Il arrive parfois que certains appels à chronique recèlent de bien bonnes surprises, comme ce fut le cas avec le disque dont nous allons tenter de percer quelques secrets aujourd’hui : "Like We're All Equal Again", récemment sorti chez Unquiet Records et que l’on doit au quintette polonais Fleshworld !

Accepté après candidature spontanée de la part de la méconnue formation, ce CD a donc très rapidement pris place dans la liste des chroniques prometteuses, tant le titre le plus largement diffusé sur le net (et issu de l’album sus-nommé), "Dust Eater", semblait porteur d’une intrigante promesse à la fois ambiante, torturée et brutale. Cette impression largement confortée par un visuel sombre et noueux, signé Szymon Siech, oscillant dans des teintes des plus tamisées, entre rouge, gris et noir, le tout assorti d’une étrange et ancienne symbolique aux accents médiévaux / païens / ésotériques, donnera donc le coup d’envoi de ce voyage sensoriel qu’est celui proposé par cet étonnant 6 titres !

Tout commence avec la première piste, titre éponyme de l’album, "Like We're All Equal Again", une piste on ne peut plus singulière, introduisant, sur un grésillant son d’archives soviétiques, l’univers aussi pesant qu’envoûtant et saturé dans lequel l’auditeur semble alors avoir posé une oreille. Le temps de s'imprégner de cette vibrante mise en bouche, et voici que vient le tour de "Hereinafter", proposant, par le biais de sa profonde et envoûtante introduction, une transe des plus mélodique, prolongée par une montée en puissance de cris à la fois perforants et arrachés ! C’est donc sur cette mordante base atmosphérique, à la croisée des chemins doom, black-ambiant, sludge et post, que la chaotique élévation sensorielle proposée par Fleshworld prendra appui, enchaînant par la suite avec "Chant Of Many Voices" et ses première mesures ô combien hypnotiques ! Parler du soin ainsi porté aux ambiances ne serait donc que rendre justice à l’ensemble, tant le travail effectué sur ce pan atmosphérique de l’album (les trois premières minutes de ce titre pour preuve) semblera empoigner l’auditeur ainsi étourdi et charmé par les fondations musicales / mélodiques des Polonais... Une maîtrise des sens se traduisant par un plus qu’habile contraste observé entre l’harmonie instrumentale et l’explosion vocale se fera ainsi ressentir au coeur du morceau, avec, dès la sixième minute, une intense élévation vocale / rythmique astucieusement servie par le mixage équilibré enveloppant les 45 minutes de lecture que comptent cet album.

Fondant sur une percutante outro vocale déchirée, ce chaos ainsi dévoilé emmènera l’auditeur vers la piste la plus longue de l’ensemble, le fameux "Dust Eater". Prenant ainsi le temps de se développer durant près de 11 minutes, ce titre foncièrement plus axé sur une base black / death-ambiant à la façon d’un Morbus Chron ou d’un Enslaved résonnera comme un titre on ne peut plus vivant, mais au relief instrumental peut-être un rien en deçà du reste, le déroulement rythmique de l’ambiance prenant finalement le pas sur l’ampleur mélodique du trio guitares / chant. Mettant à mal la perception de l’auditeur, ce titre sera suivi par l’oppressant mais néanmoins apaisant "The Collapse", tumultueuse hypnose vibrante et saturée malmenant un esprit déjà passé par des rudes étapes mélodiques ! Le titre trouvera également sa réelle respiration dans la rupture du tempo, accéléré et rendu plus incisif aux alentours de 5:15 puis fondu en une outro/intro aux côtés de "The Infinite", dernier volet de cette intense épopée touchant alors à sa fin. Refermant sur une note plutôt conventionnelle de par son placement final, mais largement appréciable malgré son abrupte fin, cette "remontée à la surface" clôturant avec relief, vie et légèreté ce pesant voyage se mariant donc à la perfection avec cette portée réflexive qui est celle de la formation, ouvrant alors en toute honnêteté, sa perception et son esprit, durant cette traversée élaborée autour la remise en question du conflit entre violence et morale.

Ainsi s’achève donc cette chaotique traversée de "Like We’re All Equal Again", un riche album trouvant son écho au plus profond des sensibilités des amateurs de groupes tels que Regarde Les Hommes Tomber, Psygnosis, Eryn Non Dae., Morbus Chron, Enslaved ou encore la maestria Cult Of Luna et de sonorités mélangeant habilement des ambiances electro saturées à la lourdeur rythmique / mélodique post / black / death / sludge... ! Saluer les ambiances / atmosphères mais également la globale harmonie du mixage (réalisé au Studio 67, par Dominik Burzym) ou encore la maturité des compositions/du propos n’ayant rien de surnaturel devant pareil travail, féliciter l’hexagone polonais et recommander l’acquisition et l’écoute de ce premier album paraît plus que nécessaire !

swietnie Fleshworld !