Le groupe
Biographie :

Fuck The Facts est un projet canadien monté par Topon Das (guitare / basse) en 1997. Après plusieurs cassettes en split avec S.M.E.S. et Mastectomia, Fuck The Facts se fait doucement un nom dans l'underground grâce a sa puissance. En 2000 leur premier EP "Discoing The Dead" est enregistré et reçoit un accueil plutôt positif. "Bastardised gindcore" est le genre que le groupe lui-même se donne volontiers. Brent Christoff (chant) quitte la formation rapidement mais Mel Mongeon le remplace tout aussi rapidement. Etant proche du groupe, la hurleuse réalise également tous les artworks du groupe. Aprés quelques changements de formation, le groupe frappe un gros coup en enregistrant tour à tour les deux pièces maîtresses : "Stigmata High-Five" et "Disgorge Mexico", tous deux saluées par les nombreuses critiques et proposant un grindcore progressif et à la fois sans concession. Infatiguables et tourneurs nés, quand les FTF ne jouent pas en live quelque part, ils enregistrent des splits. Le groupe est connu pour sa discographie sans fin.

Discographie :

2000 : "Vagina Dancer"
2001 : "Discoing The Dead"
2001 : "Mullet Fever"
2002 : "Escunta"
2002 : "Born In A Riot"
2003 : "Backstabber Etiquette"
2006 : "Stigmata High-Five"
2008 : "Disgorge Mexico"
2011 : "Die Miserable"
2015 : "Desire Will Rot"
2020 : "Pleine Noirceur"


Les chroniques


"Pleine Noirceur"
Note : 20/20

Je me souviens encore de ma rencontre avec Fuck The Facts... Coup de foudre immédiat pour ce groupe canadien qui produisait alors un grindcore tout ce qu'il y a de plus sale et torturé, teinté de notes crust, fast-punk, bref du sale et rien que du sale. Malgré tout, je leur reconnaissais vite un talent indéniable : ils faisaient du sale, mais proprement. Aujourd'hui, retournement de situation, on oublie tout, on repart à zéro. Je vous présente donc Fuck The Facts, nouvelle génération, tout beau, tout propre, fier comme un caribou des bois et prêt s'écraser sur vous avec un style que vous ne soupçonnez pas. Honnêtement, jamais je n'aurais pu reconnaître la patte habile de nos experts en salopette, tant l'évolution demeure impressionnante. Fuck The Facts ne se contente plus d'hurler et de tabasser dans tous les sens, non, Fuck The Facts nous offre quelque chose de vraiment beau, impressionnant, mélodique, voire tout simplement bluffant.

Pas une seule fois je me suis ennuyé sur cet album. Du début à la fin, il nous emmène dans son univers bien à part, un monde sombre, une dimension à part, qui me conduit à valider le nom de cet opus : "Pleine Noirceur". Dès le premier morceau, j'ai compris que quelque chose d'anormal se passait. "Doubt, Fear, Neglect" et ses presque sept minutes, voilà qui m'a fait décoller de mon siège ! Ce titre est un monstre de torture, d'oppression, de rage musicale. Bien sûr, les notes grind sont présentes, mais c'est surtout un voyage dans l'enfer du black metal qui nous attend, avec ce cocktail de mélodies qui n'en demeurent pas moins violentes. Quelle atmosphère ! Et puis bordel, ce n'est que le premier titre de l'album !!!

Vous pensez que les choses allaient se calmer par la suite ? Oui et non... On ralentit un peu... Et on repart rapidement avec "Pleine Noirceur", qui nous attire vers elle lentement, doucement, puis s'enfonce de nouveau dans un délire psyché-sauvage, avec en fond toujours ce chant venu d'ailleurs, qui m'a rappelé celui de Walls Of Jericho, dans un style complètement différent. Et on trouve encore des monstres comme ça, des Frankenstein du metal : "Sans Lumière", qui navigue entre crust-punk et métal plus conventionnel, façon Meshuggah.

Les fans de grindcore pourront aussi se réjouir, on a quand même pensé à eux, avec notamment les 38sec de "Sans Racines". À part celui-ci, chaque morceau a vraiment une histoire (glauque ?) à nous raconter (Lofofora mais avec de la vraie musique, tu vois). J'ai vu que "A Dying Light" était souvent cité comme LE morceau original de cet opus, et je ne peux qu'acquiescer. Je préfère vous laisser le découvrir, car j'avoue avoir du mal à le décrire. Enfin, ne pensez SURTOUT PAS que la fin de l'album est moins qualitative que le début (comme dans environ 99% des albums...). J'ai presque tendance à affirmer l'inverse ! Le bouquet final se révèle somptueux, divin même. Je citerai ainsi "Dropping Like Flies" pour le côté "grind mais propre", et surtout le dernier titre, "_Cide", qui débute lentement mais dont la seconde moitié rappelle les plus belles heures du black metal.

Vous l'aurez compris, nous sommes tout simplement ici face à ce que l'on peut qualifier de chef-d'œuvre, une perfection rarement atteinte. J'ai tellement pris une énorme claque que j'ai presque rédigé cette chronique d'une traite. Je n'ai même pas réussi à placer un "tabarnak" tant j'étais lancé. Bref, tout fan de metal qui se respecte se doit d'écouter cet album de toute urgence, si ce n'est pas déjà fait. Bon appétit, bande de veinards.


Grouge
Janvier 2021




"Desire Will Rot"
Note : 16/20

Il n'y a pas que le gros death à succès qui triomphe au pays des caribous et du sirop d'érable. Ainsi, Fuck The Facts revient, plus déchaîné que jamais, avec une énième production qui risque fort de ne pas passer inaperçue. À l'origine de ce projet un peu fou, on trouve Topon Das (Time Kills Everything, Corpus, Fourth Dimension, Kuru, Recondite etc...), et surtout l'infernale Mel Mongeon, chanteuse parfaitement hystérique qui est également en charge de l'artwork (plutôt glauque, pas franchement réussi, mais passons).

Même si FTF appartient indéniablement à la catégorie grindcore, il est difficile de leur coller une étiquette, tant leurs nombreux excès partent dans tous les sens. C'est un peu comme si Sid Vicious avait ses règles, en pire. Ce côté underground poussé au maximum, voilà ce qui plaît avec ce groupe. Ces gens n'en ont rien à foutre, et le résultat n'en est que plus violent. À côté, même Candace Kucsulain (Walls Of Jericho) semble angélique. Car à part des soli plutôt originaux et réussis pour du grindcore, c'est surtout la terrifiante voix féminine de Mel Mongeon qui vient vous sortir les yeux des orbites, entre autres. Ces hurlements stridents n'ont rien à envier à ceux de Napalm Death ou Nasum, bien au contraire. D'ailleurs, cette ambiance malsaine et lugubre couplée à une technicité de bonne qualité permet sans problème de comparer ce "Desire Will Rot" au dernier album d'Antigama.

Les deux dernières pistes font respectivement huit et six minutes, chose franchement peu commune pour du grindcore, ce qui d'ailleurs est un peu dommage. En effet, ces deux dernières pistes viennent un peu gâcher un album pourtant fort juteux jusque là. Pour autant, ces deux pistes atmosphériques restent correctes, tout autant torturées que les précédentes. Du début à la fin, on ressent à merveille toute la haine de nos amis Canadiens, véritablement déchaînés dans un déferlement de violence putréfiante.

On pourrait encore continuer les compliments, allant d'une avalanche de basse omniprésente faisant penser à un style old school plus punk, à des back vocals subtilement placés tout au long de cet énième album. Rien à dire, Fuck The Facts accouche là d'une production ultra violente sur fond de torture macabre, nul doute que cela plaira à tout fan de grindcore qui se respecte.


Grouge
Septembre 2015




"Die Miserable"
Note : 18/20

Ralala mais putain, mais qu'est-ce qu'ils sont bons les Fuck The Facts ! Avec ce très attendu "Die Miserable" qui devait succéder à l'album studio de la "consécration" en quelque sorte, le très sulfureux "Disgorge Mexico", les Canadiens frappent encore très très trèèèès fort.

Mais pour expliquer ce fait, il va falloir que j'explique un peu au tout venant (et notamment toi, cher lecteur attentif, mais également toi, l'amateur de metal qui débarque dans un monde inconnu et dangeureux) pourquoi les Fuck The Facts trouvent systématiquement grâce à mes yeux.

Déja, parce que le FTF c'est underground de chez underground. Pas de compromis, que du poutrage de gueule, du son savament envoyé dans les dents (si,si). Ensuite c'est une recherche musicale constante (et pourtant, on parle bien de grindcore), où les ambiances le disputent sans cesse à l'extrême agressivité inhérente au genre. Et il faut rajouter les ambiances en question, justement, où le pessimisme et les zolis papillons bleus qui volent gaiement au ras des pâquerettes n'ont clairement pas la primeur. Non, pour le coup, on est plutôt dans la misère humaine, la haine qui rend fou dans un monde qu'on ne comprend plus mais qui va de toutes façons bientôt exploser par la faute de l'homme. C'est beau, on dirait du Bon Jovi, non ?

Donc, vous l'aurez compris, avec ce "Die Miserable", plus qu'avec tout autre opus, les Fuck The Facts, se ré-approprient un genre dans lequel les gars (et la nana) gravitent depuis des années. Pas vraiment du grind vu que c'est très expérimental et progressif, plus tout à fait du death brutal vu les blasts et la rage, les Fuck The Facts racontent des choses et utilisent toutes les mélodies possibles (pour du grind) afin de les faire passer, n'hésitant pas à nous servir des passages ambiants. Et si les growls de Mel sont plus puissants que sur "Disgorge Mexico" c'est probablement parce que la belle blonde est dans une éternelle lutte contre les musiciens pour se faire entendre. Le tout déborde donc d'urgence, d'énergie et de frustration.

Notons que l'ambiance de l'opus est encore plus noire qu'a l'accoutumée, comme le souligne justement Mel avec le superbe artwork de l'opus. Rarement un travail aussi simple aura put cerner aussi facilement une album.

Un album mature donc, comme un femme facile du même nom, à l'esprit grand ouvert vu les expérimentations que s'autorisent les Canadiens, continuant donc de faire de Fuck The Facts ce groupe unique au son tellement différent des autres groupes de grind.

Brutalité sans compromis autres que celui de l'expérimentation. Tiens, ils auraient pu en faire un nom d'album. En attendant, ce "Die Miserable" est probablement -pour l'instant- la meilleure pièce du groupe est va rester longtemps dans les annales tant la pierre apportée a l'édifice de la brutalité est importante.

Enorme et en totale contradiction avec la norme. A écouter en urgence donc. Moi j'y retourne.


Groumphillator
Octobre 2011


Conclusion
Le site officiel : www.fuckthefacts.com