Si le rapport entre le nom du groupe et celui de l’album est plutôt évident, celui avec un corps couvert sur un pont l’est beaucoup moins. La mode ? L’anorexie ? La drogue ? La mort ? Peut-être tout ça à la fois et dans cet ordre bien précis. L’important c’est que ce soit 1/4 décalé, 1/4 provocateur, 1/4 authentique. Ca ne fait pas 4/4 mais ces musiciens ne sont pas vos mères.

Décalé, par le chant, aussi bien plaintif ("Summer Line") que disjoncté ("Meek Is Miznabble"), pour finalement parfois ne plus trop savoir où on en est. On a aussi avec "Fashion=Collapse" un véritable dialogue de sourds assez abrutissant quand on l’écoute en stéréo, quant à la musique n’en parlons pas, elle électrise comme une pile 9V sur le bout de la langue. Bravo les gars. Provocateur par son artwork, on l’a déjà dit mais avant tout par sa musique. Chaque composition du groupe est un véritable affront, tête contre tête. Le ton donné est sulfureux, et n’en démord pas pendant trente minutes, sauf peut-être sur le final "Haute Topic" où on a la légère impression d’être la risée de Fashion Week. Finalement c’est peut être ça la morale de l’histoire ? Et enfin authentique parce que les mecs qui se donnent là-dessus sont sincères aussi bien dans les moments de rage que de mélancolie, ce qui octroie au chant clair et aux mélodies qui l’accompagnent une légitimité que les oreilles savent apprécier ("Fur Free Friday", "Klosstrophobia") Le petit plus : 1/4 brutal, avec "Fendi Bender" et "Chorusace" qui permettent de nous conditionner, dès le début à être bousculé, opprimé, enfermé dans une petite boîte.

Avec "Prêt-à-Porter", Fashion Week nous propose un album dense, fait de gros son, de morceaux rugueux, du gros rock comme on aimerait en découvrir plus souvent. L’album est articulé comment une dissertation mais ça veut dire que les gars ont planché et que nous ne sommes pas en présence d’un brouillon. Fashion Week est fidèle à son nom sur un opus où rien n’a été laissé au hasard. Tout est à sa place dans un timing parfait.