Décidément, le metal français aux tons lyriques avec chanteuse se développe de plus en plus. Parmi ceux qui m'ont marqué : Silent Opera, Wildpath et Adrana. Cette fois-ci, c'est le groupe Evolvent, jouant sur des rythmes épique et heavy metal, qui va tenter de s'imposer dans ce milieu très concurrentiel. L'album commence par une introduction classique pouvant s'approcher des BOF : claviers, chœurs, percussions épiques. La base pour de nombreux groupes.

Quand on s'attaque à la deuxième piste, "Win Or Die", ça commence à piquer avec une qualité de son plutôt moyenne. En effet, on dirait que les instruments ont été enregistrés à plusieurs mètres des micros. Et quand ils jouent tous ensemble, pour arriver à les distinguer, ce n'est vraiment pas terrible. Pour le chant, celui-ci a été trop mis en avant avec un clavier qu'on entend légèrement sans trop donner de réel appui. Quant aux refrains, les cymbales font plus qu'un son pixelisé vraiment pas du tout agréable ces dernières étant au-delà des toms et de la caisse claire. Bon, je vais arrêter de parler de ce massacre qui fait très vite décrocher de l'album.

Et c'est vraiment dommage car niveau composition, certains éléments étaient quand même plutôt bien trouvés. Mais pas assez malheureusement, on sent assez souvent que le groupe n'a pas vraiment essayé de réellement s'affirmer. Ça reste beaucoup trop simple, trop banal, pour que l'on puisse dire qu'ils pourraient s'aligner sur les plus gros groupes de metal épique. Et toujours cette ballade au piano que je ne supporte plus tellement tous ces groupes se sentent obligés d'en placer une. C'est écrit sur le mode d'emploi ou quoi ? Heureusement, ce qu'on distingue avant tout est le chant très bien maîtrisé d'Emma Elvaston, ce qui sauve en grande partie l'album. Si je ne me trompe pas au niveau intuition, je pense qu'elle sera contactée par d'autres groupes car il n'y a pas à dire, le talent est là.

Pour conclure, écouter Evolvent jusqu'au bout n'a pas été une mince affaire. Même la dernière piste chantée en italien aurait pu avoir une certaine originalité mais non. Il y a encore énormément de travail pour le groupe que ce soit au niveau de la production et des compositions.

Le nouvel EP d’Evolvent est le prétexte idéal pour moi de découvrir son univers. Après un changement de line-up radical, suivi très rapidement d’un single ("Under The Rain"), sans doute principalement destiné à présenter "Evolvent 2.1", les Parisiens n’hésitent pas un seul instant à dire que 2014 sera une grande année pour leur carrière.

Si, bien entendu, cet espoir est tout ce que je leur souhaite, mon avis concernant leur musique est moins enthousiaste et convaincu que celui de ma collègue Liz, chroniqueuse de "Delusion". Bon, il est vrai que bien des choses sont arrivées au sein du groupe, comme je le disais auparavant, et même si le claviériste Sébastien Latour est potentiellement le seul compositeur (j’avoue n’en avoir aucune idée, et me contente d’exposer une possibilité), il va sans dire que les habitudes de travail, avec ses nouveaux collègues, se sont forcément vues toutes chamboulées ! Est-ce pour cette raison qu’Evolvent a "choisi" de quitter son côté doom au profit du gothic metal mélodique ? Soit, peu importe. Quoi qu’il en soit, si les dernières compositions des Parisiens sont loin d’être vilaines, elles n’ont, non plus, rien d’exceptionnel. Qu’on se le dise, il devient difficile, à l’heure actuelle, pour un nouveau groupe de pénétrer dans le "gothic metal", le marché étant déjà considéré comme saturé. De ce fait, un combo qui n’aurait rien de nouveau à proposer –et il faut avouer que l’étincelle de génie ne tombe pas tous les deux jours, ça se saurait– risquerait avant tout de se retrouver dans la déjà immense pile des disques "corrects, sans plus".

Ne vous méprenez pas sur mes intentions ; "Human Instinct" recèle et des bonnes idées, et des passages agréables. Il y a notamment ces fameux claviers. Certes, leurs lignes restent similaires aux jeux de bien d’autres musiciens connus dans le genre, mais leur présence, ainsi que leur exécution, apportent une dimension intrinsèque au style du "nouvel Evolvent". De ce fait, pourrait-on espérer leur voir accorder une place plus importante à l’avenir ? Profiter de cette qualité me semble tout à fait bénéfique pour le futur. La chanteuse Emma Elvaston, quant à elle, se défend appréciablement. Remarque intéressante : bien qu’elle semble préférer de loin utiliser son chant lyrique (toujours juste, et dont le timbre évoque quelques petits souvenirs dans les mémoires des amateurs de voix féminines), elle place ici et là des notes de chant clair et plus "rock" ("Ten Years To Late"). Il est dommage de se dire que la dame aurait pu être plus à son avantage avec des lignes plus intéressantes, mais, malgré tout, il semblerait qu’Evolvent ait retrouvé une chanteuse de talent !

Le problème ne vient pas de l’exécution, puisqu’au final, chacun des membres exécute décemment son travail. Non, le problème, c’est que malgré des chœurs bien placés par ci, une introduction ravissante par là, un break intéressant intégré au sein d’une piste, le résultat final des morceaux ne parvient pas à captiver suffisamment. Un titre à distinguer ? "Insomnia" ; le plus court, mais également le mieux en place. La meilleure surprise, avec Evolvent, c’est que nous avons visiblement affaire à des musiciens motivés et heureux de faire leur travail. Je l’ai expliqué précédemment : je pense sincèrement que les idées ne manquent pas. Maintenant faut-il apprendre à les exploiter pour un résultat bien plus personnel et reconnaissable. Ce n’est, de fait, pas la mission la plus évidente, mais c’est celle qui, au final, déterminera l’avenir du groupe.

Au cours des dernières années j’ai eu l’occasion de chroniquer des groupes à chanteuse célèbres qui ne valent rien d’autre qu’une notoriété qui les fait encore vendre aujourd’hui et question musique, ces groupes sont loin du compte de leur jouissif début. Finalement je me rends compte qu’il n’est pas nécessaire de dépasser les frontières pour apprécier la musique telle que je l’aime. En France et malgré ce que l’on en dit, bon nombre de groupes méritent d’être connus et surtout appréciés. J’ai justement découvert un super groupe français. Je vais tenter de vous le faire apprécier au mieux par ces quelques lignes. Place à Evolvent.

On est déjà surpris, à la première écoute de l’album, de la qualité de l’enregistrement, un bon travail a été effectué. Une belle harmonisation des différents instruments et surtout du chant. Un chant féminin à tendance lyrique plutôt agréable à écouter, l’album n’est pas un prétexte pour la chanteuse de faire des démonstrations vocales impossibles à réaliser. Il y a un bel équilibre dans cet ensemble instruments / voix. La musicalité a des tendances doom dans les accords de guitare, un son lourd et sombre mais la voix angélique de la chanteuse et le clavier donnent à l’album un petit côté mélodique. Très joli mélange. Une certaine "rage" se fait ressentir également dans leur musique, une rage qui se remarque dès le deuxième titre. Il ne faut pas oublier non plus, la présence d’instruments à cordes dans certains passages de quelques titres. Les instruments apportent un véritable univers à la musique, le clavier et la guitare essentiellement, endossent plusieurs rôles, ce qui procure à l’album un savant mélange d’émotions diverses. De la mélancolie à la rage en passant par la douceur… c’est tous les ingrédients que j’attends dans un album à sonorité doom. L’univers traversé à l’écoute de cet album : "Delusion" compose toute son originalité.

Mon titre préféré (que je passe en boucle) est "Empty Shapes", une guitare acoustique fait son apparition et plonge l’auditeur dans une atmosphère encore différente des morceaux précédents. J’aime beaucoup également les arrangements des paroles. Le titre éponyme "Evolvent" est un titre à ambiance quelque peu "baroque", surtout le début au piano. Le morceau "Blade" est le rare titre ou se trouve une mixité vocale, un chant masculin guttural et toujours la voix lyrique de la chanteuse, j’apprécie particulièrement les petits "cris" de la chanteuse qui accompagnent le chanteur. Ce titre nous plonge dans un univers à la fois mélancolique, triste (le chant féminin) et une ambiance vengeresse (le chant masculin). Le dernier titre est essentiellement instrumental et là aussi son royaume enchanteur nous transcende complètement, il exprime joliment la fin de cet opus. Il est facile d’interpréter leur musique selon notre état d’esprit… cet album nous possède entièrement. Chaque titre possède son propre esprit, sa propre âme et son propre pouvoir. Bravo.

"Spiritual Confession"
Note : 18/20

Le groupe Evolvent nous offre ici son premier album, "Spiritual Confession". Le premier coup d’œil à la pochette attire l’œil par le mystère qui s’en dégage. De la fumée bleutée sur un fond noir, avec un symbole rond que l’on distingue à peine. Le titre correspond bien à la pochette, si bien que l’on à hâte de voir ce qui se cache à l’intérieur du CD. L’album est composé de 5 titres, pour une durée totale de 42 minutes. Petit résumé des 5 pistes : "The Canticle Of The Shead" est le premier titre, un jeu de guitares doom metal, des notes claviers, puis au bout d’une minute, la voix de Celine de Kerliviou apparaît. Chanteuse soprano, connue comme étant membre du groupe de metal gothique Ad Vitam Aeternam. Sa voix est tout simplement sublime. Les grunts commencent ensuite, les deux chants se mêlant l’un à l’autre. "The Canticle Of The Shead" nous plonge directement dans l’atmosphère de cet album ; un obscur doom metal teinté de classique, aux intonations symphoniques.

"Engraved On The Tomb" est un titre où l’on dénote plus la présence de symphonique, le morceau débute par le clavier et l’orchestre. Le rythme est calme et doux, les grunts ouvrent le chant, rejoint quelques minutes plus tard par la douce voix soprano. Sur ce titre également les deux voix se mélangent. "My Mystic Storm" a des airs de complainte. Le titre est plus mystique, on peut y entendre des paroles chuchotées. Contrairement aux deux premiers titres, les chants ne s’entremêlent plus, chacun laissant la place à l’autre ("a dialogue halfway angel and devil"). "Spiritual Confession" est un morceau classique, le chant soprano est accompagné par le clavier / orchestre. C’est un titre obscure, laissant toute la place à la merveilleuse voix de Céline. Selon moi, le plus beau titre de l’album. "The March Of Death", titre de 15 minutes, clôt l’album. Les différents styles se mélangent au long de la chanson. Passant du doom metal, au classique / lyrique. Les envolées lyriques se posent parfaitement sur la musique. Les dernières minutes de "The March Of Death" sont instrumentales. Les titres de cet album s’enchainent, ne se ressemblent pas et pourtant forment une suite logique. Le groupe a su allier dans cet album les différents univers musicaux qui semblent les liés ; doom metal / symphonique / classique / lyrique. "Spiritual Confession" n’est pas à mettre entre toutes les oreilles, plutot réservé aux amateurs de doom, de classique, de symphonique. Bref, à ceux qui peuvent autant apprécier les guitares metal et les grunts, que les notes de clavier et le classique.

C’est un album doux, élégant qui se distingue par son air classieux et mystérieux. Une très belle réussite. Tout dans cet album, du titre à la pochette, des premières minutes aux dernières, semble si travaillé, si sophistiqué. Comme si le groupe désirait que tout soit absolument parfait. Chose qui, à mes oreilles, l’est. Un album qui est donc à se procurer, que ce soit simplement pour la superbe voix de Céline de Kerliviou, ou bien pour cet air innovant de doom / classique…

Dark Virgin Décembre 2008