiant également dans Grand Supreme Blood Court et Winter Of Sin), le groupe se dissout en 1993 un an seulement après son premier album, puis se reforme en 1996. Jusqu'en 2012, le groupe enchaînera les albums, les tournées et la reconnaissance mondiale ne se fait pas prier. Pourtant, le groupe jouera son "dernier concert" en 2012. Mais deux ans plus tard, quelques autres concerts sont annoncés, et Henri s'entoure de Michiel van der Plicht derrière les fûts (jouant avec lui depuis 2009, mais également dans Apophys et Winter Of Sin), Jeroen pomper à la basse et Mike Ferguson à la deuxième guitare (aussi dans Detonation, Doghouse Gallows, Kutschurft et M-90's). Ensemble, ils travaillent alors sur les riffs de "The World Ablaze"... Vous avez déjà vu le monstre à l'oeuvre et vous n'allez pas être déçus !

L'album débutera avec une introduction de toute beauté. "A Call To Arms", c'est sans exagérer l'un des titres les plus prenants et envoûtants que j'ai entendu depuis des années. Un riff atmosphérique avec une simple voix samplée, mais qui m'a emporté loin... Très loin... Et la retombée avec "Annihilation Crusade" est maîtrisée à la perfection. Largué en plein champ de bataille, les riffs et la double pédale tombent de toute part, impossible de savoir exactement où nous sommes. La voix d'Henri nous guide jusqu'à un solo qui récupèrera l'aspect aérien de l'introduction, puis repartira dans les tranchées. "The World Ablaze" reprendra une rythmique old school avec cette touche black qui les caractérise si bien depuis des années. "On The Wrong Side Of The Wire", dont le clip est disponible depuis le début du mois d'Avril, est une nouvelle démonstration de la puissance de feu de God Dethroned. Un mélange imposant d'une rythmique travaillée et lourde à souhait, avec une touche d'harmoniques sur une voix puissante.

Vous trouvez que ce titre est passé trop vite ? Moi aussi. Vous trouvez que ça manque de violence pure ? Moi aussi. Et le groupe est visiblement du même avis, puisqu'il a choisi "Close To Victory" pour lui succéder. Ce titre, en plus d'avoir un tempo nettement plus rapide, laissera Michiel van der Plicht se déchaîner autant que possible alors que les musiciens placeront tout de même un passage atmosphérique entre deux rafales. Königsberg (à ne pas confondre avec la bière qui porte presque le même nom) est une nouvelle introduction hypnotisante qui nous amènera lentement jusqu'à "Escape Across The Ice (The White Army)". Des riffs plus lents mais tout aussi profonds qui soutiendront une guitare lead mélangeant sonorités épiques avec une réelle impression de progression, alors que les influences doom / death resurgiront lors du début de "Breathing Through Blood". Un retour au son tranchant et sans aucun compromis sera observé sur la suite de la composition cependant. "Messina Ridge" reviendra sur le son que le groupe avait lors des premières compositions et qui nous avait tous séduits, mais avec le mix impeccable de Dan Swanö qui rend hommage au style et à ses riffs techniques ! Le dernier titre, "The 11th Hour", sera également plus lent. Plus long aussi (près de sept minutes) que toutes les autres compositions, mais d'une intensité palpable. J'ai peut-être tout faux quand à l'idée derrière ce titre, mais à la première écoute, je me suis imaginé dans un marais boueux, entouré de brouillard, et avançant péniblement avec mon paquetage sur le dos tout en regardant constamment autour de moi pour éviter de me prendre une balle par un soldat adverse. Grisant...

Les Néerlandais ont frappé un grand coup pour leur retour. Ils se devaient de s'imposer à nouveau dans un style qu'ils maîtrisent sur le bout des doigts depuis si longtemps, et c'est chose faite à grand coup de power chords. Messieurs, si vous ne savez pas par où faire passer votre prochaine tournée, j'ai mes suggestions !


Matthieu
Avril 2017




"Under The Sign Of The Iron Cross"
Note : 16/20

Peu de temps après un "Passiondale" de grande qualité, God Dethroned revient avec "Under The Sign Of The Iron Cross" sur une thématique qui lui tient à cœur : la Première Guerre Mondiale !!! Mais cette fois-ci, le groupe a décidé de durcir le ton en proposant, à l'image de la pochette, un album plus sombre et plus guerrier que jamais. Le pari est-il réussi pour la horde Hollandaise ? Vous le saurez en lisant ces lignes... Mais surtout, n'oubliez pas votre casque car je vous emmène maintenant sur le champ de bataille !!!

Car oui, il n'est pas aberrant de voir ce nouvel album comme un champ de bataille !!! "Under The Sign Of The Iron Cross" sent définitivement la poudre et nous emmène dès les premiers riffs en un lieu dévasté où terre et sang ne font qu'un et où plane l'odeur nauséabonde de la mort... God Dethroned n'est pas là pour parler de la guerre mais pour nous la faire vivre à grand renfort de blasts !!! Et le résultat est impressionnant, comme si un char passait à toute vitesse entre vos deux oreilles, mais avec la majesté d'une attaque du Baron Rouge !!!

En effet, ce "Under The Sign Of The Iron Cross" est tout cela à la fois !!! Une puissance de feu incroyable avec une section rythmique imparable alliée à un génie mélodique qui saura asservir vos esprits afin de vous faire capituler... Voilà vraiment la patte God Dethroned, mais qui est ici poussée à son extrême avec des guitares furieuses qui nous servent sur un plateau autant le chaos d'une bombe que le désespoir d'un soldat au fond de sa tranchée voyant ses camarades mourir les uns après les autres : un chant du cygne tellement beau dans son infinie tristesse !!!

Et c'est exactement ce que l'on peut ressentir sur le morceau éponyme avec l'intervention d'un magnifique chant clair signé Marco Velde de The Wounded sur fond de blast dévastateur et de lead guitare mélancolique !!! Voilà exactement le genre de morceau qui nous permet de mieux saisir toute la complexité de God Dethroned qui dissimule aisément un véritable savoir-faire musical, acquis tout au long de quelques 20 années d'existence, derrière un incroyable mur sonore aussi puissant que cataclysmique capable de détruire en un riff l'intégralité de l'aviation ennemie !!!

Toujours entouré de musiciens impeccables malgré quelques changement de line-up, Henri nous propose ici un formidable album de black / death metal comme on en a peu entendu ces dernières années, un album où guitares et batterie (quel batteur que ce Michiel, plus connu pour ces contributions aux albums de Toxocara et Prostitute Defigurment !) rivalisent d'efficacité pour créer ce chaos savamment orchestré de main de maître. Fin stratège, il sait tirer le meilleur parti de ses soldats et autant vous le dire, mieux vaut être AVEC eux que CONTRE eux car ils n'auront aucune pitité !!!

Si l'on considère cet album comme la bande son d'une période peu glorieuse de l'Histoire, le choix du SoundLodge Studio s'avère une nouvelle fois judicieux. Il offre à "Under The Sign Of The Iron Cross" un son tout en sobriété, froid et puissant comme il se doit afin de mieux retranscrire l'atmosphère générale des morceaux et des textes. Loin du cliché des productions modernes actuelles, on se retrouve face à un son assez "raw" avec une dimension chaotique parfaitement travaillée qui renforce le concept tout en permettant de tout entendre distinctement.

Une vraie prouesse donc que cet album qui montre à quel point God Dethroned est toujours bien vivant même si le groupe est toujours plus ou moins resté dans l'ombre des plus grands... La bande à Henri maîtrise son sujet sur le bout des doigts et fort est de constaté que l'âge ne les a pas calmé, bien au contraire. Les Hollandais sont plus énervés que jamais et il veulent nous le faire savoir de la meilleure manière qu'il soit : en nous offrant un concept album mâture, puissant, brutal et mélodique comme on les aime à côté duquel il serait vraiment dommage de passer !!! Pari réussi haut la main donc... Comme quoi les anciens ont encore beaucoup à nous apprendre en matière de metal !!!


Carcharoth
Mars 2011


Conclusion
Le site officiel : www.goddethroned.com