Le groupe
Biographie :

Glorior Belli est initialement un groupe de black metal de Paris formé en 2002. Après une première démo, le premier album "Ô Lavdate Dominvs" voit le jour en 2005. Le deuxième album "Manifesting The Raging Beast" sort en 2007 chez Southern Lord Records. "Meet Us At The Southern Sign" suit en 2009. "The Great Southern Darkness" sort à l'automne 2011 chez Metal Blade Records. "Gators Rumble, Chaos Unfurls" sort à l'automne 2013 chez Agonia Records. Le sixième album, "Sundown (The Flock That Welcomes)", sort en Mai 2016, toujours chez Agonia Records. "The Apostates" sort en Avril 2018 chez Season Of Mist / Underground Activists.

Discographie :

2004 : "Evil Archaic Order" (Démo)
2005 : "Ô Lavdate Dominvs"
2007 : "Manifesting The Raging Beast"
2009 : "Meet Us At The Southern Sign"
2011 : "The Great Southern Darkness"
2013 : "Gators Rumble, Chaos Unfurls"
2016 : "Sundown (The Flock That Welcomes)"
2018 : "The Apostates"


Les chroniques


"The Apostates"
Note : 16/20

Dans ma chronique de "Sundown (The Flock That Welcomes)", je vous avais dit que l'orientation plus black metal de cet album n'était pas forcément définitive et que Glorior Belli avait encore de quoi nous surprendre à l'avenir. Je ne m'étais pas trompé puisque "The Apostates"" va briser les rêves de ceux qui pensaient avoir récupéré le groupe qu'ils aimaient sur les deux premiers albums.

Pas de retour au southern pour autant et le black metal est encore là, sauf que cette fois à côté de ça, ça sent très fort le rock voire le hard rock et quelques sonorités un peu plus modernes, oui oui vous avez bien lu. Les puristes vont donc encore se barrer totalement dégoûtés et hurler au n'importe quoi, mais bon avec Glorior Belli tout le monde devrait avoir l'habitude maintenant. Ce groupe n'en fait qu'à sa tête, se fout de ce que pensent les autres et c'est parfait comme ça. D'autant que, comme d'habitude, il suffit d'écouter attentivement leur musique pour se rendre que ce n'est pas juste un exercice de style ou une envie d'expérimenter dans le black pour le fun, il y a un véritable amour du rock et du metal en général là-dedans. Bon, c'est vrai qu'ils sont un peu fourbes puisque "Sui Generis" qui ouvre l'album sent bon le black bien dissonant et sale dans sa première minute et laisse à penser que le groupe continue sur la même voie que "Sundown (The Flock That Welcomes)", mais c'est justement l'effet de surprise qui est bon. Le morceau part très vite en black'n'roll bien groovy et balance des riffs bien gras qui ne sont certes plus typiquement black et fleurent le rock mais restent quand même bien crades. On a beau dire Glorior Belli a un vrai savoir-faire dans le genre parce que si le black'n'roll est assez courant, il n'y en a pas beaucoup pour balancer des passages hard rock, southern, bluesy ou rock en plein milieu d'un black bien froid et malsain sans se casser les dents. La plupart des morceaux flirtant avec les cinq ou six minutes, le groupe s'amuse d'ailleurs de passer d'un style à l'autre au sein d'un même morceau, ça peut être assez perturbant de passer d'un black orthodoxe et dissonant à du gros rock qui tache mais c'est plutôt bien foutu en général.

"Bedlam Bedamn" commence violemment à gros coups de blasts et vire vite dans quelque chose de plus moderne, presque prog dans l'esprit avec des rythmiques saccadées, des contretemps et des mélodies assez accrocheuses malgré leur côté sombre. Bref, ça groove mais dans la crasse, parce que même si Glorior Belli mélange son black metal avec tout ce qui lui tombe sous la main, ça ne l'empêche pas de produire une musique malsaine, sale, sombre. L'esprit du black est finalement toujours là, la forme a pris un coup mais globalement l'ambiance est toujours dégueulasse. Même un morceau comme "Jerkwater Redemption" dont le rythme est assez entraînant et les mélodies plutôt accrocheuses balance quand même une sale ambiance, il y a toujours quelque chose au fond, en arrière-plan, caché quelque part qui fait que ce qui aurait pu être du rock pur et dur qui swingue comme il faut se transforme en mélasse visqueuse qui colle aux murs et laissent des traces partout. Bon, c'est vrai que les deux derniers morceaux vont vraiment en faire hurler certains pour le coup, entre certaines rythmiques et certaines mélodies proches du metal alternatif sur "Runaway Charley" ( principalement sur les couplets en fait) et "Rebel Reveries" qui ne manquera pas d'être qualifié de radio friendly par les puristes, malgré ses dissonances il y a de quoi les pousser à la crise cardiaque ! Mais comme je le disais, quand on met les oreilles chez Glorior Belli, il faut s'attendre à être un peu bousculé.

Nouvel album de Glorior Belli qui va une fois de plus dérouter ceux qui espéraient le retour définitif du black avec "Sundown (The Flock That Welcomes)", le groupe choisit cette fois de partir vers le rock et pas mal d'autres choses d'ailleurs. Le côté glauque est encore là, le black aussi mais plus au premier plan et fondu dans les autres influences du groupe, mais une fois de plus c'est bien foutu et plutôt que de hurler à la trahison, contentons-nous d'écouter "The Apostates" et de le prendre pour ce qu'il est.


Murderworks
Septembre 2018




"Sundown (The Flock That Welcomes)"
Note : 16/20

Trois ans après "Gators Rumble, Chaos Unfurls", Glorior Belli est de retour avec un nouvel album "Sundown (The Flock That Welcomes)" et une petite surprise. Il semblerait en effet que le groupe en ait fini, du moins temporairement, avec les expérimentations southern.

"Lies-Strangled Skies" démarre l'album sur une veine bien plus black metal que les précédents albums avec des riffs bien froids, un son bien sec et tranchant et du blast comme il faut pour ramoner les cages à miel. Peut-être pas exactement un retour aux sources puisque Glorior Belli n'a pas subitement décidé de faire une copie de ses débuts, mais clairement un retour à du black metal pur et dur. Il faut croire que le groupe estime avoir fait le tour du délire connoté southern et que le black metal lui manquait, en tout cas j'en connais quelques uns que ce retour au black doit réjouir ! On retrouve quelques très légères traces southern sur "Rebels In Disguise" mais c'est bien tout ce qu'il en reste, pour les autres morceaux c'est le black metal qui reprend ses droits. Un black assez brutal d'ailleurs, ça blaste pas mal et cette débauche de violence n'est contrebalancée que par la froideur voire la mélancolie de certains riffs ou certaines mélodies. Les morceaux sont tous assez longs d'ailleurs histoire de bien installer les ambiances, la plupart tournant autour des six ou sept minutes. Plus je l'écoute et plus je sens une filiation directe avec le "Si Monumemtum Requires, Circumspice" de Deathspell Omega. Certes "Manifesting The Raging Beast" montrait déjà à l'époque ce genre d'orientation mais on trouve sur "Sundown" une violence et une furie qu'on ne retrouvait pas autant sur les débuts de Glorior Belli.

Quelques passages plus lourds plombent encore plus une ambiance déjà bien pesante, contrebalançant ainsi la furie qui s'étale sur les trois quarts de ce nouvel album. Une évolution intéressant qui prouve que le groupe en a encore sous le pied en tout cas, car pas vraiment un retour aux sources au point de pomper les deux premiers albums, mais pas southern non plus et pas totalement nouveau non plus. Glorior Belli a fait un léger pas en arrière mais su garder sa patte tout en ne se répétant pas, un exercice de style bien plus compliqué qu'il n'y paraît. La maturité et l'expérience ont porté leurs fruits et ce "Sundown" est un très bon nouvel album de black orthodoxe, violent et froid. Finalement on ne saura pas à quoi s'attendre dans le futur une fois de plus avec ce groupe, ce qui n'est pas plus mal. C'est ce qui manque à beaucoup de groupes, la capacité ou même l'envie de nous surprendre et Glorior Belli nous a déjà prouvé qu'il avait les deux.

Un retour au black metal qui ne constitue pas pour autant un retour aux premiers albums, "Sundown" n'est pas une copie des débuts de Glorior Belli. Ce nouvel album renoue avec les racines du groupe certes mais propose un black froid, brutal, mélodique et finalement excellent qui montre mine de rien encore une autre facette du groupe.


Murderworks
Septembre 2016




"Gators Rumble, Chaos Unfurls"
Note : 15/20

Après avoir réalisé deux albums tapant dans du black metal traditionnel pour l'un et dans le black à tendance orthodoxe pour l'autre, Glorior Belli avait décidé de prendre tout le monde par surprise avec "Meet Us At The Southern Sign" et ses passages quasiment bluesy qui sentaient bon le bayou. Un peu comme si le black metal avait fusionné avec Down en gros, évolution qui sera d'ailleurs confirmée sur l'album suivant "The Great Southern Darkness". Après de multiples remaniements de line-up, le groupe est de retour avec son cinquième méfait, "Gators Rumble, Chaos Unfurls".

Alors ça donne quoi cette fois-ci me direz-vous ? On continue tout bêtement sur la lancée initiée depuis "Meet Us At The Southern Sign", avec toujours ce même mélange mais dans des proportions différentes. Ce sont en effet les sonorités black metal qui s'effacent de plus en plus, laissant la place au feeling bluesy et boueux qui englue tout l'album. Les accélérations sont encore de mises, quelques blasts sont encore là, le chant typiquement black est lui aussi toujours au rendez-vous mais le groupe ralentit un peu le rythme et laisse de plus en plus parler son côté bluesy et rampant au détriment de la violence brute. Les amateurs de black pur ayant déserté les rangs depuis longtemps cela ne devrait pas choquer grand monde, d'autant que si la forme évolue, on reste quand même en présence d'une musique relativement froide. Les riffs malsains et glauques sont encore de la partie, ils se fondent avec le groove sudiste pour donner naissance à un metal extrême atypique et réussissant à marier deux styles a priori antagonistes. Glorior Belli a réussi le tour de force de pousser le bouchon encore plus loin tout en gardant sa patte, puisqu'il en effet impossible de ne pas reconnaître le groupe à l'écoute de ce nouvel album. Preuve s'il en est que le concept de la chose n'est pas sorti de nulle part, on aime ou on n'aime pas, mais on ne peut nier qu'il y a une certaine cohérence dans cette démarche.

Et pourtant ce n'était pas gagné, partir du black metal et en arriver à "Le Blackout Blues" et ses passages bien rock 'n' roll décomplexé fallait le faire ! Certes le black 'n' roll est fréquent ces derniers temps, les influences punk se font sentir ou se faisaient sentir chez certains vieux de la vieille, mais la démarche de Glorior Belli est différente, plus blues / rock et le rendu en est par conséquent assez détonnant par moments. Une sorte de virée à la Nouvelle Orléans en pleine ère glaciaire, avec des marais gelés et des alligators polaires (et non je n'ai rien fumé pour sortir ça). Le son créé lui aussi un certain contraste, avec ce genre de sonorités, on s'attendrait à entendre des guitares bien grasses mais ce n'est pas le cas, le son est sec et tranchant, un héritage du passé black metal en fait qui permet d'appuyer les passages plus sombres. Tout chez Glorior Belli est fait de contrastes et d'associations contre nature, la musique du groupe souffle littéralement le chaud et le froid ! Et il faut avoir une vision claire de sa musique pour réussir à passer d'un riff glacial typiquement black à un passage groovy et bluesy endiablé sans donner l'impression que la transition tombe comme un cheveu sur la soupe. On serait tenté de se dire que c'est étrange pour un groupe français d'emprunter ce genre de sonorités, mais le résultat prouve que ces gars-là savent ce qu'ils font.

Pour faire simple, si le précédent album vous avait déçu à cause de la plus grande place accordée aux sonorités "southern" il y a de grandes chances que ce "Gators Rumble, Chaos Unfurls" ne vous convienne pas non plus. L'évolution se poursuit dans le même sens, le côté purement black metal recule encore un peu plus, ou en tout cas se fond tellement dans le "southern" que sa présence devient de moins en moins évidente. Pour les autres, ce nouvel album est un bon cru, dans la continuité des deux précédents tout simplement.


Murderworks
Février 2014




"The Great Southern Darkness"
Note : 13/20

Alors ici, c'est ce que je qualifierais de plutôt bon album dans le style "black'n'roll". Vraiment spécial et très contrasté. Les passages rock'n'roll s'enchaînent franchement bien avec les passages bien plus black (qui ne demordent cependant pas avec les sonorités groovy). Cet album est une curiosité. J'ai rarement l'occasion d'entendre ça, personnellement. La production est sympathique et les sonorités franchement cool à la première écoute. Ce qui pourrait être considéré comme une introduction, nommée "Dark Gnosis", en donne déjà la couleur. Celle-ci comporte un riff plutôt groovy, quelques paroles ça et là. Bon le seul défaut, c'est que ça traîne un peu en longueur.

Et c'est là qu'on enchaîne sur la seconde piste, "Secret Ride To Rebellion". Cette piste est dans la continuité de la première. Les rythmiques s'alternent agréablement. On a du blast comme du calme. Les sonorités sont un peu torturées. Répétitives, mais dans l'ensemble, ça sonne plutôt bien. "They Call Me Black Devil" souligne encore le côté black'n'roll, dans un style se rapprochant quand même pas mal du rock sudiste... Ca a le mérite d'être original. Ca change de nombreux groupes qui se contentent de taper dans le tas en essayant de faire toujours plus sombre, plus malsain. Ici on croirait croiser Satan sur une harley en plein milieu de l'Arizona avec son accoutrement typique de motard à l'Américaine ! La quatrième piste se veut plus directe ("Negative Incarnate"), rentre-dedans mais toujours avec un leger côté groovy. "Bring Down The Cosmic Scheme" est bien plus sombre et violente que les pistes précédentes, plus dans un black metal que l'on est accoutumé à entendre. Ca tape dur, mais du coup elle en ressort fortement sur cet album, comme une sorte d'intrus, ma foi fort agréable.

La piste éponyme surprend par son chant clair qui accentue le côté southern. N'y cherchez pas vraiment de violence. C'est posé, plutôt calme et on se verrait bien prendre un bon whisky en écoutant ça dans un rockin' chair. le calme avant la tempête. La piste qui suit manifeste un certain pessimisme, dont il faudra attendre quelques secondes pour en ressentir l'explosion. Je ne sais pas pour vous, mais moi ça me donne envie de chevaucher quelque monture diabolique et de silloner les déserts Américains en quête de victimes à martyriser. "Per Nox Regna" renoue avec un black un peu plus traditionnel, quoiqu'assez expérimental (ça me rappelle un peu Blut Aus Nord personnellement). Lente et pesante, teintée de noirceur, elle sonne comme un interlude dans l'ensemble de l'album, ou comme un prélude à la piste qui s'enchaîne dans un solo à l'image de la galette. L'ensemble de la piste rappelle fortement "Per Nox Regna" d'ailleurs. "Chaos Manifested" est une franchement bonne piste, bien stylisée black dans une forme relativement mélodique. Elle aurait très bien pu s'intégrer dans un quelconque album de pagan black, mais c'est sans compter le récurrent feeling qui fait l'identité de cet album. Ce feeling qui ne lâchera pas la dernière piste jusqu'à ce que Glorior Belli décice de finir sur une note bien plus violente dans les dernières secondes. Empâqueté, c'est pesé !

Pour conclure, je dirais : soit on aime, soit on déteste (sans compter les éternels mitigés dont je fais partie pour cet album du moins). Si vous n'aimez pas le rock sudiste, fuyez le plus loin possible ! Cet album a fort caractère, aux relents de foin et de Jack Daniel's. J'ai connu Glorior Belli il y a quelques années, je ne me rappelais cependant pas d'un côté southern dans leur musique. N'ayant pas spécialement suivi le groupe, ils ont probablement voulu tester d'autres sonorités. Pour un essai (?), c'est plutôt pas mal. Cependant, j'attendrai un peu plus d'originalité et de variété dans les morceaux pour le prochain opus, parce que les plus exigeants d'entre nous risquent un peu de s'emmerder. Pour ma part, je préfère le BM plus cru et plus direct, mais ce n'est qu'une question de goût. A suivre de près, parce qu'en plus, c'est de chez nous.


Lukos
Novembre 2011




"Manifesting The Raging Beast"
Note : 12/20

Tout commence par une atmosphère pesante et malsaine. Dès la quatrième seconde de l'album des Glorior Belli (Gloire à la guerre), nous savons que nous pénétrons dans un monde à part. Une voix apocalyptique mais non forcée ni poussée à l'extrême comme dans d'autres groupes de black metal, nous fait penetrer dans la force obscure. Des guitares acérées, des changements et renversements de rythme, tout un ensemble qui nous pousse à ressentir de la peur. Le groupe ne s'englue pas dans la linéarité (même le batteur). Un ensemble majestueux, encadré par une rythmique impeccable. Pas de fausses notes au cours des 8 plages de cet album. Rien à rajouter mis à part que Glorior Belli est un groupe tres professionnel et de sacrés guerriers du côté obscur.


-H-
Novembre 2007


Conclusion
Le site officiel : www.gloriorbelli.com