Le groupe
Biographie :

Finsterforst est un groupe allemand de folk metal originaire de Schwarzwald, Baden-Württemberg, dont les paroles traitent de la nature et de mythes allemands. Formé en 2004, le groupe a sorti cinq albums studio. Le nom du groupe veux dire "Forêt sombre" en français, en référence immédiate avec l'origine du groupe, la Forêt-Noire. Le groupe utilise notamment en sus des instruments classiques des mélodies à l'accordéon ainsi qu'au hautbois et le tin whistle.

Discographie :

2006 : "Wiege der Finsternis" (EP)
2007 : "Weltenkraft"
2009 : "...Zum Tode Hin"
2012 : "Rastlos"
2015 : "Mach Dich Frei"
2016 : "#YØLØ" (EP)
2019 : "Zerfall"
2023 : "Jenseits" (EP)


Les chroniques


"Jenseits"
Note : 18/20

Finsterforst approche des vingt ans. Quatre années après son cinquième album, le groupe allemand composé de Simon Schillinger (guitare / claviers / chant, ex-Cryptic Forest), Tobias Weinreich (basse, Therapie Nach Noten, Signum: Karg), Sebastian "AlleyJazz" Scherrer (claviers, ex-Cryptic Forest), David Schuldis (guitare / bombarde, ex-Cryptic Forest), Cornelius Heck (batterie, ex-Cryptic Forest) et Oliver Berlin (chant) annonce la sortie de son nouvel EP, "Jenseits".

Le groupe débute avec "Kapitel I - Freiheit", qui laisse une voix claire résonner au loin, finalement rejointe par des choeurs puis par une rythmique lourde qui transformera définitivement la composition avec ses tonalités motivantes. Les hurlements lui confèrent une approche plus agressive, alors que les influences pagan laissent le groupe placer des passages accrocheurs, aidées par les claviers et autres instruments à vent, puis "Kapitel II - Dualitaet" va assombrir le mélange, que ce soit en termes de riffs, d’orchestrations pesantes ou de parties vocales brutes. Le son reste extrêmement efficace, laissant les musiciens nous mener à travers leurs territoires désolés tout en proposant des moments relativement fédérateurs ainsi qu’un final majestueux, qui nous mènera à "Kapitel III - Reflexionen" et son approche plus mystérieuse via un son ambiant et aérien.

La voix claire et les instruments folk apparaîtront progressivement pour donner une tonalités plus festive à ce relativement court moment de quiétude, puis le long "Kapitel IV - Katharsis" viendra refermer l’album en renouant avec l’agressivité, mais également avec l’alliance entre orchestrations imposantes gonflées par les choeurs et l’ambiance captivante que le groupe sait développer. On notera un léger ralentissement de la rythmique avant qu’elle ne revienne avec une intensité similaire, intégrant sa dissonance glaciale à des riffs qui s’intensifient, puis se taisent à nouveau, rappelant la voix solitaire du début de l’EP, très rapidement rejointe par une dernière vague de saturation entêtante, qui s’éteint progressivement.

Nous pardonnons aisément à Finsterforst l’attente. Peu importe l’aspect du groupe que vous préférez, "Jenseits" sait aussi bien se montrer féroce et agressif qu’entêtant et apaisant, nous menant sans mal de l’un à l’autre des mondes.


Matthieu
Octobre 2023




"Zerfall"
Note : 18/20

Une fois n’est pas coutume, c’est de nouveau du côté de la Germanie que votre serviteur vous emmène. Point d’industriel ni de Neue Deutsche Härte ici. En revanche, une bien bonne dose de folk metal aussi druidesque que sombrement épique. Il faut dire que tout droit originaire de la Forêt Noire occupant une bonne partie de la Bade-Wurtemberg, Finsterforst avait de nombreuses légendes locales pour s’adonner au folk metal. Alors direction le (déjà) cinquième recueil de contes de nos amis teutons !

Après un surprenant "#YOLO" totalement déjanté, déluré et whatthefuckien pour un groupe jusqu’alors sérieux, Finsterforst revient dans un registre bien plus épique avec "Zerfall". Vite oublié les trois minutes vingt de moyenne des titres de "#YOLO", "Zerfall" renoue avec des compositions plus longues dont certaines avoisinent et dépassent les dix minutes. Soulignons au passage "Ecce Homo" et ses trente-six minutes de longueur. Ou plutôt et ses TRENTE-SIX PUTAIN DE MINUTES DE PUTAIN DE LONGUEUR. PUTAIN ! Mais rangeons vite la règle et mettons un terme à ces comparaisons de tailles d’engins pour nous focaliser davantage sur l’aspect musical de ce nouvel album de Finsterforst. Si les instruments traditionnels sont un tantinet moins poussé que sur "Mach Dich Frei", ils sont utilisés de façon bien plus complexe et atmosphérique. Bien loin donc de la fête à neuneu insufflée par "#YOLO", l’aspect folklorique provoqué par l’ensemble des huit musiciens n’aura certainement jamais été aussi peaufiné. Quatre ans après "Mach Dich Frei" et trois après "#YOLO", Finsterforst semble avoir atteint le niveau supérieur. La preuve par les passages instrumentaux parcourant l’album ou même les variations dans le chant, celui-ci n’hésitant nullement à sortir son atout clair lorsqu’il ne se veut pas guerrier ("Zerfall", "Weltenbrand", "Wut"). Cinq titres pour près d’une heure vingt de voyage au milieu de paysages sonores aussi mystérieux que sombres et fantastiques !

De par son efficacité et la complémentarité de ses titres, "Zerfall" est incontestablement l’album le plus réussi de Finsterforst à ce jour. Notons également la possibilité de découvrir "Ecce Homo" et "Flush Des Seins" dans une version raccourcie. Ce qui leur donne une nouvelle approche relativement intéressante ! En définitive, "Zerfall" dégage autant de puissance qu’un "Mach Dich Frei" tout en surpassant ce dernier en termes d’idées et de production. Espérons simplement que "Zerfall" connaisse bien davantage de succès que "Mach Dich Frei". Le mérite, lui, est déjà là !


Rm.RCZ
Novembre 2019




"#YØLØ"
Note : 18/20

Suivant les traces des maîtres du folk / black Finntroll, Finsterforst nous propose ici un EP déjanté, ne serait-ce que dès les tout premiers mouvements de la pièce d’ouverture "Bottle Gods" qui contient tour à tour, de la trompette, de la ginbarde, de l’accordéon, des chants clairs, growls et une petite chorale de "beuverie" à la Alestorm et vous avez ici un petit topo de qui est ce groupe allemand. Évoluant tout autant en anglais qu’en allemand, Finsterforst ne laissera personne indifférent.

S’ensuit sur "Auf Die Zwölf" des blast beats typiquement black avec des passages à la Tor plus que délectables. Il y a ici sur deux morceaux plus de dynamisme que dans n’importe quelle discographie complète de quelconque groupe pop de votre choix (je ne vais pas faire la mauvaise langue, c'est d’autant plus drôle si le groupe est choisi par vous-mêmes, chers lecteurs). En tant que membre, je dirais même, en tant que chef d’escadron de la police de l’originalité, je ne pourrai me plaindre en entendant l’intro au saxophone sur "#YØLØ", qui plus est, elle propose un rythme oriental plutôt surprenant pour le genre.

En toute honnêteté, je ne connaissais ni d’Ève ni d’Adam ce groupe avant d’écouter cet EP. Et le plus surprenant était encore à venir. Car au-delà des chansons originales, l’auditeur sera d’autant plus surpris face aux reprises que le groupe propose sur cet EP de plus de 10 pièces tout de même. Que ce soit leur hommage à Miley Cyrus ("Wrecking Ball") ou le célèbre et plus que reprise "Beat It" de Sieur Jackson, Finsterforst n’a pas peur d’oser et il le démontre autant avec son matériel original qu’avec ses reprises.

Assurément, je serai à l’affût pour la suite lorsque le groupe présentera son prochain album complet.


Mathieu
Septembre 2016




"Mach Dich Frei"
Note : 16/20

Finsterforst ne fait pas partie des groupes phares du mouvement folk metal et pourtant c'est un groupe qui est plus qu'intéressant pour la simple et bonne raison qu'il ne fait pas du folk comme tout le monde... Sa musique est sombre, atmosphérique, elle prend le temps et ne base pas tout sur le côté festif et dansant des musiques folkloriques. Elle évoque plus un vieux sage penché sur ses réflexions, perdu dans la forêt, plutôt qu'une assemblée de guerriers ivres, festoyant en l'honneur de leur récente victoire au combat... Ce côté sombre provient essentiellement de leurs parties "black metal", très ambiantes, mais il provient aussi de l'utilisation inhabituelle de l'accordéon et c'est là qu'est toute l'originalité du groupe. Ces parties sont sombres, évidemment teintées d'airs folk chaloupés qui donnent envie de bouger, mais elles appuient surtout le côté ambiant et donnent à la musique de Finsterforst de faux airs de joie. Voilà qui est plutôt inattendu de la part d'un accordéon qu'on imagine bien plus jouer de la musette et accompagner des chants de marins, que jouer une musique sombre et introspective. Seulement voilà, dans leur dernier album, "Rastlos", sorti en 2012, on se demandait où était passé cet élément si particulier qui définit presque la musique de Finsterforst. L'album n'était pas mauvais mais il était bien en dessous du sublime "Zume Tode Hin" (2009) notamment à cause de l’absence quasi totale d'accordéon. On se demandait donc ce que le combo de la Forêt Noire nous réserverait avec "Mach Dich Frei", sorti fin Janvier 2015...

Finsterforst n'est pas connu pour ses morceaux courts, en effet la durée moyenne d'un titre dans ce disque (et dans les autres) est de dix minutes. C'est donc après une brève introduction ambiante nous projetant directement dans la Forêt Noire que démarre le premier véritable morceau de l'album, "Schicksals End'". Après quelques marquages aux allures épiques, nous est proposé un très bon riff qui prend le temps nous installer dans cette ambiance brumeuse qui est propre à Finsterforst. Tout ceci est soutenu par un clavier qui joue des nappes atmosphériques et une batterie très martiale. Jusque là, on s'y retrouve. Puis la production est bonne, très bonne même. Mais... où est donc l'accordéon ? Encore aux abonnés absents. Il faudra passer la barre des cinq minutes pour l'entendre ainsi que pour entendre la voix claire de celui qui en joue. Le morceau n'est pourtant pas dénué d'intérêt ni d'émotions. Il y a beaucoup d'arrangements aux claviers qui nous permettent de retrouver "miraculeusement" un semblant d'ambiance qu'ils nous avait proposée pour "Zum Tode Hin". Les arrangements prennent toute leur ampleur dans "Zeit Für Ass". Ils font presque tourner le morceau au black symphonique mais ce n'est pas déplaisant. L'accordéon tarde toujours à se faire entendre car il est fondu dans la masse, seulement utilisé comme soutien harmonique. L'accordéoniste a plus un rôle de chanteur en second que d'accordéoniste à proprement parler. La fin du morceau prend une tournure bien plus violente, soutenue par des blasts furieux et un chorus d'accordéon, enfin. Encore un bon morceau où ce manque d'accordéon ne devient plus un réel manque, pallié par les diverses orchestrations, l'utilisation de chants clairs bien menés et les changements nombreux. Finsterforst continue de prendre son temps et nous propose un très bel interlude intitulé "Im Augue Des Sturms". Il est judicieusement placé et permet une respiration essentielle à l'auditeur au milieu de tous ces longs pavés...

Le morceau suivant est le titre éponyme. Il avait été révélé avant la sortie de l'album grâce à un clip. Ce n'est pas un mauvais morceau mais il est nettement en dessous du reste du disque. L'accordéon fait toujours de la figuration ou du soutien harmonique et là ça se sent. Ses rares interventions rehaussent complètement "Mach Dich Frei". Ce titre prend tout de même plus de sens au milieu des autres morceaux qu'en tant que titre phare esseulé... Son côté un peu oriental, ses guitares acoustiques et ses refrains épiques en font toutefois un bon titre. "Mann Gegen Mensch" va dans la continuité de ce qui s'est déjà passé. Les orchestrations teintées de légères sonorités d'Orient ont toujours la part belle, les riffs lents et changeants sont toujours bien pensés ET l'accordéon a un thème récurent, il était temps ! Il faut aussi souligner les magnifiques parties de tin whistle qui figurent ici. Elles donnent un côté bien plus "rustique" au morceau et se mêlent très bien avec les parties d'accordéon. Le voyage dans le Forêt Noire se poursuit avec "Reise Zum...". Ce morceau est une longue pause brumeuse et splendide qui nous enfonce encore plus profondément dans l'univers de Finsterforst. Les harmoniques de violon, les arrangements de clavier, les bruitages et les parties de flûte en font une pièce bouleversante. L'accordéon intervient avec un thème folk très lent, presque méditatif. Il rappelle un peu la musique llezmer, mais en bien plus lent, plus sombre et moins enjoué. Une pièce de toute beauté qui est bien plus qu'un simple interlude...

La traversée touche à sa fin car voici le dernier titre du disque. Ce morceau porte le nom du groupe, "Finsterforst", et comme tout morceau qui clôt un disque de Finsterforst, il s'agit d'un véritable monument de plus de vingt minutes. Donc bien que nous parlions de la fin du disque le périple est tout de même loin d'être achevé. Tout commence par une longue introductions aux guitares acoustiques et clean, une batterie lente et l'intervention de l'accordéon, entrecroisé de lignes de chants clair. On y est ! On retrouve pleinement l'originalité du groupe et tous les éléments appréciables dans sa musique. La maturité faisant, le morceau est on ne peut mieux construit. Rien est en trop ni pas assez, les arrangements interviennent au bon moment, la voix gutturale rentre quand il faut... Finsterforst prend le temps de faire progresser son dernier titre sans rien laisser au hasard. C'est même agréable de voir qu'un groupe comme ça peut composer des pavés de 23'55 minutes sans qu'il y ait quoi que ce soit de lassant. Les changements sont nombreux autant au niveau des timbres employés que des bascules ternaire / binaire, des changements de dynamiques et autres accélérations ou ralentissements de tempo. Vers la quinzième minute survient un passage acoustique, guitare / accordéon, de toute beauté. Il repose et relance en même temps. Il nous laisse dans l'attente de la suite tout en nous posant dans ce beau moment, au caractère folklorique prononcé. La relance se fait par un clavier au son de cuivres qui reprend le thème joué par l'accordéon. Le calme est de courte durée car tout s'emballe. Le batteur part sur de furieux blasts, les guitares moulinent, les hurlements d'Oliver Berlin se font plus intensifs et les claviers et l'accordéon ont de belles parties mélodiques. Tout ce tumulte nous mène vers une fin mid-tempo, avec de très belles phrases de guitares. Les sons de cuivres et les chœurs masculins exposent un thème solennel et grave pour finir sur un ralentissement et des marquages qui ne sont pas sans rappeler ceux du début de "Schicksals End'". Les nappes ambiantes reviennent, le souffle du vent caresse l'oreille et c'est sur cette touche de douceur que se clôt l'album.

Si on ne savait pas très bien où Finsterforst campait avec son album "Rastols", ici ils nous offrent quelque chose de différent. Leur musique retrouve la profondeur de "Zum Tode Hin" mais avec la maturité de composition en plus. Il y a cependant le même point noir que sur "Rastlos", c'est-à-dire la sous-exploitation de l'accordéon. Elle est palliée par des arrangements de grande qualité mais imaginez ce disque avec un peu plus de parties "folk" à l'accordéon. N'est-ce pas ce qui ferait de lui un véritable chef-d’œuvre ?... En attendant, on s'en approche de très près du chef-d’œuvre, et plus nous avançons dans le disque plus cette sensation prend forme... Espérons que dans la prochaine production de Finsterforst se trouvera ce petit élément manquant qui en fera un album encore plus grand...


Thomas
Février 2015




"Rastlos"
Note : 16/20

Les guerriers allemands de Finsterforst en osmose avec la nature, nous reviennent avec un quatrième album, "Rastlos" Bien que "...Zum Tode Hin" en 2009 ait mis la barre haut avec un opus grandiose, ce nouvel album répond à nos attentes. Moins folk, il explore une dimension épique et plus sombre.

Avec le premier titre "Nichts Als Asche", on est directement plongé dans une forêt noire et profonde. Accrocheur, ce morceau nous tient en haleine bien qu'il soit long (plus de 13 minutes) et à aucun moment on ne se lasse. Ce titre est plutôt black pagan, avec des riffs lourds mais tranchants et une voix black modulée allant vers le death qui cohabite avec un chant clair magnifique. Le clip, d’ailleurs, correspond bien à la musique représentant la progression d'une marche sans fin. Rythmé, il présente également des passages plus orchestrés presque symphoniques avec des choeurs masculins majestueux. On a donc un excellent premier titre résonnant comme une bombe ! "Fremd" arrive comme une tempête qui se prépare avec le violon et une guitare acoustique nous filant la chair de poule. Puis les choeurs et les instruments metal entrent et c'est l'apocalypse mis en scène avec les cuivres donnant du coffre et de la profondeur. En effet, ce titre est vraiment prenant ! Sonnant plus folk que le premier morceau, ici on développe une atmosphère épique et aérienne nous donnant envie de fermer les yeux et de nous laisser aller dans une nature sauvage pleine de mystère, mais qui laisse percer le soleil. Après "Am Scheideweg", une intro posée, on enchaîne avec "Stirbt Zuletzt". Le chant black laisse sa place à un chant clair superbe mais qui n'est pas assez mis en avant, ce qui est vraiment dommage... Moins sombre, ce titre est plus atmosphérique et devient vite ennuyeux. En effet, bien que ce morceau soit le plus court de l'album avec seulement 10 minutes (ce qui est court pour Finsterforst), il n'est pas accrocheur. Avec "Ein Lichtschein", on retrouve l'envergure épique et la rage black metal ! Les choeurs résonnent comme un appel à la bataille. L'énergie est bien là et les orchestrations folk ressortent à merveille pour créer une cohésion parfaite de chaque élément. "Rast" est un interlude qui pose une ambiance acoustique bercée par la nature. Pour finir, "Flammenrausch" est le titre le plus long avec 22 minutes 53. Et contrairement à ce que l'on peut penser, aucune lassitude se fait ressentir ! Au contraire, le morceau se révèle prenant et varié, le chant clair est habité et ressort à merveille. L'accordéon crée une ambiance intéressante et la flûte nous fait voyager.

"Rastlos" est un album réussi et riche qui n'est assurément pas leur meilleur mais qui vaut la peine d’être écouté car il développe un univers épique splendide.


Nymphadora
Décembre 2012


Conclusion
Le site officiel : www.finsterforst.de