Le groupe
Biographie :

Fondé en 2008 par le guitariste Sébastien Chiffot, Evilness est un groupe français qui puise son inspiration dans le thrash, le death mélodique et le metalcore. En 2011, le groupe participe au projet Gorpitz avec la compagnie Elirale qui associe danse moderne et death metal. En 2013, ils se lancent seuls dans une tournée sauvage durant laquelle le lieu et l'heure de chaque concert n'est annoncé qu'à la dernière minute. Ces concerts "surprise" permettent au groupe d'aller à la rencontre d'un public inattendu. Au mois de Novembre de la même année, leur EP sept titres "Unreachable Clarity" voit le jour. Après quelques changements de line-up, Evilness sort un premier album en 2018 intitulé "New Perspectives, No Evolution" qui reprend cinq morceaux du EP auxquels s'ajoutent sept nouvelles compositions dans un style plus résolument thrash / death. Les membres actuels du groupe sont Sébastien Chiffot (guitare / basse), Ludovic Chiffot (chant) et Romain Choisy (batterie). En concert, la basse est assurée par Fabien Wheeler.

Discographie :

2013 : "Unreachable Clarity" (EP)
2018 : "New Perspectives, No Evolution"


Les chroniques


"New Perspectives, No Evolution"
Note : 16/20

Cinq ans après la sortie de son très bon EP "Unreachable Clarity", Evilness est de retour avec un nouvel album sous le bras. On retrouve toujours le guitariste Sébastien Chiffot à la tête du projet mais on note tout de même un important changement de personnel avec l'arrivée de Ludovic au chant et de Romain à la batterie. Sur le plan visuel, la pochette n'est pas très vendeuse avec une illustration assez fade issue d'une photo de la NASA intitulée "Eclipse of the sun with view of clouds and vegetation". C'est "conceptuel" diraient les artistes... Pourtant, on n'aura pas besoin d'un doctorat en météorologie pour apprécier la musique du groupe.

Par rapport au premier EP, les Toulousains abordent ici un léger changement de style avec une musique qui se veut plus ouvertement thrash-death en laissant en second plan la dimension mélodique. Ainsi, après une introduction instrumentale à base d'arpèges inquiétants, Evilness nous balance sur le coin de le figure une avalanche de riffs plus violents que jamais en mêlant aux bonnes vieilles inspirations thrash une touche de modernité presque deathcore. Le changement est particulièrement frappant au niveau de la voix. Ludovic Chiffot nous propose un chant hurlée aux sonorités hardcore là où son prédécesseur offrait un growl plus sombre et profond. La différence se fait aussi sentir au niveau de la production avec un son bien plus lourd et agressif que sur l'EP. On en prend pleinement la mesure sur les cinq derniers morceaux de l'album qui sont des reprises du premier EP remises aux goût du jour. La hargne omniprésente nous donne l'image d'un groupe qui à envie d'en découdre avec son public. On y gagne en efficacité et en brutalité mais on y perd aussi la dimension plus sombre et mélancolique qui faisait partie du charme de "Unreachable Calrity".

Disons-le, le changement d'orientation que présente cet album m'a un peu déçu, mais il s'agit essentiellement là d'une question de goûts personnels. Car, s'il répond un peu à côté de mes attentes (et malgré sa pochette assez laide), "New Perspectives, No Evolution" n'en reste pas moins un très bon album de thrash-death qui allie l'efficacité imparable des nouveaux morceaux à la subtilité des plus anciens pour cinquante minutes de très gros son. Ne vous y trompez pas, Evilness s'affirme bel et bien comme une valeur sûre de la scène toulousaine.


Zemurion
Décembre 2018




"Unreachable Clarity"
Note : 13,95/20

Dire qu'on fait du thrash aujourd'hui est devenu plus ou moins une étiquette difficile à placer, car dans sa large définition Exodus c'est du Thrash, Municipal Waste c'est du thrash, Slayer c'est du thrash, Sodom, Destruction, Testament, Forbidden aussi... et maintenant nous avons des groupes comme Xtrunk qui disent faire du thrash, ceci n'étant qu'un exemple parmi tant d'autres... Alors les puristes diront qu'Evilness ce n'est pas du thrash, les plus jeunes diront que les vieux cons ont tort et feraient mieux de fermer la bouche... et que c'est thrash... Je serai tenté de dire que les anciens ont toujours raison car ils sont la mémoire... Mais Evilness n'aurait plus d'étiquette, ce qui en arrangerait plusieurs... en tous les cas, les Toulousains arrivent à mixer dans leur metal extrême un peu de thrash, un peu de mélodies heavy et de metalcore moderne ce qui donne sur ce premier EP une intensité musicale profonde mais variée. Comme la plupart des groupes français d'aujourd'hui, le son est bon, avec des batteries enregistrées au Conkrete Studio et un mix / mastering réalisé par Eric d'Orléans.

La production n'est pas le plus important chez Evilness, il demeure dans l'âme du groupe une chaleur permanente qui se dégage de leurs riffs et de leurs rythmiques. Si les morceaux ont cette approche nouvelle génération dans le gratté pulvérisateur, les mélodies voire même les soli de Evilness ont plus de recul. Ce qui donne à des titres comme "Essence Of Bitterness" cette tranche de vie old school. Mais il est une chose qui surgit en plein face chez Evilness, c'est cette capacité à prendre la torpeur de l'esprit, et de la replacer en musique dans son propre style. En effet sur "Despised Decline", les guitares et même le chant de Bruno Pereira adoptent une véritable attitude spleenante pleine de désespoir en totale adéquation avec la front cover réalisée par Sandrine Replat où collégialement tous les instruments, vocaux compris, nous donnent la chair de poule, nous font réfléchir sur des sujets qui peuvent nous tenir à cœur, chacun ayant sa propre vision du morceau bien sûr. Ce titre est un des plus inspirés de ce EP "Unreachable Clarity" parce qu'il amène des rythmiques mélodiques certes mais rudement bien trouvées, des rythmiques qui font mouche. C'est toujours un seul lead spécifique sur quelques chansons qui fait la différence et qui dirige les titres sur cet EP.

Un EP... Peut-être même presque un album ou un mini album du moins, parce que du haut de ces quarante-six minutes, avec sept véritables chansons, les Toulousains ont ajouté trois des titres dans leur mode instrumental ce qui nous amène à dix. Et donc pour revenir sur la musique elle-même, sur "Unreachable Clarity", le groupe propose une constante de morceaux métalliquement rentre-dedans, mais avec un fil conducteur toujours très post-apocalyptique où les ambiances de films comme Le livre d'Eli ou encore La route pour citer des blockbusters récents sont nettement mises en avant. Je veux dire par là que Evilness arrive à donner à sa musique cette tonalité futuriste de fin du monde dans ses thèmes, dans ses accords, ses riffs, et c'est ce qui lui donne un style propre. Ça se sent sur "Meeting Lady Death" fortement. Attention, Evilness n'est pas mou du genou, ne nous fourvoyons pas, si la stratégie de placer et d'écrire des compositions plus "acoustiques", avec "Despair And Hope" pour conserver cet état de tristesse avec un son limpide, il ne reste pas un moins un bon groupe de thrash moderne teinté de death un peu core vraiment hirsute. C'est clair que "Burn" nous montre tout de même que le groupe n'a pas non plus envie de tomber dans le trip "douceurs gériatriques" et donc a su reprendre la domination de l'auditeur avec un titre hyper brutal, sans doute le plus violent du CDd où la batterie prend le dessus pour mener une danse effrénée vers une hargne contrôlée appuyée par des guitares et des vocaux qui suivent la course avec une certaine facilité. Une fois que la démonstration est faite, Evilness peut donc revenir à son terrain de jeu préféré, celui qui reste thrash empreint de mélodies harmonisées comme sur l'excellente "Dreams" et le dernier titre "Lies, Cries, Died".

Avec tout ça, on obtient une première production de trois quarts d'heure de bonne qualité sonore, de bonne qualité écriture, sans encore être non plus faramineux, gardons tout de même une marge d'appréciation de sécurité, l'écriture divine n'a toujours pas été inventée artificiellement par l'homme, mais ça ne saurait tarder. Alors considérons cette production avec bienveillance, et profitons de la jeunesse de Evilness encore pleine de sincérité, de recherche d'identité qui pour l'instant semble être tout de même bien dessinée...


Arch Gros Barbare
Janvier 2014


Conclusion
Le site officiel : www.evilness-music.com