Le groupe
Biographie :

George Kollias est connu pour être le batteur du groupe de death metal américain Nile. En Mai 2015, il sort son premier album solo, "Invictus", sur le label Season Of Mist.

Discographie :

2015 : "Invictus"


La chronique


Connu et reconnu pour ses collaborations (nous parlerons d’intervention plus que d’appartenance réelle aux groupes) avec Nightfall, Týr, Sickening Horror, c’est bien en qualité de batteur de Nile qu’il choisit de promotionner son premier album solo. Goerge Kollias est de ceux qui ont porté la batterie dans une autre dimension ; véritable guitar hero citant Lombardo et Ulrich comme références principales, notre matraqueur de fûts grec a popularisé et redoré le blason d’un instrument rarement sollicité dans l’aspect créatif musical, prouvant ainsi que le bonhomme est avant tout un artiste à part entière capable de maîtriser l’ensemble d’une production. Un véritable esthète connu pour son approche millimétrée et sa rapidité d’exécution. Prolifique, George multiplie les masterclass, donne des cours et a même écrit un livre. Dans ce cas bien précis, jamais le terme solo n’a été aussi proche de la vérité, Kollias ayant appréhendé cette production en multi-instrumentiste. La question est de savoir si cet artiste a su explorer de nouveaux horizons en se démarquant du genre qui a fait sa renommée.

Première écoute, Kollias fait… du Kollias, avec des fûts mis en avant comme jamais, sublimés, "Invictus" le bien nommé se présente comme un hommage à son instrument ; album appelé à devenir culte chez les batteurs de tout poil. Authentique album death sur le fond, bénéficiant d’une réelle modernité dans la forme, Kollias a fait appel à ses concitoyens les plus capés dans leur domaine, d’où la présence de membress de Nile, Rotting Christ ou encore Nigthfall. Plus qu’une bonne idée, une bénédiction pour cet album car même si Kollias n’est pas un manchot dans le maniement des cordes, tenir dix titres engendre une redondance difficile à éviter.

Une intro sous forme de diatribe apocalyptique annonce la couleur (tout en cohérence avec le magnifique artwork). Le titre éponyme est introduit par une ligne de batterie entre blast beat et hymne clanique, des riffs entêtants et percutants en mid, des solos mélodiques, un chant qui fait clairement penser à Nergal ; il y a du Behemoth dans ce premier titre. Impression confirmé avec "The Passage", déclaration de guerre introduisant l’Armageddon ; question massivité, on ne peut guère faire mieux. Juste histoire de réaffirmer que Kollias est réellement très bon derrière le micro lorsqu'il s’agit de growler. Les mauvaises langues diront que sa voix est linéaire mais peut-il en être autrement vu la thématique de l’album ? "Aeons Of Burning Galaxies" propose une intro très mécanique voir martiale, bon ok, indus ! Kollias comptant une histoire évolutive en plusieurs chapitres, particulièrement cohérente. La double est bien entendu à l’honneur. "Shall Rise/Shall Be Dead" et son ambiance introductive à la Hellraiser débouche sur un chaos sonore qui risque de faire des victimes dans le pit, avec des headbangs à la clé sur les longs solos de guitare. "Voices" est plus old school dans son approche, plus grave, avec un chant racleux à souhait. "Treasures Of Nemesis" est introduit par un riff produit par un des nombreux invités de l’album, mélodiquement parfait, à la construction aboutie avec ses successions mid / accélérations / breaks / solos de fûts / solos de guitare. "Apocalypse" est le titre instrumental par excellence avec sa construction très OST, travaillée, sombre, angoissant, un climax progressif entretenu par des nappes de synthé qu’un John Carpenter n’aurait pas renié, entretenant l’impression d’un finish sous forme de moment de bravoure qui n’arrivera pas. Une pause salutaire juste avant "Epitaph", le genre de compo qui excite le palpitant, une tachycardie sonore qui semble inarrêtable. "Through Empty Eyes Of Light" propose à nouveau de longs riffs old school, intéressant mais un peu redondant. "Buried Under The Flame" et son intro cléricale et ses dernières secondes sous forme de glas annonçant la fin, offre un épilogue logique à cet album dont la production, réellement classieuse, n’en est pas pour autant maniérée.

Certains diront que Kollias n’a peut-être pas pris assez de risques afin de s’éloigner de l’univers qui a fait sa renommée, mais soyons honnêtes, pour ceux qui comme moi, n’accroche pas à Nile et consorts, la possibilité de découvrir cet artiste majeur dans ce qu’il fait de mieux est une aubaine. D’autant que Kollias n’a pas cherché à se démarquer par des frasques sonores qui ne lui correspondraient pas, préférant se concentrer sur la pertinence créative du concept. Une manière de servir son art. Pour les autres, l’approche d’un album conçu avant tout musicalement et dont on couche les lyrics dessus permet d’appréhender de façon différente un genre qui sombre assez souvent dans la banalité, et pour cela, Kollias mérite un grand coup de chapeau.


Braindead
Mai 2015


Conclusion
Note : 17/20

Le site officiel : www.georgekollias.com